ELWATAN-ALHABIB
mercredi 30 avril 2014
 

Les libertés syndicales restent à conquérir

 

 

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le 30.04.14

Plusieurs syndicats autonomes prévoient de réunir, dans les prochains jours, leurs structures respectives à l’effet de débattre des actions et des décisions à prendre concernant leurs revendications.

Si dans les pays dits démocratiques, la Fête du travail se veut festive, en Algérie celle-ci sera célébrée dans un contexte, encore une fois particulier, de tension sociale liée aux préoccupations des salariés en matière d’emploi, de conditions de travail et de violation des droits syndicaux. Les promesses avant l’élection présidentielle par les pouvoirs publics aux travailleurs de certains secteurs demeurent toujours hypothéquées. Du coup, le risque d’une explosion sociale planera toujours sur le pays. C’est à ce titre que beaucoup de syndicats autonomes prévoient de réunir, dans les prochains jours, leurs structures respectives à l’effet de débattre des actions et des décisions à prendre.
Les pouvoirs publics n’ont jamais amorcé ni négocié un vrai dialogue autour des revendications socioprofessionnelles des travailleurs. Surtout avec les syndicats autonomes qui, malgré leur forte mobilisation dans nombre de secteurs, restent ignorés par le pouvoir politique. Sauf rares exceptions, depuis la promulgation de la loi 90-14 régissant l’activité syndicale et le dialogue social en Algérie, le mouvement syndical autonome a toujours buté sur le refus des pouvoir publics d’ouvrir un dialogue comme le stipulent pourtant les lois sociales.
En dépit de ces textes de loi, le pluralisme syndical dans notre pays demeure de façade. Un leurre. Le monopole revient au syndicat du pouvoir, l’UGTA. Pourtant, les Snapap, SNPSP, CLA, CNES, Snapest, Cnapest, Satef, pour ne citer que ceux-là, sont présents dans pratiquement tous les domaines d’activité et sont souvent plus combatifs que les organes de l’UGTA. Cependant, la liberté de manœuvre et de décision de ces syndicats autonomes dérange le pouvoir, qui préfère mettre en scène le dialogue social de façade duquel les travailleurs restent très largement absents.
Clonage
«La pratique syndicale en Algérie va très mal», résume Yamina Meghraoui du Snapap qui, pour illustrer cet état de fait, appelle, à la veille du 1er Mai, à la réintégration des syndicalistes du secteur de la justice suspendus depuis deux ans et privés de leurs droits sociaux (salaire, allocations familiales et sécurité sociale). Plusieurs syndicalistes ont été poursuivis en justice ou suspendus arbitrairement ces dernières années. Leur seul tort : leur appartenance à des syndicats autonomes. Les syndicats autonomes sont diabolisés. La syndicaliste du Snapap pousse le triste constat plus loin : «Il y a un problème de restriction des libertés de façon générale, une atteinte aux libertés démocratiques.»
Pour le président de SNPSP, le combat est encore très long : «On ne s’attend pas à grand-chose par rapport aux libertés syndicales.»
S’il est vrai que sur le terrain, les syndicats autonomes ont toujours réussi leur démonstration de force, ils ne sont cependant pas encore parvenus à constituer un véritable front d’opposition. Le pouvoir a, jusque-là, réussi à affaiblir leur action unitaire. «Le problème est qu’il y a un clonage de syndicats autonomes, à chaque fois qu’un syndicat s’impose on lui crée un frère jumeau. On fragilise les syndicats en remettant en doute leur efficacité», analyse Yamina Meghraoui.

Le premier responsable du Snapest, Meziane Meriane, pour qui «les libertés syndicales dans notre pays n’évoluent pas», préfère parler de «verrouillage de la part du pouvoir central». «Au niveau des relations de travail entre l’administration et les salariés, la liberté d’appartenance et l’activité syndicale constituent la pierre angulaire de l’exercice concret du droit syndical. Chez nous, il n’est que théorique», a-t-il regretté. Ainsi, pour lui, «le recours à l’arsenal juridique et aux ponctions sur salaire des fonctionnaires lors des actions de protestation réduit à zéro l’activité syndicale». Il estime qu’«il ne sert à rien de proclamer le droit syndical sans reconnaître aux syndicats les moyens de leur action, pourtant garantis par la convention 87 du BIT, ratifiée par notre pays en 1962». Meziane Meriane qualifie, par ailleurs, la situation sociale actuelle de «peu reluisante malgré les augmentations salariales» car «le pouvoir d’achat est toujours laminé par une inflation galopante incontrôlée».
 

Rabah Beldjenna
 
 

Le mouvement Barakat critique la position des puissances étrangères sur la réélection de Bouteflika

 

 

 

 le 30 avril 2014 
 Zineb A. Maïche.


 
Le mouvement Barakat a accusé, ce mercredi 30 avril, les puissances étrangères de « se satisfaire de la réélection grotesque » de Bouteflika pour un quatrième mandat. « Les puissances étrangères affectées par la crise et affairées à affronter les revendications de leurs travailleurs et catégories populaires, paraissent se satisfaire de la réélection grotesque de Bouteflika qui est l’incarnation d’un système et qui se livre au pillage des richesses et à la gestion la plus opaque des affaires économiques au profit, justement, du capital financier mondial prédateur », déplore Barakat dans un communiqué adressé aux travailleurs à l’occasion de la fête du 1er mai.
La France, l’Espagne et la Grande-Bretagne ont félicité le président Abdelaziz Bouteflika pour sa réélection, le 17 avril, pour un quatrième mandat. Les grandes puissances ont ignoré les accusations de fraude du candidat Ali Benflis et de l’opposition qui a boycotté la présidentielle.
Le mouvement Barakat accable aussi les spéculateurs qu’il désigne comme étant « les bailleurs de fonds des campagnes » d’Abdelaziz Bouteflika et qui envisageraient de profiter de « l’amnistie générale pour blanchir leurs fortunes accumulées au détriment de la production ».
Pour Barakat, « les travailleurs ne veulent plus assister impuissants, devant ce spectacle lamentable de scandales financiers et des projets de cirque présidentiel, au bradage de leur outil de travail mis constamment en danger comme moyen de chantage, de leurs conditions de travail qui continuent à se dégrader, de la descente en enfer sans précédent de leurs conditions de vie et de celles des millions d’Algériens ». Le mouvement anti-quatrième mandat encourage les luttes syndicales et appelle « les  travailleurs à se mobiliser plus largement et à agir solidairement ! »
 
 
Quel gouvernement pour un début de mandat ? 
 
