ELWATAN-ALHABIB
samedi 31 août 2019
 
Les Algériens disent non à tout tutorat









par Kharroubi Habib



A l'adresse des partisans de l'option d'une transition constituante qui la présentent comme voulue et revendiquée par le mouvement populaire et par voie de conséquence par la majorité du peuple algérien qui soutient ce dernier, le général Ahmed Gaïd Salah a martelé dans l'allocution qu'il a prononcée à Oran au troisième jour de sa visite en 2e Région militaire que le « peuple algérien n'a besoin d'aucun tuteur qui lui dicte quoi faire». Sur ce point, le chef de l'armée est dans le vrai.

Le peuple algérien s'est effectivement soulevé pacifiquement avec pour objectif d'en finir avec le tutorat qui s'est exercé sur lui sous couvert de prétendues légitimités successives depuis le recouvrement de l'indépendance du pays en 62. Sauf que lui-même et le haut commandement de l'armée se comportent en tuteur autoproclamé de ce peuple en ayant décrété en son nom qu'il n'est pas question d'une transition constituante et en soutenant qu'il est en accord avec l'option prônée par eux de l'organisation d'une élection présidentielle dans le plus bref délai.

Ni les partisans de la transition ni ceux qui adhèrent à l'option électorale prônée par Gaïd Salah et le haut commandement de l'armée n'ont le droit de parler au nom du peuple tant que celui-ci n'aura pas clairement et de manière indubitable fait son choix entre l'une et l'autre démarche. La seule certitude qui ressort des marches et manifestations populaires qui s'enchaînent sans discontinuité chaque vendredi depuis le 22 février est que les Algériens veulent le départ de tous les symboles du régime de Bouteflika et l'instauration d'un Etat de droit démocratique, non corrompu et non corrupteur. Que l'armée, les acteurs politiques ainsi que les associations et organisations issues de la société civile se déclarent à leur côté et en accord avec les revendications populaires, cela ne confère à aucune de ces parties le droit de s'autoproclamer leur représentant. En s'octroyant ce label de représentativité que ne confirment pas les positions citoyennes à leur égard, ces parties dans la crise politique font fi de la souveraineté que le peuple s'est réappropriée et ne veut en déléguer à nul l'interprétation et l'exercice. Ce n'est pas la poursuite des marches populaires qui est cause de l'impasse politique et des obstacles mis à son dépassement. Celle-ci est dans la prétention de ces parties à la crise à se croire chacune détentrice de solution dont le peuple veut la mise en œuvre. Ce qui est révélateur qu'elles ne sont pas prêtes à voir le peuple libéré de tout tutorat et devenir l'unique décideur de ce que sera le devenir de son pays et la source légitimante du pouvoir qui aura la charge de traduire dans les faits la volonté populaire. Oui l'ère du tutorat est bien finie en Algérie et les Algériens s'opposeront à son retour sous quelque forme que se manifestera la velléité de son retour.
 



 
jeudi 29 août 2019
 
La république des amis









par Hamid Dahmani


Maintenant que les langues se délient, il est prouvé que les systèmes politiques tyranniques qui se sont succédé toujours à eux-mêmes à la tête du pays, n'aimaient pas la patrie et ne souhaitaient pas le bonheur et la liberté politique à cette nation, car cela risquait avec le temps de leur coûter la perte du pouvoir usurpé. Un système politique au modèle arrogant, oppressant et arbitraire. Le peuple était dédaigné par ces gouvernants contraignants venus pour dilapider le patrimoine des Algériens. Ce système politique véreux a toujours préféré agir dans l'opacité et contre la loi pour faire ses affaires louches sans être inquiété, ni tenu de rendre des comptes à la masse populaire. Les tyrans de la dite « république démocratique et populaire » ignoraient le peuple et décidaient librement à son insu. Ils ont confisqué le meilleur dans la vie des Algériens et ont organisé le grand trafic. Ils ne connaissent pas la transparence ni l'alternance politique et ne souhaitaient pas se plier aux formalités sur le point de presse. Ils ne communiquaient pas avec le peuple pour l'informer sur les affaires du pays. Généralement, c'est en sourdine que les magouilles se tramaient pour éviter de se faire découvrir. Pas de discours, pas de conférences et pas de débats et pas de véritables infos dans un pays fermé et surveillé par des malfrats. Des scandales à répétitions sur des affaires, de marchés, de corruptions, de faillites et de détournements ont toujours secoué le milieu de cette pègre officielle impunie. La communication a toujours été absente dans le programme politique du système qui n'aimait pas rendre des comptes aux médias et au peuple. La fratrie a réalisé un coup d'Etat contre le peuple pour le destituer de ses pouvoirs constitutionnels. Dans ces moments pénibles, l'Algérie souffrait en silence. Elle était kidnappée et outragée comme une martyre.          

Le peuple était enfermé comme dans une prison pendant de longues décennies noires. A partir de cet instant la fraude s'est installée dans les rouages du système pour mieux piller les richesses. Ils ont rempli leurs chambres parlementaires avec des « quotas d'élus » désignés et basés sur le copinage. Les forces du mal et la fausse alliance, sous le couvert du parti historique et symbolique, se sont unies contre la force populaire pour la déposséder de ses droits législatifs. Dans le style « khawa-khawa », un président grabataire toujours sur le trône, avec à ses côtés au commande, et en coulisses le frangin qui agit dans l'ombre. Les frères présidents ont façonné une grande chaîne d'oligarques sur mesure pour les financer et les maintenir au pouvoir avec de l'argent public puisé dans les banques publiques. Ils se sont servis dans les caisses pour détourner librement les deniers de la république pour acheter des immeubles, des terres, loin du pays pour ne pas éveiller les soupçons. La parole était muselée et les manifestations populaires étaient réprimées pour faire taire les voix intègres. La justice était muette et l'injustice faisait rage. Le système croyait endormir le peuple avec des logements mal façonnés. Mais il s'était trompé d'adresse et de jeunesse. Trop gourmand, leur président avait vu trop grand. C'est la goutte qui a fait déborder la tasse un vendredi béni. Le 22 février est une date populaire et historique qui a délivré le peuple algérien du joug de l'hégémonie présidentielle. Aujourd'hui, grâce au mouvement de contestations, nous fêtons la grande joie populaire.

