ELWATAN-ALHABIB
lundi 30 avril 2018
 

Lorsque l'Irak 

bombardait

 chimiquement l'Iran, 

sous l’œil des Etats-Unis







Par Maud Margenat — 

Le drapeau américain au sommet de la Maison Blanche. (Image d'illustration)
Le drapeau américain au sommet de la Maison Blanche. (Image d'illustration) AFP

Alors que les Etats-Unis pointent du doigt l’Iran pour son soutien au régime de Bachar Al-Assad, les Iraniens dénoncent l’hypocrisie de la politique américaine, lorsque eux mêmes subissaient les attaques chimique de l’Irak.

Donald Trump a justifié le 13 avril les frappes de la coalition en Syrie en réponse aux attaques chimiques sur Douma, comme une attaque contre le «monstre» Bachar al-Assad. Les Etats-Unis ont reproché, une énième fois, à l’Iran son soutien au régime de Damas, le président américain déclarant même «quel genre de nation veut être associé avec un tueur de masse d’hommes, de femmes et d’enfants innocents ?».

Ces représailles envers le régime syrien, reflètent pour certains analystes iraniens «l’hypocrisie» et la «duplicité» de la politique extérieure américaine. Et pour cause, le souvenir de la guerre Iran-Irak est loin d’être atténué dans le pays. Entre 1980 et 1988, alors que l’Irak tente de contrôler les zones pétrolières en Iran et de restreindre la propagation du chiisme, Saddam Hussein fait usage d’armes chimiques. Ces bombardements contre les forces iraniennes et la population civile feront, selon l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), plus de 7500 morts, bien que l’Irak soi à cette époque signataire du protocole de Genève, interdisant l’utilisation d’armes chimiques.
Selon un rapport de l’OIAC, près d’un million d’Iraniens auraient été exposés à ces agents chimiques durant cette période. Ce même rapport fait état de tonnes de gaz moutarde et de gaz neurotoxiques utilisés contre les troupes iraniennes dans les îles Majnoon, le long de la frontière sud avec l’Irak ainsi que 30 attaques chimiques contre les civils. À l’heure actuelle, 75 000 victimes seraient toujours sous traitement pour blessures par armes chimiques. En mars 1988, l’Irak a également utilisé des armes chimiques à Halabja, la patrie des Kurdes irakiens, qui s’étaient joints à l’Iran pour combattre Saddam Hussein. Selon les rapports, ces bombardements de gaz moutarde et sarin auraient fait 5 000 victimes, principalement des femmes et des enfants, et jusqu’à 12 000 sont morts depuis, en raison d’une exposition chimique.
Soutien américain
Pour Reza Nasri, expert en droit international et analyste en politique international né en Iran, les Etats-Unis ont «aidé et encouragé» l’Irak à commettre ces «crimes de guerre». Un document déclassifié de la CIA datant du 23 mars 1984, démontre que le gouvernement américain avait connaissance de l’utilisation répétée d’agents nerveux par l’Irak et même des effectifs chimiques en leur possession, détaillant même qu’à une capacité maximale, l’Irak pourrait produire 250kg de bombes par jour. Un autre document, daté du 28 janvier 1986, indiquait leur connaissance d’un rapport selon lequel une entreprise ouest-allemande avait aidé l’Irak à établir une usine produisant l’agent chimique létal, Tabun. Ronald Reagan, président des Etats-Unis à l'époque, soutenant l’Irak lors de cette guerre, avait alors choisi de ne pas intervenir. Le rapport estimait même que ces attaques pourraient obliger l’Iran à revoir sa stratégie de guerre et menacer directement l’ayatollah Khomeini.
Dans autre document du Conseil de sécurité de l’ONU daté de mars 1986, les inspecteurs qui se sont rendus en Iran ont qualifié de «désolant» le nombre de victimes chimiques et l’étendue de leurs blessures et que les attaques se poursuivent «à une échelle plus intense que celle utilisée auparavant». Selon les Iraniens, les États-Unis auraient alors usé de leur influence au Conseil de sécurité de l’ONU pour bloquer toute condamnation de l’Irak, malgré les preuves présentées par les inspecteurs.
Ce soutien américain à l’Irak lors de ces attaques chimiques fait aujourd’hui grincer les dents des Iraniens qui estiment n’avoir aucune leçon à recevoir de la part des Etats-Unis. Au lendemain des bombardements en Syrie, l’Iran mettait en garde contre les «conséquences régionales» des frappes. «Les États-Unis et leurs alliés, sans aucune preuve et avant même une prise de position de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques [OIAC] ont mené cette action militaire […] contre la Syrie et sont responsables des conséquences régionales de cette action aventuriste», a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. Toujours selon eux, ces bombardements constituent «une violation flagrante de la loi internationale» et «méprisent la souveraineté de la Syrie»Le guide iranien Ali Khamenei a lui qualifié de «criminels» Donald Trump, Emmanuel Macron et Theresa May.
Les experts du contrôle des armements affirment toutefois, que ce qui s’est passé en Iran dans les années 1980 ne devrait pas être une excuse pour bloquer les démarches visant à tenir la Syrie pour responsable de son utilisation d’armes chimiques. Daryl Kimball, directeur exécutif de l’Arms Control Association basée à Washington, a déclaré que l’Iran devrait user de son influence auprès du président syrien Bachar al-Assad pour empêcher des attaques similaires à l’avenir. D’autres, cependant, soutiennent qu’il ne s’agit pas de remettre en cause las actions de la coalition en Syrie, mais de critiquer des frappes aériennes lancées sans le feu vert de l'ONU et en l’absence d’inspections soutenues par les Nations Unies.
Maud Margenat
 