 
 
 
par Kharroubi Habib
La reconduction de Abdelmalek Sellal au poste de Premier ministre dont il fut déchargé le temps de la campagne électorale durant laquelle il a été en charge de celle du candidat Bouteflika, n'a pas surpris car attendue et jugée comme allant de soi eu égard à la confiance placée en lui par le président réélu. Ce que l'on attend de connaître par contre et donne lieu à toutes sortes de supputations, c'est si la reconduction de Sellal va s'accompagner ou non d'un changement de gouvernement.

La première hypothèse qui a beaucoup de tenant c'est celle d'une reconduction du staff ministériel en exercice mais ayant subi quelques modifications qui concerneront des portefeuilles dont les titulaires actuels ont peiné pour de multiples raisons à suivre le rythme imprimé à l'action gouvernementale par Abdelmalek Sellal lors des derniers mois du troisième mandat de Bouteflika. Leur éviction permettrait, à en croire certaines sources, l'intégration dans l'équipe gouvernementale de représentants de formations politiques n'ayant pas été dans l'alliance présidentielle, mais désormais prêtes à y entrer.

La seconde est celle qui fait saliver dans le camp présidentiel et consisterait en la formation d'un exécutif largement remanié pour ne pas dire totalement renouvelé. C'est ce cas de figure qui est espéré dans ce milieu où les ambitions d'une promotion se sont faites légion. Ça se pousse effectivement au « portillon » pour faire valoir ses titres à prétendre à un maroquin considéré par ceux qui les font valoir comme la juste « rétribution » de leur contribution à l'option du quatrième mandat.

Le choix pour lequel optera le chef de l'Etat donnera lieu inévitablement à des décryptages qui s'accompagneront de jugements censés être définitifs sur ses intentions pour son quatrième mandat. Mais il nous paraît qu'en réalité le gouvernement dont Sellal a été chargé de la conduite aura une durée de vie en rapport avec le temps que prendra Bouteflika pour lancer et faire aboutir les réformes politiques dont la révision de la Constitution auxquelles il a promis de s'attaquer en début de son quatrième mandat, qu'en somme ce gouvernement est chargé d'expédier les affaires courantes du pays.

Le véritable exécutif gouvernemental qui aura la marque que Bouteflika entend imprimer à son quatrième mandat ne sera formé que lorsque les réformes et la révision constitutionnelle interviendront et auront clarifié la scène politique nationale.

Dans sa déclaration d'investiture, Bouteflika a appelé les forces politiques et sociales à renforcer « l'entente nationale ». Ce qui peut prêter à supposer qu'il serait prêt à élargir l'alliance dans laquelle il puiserait les compétences susceptibles de composer le gouvernement sur lequel il s'appuierait pour accomplir sa mandature. Ce qui suppose également qu'il est disposé à une ouverture en direction de l'opposition dont les initiatives depuis avant le début du processus électoral ayant mené à l'élection présidentielle ont annoncé une bipolarisation du champ politique entre camp présidentiel et anti qui en se concrétisant rendrait illusoire le renforcement de « l'entente nationale » auquel il a convié.

Il ne faudrait pas en conséquence se hâter de voir dans la reconduction de Sellal et même de celle du gouvernement, si elle interviendrait, comme la volonté arrêtée de Bouteflika de s'en tenir à la continuité au détriment des changements auxquels aspirent la majorité des Algériens et qui les ont exprimés en de multiples formes durant la campagne électorale.
 
 

ON CONDAMNE A MORT PAR VILLAGES
 
 
 
 
 
 
par M. Saadoune
En Egypte où la formalité de la moubayaa du maréchal Sissi se prépare avec Hamdeen Sabahi, présumé homme de gauche dans le rôle de lièvre-alibi, on condamne à mort par villages. Le juge Saïd Youssef, dit le Boucher, incarne dans la caricature la plus absolue l'effondrement de la justice en Egypte. Ce juge n'applique pas la loi, il fait la guerre. En quelques minutes, il expédie 683 habitants du village d'El-Adaoua vers la mort. Ils sont jugés coupables d'avoir tué un policier.

Tous les juristes du monde sont ahuris devant une sentence absurde d'un juge qui a décidé d'être le grand éradicateur judicaire du pays. Ces verdicts sont tellement ahurissants que même les Etats-Unis ont exprimé leur aversion contre des procès totalement incompatibles avec «les obligations de l'Egypte en termes de droits de l'homme». Et pourtant, Washington n'a pas qualifié la destitution de Mohamed Morsi de coup d'Etat et a poussé la complaisance jusqu'à percevoir, à travers John Kerry, que les militaires égyptiens œuvrent à «restaurer la démocratie» ! Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a qualifié les condamnations à mort de masse de «défi aux règles les plus élémentaires de la justice internationale».

C'est qu'avec Saïd le Boucher - à l'évidence très fier de ses «records» -, l'Egypte de Sissi ne cherche pas à sauver les apparences. Ce qui est recherché est un effet de terreur massif contre ceux qui continuent, jusqu'à aujourd'hui, à protester contre le coup d'Etat. L'interdiction, lundi, par un tribunal du Caire, du Mouvement du 6 avril, qui a été le fer de lance de la révolte contre Hosni Moubarak, a sonné comme l'achèvement d'une restauration sanglante de «l'ordre» ancien. Les dirigeants du Mouvement du 6 avril ont subi, eux également, le «couffin» dans lequel une justice, transformée en machine de guerre, puise des chefs d'accusation prêts à l'emploi comme la «diffamation du pays» et la «collusion» avec des forces étrangères.

Saïd le Boucher incarnera probablement dans l'histoire de ce pays cette plongée arrogante dans l'horreur judiciaire où le verdict, préconçu, n'est pas le fruit d'une application de la loi mais de sa négation. Le fait que ces verdicts soient susceptibles d'appel ne leur enlève rien de leur caractère d'actes de guerre et non d'actes judiciaires. Il n'y a plus aucune différence entre la «justice» et la «police» en Egypte. Et la propagande de type totalitaire qui est menée par les médias encourage cette terreur multiforme. Il n'y a plus de justice, les personnes arrêtées et présentées devant les tribunaux subissent des verdicts politiques, dictés par un pouvoir revanchard, fermement décidé à faire payer très cher aux Egyptiens qui ne se «repentent» pas d'avoir déboulonné Moubarak hier en adulant le maréchal Sissi aujourd'hui.