Presque tous les escrocs de la « république des amis » ont été jetés en prison pour y pâtir pendant bien longtemps, nous l'espérons. Mais, le peuple reste médusé par l'ampleur du pourrissement de la république. Chaque jour qui passe, les fourgons des gendarmes font la navette entre les tribunaux et les prisons pour déposer les grands escrocs « VIP » qui maltraitaient notre pauvre Algérie. On n'a jamais connu dans un autre pays, une telle infamie avec un pouvoir aussi corrompu. Tous les maillons de la chaîne sont mouillés dans des affaires scabreuses et de grand pillage. Dans d'autres pays, si un tel affront était commis et prouvé devant la justice, les auteurs n'échapperaient pas au glaive de la justice dans toute sa rigueur. 




 
mercredi 28 août 2019
 

LA RUE COMMENCE À BOUILLONNER








            Abdallah CHEBBAH                       Août, 2019
En ce début de rentrée sociale, rien ne présageait encore un ras le bol de certains citoyens poussés à l’extrême par la mal vie, la cherté des produits de première nécessité et le dysfonctionnement voulu de certaines institutions publiques qui n’arrivent pas à satisfaire les besoins essentiels de la population. Certains endroits se sont retrouvés sans électricité, d’autres sans eau et des feux ont été déclarés un peu partout, à ce moment précis des grandes chaleurs. D’autres encore pour des problèmes de voirie et de routes. En gros, pour des promesses non tenues par les autorités qui sont à l’origine de tous les mécontentements.
Un directeur d’hôpital s’est fait alors renvoyé chez lui par des jeunes introduits par effraction dans son bureau lui reprochant son laxisme vis à vis des patients. Des routes à grande circulation ont été barricadées par des feux, des grosses pierres, des branches d’arbres et toute autre sorte de choses . L’entrée principale d’une mairie communale a été murer par des briques.
C’est une façon pour ces gens de rejeter complètement ce pouvoir en place, puisque les manifestations pacifiques, les slogans et les discours n’ont pas suffit pour faire entendre raison à ce système corrompu et abjecte, lancinant.
Depuis le début de l’été, il fallait s’y attendre à ce genre d’évènements qui ne peut s’expliquer que par des provocations de la ‘’3issaba’’ pour essouffler ou embraser la situation afin de décréter un état de siège qui donnerait carte blanche à l’armée pour intervenir librement comme seule garante de la sécurité intérieure et extérieure du pays.
Avec de tels agissements malheureux, le Hirak pacifique risque de dérailler et de perdre toute sa vigueur et sa substance primaire. Sylmia, Sylmia est la seule arme qui viendrait à bout de cette bête immonde. Nul, ni personne dans le monde ne pourrait intervenir. La non violence a détruit les plus grandes dictatures. Le peuple Algérien doit impérativement continué à manifester, tous les jours s’il le faut, aussi longtemps que cela prendrait pour venir à bout de cette horde. Il ne doit en aucun cas succombé aux provocations infantiles de la ‘’3issaba’’. Il ne faut pas donné l’occasion, ni au panel préfabriqué, ni à tout autre opportunistes, de réagir par la violence et la déroute. Il faut rester solidaires, unis, pacifiques, clairvoyants et patients. Le monde entier nous regarde et analyse la situation de notre pays. Certains attendent la fin pour agir en conséquence, ce qui explique leur silence. La situation dépasse nos frontières.
Il faut acculer cette ‘’3issaba’’ à venir à la table des négociations pour trouver un compromis sur son départ. Il s’agit cette fois-ci d’aboutir. Dawla Madania et non 3askaria. Ceci est le mot d’ordre. Elle doit comprendre que l’Algérie s’est métamorphosée complètement. Le peuple ne veut plus d’une dictature militaire qui les a ruiné au plus profond de leur être. Il ne veut plus, encore une fois, sacrifier ses meilleurs enfants pour des pantins actionnés sur ordre d’une puissance étrangère. 
Un retour en arrière réduirait le peuple à la mendicité, à la misère, à la pauvreté, à l’asservissement, à la démence. Chaque Algérien doit méditer sur ça et prendre ses responsabilités. Les jeunes Algériens épris de leur pays doivent tempérer leur colère. Le combat que mène le peuple Algérien est plus que vital.                                                
                                                                SYLMIA, SYLMIA, SYLMIA
 
 
Le risque de pérenniser le système









par Moncef Wafi

La contestation populaire entre dans son septième mois et aucune initiative des deux côtés des tranchées ne semble converger vers un minimum syndical pour essayer de sortir de la crise actuelle que vit le pays. Le fossé existant entre le pouvoir réel et la rue donne cette vertigineuse impression d'un cercle vicieux politique qui menacerait même la stabilité de l'Algérie.

En effet, nul bilan de ces six mois du mouvement populaire ne peut être établi sans deviner en amont les intentions d'un pouvoir résolu à maintenir en vie le système dont il est lui-même issu. L'opération mains propres lancée par la justice, sur ordre du chef d'état-major de l'ANP, n'est ni plus ni moins qu'une tentative de se débarrasser avant tout des «têtes de file» d'une aile, parmi d'autres, du clan Bouteflika.