dimanche 29 avril 2018
 

Le manifeste de la haine islamophobe







Un manifeste « contre le nouvel antisémitisme » écrit par Philippe Val a été signé par 300 personnalités.

Vous avez dit antiracistes ?
Qui sont ces éminents antiracistes qui nous viennent en aide ? Il y a Manuel Valls, qui expliquait en septembre 2013 que « les Roms ont vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie ». Il y a Nicolas Sarkozy qui a passé son quinquennat à pourchasser les sans-papiers et dont un ministre déclarait à propos des Arabes : « Quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a plusieurs que ça peut poser des problèmes ». Il y a Laurent Wauquiez qui fait du copier-coller de Marine Le Pen sur l’immigration. Il y a Alain Finkielkraut qui déclarait sur l’équipe de France de football : « Elle n’est pas black-blanc-beur, elle est black-black-black, ce qui fait ricaner toute l’Europe ».
On pourrait continuer longtemps cet inventaire à la Prévert. Bien sûr, ces braves gens vont s’étrangler si on parle de racisme d’État ou de racisme structurel encouragé par l’État, par les administrations, par la politique de ségrégation territoriale…
L’antisémitisme en France
L’antisémitisme, c’est notre histoire intime. L’attribuer aux musulmans est une contre-vérité meurtrière. Pétain, Laval et les auteurs de la rafle du Vel d’hiv n’étaient pas musulmans. En cette période, ils disaient des Juifs ce qu’aujourd’hui certains disent des immigrés : « inassimilables », « n’ont pas vocation à vivre en France ». Prenez ce qu’on dit aujourd’hui des Noirs, des Roms, des Arabes et des musulmans et mettez à la place le mot « juif ». Vous avez les discours des années 30 et on sait où cela a mené. Simplisme et contrevérités.
Quand on parle de racisme, on ne parle pas comme au café du commerce, à moins de vouloir faire des simplifications populistes comme le Front National. D’où sortent ces chiffres abracadabrantesques : « les Français juifs ont 25 fois plus de risques d’être agressés que leurs concitoyens musulmans. 10% des citoyens juifs d’Île-de-France… ont été contraints de déménager » ? Nos statisticiens amateurs ont sûrement fait des recherches sur les violences subies par ceux qui habitent dans ce qu’ils appellent avec mépris « les quartiers ».
Le texte parle de la « radicalisation islamiste ». Nous y voilà. Toutes les études sur les auteurs d’attentats antisémites ou sur ceux qui sont partis en Irak ou en Syrie montrent que le cheminement a été majoritairement un passage par la délinquance et la prison puis la découverte d’un discours « radical ».
Épuration ethnique ?
On pourrait croire que les signataires de ce texte parlent du nettoyage ethnique de 1948 contre les Palestiniens, cause d’une guerre coloniale qui dure depuis des décennies. Eh bien non ! Ces gens confondent sciemment antisionisme et antisémitisme. Ils essaient de faire croire que tous ceux qui critiquent Israël, à commencer bien sûr par la « gauche radicale » et les « musulmans », sont des antisémites.