D'UN PROCES A L'AUTRE, AVEC DES VERDICTS QUI «TUENT» DES VILLAGES ENTIERS, LA SITUATION SE DURCIT EN EGYPTE. AMNESTY INTERNATIONAL EVOQUE UNE JUSTICE QUI SE TRANSFORME «TOUT SIMPLEMENT EN UN NOUVEAU ROUAGE DE L'APPAREIL REPRESSIF DES AUTORITES». CETTE ABOLITION DE LA JUSTICE PAR LA TERREUR D'ETAT EST UNE FABRIQUE DE RADICALISME ET DE TERRORISME. SAÏD LE BOU
 
 

Les USA frappent l’UE en visant la Russie

 

 

 

Les USA frappent l’UE en visant la Russie
La promesse du président Obama d’introduire des sanctions contre « des secteurs entiers de l’ russe » en représailles contre sa politique à l’égard de , ne fait que compliquer encore davantage la situation dans le camp occidental lui-même.
La question des sanctions à l’encontre de avait déjà passablement divisé l’Union Européenne et la posture belliqueuse de Washington peut encore lui porter un coup économique. D’ailleurs, c’est sans doute l’objectif que se donnent les États-Unis, s’interroge Piotr Iskenderov, observateur à La Voix de la Russie.
« Que signifient dans la pratique les sanctions contre « des secteurs entiers de l’économie russe »? Cela revient à miner l’ensemble des relations commerciales et économiques entre la Russie et l’UE dans les domaines de l’énergie, des transports, des infrastructures, de l’industrie spatiale, du bâtiment, de la métallurgie, des constructions mécaniques, et enfin, du tourisme. Les sanctions frapperont de plein fouet l’économie des États qui entretiennent historiquement les liens étroits avec la Russie. Il s’agit non seulement des pays d’Europe Centrale et de l’Est mais encore de l’Allemagne, de la , de l’Espagne et de l’Italie. »
Le président allemand Joachim Gauck a confirmé en janvier 2014 que la de son économie des échanges extérieurs exigeait l’accès aux marchés étrangers, la stabilité dans la zone des intérêts commerciaux allemands et « un leadership plus résolu » en matière d’approfondissement de la coopération internationale.
La dernière thèse signifiait en clair que l’Allemagne était mécontente de la des États-Unis à l’échelle mondiale. Alors, c’est sur le Rhin qu’est situé un des points d’impact du durcissement de la politique antirusse menée par les États-Unis. Par ailleurs, la confrontation avec Moscou à laquelle Washington pousse les Européens rejoint parfaitement le projet de création d’une zone transatlantique de préconisé par certains milieux. Et comme ce projet semble déraper, ses partisans pourraient être tentés de lui donner une impulsion nouvelle sur la crête des slogans antirusses, d’autant plus que les États-Unis et l’UE lui donnaient dès le début un sens différent. Par ailleurs, l’idée elle-même rappelle à s’y méprendre la tentative d’acculer l’économie mondiale dans une crise encore plus profonde au lieu de l’assainir.
Par conséquent, c’est en tout état de cause que, selon le journal espagnol El Pais, l’Allemagne a pris la tête au sein de l’UE du groupe des pays qui désapprouvent les sanctions antirusses. Ce groupe inclut également l’Espagne, l’Italie et, dans une certaine mesure, la France. D’un côté, cette dernière essaie de renforcer ses propres positions en Europe, et de L’autre, est obligé de compter avec l’évolution de la situation géopolitique. Mais n’oublions pas pour autant que dans tous les cas de figure, tant la France que l’Allemagne sont objectivement intéressées au avec la Russie, a rappelé à La Voix de la RussieNadejda Arbatova, directrice du département d’études politiques européennes de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie russe des sciences :
« L’axe Paris-Berlin se maintiendra quelque soit l’évolution de la situation en politique intérieure et extérieure. L’Allemagne et la France pourront parfaitement jouer le rôle de leaders, même dans le contexte des changements qui s’opèrent en Europe. En même temps, le président François Hollande peut aussi assurer la cohésion de l’Europe du Sud. »
Les déclarations à l’emporte-pièce qui se font entendre à la Maison Blanche, « sapent les conditions normales pour le commerce », écrit APen citant l’analyste de la société IG de Melbourne Evan Lucas. « Il faut chercher les forces qui y sont intéressées et, le cas échant, les États-Unis sont le principal suspect »


http://french.ruvr.ru/2014_04_29/Les-USA-frappent-lUE-en-visant-la-Russie-8692/
 
 

La crise ukrainienne accélère la recomposition du monde

La crise ukrainienne n’a pas changé radicalement la donne internationale, mais elle a précipité des évolutions en cours. La propagande occidentale, qui n’a jamais été aussi forte, cache surtout la réalité du déclin occidental aux populations de l’Otan, mais n’a plus d’effet sur la réalité politique. Inexorablement, la Russie et la Chine, assistés des autres BRICS, occupent la place qui leur revient dans les relations internationales.