Cette faction n'était qu'une facette du pouvoir en place et l'emprisonnement de ses hommes les plus notoires ne veut absolument pas signifier la chute du système alors en place mais juste son remplacement par des noms jugés parmi les fidèles des tenants du pouvoir réel. L'exemple le plus édifiant de cet état de fait reste le très emblématique département de l'industrie et des mines qui représente, apparemment, l'épicentre de cette gestion brigande des deniers de l'Etat, puisqu'on retrouve à sa tête des noms proches de l'ancien ministre Bouchouareb, repêchés par Bedoui. La justice étant actionnée, il est clair que les procès ne peuvent pas échapper à leur dimension politique parce qu'il s'agit de la mise au ban d'un système politique basé sur la prédation, le clientélisme et la corruption au plus haut degré de responsabilité.

Si les ministres se défaussent sur la garde rapprochée du clan Bouteflika, alors qu'ils sont théoriquement les premiers responsables de leurs départements avec le pouvoir décisionnel décrété, que dire alors des cadres subalternes, des lampistes qu'on a sacrifiés sur l'autel des statistiques judiciaires ? Il faut comprendre que des gens qui n'ont fait que répondre aux injonctions de leurs ministres et hauts responsables respectifs se retrouvent derrière les barreaux, poursuivis pour les mêmes chefs d'accusation que les donneurs d'ordres. Aller au plus vite à la présidentielle charrie le risque de pérenniser un système politique qui a avantagé à outrance une caste de prédateurs laissant le pays exsangue, à la limite du dépôt de bilan. Si d'aventure l'option d'une présidentielle anticipée et imposée passe, il est fort à craindre la reconduction tacite de ce même système contre lequel des millions d'Algériens protestent depuis le 22 février. 
 
mardi 27 août 2019
 

LE PANEL DE KARIM YOUNES : UN APPENDICE DU RÉGIME









Aït Benali Boubekeur 

Le panel, présidé par le fils du régime honni, Karim Younes, peut se vanter de tout sauf de comprendre les revendications du hirak. En effet, après 57 ans de règne sans partage d’un régime obnubilé par ses propres intérêts, le peuple algérien réclame un nouveau départ où les responsables de la crise ne jouent aucun rôle.
Bien qu’ils se disent purs –Karim Younes parle même d’un passé honorable des dirigeants –, il n’en reste pas moins que sans les pratiques antidémocratiques et antinationales des dirigeants, l’Algérie n’en serait pas là. Qu’ils le veuillent ou non, cette crise est celle du régime. À ce titre, ils sont collectivement responsables.
En tout cas, à l’examen de la composition du panel, on peut dire que le régime sait recycler les siens. Ainsi, tous les soutiens au cinquième mandat de la honte se convertissent, sans fard ni acrimonie, à la nouvelle feuille de route du chef des armées. Pour rappel, Gaid Salah était, lui aussi, un soutien indéfectible à Abdelaziz Bouteflika jusqu’à fin mars 2019. Ce rappel est nécessaire aux amnésiques, car dans l’histoire du régime, les retournements de veste sont légion.
Dans le fond, est-ce que nos responsables ont la mémoire courte ? Ce n’est pas sûr. Ces gens-là peuvent défendre une thèse et son contraire en y mettant la même conviction et sans qu’ils aient la moindre gêne. Sur l’échelle des valeurs, ils sont à la ramasse, et ce, bien qu’ils élèvent la voix quand ils parlent. Mais, là où le bât blesse, c’est quand ils accusent les citoyens pacifiques, dont la seule préoccupation est d’œuvrer pour bâtir une nouvelle Algérie, de vouloir incendier le pays.
Dans la réalité, ceux qui veulent achever la destruction du pays, ce sont ceux qui essaient d’imposer les échéances sans le consentement du peuple. En tout état de cause, en dépit du refus du peuple algérien de cautionner les pratiques du régime, le panel reprendra, dans ses conclusions, les mêmes propositions que le chef de l’état-major. Encore une fois, au nom des intérêts du clan régnant, ils diront que « l’élection présidentielle est le meilleur moyen de sortir le pays de la crise. » Pour tromper l’opinion, ils pourraient sacrifier leur candidat en promettant une présidence de transition.
Mais, comment refuser une transition qui permettrait au pays de redémarrer sur des nouvelles bases et proposer un président de transition ? Malin est celui qui parviendra à expliquer les intentions du régime. À vrai dire, tout ce que l’on sait du régime, c’est qu’il est inconcevable pour lui de céder les rênes du pouvoir. Leur maintien au sommet de l’État leur procure sans doute des avantages incommensurables.
Il faut dire que le contrôle de la rente pétrolière a permis et permis à certains de construire une vie en or. Sinon, comment expliquer qu’à 80 ans, ils s’accrochent encore au pouvoir ? Alors que les gens qui s’approchent de la cinquantaine estiment que l’avenir de ce pays appartient à la jeunesse, cette vieille génération fait tout pour perpétuer le statu quo qui n’arrange que leur proche entourage. Dans ces conditions, le panel peut-il revendiquer une quelconque autonomie ? Bien qu’il puisse émettre quelques avis, les grandes décisions appartiennent aux propriétaires illégitimes du pouvoir.
Avant même la formation du panel, les décisions étaient déjà prises : organiser l’élection présidentielle dans les plus brefs délais. Quant au hirak –chaque vendredi, il fait la démonstration qu’il représente largement le peuple –, il doit poursuivre son chemin sans tenir compte des intermédiaires partiaux, voire issus du régime.
L’Algérie mérite mieux que ces faux responsables et ces intermédiaires irresponsables.
 