La guerre du bien contre le mal
Les signataires de ce texte s’inscrivent dans la logique du discours de Georges W Bush contre l’axe du mal » en 2002. Le mal pour eux, c’est bien sûr l’islam. Pas tout l’islam, pas le roi d’Arabie Saoudite. Ce régime féodal et patriarcal est dans le camp du « bien ». L’ennemi, c’est le musulman des quartiers.
L’islam, voilà l’ennemi
Nos signataires veulent expurger les textes religieux coraniques de propos inacceptables.
Pourquoi ne demandent-ils pas aussi aux Chrétiens de retirer des Évangiles le texte qui dit que les Juifs demandent aux Romains de tuer Jésus ?
Nous autres, Juifs, pouvons leur proposer d’en profiter pour nettoyer certains textes de la Torah repris par les colons passés depuis longtemps aux « travaux pratiques » sur le terrain de la Palestine : « Annihilez les Amalécites du début jusqu’à la fin. Tuez-les, et dépouillez-les de toutes leurs possessions. Ne leur montrez aucune pitié. Tuez sans arrêt, l’un après l’autre. Ne laissez aucun enfant, aucune plante, aucun arbre. Tuez leur bétail, des chameaux aux ânes ». Ils vont sûrement exiger qu’on cesse d’assimiler les Palestiniens aux Amalécites.
Vivre ensemble dans l’égalité des droits.
C’est la seule issue non barbare, en France comme au Proche-Orient. Nous refusons la division, la stigmatisation, le racisme sous toutes ses formes. Et nous serons toujours aux côtés des victimes de ce racisme.
Le Bureau national de l’UJFP
le 24 avril 2018
 
  Manifeste contre l'antisémitisme et modification du Saint Coran


 
 

Manifeste contre l’antisémitisme et modification du Saint Coran

Dr Salim Laibi









Retour sur la fameuse pétition du manifeste contre l’antisémitisme publié dans le journal Le Parisien de dimanche dernier qui finissait par demander le retrait de certains versets du Coran.
En dehors de l’aspect complètement stupide d’une telle demande, au point de vue intellectuel, nous revenons dans cette vidéo, non seulement sur certaines phrases du texte et d’autres allégations farfelues, mais aussi sur la réalité historique de la soi-disant violence inhérente à l’islam et qui lui serait intrinsèque, voire consubstantielle, une idée fantasmatique si galvaudée qu’elle équivaut à une vaine négation de l’histoire et des faits tangibles rapportés par nombre de chroniqueurs.
Il ne s’agit pas de dire ici que les musulmans, comme du reste, les autres membres des différentes communautés religieuses, sont des anges, blancs comme neige et immaculés. Il s’agit juste de rappeler les faits historiques que l’on retrouve décrits dans les livres des bibliothèques occidentales, sachant qu’ils ont été écrits par les plus éminents professeurs des plus prestigieuses universités. À l’occasion de la sortie du livre « Ils aiment l’islam » qui répertorie un très grand nombre de citations affirmant exactement le contraire de ce que distille, savamment, la propagande actuelle, nous nous proposons de vous faire découvrir, dans cette vidéo, quelques-unes d’entre elles.
 