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La crise ukrainienne a mis en évidence la magnitude de la manipulation des opinions publiques occidentales par les grands media, les chaines de TV comme CNN, Foxnews, Euronews et tant d’autres ainsi que par l’ensemble de la presse écrite alimentée par les agences de presse occidentales. La manière dont le public occidental est désinformé est impressionnante, et pourtant il est facile d’avoir accès à une masse d’informations de tous bords. Il est très préoccupant de voir comment de très nombreux citoyens du monde se laissent entraîner dans une russophobie jamais vue même aux pires moments de la Guerre froide. L’image que nous donne le puissant appareil médiatique occidental et qui pénètre dans l’inconscient collectif, est que les Russes sont des « barbares attardés » face au monde occidental « civilisé ». Le discours très important que Vladimir Poutine a prononcé le 18 mars au lendemain du référendum en Crimée a été littéralement boycotté par les médias occidentaux [1], alors qu’ils consacrent une large place aux réactions occidentales, toutes négatives naturellement. Pourtant, dans son intervention Poutine a expliqué que la crise en Ukraine n’avait pas été déclenchée par la Russie et présenté avec beaucoup de rationalité la position russe et les intérêts stratégiques légitimes de son pays dans l’ère post-conflit idéologique.
Humiliée par le traitement que lui a réservé l’Occident depuis 1989, la Russie s’est réveillée avec Poutine et a commencé à renouer avec une politique de grande puissance en cherchant à reconstruire les lignes de force historiques traditionnelles de la Russie tsariste puis de l’Union soviétique. La géographie commande souvent la stratégie. Après avoir perdu une grande partie de ses « territoires historiques », selon la formule de Poutine, et de sa population russe et non russe, la Russie s’est donné comme grand projet national et patriotique la récupération de son statut de superpuissance, d’acteur « global », en assurant en premier lieu la sécurité de ses frontières terrestres et maritimes. C’est précisément ce que veut lui interdire l’Occident dans sa vision unipolaire du monde. Mais en bon joueur d’échecs, Poutine a plusieurs coups d’avance grâce à une connaissance profonde de l’histoire, de la réalité du monde, des aspirations d’une grande partie des populations des territoires antérieurement contrôlés par l’Union soviétique. Il connaît à la perfection l’Union européenne, ses divisions et ses faiblesses, la capacité militaire réelle de l’Otan et l’état des opinions publiques occidentales peu enclines à voir augmenter les budgets militaires en période de récession économique. À la différence de la Commission européenne dont le projet coïncide avec celui des États-Unis pour consolider un bloc politico-economico-militaire euro-atlantique, les citoyens européens dans leur majorité ne veulent plus d’élargissement à l’Est de l’UE, ni avec l’Ukraine, ni avec la Géorgie, ni avec aucun autre pays de l’ex-Union soviétique.
Avec ses gesticulations et ses menaces de sanctions, l’UE, servilement alignée sur Washington, montre en fait qu’elle est impuissante pour « punir » sérieusement la Russie. Son poids réel n’est pas à la hauteur de ses ambitions toujours proclamées de façonner le monde à son image. Le gouvernement russe, très réactif et malicieux, applique des « ripostes graduelles », tournant en dérision les mesures punitives occidentales. Poutine, hautain, se paye même le luxe d’annoncer qu’il va ouvrir un compte à la Rossyia Bank de New-York pour y déposer son salaire ! Il n’a pas encore fait mention de limitation dans la fourniture de gaz à l’Ukraine et l’Europe de l’Ouest, mais tout le monde sait qu’il a cette carte dans la manche, ce qui contraint déjà les Européens à penser à une réorganisation complète de leur approvisionnement en énergie, ce qui mettra des années à se concrétiser.
Les erreurs et les divisions des occidentaux mettent la Russie en position de force. Poutine jouit d’une popularité exceptionnelle dans son pays et auprès des communautés russes des pays voisins, et on peut être sûr que ses services de renseignement ont pénétré en profondeur les pays auparavant contrôlés par l’URSS et lui donnent des informations de première main sur les rapports de force internes. Son appareil diplomatique lui donne de solides arguments pour retirer à l’« Occident » le monopole de l’interprétation du droit international, en particulier sur l’épineuse question de l’autodétermination des peuples. Comme on pouvait s’y attendre, Poutine ne se prive pas de citer le précédent du Kosovo pour vilipender le double langage de l’Occident, ses incohérences, et le rôle déstabilisateur qu’il a joué dans les Balkans.
Alors que la propagande médiatique occidentale battait son plein après le référendum du 16 mars en Crimée, les vociférations occidentales ont subitement baissé d’un ton et le G7 lors de son sommet à la Haye en marge de la conférence sur la sécurité nucléaire n’a plus menacé d’exclure la Russie du G8 comme il l’avait claironné quelques jours plus tôt mais simplement a annoncé « qu’il ne participerait pas au sommet de Sotchi ». Ceci lui laisse la possibilité de réactiver à tout moment ce forum privilégié de dialogue avec la Russie, crée en 1994 à sa demande expresse. Première reculade du G7. Obama de son côté s’est empressé d’annoncer qu’il n’y aurait aucune intervention militaire de l’Otan pour aider l’Ukraine, mais seulement une promesse de coopération pour reconstruire le potentiel militaire de l’Ukraine, composé en grande partie de matériel soviétique obsolète. Seconde reculade. Il faudra des années pour mettre sur pieds une armée ukrainienne digne de ce nom et on se demande bien qui va payer compte tenu de la situation catastrophique des finances du pays. De plus, on ne sait plus exactement quel est l’état des forces armées ukrainiennes après que Moscou ait invité, avec un certain succès semble-t-il, les militaires ukrainiens héritiers de l’Armée rouge, à rejoindre l’armée russe en respectant leurs grades. La flotte ukrainienne est déjà entièrement passée sous contrôle russe. Enfin, autre marche arrière spectaculaire des États-Unis : il y aurait des conversations secrètes très avancées entre Moscou et Washington pour faire adopter une nouvelle constitution à l’Ukraine, installer à Kiev à l’occasion des élections du 25 mai un gouvernement de coalition dont les extrémistes néo-nazi seraient exclus, et surtout pour imposer un statut de neutralité à l’Ukraine, sa « finlandisation » (recommandée par Henry Kissinger et Zbigniew Brzezinsky) [2], ce qui interdirait son entrée dans l’Otan, mais permettrait des accords économiques tant avec l’UE qu’avec l’Union douanière eurasiatique (Russie, Biélorussie, Kazakhstan). Si un tel accord est conclu, l’UE sera mise devant le fait accompli et devra se résigner à payer la facture du tête-à-tête russo-US. Avec de telles garanties Moscou pourra considérer comme satisfaites ses exigences de sécurité, aura repris pied dans son ancienne zone d’influence avec l’accord de Washington et pourra s’abstenir de fomenter le séparatisme d’autres provinces ukrainiennes ou de la Transnistrie (province de Moldavie peuplée de russes) en réaffirmant très fort son respect des frontières européennes. Le Kremlin offrira par la même occasion une porte de sortie honorable à Obama. Un coup de maître pour Poutine.