lundi 26 août 2019
 

LE “YETNAHAW GAA” DOIT ÉGALEMENT TOUCHER LES DIRECTIONS PARTISANES










  • Redouane Boudjema
    26 août 2019
    huffpostmaghreb.com
Le “Yetnahaw Gaa” doit également toucher les directions
De vrais partis politiques naîtront en Algérie lorsqu’une rupture épistémologique sera faite avec les directions partisans actuelles dont on peut dire qu’elles sont, dans leur écrasante majorité, compromises jusqu’à la moelle par leurs relations avec les différents clans, réseaux et “açabiyates” du pouvoir. 
La plus faible de ces compromissions est le soutien aux politiques imposées par le pouvoir depuis l’instauration du multipartisme. Il y a également le phénomène du mélange de l’argent avec le parcours de ces dirigeants dont beaucoup sont entrés dans la capitale à travers ses “salons” et qui, en des temps records, se retrouvent à vivre dans une richesse ostentatoire.
 Ces directions qui ont trahi leurs bases et leurs militants ont soutenu des politiques catastrophiques. A telle enseigne que le chef d’état-major de l’armée s’est retrouvé contraint de parler de l’existence d’une 3issaba (une bande) qui dirigeait les palais d’el Mouradia et du Dr Saadane et de nombreux ministères et institutions. 
Une bipolarisation qui sert le régime
Depuis la reconnaissance du multipartisme à la fin des années 80 du siècle dernier, la gestion administrative et sécuritaire des directions partisans a permis d’imposer une bipolarisation entre ce qu’on appelle islamistes et laïcs. 
A travers cette tension entretenue, le pouvoir réel se présente comme un protecteur de la nation de la folie des islamistes et des laïcs. Les directions partisanes des deux courants ont joué un rôle essentiel dans la division des Algériennes et Algériennes. Elles ont oeuvrer  à entraver tout compromis historique et politique au sein de la société. 
Cette sur-idéologisation a servi le pouvoir et les directions partisanes. De  nombreuses boutiques politiques y ont trouvé leur intérêt à travers la politique des quotas électoraux alors que les Algériens boycottent largement les urnes depuis l’interruption du processus démocratique en janvier 1992. 
Depuis le déclenchement de la révolution du 22 février, au lieu d’ouvrir un débat interne et de faire une autocritique au sujet de leurs politiques et de leurs positions catastrophiques, beaucoup de ces directions partisanes, chacune de son côté, pleurnichent en se présentant comme des victimes et non pas des parties prenantes de ce qui s’est passé. 
Abderrezak Mokri, à titre d’exemple, a déclaré hier sans pudeur, que son mouvement subit une campagne de dénigrement car ses adversaires laïcs, selon son propos, connaissent son poids électoral. Pourtant, il n’ignore pas, lui plus que quiconque, que la force électorale n’existe plus depuis l’arrêt du processus démocratique. Depuis 1995, la participation électorale ne dépasse pas les 15% des électeurs. Parler dans ces conditions de “force électorale”, relève de la mauvaise foi. Mokri aurait mieux fait de demander pardon à ses militants et aux Algériens pour leur position dans les années 90, quand leur cheikh a justifié l’arrêt du processus démocratique en 1992 en assurant que l’armée “est sortie pour protéger la démocratie de ses ennemis”. Mokri aurait mieux fait de demander pardon pour le soutien apporté à Bouteflika en 1999 et 2004 dans des élections truquées et l’approbation par ses députés de la suppression de la limitation des mandats (2008) et leur soutien à un troisième mandat. Sans compter la participation dans les gouvernements de Bouteflika avec des ministres dont beaucoup se sont vautrés dans la corruption. 
N’aurait-il pas mieux valu que Mokri s’excuse auprès de ses militants et des Algériens pour les négociations menées avec Saïd Bouteflika pour prolonger le mandat de son frère. Lui qui, après l’échec de la démarche, s’est adressé aux Algériens sur le mode de tant pis vous: “vous n’avez pas accepté la prolongation, mabrouk pour vous le cinquième mandat!”. 
Au lieu de cela, il fait une sortie pour affirmer que les laïcs veulent s’accaparer du Hirak alors que tout le monde sait que ces “laïcs” ont été ses voisins et les voisins des dirigeants de son mouvement au Club des pins et qu’ils étaient dans le même camp avec Nezzar, Touati, Toufik, Belkheir et Smail Lamari et ils ont appuyé toutes les politiques qui ont donné 200.000 morts, 12000 disparus et un traumatisme qui a touché toute la société. 
Des partis qui font partie du problème
Quelques semaines auparavant, les appareils partisans qui font commerce de modernité ont créé un ghetto qu’ils ont surnommé “l’alternative démocratique” porteur de beaucoup de rhétorique et d’alignement idéologique qui nous ramène vers les dédales des années 90. L’un de ces dirigeants n’a pas hésité à dire qu’il ne regrette pas d’avoir applaudi à ce qui s’est passé en 1992… 
Tous les appareils politiques, sans exception, parmi ceux qui ont soutenu Bouteflika ou se sont opposées à lui, font partie du problème qui nous vivons. Ces appareils donnent des signes clairs qu’ils ne connaissent pas la société et qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe dans la rue depuis près de 7 mois. 
Cela montre que la révolution populaire doit pénétrer les appareils partisans à travers une rébellion générale menée par la génération de jeunes éclairés. Il s’agit d’aller vers un changement général de toutes les directions partisanes liées aux clans et aux réseaux du régime qui réagissent aujourd’hui dans les salons du pouvoir et en dehors. 
Ces jeunes générations pourraient l’appeler projet “Yetnahaw Gaa”, car ces directions sont un obstacle à la construction d’un consensus historique entre les Algériens. Il n’est pas possible de construire une Algérie nouvelle avec des directions qui vivent dans une richesse indécente et qui sont toutes impliquées dans la prolongation d’un système qui a failli casser l’Etat, la nation et le tissu social. 
La révolution va générer une nouvelle élite politique avec de  nouveaux dirigeants et de nouvelles idées qui feront la rupture avec des directions partisanes abreuvées à la rente du Sultan et des labos obscurs du régime et qui sont devenues un  véritable obstacle à la construction politique de l’Etat de droit.
 