  Manifeste contre l'antisémitisme et modification du Saint Coran
 
samedi 28 avril 2018
 

Antisémitisme musulman ou islamophobie juive ? (Fin)








Antisémitisme musulman ou islamophobie juive ? (Fin)
Qu’ils s’appellent Zemmour, Bat Yor, Bensousan, Chemla ou Habib, ils n’ont jamais connu ni pogroms, ni rafles beaucoup moins de chambres à gaz. Seulement à les entendre, Auschwitz, Dachau, Sachsenhausen ou Buchenwald se situaient de l’autre rive de la méditerranée, en terre d’islam. Et ce sont les Arabes, notamment les Palestiniens, qui devront en payer le prix.
Cide
Majoritairement issus du Maghreb ou du Monde Arabe, ils sont porteurs d’une haine passionnelle envers l’islam et les musulmans. Qu’ils s’appellent Zemmour, Bat Yor, Bensousan, Chemla ou Habib, ils n’ont jamais connu, eux ou leur famille, ni pogroms, ni rafles beaucoup moins de chambres à gaz.
Et pour cause, leurs pays d’origine ont bravé les décrets et les interdits des puissances occupantes, pour justement ne pas les soumettre aux iniques lois de Vichy, Rome ou Berlin. Seulement à les entendre : Auschwitz, Dachau, Sachsenhausen ou Buchenwald se situaient de l’autre rive de la méditerranée, en terre d’islam.
Et, dans un élan de folie collective, ce sont les Arabes et notamment les Palestiniens qui devront en payer le prix de la vengeance.
Comment expliquer autrement cette révulsion endémique qui les habitent envers tout ce qui est musulman, Noir ou Arabe ?
En fait ce que ces sionistes impénitents reprochent réellement aux musulmans de France n’est pas tant leur crime passé, il n’y en a pas, mais bien en revanche leur positionnement politique actuel favorable à la Palestine et par conséquent hostile à Israël.
C’est dire combien cette animosité est amenée à s’aggraver avec le temps, vu que le seul consensus au sein de cette communauté musulmane française est l’unanimité de son soutien total et inconditionnel à la cause palestinienne.
Ainsi, la guerre totale que les nombreuses officines sionistes mènent aux musulmans français n’est qu’à ses débuts. Et rien ne leur sera épargné. Diffamation, calomnie et diabolisation, tous les procédés fascistes en effet qu’Israël en a le secret. Vu que, d’une part, certains de ses habitants l’ont déjà vécus en Europe et, surtout, vu qu’il est aujourd’hui le seul pays gouverné par des mouvances ostentatoirement fascistes.
Quoi qu’il en soit, la nervosité apparente des amis d’Israël dessert leur cause et décrédibilise leur engagement. Et personne n’est dupe, exception faite de ceux qui ont intérêt de l’être.Tandis que les musulmans français concordent leur action collective et marquent des points, confortés en cela par la justesse de leurs causes, qu’elle soit d’ailleurs celle de l’émancipation sociopolitique ou celle du droit et la justice pour le peuple palestinien. Le miracle est que les deux causes vont de pair. Tant la justice est une et indivisible. Raison pour laquelle, plus seront nombreux les 300 de Val et acolytes, mieux nous serons à l’ombre [1].
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[1] Un espion de Lionidas vient affolé expliquant que l’armée adverse est tellement nombreuse que ses soldats peuvent couvrir le soleil par leur lance, un Spartiate, imperturbable, lui rétorqua : Tant mieux nous serons à l’ombre.
source:http://www.alterinfo.net/Antisemitisme-musulman-ou-islamophobie-juive%C2%A0-Fin_a138187.html

 
 