Conséquences géopolitiques de la crise ukrainienne

Le G7 n’a pas calculé qu’en prenant des mesures pour isoler la Russie, outre le fait qu’il s’appliquait à lui-même une « punition sado-masochiste » selon la formule d’Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères français, il précipitait malgré lui un processus déjà bien engagé de profonde recomposition du monde au bénéfice d’un groupe non occidental dirigé par la Chine et la Russie réunies au sein des BRICS. En réaction au communiqué du G7 du 24 mars [3], les ministres des Affaires étrangères des BRICS ont fait connaître immédiatement leur rejet de toute mesures visant à isoler la Russie et ils en ont profité pour dénoncer les pratiques d’espionnage états-unien tournées contre leurs dirigeants et pour faire bonne mesure ils ont exigé des États-Unis qu’ils ratifient la nouvelle répartition des droits de vote au FMI et à la Banque Mondiale, comme premier pas vers un « ordre mondial plus équitable » [4]. Le G7 ne s’attendait pas à une réplique aussi virulente et rapide des BRICS. Cet épisode peut donner à penser que le G20, dont le G7 et les BRICS sont les deux principaux piliers, pourrait traverser une crise sérieuse avant son prochain sommet à Brisbane (Australie) les 15 et 16 novembre, surtout si le G7 persiste à vouloir marginaliser et sanctionner la Russie. Il est à peu près sûr qu’il y aura une majorité au sein du G20 pour condamner les sanctions à la Russie, ce qui de fait reviendra à isoler le G7. Dans leur communiqué les ministres des BRICS ont estimé que décider qui est membre du groupe et quelle est sa vocation revient à placer tous ses membres « sur un pied d’égalité » et qu’aucun de ses membres « ne peut unilatéralement déterminer sa nature et son caractère ». Les ministres appellent à résoudre la crise actuelle dans le cadre des Nations unies « avec calme, hauteur de vue, en renonçant à un langage hostile, aux sanctions et contre-sanctions ». Un camouflet pour le G7 et l’UE ! Le G7, qui s’est mis tout seul dans une impasse, est prévenu qu’il devra faire d’importantes concessions s’il veut continuer à exercer une certaine influence au sein du G20.
En outre, deux événements importants s’annoncent dans les prochaines semaines.
D’une part Vladimir Poutine se rendra en visite officielle en Chine en mai. Les deux géants sont sur le point de signer un accord énergétique d’envergure qui affectera sensiblement le marché mondial de l’énergie, tant sur le plan stratégique que financier. Les transactions ne se feraient plus en dollars, mais dans les monnaies nationales des deux pays. En se tournant vers la Chine, la Russie n’aura aucun problème pour écouler sa production gazière au cas où l’Europe de l’Ouest déciderait de changer de fournisseur. Et dans le même mouvement de rapprochement la Chine et la Russie pourraient signer un accord de partenariat industriel pour la fabrication du chasseur Sukhoï 25, fait hautement symbolique.
D’autre part lors du sommet des BRICS au Brésil en juillet prochain, la Banque de Développement de ce groupe, dont la création a été annoncée en 2012, pourrait prendre forme et offrir une alternative aux financements du FMI et de la Banque Mondiale, toujours réticents à modifier leurs règles de fonctionnement, pour donner plus de poids aux pays émergents et à leurs monnaies à côté du dollar.
Enfin il y a un aspect important de la relation entre la Russie et l’Otan peu commenté dans les média mais très révélateur de la situation de dépendance dans laquelle se trouve l’« Occident » au moment où il procède au retrait de ses troupes d’Afghanistan. Depuis 2002, la Russie a accepté de coopérer avec les pays occidentaux pour faciliter la logistique des troupes sur le théâtre afghan. À la demande de l’Otan, Moscou a autorisé le transit de matériel non létal destiné à l’ISAF (International Security Assistance Force) par voir aérienne ou terrestre, entre Douchambé (Tadjikistan), l’Ouzbekistan et l’Estonie, via une plateforme multimodale à Oulianovk en Sibérie. Il s’agit rien de moins que d’acheminer toute l’intendance pour des milliers d’hommes opérant en Afghanistan, entre autre des tonnes de bière, de vin, de camemberts, de hamburgers, de laitues fraîches, le tout transporté par des avions civils russes, puisque les forces occidentales ne disposent pas de moyens aériens suffisants pour soutenir un déploiement militaire de cette envergure. L’accord Russie-Otan d’octobre 2012 élargit cette coopération à l’installation d’une base aérienne russe en Afghanistan dotée de 40 hélicoptères où les personnels afghans sont formés à la lutte anti-drogue à laquelle les occidentaux ont renoncé. La Russie s’est toujours refusé à autoriser le transit sur son territoire de matériel lourd, ce qui pose un sérieux problème à l’Otan à l’heure du retrait de ses troupes. En effet celles-ci ne peuvent emprunter la voie terrestre Kaboul-Karachi en raison des attaques dont les convois sont l’objet de la part des talibans. La voie du Nord (la Russie) étant impossible, les matériels lourds sont transportés par avion de Kaboul aux Émirats Arabes Unis, puis embarqués vers les ports européens, ce qui multiplie par quatre le coût du repli. Pour le gouvernement russe l’intervention de l’Otan en Afghanistan a été un échec, mais son retrait « précipité » avant la fin de 2014 va accroître le chaos et affecter la sécurité de la Russie et risque de provoquer un regain de terrorisme.
La Russie a aussi d’importants accords avec l’Occident dans le domaine de l’armement. Le plus important est sans doute celui signé avec la France pour la fabrication dans les arsenaux français de deux porte-hélicoptères pour un montant de 1,3 milliards d’euros [5]. Si le contrat est annulé dans le cadre des sanctions, la France devra rembourser les montants déjà payés plus les pénalités contractuelles et devra supprimer plusieurs milliers d’emplois. Le plus grave sera sans doute la perte de confiance du marché de l’armement dans l’industrie française comme l’a souligné le ministre russe de la Défense.
Il ne faut pas oublier non plus que sans l’intervention de la Russie, les pays occidentaux n’auraient jamais pu aboutir à un accord avec l’Iran sur la non prolifération nucléaire, ni avec la Syrie sur le désarmement chimique. Ce sont des faits que les médias occidentaux passent sous silence. La réalité est qu’en raison de son arrogance, de sa méconnaissance de l’histoire, de ses maladresses, le bloc occidental précipite la déconstruction systémique de l’ordre mondial unipolaire et offre sur un plateau à la Russie et à la Chine, appuyée par l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et bien d’autres pays, une « fenêtre d’opportunité » unique pour renforcer l’unité d’un bloc alternatif. L’évolution était en marche, mais lentement et graduellement (personne ne veut donner un coup de pied dans la fourmilière et déstabiliser brusquement le système mondial), mais d’un seul coup tout s’accélère et l’interdépendance change les règles du jeu.
En ce qui concerne le G20 de Brisbane il sera intéressant de voir comment se positionne le Mexique, après les sommets du G7 à Bruxelles en juin et des BRICS au Brésil en juillet. La situation est très fluide et va évoluer rapidement, ce qui va demander une grande souplesse diplomatique. Si le G7 persiste dans son intention de marginaliser ou exclure la Russie, le G20 pourrait se désintégrer. Le Mexique, pris dans les filets du TLCAN et du futur TPP devra choisir entre sombrer avec le Titanic occidental ou adopter une ligne autonome plus conforme à ses intérêts de puissance régionale à vocation mondiale en se rapprochant des BRICS.
Pierre Charasse
Source
La Jornada (Mexique)
 
mardi 29 avril 2014
 

Barakat interpelle le Conseil Constitutionnel : « Bouteflika est incapable d’assumer ses fonctions »

 

 

 

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le 29.04.14 
Barakat interpelle le Conseil Constitutionnel : « Bouteflika est incapable d’assumer ses fonctions »

L'article 88 de la Constitution stipule : «  Lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions, le Conseil Constitutionnel, se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l'unanimité, au Parlement de déclarer l'état d'empêchement ».