dimanche 25 août 2019
 

Règlements de compte entre les généraux algériens










Les généraux algériens, confrontés depuis février à une vague de contestation sans précédent, étalent désormais leurs différends sur la place publique.
Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major depuis 2004 et véritable « homme fort » de l’Algérie
Cela fait désormais six mois que des défilés sillonnent chaque vendredi des dizaines de villes d’Algérie pour exiger une authentique transition démocratique. Ce mouvement, désigné sous son appellation arabe de Hirak, n’a pas faibli depuis la démission, le 2 avril, du président Bouteflika, au pouvoir depuis vingt ans. La contestation a contraint le chef d’état-major, le général Gaïd Salah, à s’afficher en détenteur effectif de l’autorité exécutive, surtout depuis qu’Abdelkader Bensalah, nommé pour un intérim de 90 jours à la tête de l’Etat, a été maintenu à ce poste à l’expiration de cet intérim, le mois dernier. Les généraux algériens, ainsi privés de paravent civil à leur arbitraire d’Etat, en viennent à porter leurs différends sur la place publique, une première dans un pays où les querelles entre factions militaires se réglaient plutôt en coulisses.
LA CHUTE DU « SEIGNEUR DE L’ALGERIE »
Les Algériens qualifient de « décideurs » les plus puissants des généraux qui exercent de fait l’autorité dans leur pays. Ce terme de « décideurs » s’est popularisé, en 1992, après le renversement du  président Chadli Bendjedid par un groupe de généraux. Les putschistes étaient menés par le ministre de la Défense, Khaled Nezzar, et le chef des renseignements militaires, « Toufik » Mediene. Ces « décideurs » refusaient les concessions envisagées par Bendjedid envers les islamistes, mais ils ont pris soin de demeurer dans l’ombre. Ils n’avaient ainsi pas à assumer publiquement la responsabilité du coup d’Etat, puis de la guerre civile qui en découla. Ils ménagèrent leur pouvoir et leurs intérêts durant la « décennie noire », avant de se rallier en 1999 à la formule Bouteflika, si profitable pour eux qu’ils la reconduisaient depuis tous les cinq ans.
Le général Gaïd Salah, nommé chef d’état-major en 2004, n’a pas participé directement au renversement de Bendjedid. Et il a dû longtemps s’incliner face à « Toufik » Mediene, surnommé le « seigneur de l’Algérie », du fait de l’omnipotence de sa police politique. Mediene ne quitte qu’en 2015 la tête des renseignements militaires, confiés à un de ses anciens adjoints, « Bachir » Tartag, et partiellement démantelés. Gaïd Salah, le chef désormais incontesté des « décideurs », met tout son poids en faveur de la réélection de Bouteflika pour un cinquième mandat. C’est l’humiliation d’un tel diktat qui, depuis le 22 février 2019, jette des millions d’Algériennes et d’Algériens dans la rue. Dans l’espoir d’endiguer la vague de la contestation, Gaïd Salah lui sacrifie le président de la République, dont aucune nouvelle n’a filtré depuis sa « démission ». Mais c’est encore trop peu et trop tard, d’où le coup de théâtre de l’incarcération, le 4 mai, de Mediene et de Tartag, ainsi que de Saïd Bouteflika, le frère du président déchu. Ils sont tous les trois transférés à la prison militaire de Blida sous l’accusation de « complot contre l’autorité de l’Etat », une accusation passible de la peine de mort.
PLEINS FEUX SUR LA « BANDE »
Gaïd Salah charge de tous les maux de l’Algérie la « bande » qui aurait prospéré sous Bouteflika, en collusion avec les renseignements militaires, quadrillant le pays pour mieux le piller. Il se pose lui-même, face à un telle « bande » et à la tête des forces armées, en rempart de l’intégrité et des intérêts de l’Algérie. Il lance une vaste purge qui, au nom de la lutte contre la corruption, frappe deux anciens Premiers ministres, des membres de leur gouvernement, de nombreux officiels et certains des hommes d’affaires les plus en vue du pays. Il prétend ainsi avoir répondu aux aspirations populaires de neutralisation de la « bande » et, cet objectif étant réalisé, il appelle au « retour progressif au calme ». Les manifestants dénoncent une manoeuvre à leurs yeux grossière, où Gaïd Salah se saisirait du Hirak pour régler ses comptes avec ses rivaux, sans rien amender de l’arbitraire militaire en vigueur.
Nezzar, ministre de la Défense de 1990 à 1993, est convoqué comme témoin par la cour militaire de Blida, où il accrédite la thèse d’un « complot » ourdi par Mediene et Tartag. Il se retrouve pourtant, depuis le 6 août, inculpé lui aussi de « complot », ce qui justifie le lancement d’un mandat d’arrêt international, car il s’est dans l’intervalle réfugié en Espagne. Le retournement est spectaculaire de la part du régime algérien, qui avait soutenu Nezzar lors de la procédure ouverte contre lui en Suisse pour des « crimes de guerre » commis durant la « décennie noire ». Un tel retournement s’expliquerait par des attaques lancées, sur un compte twitter attribué à Nezzar, contre la personne même de Gaïd Salah. Il révèle en tout cas la virulence des tensions que cache l’unanimité de façade des « décideurs ».
Akram Belkaïd, un des plus fins analystes de la scène algérienne, voit dans cette affaire la preuve d’une « désagrégation » du système en place, même s’il n’écarte pas le risque d’une « manipulation ». Et il reprend à son compte le « message clair des manifestants: continuez à vous déchirer, nous continuerons à manifester et à militer pour une Algérie nouvelle ». Car il est bien révolu le temps où la chute de telle ou telle figure, même galonnée, pouvait suffire à étouffer la protestation.
 
vendredi 23 août 2019
 
Djemaï s'essaye au désespéré sauvetage du FLN











par Kharroubi Habib



Dans sa tentative désespérée d'assurer la survie politique du FLN en pleine tourmente dans le sillage de la révolution pacifique ayant mis à bas le régime Bouteflika dont il a été le pilier politico-partisan central, Mohamed Djemaï, son actuel secrétaire général, fait feu de tout bois pour d'une part amadouer le mouvement populaire et de l'autre convaincre les autres parties prenantes de la crise politique qu'elles font fausse route en prônant la disqualification de l'ex-parti unique et le refus de sa participation au dialogue voué à la sortie de crise.