Le mouvement Barakat a initié ce mardi sa première action post-présidentielle. Ses délégués se sont donnés rendez-vous, ce matin à 11 heures au niveau du Conseil Constitutionnel, pour remettre une demande d’application de l’article 88 de la Constitution qui prévoit la destitution du président pour cause d'incapacité physique et/ou morale à exercer ses fonctions.
Après une attente qui a durée prés de 30 minutes, un officier de police en civil vient apporter la réponse des responsables du Conseil constitutionnel. « On vous salue et on vous dit bonne journée », a déclaré le policier à Amira Bouraoui avant de demander courtoisement aux six délégués du mouvement de quitter les lieux.


Le mouvement Barakat s’est référé, dans sa requête adressée au président du Conseil constitutionnel, aux articles 70, 77, 78 et 79 de la Constitution qui définissent les missions et fonctions du président de la République. Des missions que Bouteflika ne peut assumer en raison de son état de santé.

A titre d’arguments, Barakat a rappelé que « le président Abdelaziz Bouteflika s’est montré, le 17 avril dernier, dans l’incapacité d’accomplir son devoir électoral » comme « il a été incapable de lire son discours », lors de la cérémonie d’investiture qui a eu lieu hier mardi au Palais des nations.
L'article 88 de la Constitution algérienne stipule : «  Lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions, le Conseil Constitutionnel, se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l'unanimité, au Parlement de déclarer l'état d'empêchement ».


 

Farouk Djouadi
 
 
Promesse formellement tenue
 
 
 
 
 
par Kharroubi Habib
Après sa prestation de serment hier, le président Bouteflika a formellement honoré l'engagement qu'il avait pris de s'adresser à la nation. Il n'a pas toutefois été au bout de sa déclaration écrite préparée pour la circonstance. Il s'est limité à remercier les personnalités étrangères et nationales présentes à la cérémonie et à rendre hommage aux cinq candidats contre lesquels il a concouru pour l'élection présidentielle.

Sa déclaration d'investiture complète ayant été rendue publique, il en ressort que le président réélu compte poursuivre la lutte contre le crime économique et le fléau de la corruption et relancer les réformes politiques dont la révision de la Constitution qui estime-t-il devra renforcer « l'entente nationale ». Cette révision devra être « consensuelle », a dit Bouteflika en mettant l'accent sur la nécessite de « mettre l'intérêt du pays au-dessus des divergences politiques ». Une attitude qu'imposent selon lui « les tentatives de subversion » et les « menaces externes ».

Son rappel de ces dangers auxquels le pays est confronté s'est accompagné d'une mise en exergue élogieuse de l'Armée nationale populaire qui « protège le pays des velléités belliqueuses ». Le chef de l'Etat a par ailleurs réitéré l'appel à rendre leurs armes aux terroristes qui persistent dans leur égarement mais en leur faisant valoir que la « clémence » de l'Etat a ses limites et que la lutte sera implacable contre les récalcitrants qualifiés de « résidus » du terrorisme.

On le constate, Bouteflika n'a rien annoncé qui n'était pas connu de ses intentions et projets pour le quatrième mandat. Il faut très probablement attendre la nomination du nouveau gouvernement pour en savoir plus sur ceux-ci. Notamment sur ce qu'il est prêt à proposer à l'opposition en vue d'un possible dialogue politique entre elle et le pouvoir qui permettrait de mettre fin de façon consensuelle à la crise nationale. Laquelle opposition a marqué son rejet encore radical de reconnaître le résultat du scrutin du 17 avril qu'elle a dénoncé comme ayant découlé d'une vaste fraude électorale en boycottant la cérémonie d'investiture.

Aucun parti ni aucune personnalité politique ligués dans des fronts d'opposition au « pouvoir de fait » issu de ce scrutin n'ont assisté à la cérémonie de prestation de serment du président réélu. Le Front des forces socialistes (FFS) en a fait de même mais en faisant savoir que son absence a pour raison la violente répression exercée sur les manifestants à Tizi Ouzou ayant voulu commémorer pacifiquement le 34ème anniversaire du printemps berbère.

Nous l'avons précédemment écrit, le président réélu ne peut espérer bénéficier d'un délai de grâce tant de la part des citoyens que de l'opposition. Les premiers entendent qu'il leur fasse connaître au plus vite les chantiers qu'il va ouvrir ou relancer, notamment ceux qui ont trait aux problèmes économiques et sociaux qui impactent leurs conditions de vie. L'opposition en intensifiant ses attaques et en faisant pression pour tenter d'imposer l'option de l'instauration d'une « période de transition » à laquelle la majorité de ses segments est acquise. Même s'il va probablement rester invisible, le président Bouteflika n'en sera pas moins tenu de démontrer qu'il est à la barre et va certainement le faire savoir en accélérant le rythme des gestes et décisions destinés à marquer son quatrième manda
t.
 
 
LA QUESTION TETUE 
 
 
 
 
par K. Selim
 Le laborieux et très spécifique processus électoral 2014 s'est terminé, hier, avec la cérémonie de prestation de serment de M. Abdelaziz Bouteflika. Péniblement. Pour beaucoup d'Algériens et sans doute pour le premier concerné. On aurait bien aimé que les sorties un tantinet arrogantes d'un ministre qui renvoie tout le monde à «dans cinq ans» comportent sérieusement l'idée qu'on a avancé quelque part. Malheureusement, la prestation d'hier nous a ramenés, une fois de plus, à la question têtue de la capacité du président à assumer réellement sa charge.
Le clivage qui s'est exprimé avant la campagne électorale reste entier entre ceux qui pensent que l'article 88 est de mise et ceux qui affirment que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les choses étant ce qu'elles sont au sein du régime, on sait qu'à moins d'une détérioration grave de l'état de santé du président, il ne sera pas question d'article 88 et donc d'un empêchement. Le statuquo qui a prévalu durant la «trêve électorale» devrait se poursuivre, la formalité électorale n'étant pas un élément de dépassement des conflits et des divergences internes. Le régime peut affirmer que tout est en ordre, le débat médical continuera avec ses prolongements politiques. Il y a ceux qui persisteront à poser la question du «qui préside vraiment» le pays même après cette prestation de serment ou peut-être à cause d'elle. Et à moins d'un recours excessif à la répression, ce débat va persister avec le risque prévisible d'une exacerbation des conflits internes au moment de prise des décisions. Que ce soit pour la «gestion du personnel» pour utiliser un euphémisme ou pour prendre des décisions stratégiques dans le domaine de l'économie.

Le système algérien a constamment posé problème aux analystes pour délimiter le «pouvoir réel» du formel. Et contrairement à ceux qui ont une vision simpliste, la présidence est bien le seul lieu de pouvoir «formel» où il y a du «pouvoir réel». On sait que la présidence, l'armée, les services de renseignements sont les acteurs du pouvoir «réel». Mais aujourd'hui avec un système qui a dépassé les limites de la crise - et qui risque l'effondrement à tout moment pour reprendre Mouloud Hamrouche -, ces acteurs du pouvoir réel ne sont pas en osmose. On sait, depuis la célèbre sortie d'Amar Saadani contre le patron du DRS, que la «paix» ne règne pas dans le système. Et l'élection présidentielle avec son taux de participation bas, et contesté, n'est pas de nature à dépasser le conflit qui a débordé dans le domaine public.

 Avec un président à la santé fragile, la présidence, acteur du pouvoir réel, est fragilisée. On sait que les institutions formelles ne servent que d'apparat et ne sont pas des lieux de pouvoir. Mais on peut se demander, désormais, si les lieux du «pouvoir réel» sont en mesure de continuer à faire fonctionner une machine qui coince de toute part alors que le pays fait face à des défis majeurs. La redistribution rentière inégalitaire couplée à de la répression à géométrie variable n'est déjà plus une réponse. Des réformes sérieuses et vitales doivent être engagées. La chose ne paraît, hélas, pas envisageable dans le cadre actuel. Et les images, pénibles, d'hier n'ont rien de rassurant. La crise est bien là. Les Algériens n'ont pas les instruments du changement pacifique. Les acteurs du régime ne disposent pas non plus des outils et d'une légitimité suffisante pour engager la réforme. Cela s'appelle l'impasse. Et beaucoup d'Algériens qui en font le constat aimeraient se tromper.




 
lundi 28 avril 2014
 

Bouteflika déterre son projet de réformes politiques

 

 

 

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le 28.04.14 

Le président Bouteflika a dépoussiéré, ce lundi, le projet de reformes politiques qu’il avait annoncé en 2011.

« C’est avec la volonté résolu de renforcer notre entente nationale et faire franchir de nouvelles étapes qualitatives à la démocratie, que je relancerai sous peu, le chantier des réformes politiques qui aboutira à une révision constitutionnelle consensuelle », a affirmé Bouteflika dans un discours écrits, distribué à la presse lors de la cérémonie d’investiture.

« Les forces politiques, les principales représentations de la société civile, ainsi que les personnalité nationales seront conviées à s’associer à cette entreprise de première importance », a-t-il promis.

Bouteflika a précisé que la révision de la Loi fondamentale portera notamment sur les aspects liés au « renforcement de la séparation des pouvoirs, à conforter l’indépendance de la justice et le rôle du Parlement, à l’affirmation du rôle et de la place de l’opposition et à garantir davantage les droits et libertés des citoyens ».

Le Chef de l’Etat qui entame aujourd'hui son quatrième mandat à la tête du pays, a promis aussi d’ouvrir d’autres chantiers pour « améliorer  la qualité de la gouvernance ». Il est question dans ce chapitre de faire « reculer la bureaucratie » et de « promouvoir la décentralisation ». Mieux encore, il a promis d’ « associer la société civile dans la gestion locale ».

... comme un sacrifice
Sur le plan économique, le président Bouteflika a s’est engagé à  mettre en place « une économie diversifiée, de plus en plus forte, complémentaire à notre potentiel en hydrocarbures ». Il a assuré en outre de sa volonté de lutter contre les disparités régionales.
Le prochain plan quinquennal d’investissements publics, dit-il, sera « dense au profit de tous les secteurs et de toutes les régions du pays ». Ce programme devrait englober « de nouvelles mesures en faveur des wilayas du sud et des Hauts plateaux ainsi que les régions montagneuses ». Il  a affirmé que le soutien de l’Etat « sera maintenu » au profit de l’agriculture et des investisseurs qu’ils soient publics ou privés.

S’agissant de la politique extérieure, il a indiqué que la construction de l’Union du Maghreb  « reste notre priorité et nous serons disponibles pour concourir, avec les autres peuples maghrébins, à la réunion des conditions à même de permettre la concrétisation de cet idéal ».

Pour conclure, Bouteflika a déclaré : « J’aborde aujourd’hui le mandat que vous m’avez confié comme un sacrifice pour la Patrie… ».



 

Farouk Djouadi
 
 

Lettre ouverte à la chaîne de télévision M6

 

 

 