Que l'inénarrable secrétaire général du FLN s'adonne à cet exercice n'est pas pour surprendre, mais il est offusquant en martelant des déclarations qui suintent d'arrogance et de la prétention à attribuer à son parti d'être encore acteur clef sur la scène politique et qu'à le dénier les autres parties de cette scène fourvoient le pays dans l'aventure politique. Le clownesque et néanmoins sulfureux « patron » du FLN pense asséner une vérité en soutenant que son parti est et restera incontournable dans toute option qui prévaudra pour l'alternative au régime en voie de déchéance irrémédiable. Une vérité qu'il décline tantôt en de mielleuses professions de foi sur l'aptitude du FLN à prendre en compte les revendications de la révolution citoyenne pacifique, tantôt en menaçant de ses imaginaires foudres les voix qui prônent la mise à l'écart de l'ex-parti unique au motif qu'il a sinistrement démontré qu'il est définitivement inamendable car encore et résolument à la remorque du pouvoir de fait comme en atteste l'allégeance qu'il proclame à son endroit. Et tantôt en usant de la surenchère en termes de revendications qu'il sait pouvant capter l'adhésion populaire.

Dans ce dernier registre, le sulfureux et honni secrétaire général du FLN croit avoir dégainé «l'arme fatale» qui replacerait son parti au centre du jeu politique maintenant et dans la suite de l'évolution de la crise politique. Cette arme, il pense l'avoir trouvée en interpellant l'impuissant et désarmé gouvernement Bedoui pour qu'il procède à l'augmentation des salaires à la rentrée sociale. Une interpellation significative de la piètre opinion qu'il a des millions d'Algériens qui entretiennent la révolution pacifique sur la base de revendications politiques.

Pour ce sinistre personnage, ces millions d'Algériens en révolte citoyenne ne seraient que des « ventres » qu'il faut satisfaire en leur jetant quelques appâts dont l'augmentation des salaires. Ce qu'il espère exorciser en interpellant de la sorte le gouvernement Bedoui, c'est l'inéluctable et déjà en voie mort politique du FLN et sa disparition de la scène algérienne que ces mêmes manifestants réclament et persisteront à le faire quels que soient les oripeaux sous lesquels ce parti s'essayera de survivre. 