J'ai moi-même pu constater, en visionnant le premier épisode de Pékin express, combien votre émission a été tournée avec une hauteur, une morgue, un irrespect, marquant ainsi une grande déconsidération de toutes ces ethnies durement pourchassées et persécutées.
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Objet : Lettre ouverte à la chaîne de télévision M6, suite à la diffusion de Pékin Express en Birmanie.
Je me permets de vous écrire au sujet de la nouvelle saison de votre émission Pékin Express, réalisée en Birmanie, afin de rectifier de graves contre-vérités et de souligner un évident manquement à  la déontologie à laquelle souscrit en principe tout journaliste, tout réalisateur. 
Permettez-moi de vous rappeler, ainsi qu’aux téléspectateurs, que cette émission a été tournée  dans un pays dirigé par une junte militaire depuis plus de 50 ans ; un pays dans lequel les droits Humains  sont systématiquement bafoués, et où les minorités ethniques subissent de terribles exactions :  massacres, déplacements forcés, viols, confiscations de terre, tortures, arrestations arbitraires, attaques  délibérées contre des civils, emprisonnement en raison d’activités politiques, d’appartenance religieuse, d’origine ethnique, et la liste est loin d’être exhaustive. 
La persécution des ethnies Rohingyas, Kamans, Kachins , Chins, Shans, Karens… ne date pas d'hier et  est malheureusement toujours d’actualité.  Le mépris affiché – envers l’ensemble des minorités ethniques birmanes persécutées dans leur pays – à  travers cette émission, qui présente la Birmanie comme une destination exotique et d’aventures, est plus  que déplacé, choquant et extrêmement insultant pour toute conscience morale. 
J'ai moi-même pu constater, en visionnant le premier épisode de Pékin express, combien votre émission  a été tournée avec une hauteur, une morgue, un irrespect, marquant ainsi une grande déconsidération de  toutes ces Ethnies durement pourchassées et persécutées. 
Il se trouve qu’à quelques kilomètres du lieu où les candidats ont atterri, à Mandalay, se situe la ville de  Meiktila, où en mars 2013, les habitants musulmans ont été pris pour cible par une foule de bouddhistes  extrémistes soutenus par les forces de l’ordre birmanes ; maisons, mosquées, madrasas ont été  sauvagement incendiées. Résultat : Plus de 40 musulmans birmans ont perdu la vie, dont plusieurs,  brûlés vifs, et plus de 9 000 personnes déplacées et parquées dans des camps. 
Vos candidats ont ensuite transité par la ville de Lashio (Etat de Shan). Or, en Mai 2013, la ville de Lashio a également fait l’objet de plusieurs attaques barbares dirigées contre  la communauté musulmane.  Dans l’état Shan, on dénombre pas moins de 140 affrontements entre l’armée Birmane et l’armée Shan  du Sud, depuis la signature d’un accord de cessez-le-feu signé en décembre 2011. 
En octobre 2013, près de la ville de Kunhing, 80 militaires birmans ont attaqué l’armée Shan du Sud. Des  obus de mortier ont été tirés, provoquant la fuite de leur village d’une centaine de civils terrifiés, fuyant la  violence des attaques. 
Il est également à noter que certaines questions ont été posées aux candidats, tel que le nombre  d’Ethnies reconnues en Birmanie. A cette question, il a bien évidemment été répondu 135 Ethnies  officielles. Or, il me parait nécessaire de vous rappeler que l’Ethnie des Rohingyas a été déchue de sa  nationalité birmane en 1982, par une loi discriminatoire mise en place par le dictateur Ne Win. Les  Rohingyas ne sont donc plus reconnus comme une Ethnie à part entière par le gouvernement Birman,  mais désignés comme des migrants illégaux, alors que l’Histoire atteste et prouve leur existence et leur  appartenance à la Birmanie depuis des siècles.
Cette ethnie, majoritairement présente dans l’état d’Arakan, est régulièrement victime de massacres et est placée dans des camps dans lesquels l’aide  humanitaire n’est plus acheminée. Nous assistons là à un véritable Apartheid (passé sous silence par la communauté internationale) privant les Rohingyas de leurs droits les plus élémentaires, au point où l’ONU elle-même les reconnait comme « l'une des ethnies les plus persécutées au Monde ». Leurs conditions de vie sont si alarmantes et préoccupantes que nombre de rapports émanant de différentes organisations non gouvernementales et défenseurs des droits Humains tirent la sonnette d’alarme. 
A titres d’exemple, en Avril 2013, l'ONG Human Rights Watch a publié un rapport, évoquant « une  campagne de nettoyage ethnique contre les Rohingyas, à travers le refus de l’accès à l’aide humanitaire  et l’imposition de restrictions à leur liberté de circulation » et dénonce l’existence d’au moins quatre  fosses communes dans lesquelles sont entassés les corps des victimes. 
Tout récemment encore, en février 2014, Fortify Rights publiait un rapport intitulé « Politiques de  persécution : mettre fin aux politiques abusives du gouvernement à l’encontre des musulmans Rohingyas  de Birmanie » (« Policies of Persecution: Ending Abusive State Policies Against Rohingya Muslims in  Myanmar »). Ce rapport révélait l’implication de l’État et des autorités régionales dans les violations des  droits Humains commises à l’encontre des Rohingyas. Il qualifiait ces violations de crimes contre  l’Humanité. 
Quant à la question concernant Madame Aung San Suu Kyi, qualifiée de "célèbre défenseur des droits  de l’Homme" en Birmanie, permettez-moi de m’insurger et de m’indigner devant une telle supercherie,  une telle imposture ! Il est totalement faux de prétendre que Madame Aung San Suu Kyi serait un  défenseur des Droits Humains, puisqu’elle a elle-même annoncé que son but n’était pas de défendre les  Droits de l’Homme mais qu’elle était bel et bien une femme politique.
Son silence lâche et coupable, devant ces persécutions à l’encontre des minorités ethniques de son pays, en dit d'ailleurs long sur le degré d’implication de ce "prix Nobel de la Paix" et pose la question de la légitimité de ce titre. Enfin, je tiens à préciser que depuis la reprise des massacres en Juin 2012, j’ai pu me rendre à  cinq reprises en Birmanie, et que je suis scandalisée par la diffusion d’une telle émission et par  l'indifférence éhontée démontrée par votre chaine à l'égard des ethnies persécutées dans ce pays. Le  caractère insultant de l’émission et la banalisation de cet état criminel et génocidaire qu'est la Birmanie  m’ont littéralement révoltée. 
C'est pourquoi j'ai décidé, de rendre publique cette lettre, afin d'informer nos concitoyens, puisque les  médias tels que le vôtre ne semblent pas se sentir concernés par ce devoir d'information. Tout comme  moi, je suis persuadée qu’ils seront horrifiés. 
Madame, Monsieur, lorsque vous travaillez à divertir un public, tout en l’instruisant, vous seriez  bien avisés d'adopter un minimum de rigueur et d’honnêteté intellectuelle, et de veiller à ne pas  transgresser les règles de la déontologie, et surtout, à ne pas passer sous silence des vérités évidentes.  Ce faisant, vous ne faites qu’ajouter à la confusion générale. Et je vous parle ici du droit à la vie, à la  dignité, et au respect de l’intégrité morale de toute personne humaine.

 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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