 
jeudi 22 août 2019
 

Ce que la mondialisation a fait, c’est transférer l’économie américaine en Chine














par Paul Craig Roberts.
Le principal problème de l’économie américaine est que la mondialisation l’a déconstruite. La délocalisation des emplois américains a réduit la capacité manufacturière et industrielle des États-Unis et l’innovation qui va avec, la recherche, le développement, les chaînes d’approvisionnement, le pouvoir d’achat des consommateurs et les bases fiscales des gouvernements d’États et locaux. Les sociétés ont augmenté leurs bénéfices à court terme au détriment des coûts à long terme. En effet, l’économie américaine est en train de passer du Premier Monde au Tiers Monde.
Les droits de douane ne sont pas une solution. L’administration Trump affirme que les droits de douane sont payés par la Chine, mais à moins que Apple, Nike, Levi et toutes les sociétés de délocalisation n’obtiennent une exemption des droits de douane, les droits de douane sont appliqués sur la production délocalisée d’entreprises américaines vendue aux consommateurs américains. Les droits de douane réduiront les bénéfices des entreprises américaines ou seront payés par les acheteurs américains des produits à des prix plus élevés. Les droits de douane ne feront du tort à la Chine qu’en réduisant l’emploi chinois dans la production de biens américains pour les marchés américains.
Les médias financiers sont pleins de sombres prédictions sur les conséquences d’une « guerre commerciale » entre les États-Unis et la Chine. Il n’y a pas de guerre commerciale. Une guerre commerciale, c’est quand des pays essaient de protéger leurs industries en imposant des barrières tarifaires sur l’importation de produits moins chers en provenance de pays étrangers. Mais la moitié ou plus des importations en provenance de Chine sont des importations en provenance de sociétés américaines. Les droits de douane de Trump, ou une grande partie d’entre eux, sont appliqués aux entreprises américaines ou aux consommateurs américains.
On peut se demander s’il n’y a pas un seul économiste dans l’administration Trump, dans la Réserve Fédérale ou ailleurs à Washington, capable de comprendre la situation et de transmettre un accord au Président Trump.
L’une des conséquences de l’ignorance économique universelle de Washington est que les médias financiers ont concocté l’histoire selon laquelle les « droits de douane de Trump » ne poussent pas seulement les Américains en récession, mais aussi le monde entier. D’une manière ou d’une autre, les tarifs douaniers sur les ordinateurs Apple et les iPhones, les chaussures Nike et les jeans Levi entraînent le monde dans une récession ou pire. C’est une conclusion économique extraordinaire, mais la capacité de réflexion a pratiquement disparu aux États-Unis.
Dans les médias financiers, la question est la suivante : les droits de douane de Trump causeront-t-ils une récession aux États-Unis et dans le monde qui coûtera à Trump sa réélection ? C’est une question très stupide. Les États-Unis sont en récession depuis au moins deux décennies, car leur capacité de fabrication, d’industrie et d’ingénierie a été transférée à l’étranger. La récession américaine a été très bonne pour la partie asiatique du monde. En effet, la Chine doit son ascension plus rapide que prévu en tant que puissance mondiale au transfert d’emplois, de capitaux, de technologies et de savoir-faire commercial américains à la Chine simplement pour que les actionnaires américains puissent recevoir des gains en capital et que les dirigeants américains puissent recevoir des primes pour les avoir produits en réduisant les coûts du travail.
Apparemment, les économistes néolibéraux, un oxymoron, ne peuvent pas comprendre que si les sociétés américaines produisent les biens et services qu’elles commercialisent à l’étranger, ce sont les sites offshore qui bénéficient de l’activité économique.
La production offshore a commencé sérieusement avec l’effondrement de l’Union Soviétique, lorsque l’Inde et la Chine ont ouvert leurs économies à l’Occident. Le mondialisme signifie que les entreprises américaines peuvent faire plus d’argent en abandonnant leur main-d’œuvre américaine. Mais ce qui est vrai pour l’entreprise individuelle ne l’est pas pour l’ensemble. Pourquoi ? La réponse est que lorsque de nombreuses entreprises délocalisent leur production vers les marchés américains, les Américains, qu’ils soient au chômage ou employés dans des emplois moins rémunérateurs, perdent le pouvoir d’acheter les biens délocalisés.
J’ai signalé pendant des années que les emplois américains ne sont plus des emplois de classe moyenne. Les emplois sont en déclin depuis des années en termes de valeur ajoutée et de rémunération. Avec cette baisse, la demande globale diminue. Nous en avons la preuve par le fait que, depuis des années, les entreprises américaines utilisent leurs bénéfices non pas pour investir dans de nouvelles installations et de nouveaux équipements, mais pour racheter leurs propres actions. Tout économiste digne de ce nom devrait immédiatement reconnaître que lorsque les entreprises rachètent leurs actions plutôt que d’investir, elles ne voient aucune demande d’augmentation de la production. Par conséquent, ils pillent leurs sociétés pour obtenir des primes, ce qui décapitalise les entreprises qui en font partie. On sait parfaitement que c’est ce qui se passe et que c’est totalement incompatible avec une économie en croissance.
Il en va de même pour le taux de participation de la population active. Normalement, la croissance économique se traduit par une augmentation du taux d’activité à mesure que les gens entrent sur le marché du travail pour profiter des emplois. Mais tout au long du prétendu boom économique, le taux de participation a chuté, car il n’y a pas d’emplois à pourvoir.
Au XXIe siècle, les États-Unis ont été décapitalisés et le niveau de vie a baissé. Pendant un certain temps, le processus s’est poursuivi grâce à l’expansion de l’endettement, mais le revenu des consommateurs n’a pas tenu le coup et l’expansion de la dette des consommateurs a atteint ses limites.
L’équipe « plunge protection team » de la Fed/Trésorerie peut maintenir le marché boursier à la hausse en achetant des contrats à terme S&P. La Fed peut pomper plus d’argent pour faire monter les prix des actifs financiers. Mais l’argent n’augmente pas la production, parce que les emplois et l’activité économique qu’ils représentent ont été envoyés à l’étranger. Ce que la mondialisation a fait, c’est transférer l’économie américaine en Chine.
L’analyse statistique réelle, contrairement à la propagande officielle, montre que l’image heureuse d’une économie en plein essor est une illusion créée par la tromperie statistique. L’inflation est sous-mesurée, de sorte que lorsque le PIB nominal subit une déflation, les prix plus élevés sont comptabilisés comme une augmentation de la production réelle, c’est-à-dire que l’inflation devient une croissance économique réelle. Le chômage n’est pas compté. Si vous n’avez pas cherché d’emploi au cours des 4 dernières semaines, vous ne faites officiellement pas partie de la population active et votre chômage n’est pas compté. La façon dont le gouvernement compte le chômage est si extraordinaire que je suis surpris que les États-Unis n’aient pas un taux de chômage nul.
Comment un pays peut-il se remettre quand il a cédé son économie à un pays étranger qu’il diabolise maintenant comme ennemi ? Quel meilleur exemple d’une classe dirigeante totalement incompétente qu’une classe qui donne son économie liée et bâillonnée à un ennemi pour que ses amis corporatifs empochent des richesses à court terme ?
On ne peut pas mettre ça sur le dos de Trump. Il a hérité du problème, et il n’a pas de conseillers qui peuvent l’aider à comprendre le problème et à trouver une solution. Il n’existe pas de tels conseillers parmi les économistes néolibéraux. Je ne vois que quatre économistes qui pourraient aider Trump, et l’un d’eux est un Russe.
La conclusion est que les États-Unis sont bloqués sur une voie qui mène directement au tiers monde d’il y a 60 ans. Le Président Trump est impuissant à faire quoi que ce soit à ce sujet.
 
 
Le Soudan sur la voie de la démocratie









par Kamal Guerroua


La politique est, dit-on, l'art du possible. Après presque trente-quatre semaines de mobilisation citoyenne intensive, le mouvement populaire soudanais a eu gain de cause. Un document historique d'une vingtaine de pages, ayant valeur de déclaration constitutionnelle, vient d'être signé il y a quelques jours, donnant les pleines prérogatives à un Conseil souverain issu du peuple pour gérer le Soudan durant les trois prochaines années. Quoique cette victoire reste fragile puisque les militaires partageront encore le pouvoir avec les civils de l'alliance pour la liberté et le changement pendant une période de transition qui s'étalera sur environ trente-neuf mois, elle donne toutes les chances pour le Soudan de construire un Etat démocratique et civil. Cela est d'autant plus vrai que ces civils-là auront la majorité au Conseil souverain, l'organe de direction qui dispose du pouvoir de former le prochain gouvernement composé de compétences nationales, lesquelles auront la main basse sur le Parlement avec une majorité de deux tiers (200 députés sur 300). En effet, les manœuvres auxquelles a eu recours le conseil militaire de transition se sont toutes soldées par un cuisant échec. L'appel d'air lancé aux courants des islamistes et l'alibi de l'organisation d'une présidentielle dans les meilleurs délais possibles qui n'ont pas trouvé d'oreilles attentives ont largement suffi à l'alliance populaire qui mène la désobéissance civile pour frapper fort. D'ailleurs, ce dernier a obtenu in extremis la garantie que le conseil militaire disparaîtra juste après la constitution du Conseil souverain. C'est dire combien le sacrifice des Soudanais pour la démocratie n'a pas été vain. Les 200 morts enregistrés depuis le 17 décembre dernier, date du début de la première manifestation anti-gouvernementale et les longues semaines de mobilisation populaire ont fini par porter leurs fruits.

Si les pressions internationales ont contribué à cette consécration démocratique, il n'en demeure pas moins que leur écho reste minime en comparaison avec le cri du peuple. Sans doute, avec ce pas géant en matière d'acquis démocratiques, le Soudan se hissera au rang des pays pionniers de la démocratie en Afrique




 
mercredi 21 août 2019
 
Où va le mouvement populaire ?








par Kamal Guerroua


S'il y a une évidence à tirer des tensions qui agitent aujourd'hui la rue algérienne, c'est que le mouvement populaire a échappé à la récupération du système. Cela prouve qu'il n'est guère rentable pour le panel des dialoguistes de défendre des positions floues dans une Algérie en voie de «radicalisation» démocratique. Il est clair qu'à plusieurs reprises, le peuple a été trompé par le régime au point que d'aucuns ont baissé les bras, en croyant à la mort définitive de sa conscience. Si l'on analyse bien la situation, on trouvera que c'est la justification du statu quo par la peur du chaos, l'instrumentalisation outrancière de la question de l'unité nationale et la main étrangère qui l'ont freiné dans son aspiration à la démocratie. Or, quiconque se trompe pour de bonnes raisons, finit par comprendre qu'il ne sert à rien de cautionner le retard pris dans les réformes, l'assainissement de la machine bureaucratique et le changement du système de gouvernance. Ployant sous le joug d'une immense déception, les masses sont sorties de leur silence pour revendiquer la refondation de la maison Algérie sur de bonnes bases. Tout retour en arrière paraît désormais comme une trahison aux yeux de ceux d'en bas. L'irruption surprise, il y a quelques jours, d'une poignée d'étudiants dans le siège de l'instance du dialogue illustre le degré de la désillusion collective quant aux tergiversations des décideurs et en dit long sur l'angoisse qui atteint la rue quant à leur bonne foi. D'ailleurs, les questions que l'on entend souvent poser avec insistance sont les suivantes : le pouvoir a-t-il vraiment de bonnes intentions pour entrer en contact avec le peuple et résoudre la crise ? Voudrait-il sauver la société, ou se sauver lui-même, en donnant l'impression qu'il s'efforce à faire bouger les choses ? Ne se sert-il pas, en quelque sorte, du panel de dialogue, pour détourner la colère populaire ? Puis que fera Karim Younès pour convaincre une rue en révolte, quand on sait qu'à la légitimité de la présidence par intérim et de l'ensemble de l'exécutif, s'ajoute leur manque de crédibilité et de représentativité ? De toutes manières, rien ne peut casser la volonté des nôtres, lesquels ont décidé de reprendre les choses en main et de maintenir la pression, malgré tous les obstacles, jusqu'à l'aboutissement de leur mouvement. 






 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

Archives
février 2007 / mars 2007 / avril 2007 / mai 2007 / juin 2007 / juillet 2007 / août 2007 / septembre 2007 / octobre 2007 / novembre 2007 / décembre 2007 / janvier 2008 / février 2008 / mars 2008 / avril 2008 / mai 2008 / juin 2008 / septembre 2008 / octobre 2008 / novembre 2008 / décembre 2008 / janvier 2009 / février 2009 / mars 2009 / avril 2009 / mai 2009 / juin 2009 / juillet 2009 / août 2009 / septembre 2009 / octobre 2009 / novembre 2009 / décembre 2009 / janvier 2010 / février 2010 / mars 2010 / avril 2010 / mai 2010 / juin 2010 / juillet 2010 / août 2010 / septembre 2010 / octobre 2010 / novembre 2010 / décembre 2010 / janvier 2011 / février 2011 / mars 2011 / avril 2011 / mai 2011 / juin 2011 / juillet 2011 / août 2011 / septembre 2011 / octobre 2011 / novembre 2011 / décembre 2011 / janvier 2012 / février 2012 / mars 2012 / avril 2012 / mai 2012 / juin 2012 / juillet 2012 / août 2012 / septembre 2012 / octobre 2012 / novembre 2012 / décembre 2012 / janvier 2013 / février 2013 / mars 2013 / avril 2013 / mai 2013 / juin 2013 / juillet 2013 / août 2013 / septembre 2013 / octobre 2013 / novembre 2013 / décembre 2013 / janvier 2014 / février 2014 / mars 2014 / avril 2014 / mai 2014 / juin 2014 / juillet 2014 / août 2014 / septembre 2014 / octobre 2014 / novembre 2014 / décembre 2014 / janvier 2015 / février 2015 / mars 2015 / avril 2015 / mai 2015 / juin 2015 / juillet 2015 / août 2015 / septembre 2015 / octobre 2015 / novembre 2015 / décembre 2015 / janvier 2016 / février 2016 / mars 2016 / avril 2016 / mai 2016 / juin 2016 / juillet 2016 / août 2016 / septembre 2016 / octobre 2016 / novembre 2016 / décembre 2016 / janvier 2017 / février 2017 / mars 2017 / avril 2017 / mai 2017 / juin 2017 / juillet 2017 / août 2017 / septembre 2017 / octobre 2017 / novembre 2017 / décembre 2017 / janvier 2018 / février 2018 / mars 2018 / avril 2018 / mai 2018 / juin 2018 / juillet 2018 / août 2018 / septembre 2018 / octobre 2018 / novembre 2018 / décembre 2018 / janvier 2019 / février 2019 / mars 2019 / avril 2019 / mai 2019 / juin 2019 / juillet 2019 / août 2019 / septembre 2019 / octobre 2019 / novembre 2019 / décembre 2019 / janvier 2020 / février 2020 / mai 2020 /


Powered by Blogger

Abonnement
Articles [Atom]