Contribution du Pr Abdellali 

Merdaci – Le bachagha Boualem et

 l’antisémitisme









Boualem Sansal
Boualem Sansal. D. R.
Par Pr Abdellali Merdaci – Paris fait grand bruit de meurtres crapuleux, en 2017 et en 2018, de deux vieilles dames françaises de confession juive – et, seulement, en raison de cela. Les assassins, vite identifiés, des Français, pas nécessairement des musulmans, sont des voisins connus des victimes, de leur famille et de leur entourage. Dans une France où tout ce qui touche aux juifs et au sionisme tueur d’enfants à Ghaza et spoliateur de terres palestiniennes, est suspect d’antisémitisme, ces meurtres ont été, sous une forte pression médiatique dans le cas de Sarah Halimi, et sans le préalable de l’enquête judiciaire, pour Mireille Knoll, qualifiés de «meurtres antisémites». La mort violente de deux Françaises est condamnable et tout autant les voyous qui l’ont infligée. Or, ces deux meurtres, notamment celui de Mireille Knoll commis par des délinquants notoires avinés, sont attribués à l’islam, suscitant en France une imparable levée de boucliers contre un «nouvel antisémitisme».
Un manifeste, signé par trois cents personnalités des champs intellectuel, artistique, littéraire et politique français, initié par le journaliste Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo, publié dans l’édition du Parisien du 22 avril 2018, évoque «une épuration ethnique à bas bruit». En fait, si le sens des mots n’est pas dévoyé – Dachau, Buchenwald, Treblinka, les camps et la solution finale nazie dans la France du XXIe siècle –, pourquoi une criminalité ordinaire, qui relève du commissariat de police de quartier, ruinerait-elle l’unité de la République française, longtemps première puissance coloniale dans le monde, aujourd’hui fer de lance, politique et militaire, de l’Union européenne, capable de mener de terribles guerres punitives hors de son territoire ? Où est, en l’espèce, la juste mesure de ce battage médiatique ?
Cette charge bruyante contre un «nouvel antisémitisme» n’est pas sans arrière-pensées étroitement politiques. Il est illusoire de croire qu’il existe un islam spécifiquement français qu’un gouvernement, réputé laïc, devrait réformer à l’échelle de mœurs occidentales. Les islamologues de l’université française savent parfaitement qu’hors de l’ijtihad, le texte du Coran n’est ni amendable ni corruptible. Ce débat, porté par les droites en France, vise expressément l’islam et les musulmans, qui seraient inassimilables à la règle occidentale et à la tradition judéo-chrétienne, échappant aux normes de son droit. Voilà les éléments d’un contre-récit national français : depuis plus d’un demi-siècle, au gré du démantèlement de son ancien empire colonial en Afrique et en Asie, la France a admis sur son sol et naturalisé des millions de ressortissants étrangers, principalement de pays maghrébins et subsahariens, désormais acteurs d’une société multiculturelle, éloignée de l’image surannée de «fille aînée de l’Eglise», désespérant le crédo «nos ancêtres les Gaulois» de l’historien Ernest Lavisse et déclassant les valeurs héritées de la Ire République, «Liberté, Egalité, Fraternité», vieilles lunes sur les frontons de ses institutions publiques.
Il est indéniable, aujourd’hui, que cette «France nouvelle», premier pays musulman d’Europe, où l’élément blanc fondamental s’estompe dans ses territoires de la précarité, inquiète l’académicien Alain Finkielkraut et ses épigones. A terme, le croît démographique arabo-africain, foncièrement musulman, prendra le dessus dans les cités, singulièrement. Et, épisodiquement, des Français, de confession juive, s’y sentiront à l’étroit et même menacés, pour les quitter. Est-ce là «l’épuration ethnique» dénoncée par Val et ses amis ? Beaucoup de Français refusent cette situation et ont, certainement, d’évidents motifs de la refuser ; mais elle a été créée et imposée par leurs gouvernants. Longtemps pays colonisateur, la France sera inévitablement à son tour colonisée par des populations de cultures différentes, naturalisées françaises, défendues par ses lois et aussi par celles de l’Union européenne, qui ne croient en sa démocratie que dans la stricte limite où elle sert leurs attentes.
Ces néo-Français ont pris place au centre du pouvoir politique. Les Français connaissent, déjà, des ministres d’origine arabo-musulmane dans les gouvernements de leur pays – le général De Gaulle y avait appelé Mademoiselle Sid-Cara (Mila, Algérie) et, à sa suite, les présidents Sarkozy, Hollande et Macron auront leurs ministres de la «diversité» et un président de la République issu de la communauté arabo-musulmane n’est plus à exclure. Les vaticinations littéraires de Michel Houellebecq (Soumission, Paris, Flammarion, 2015) entrent-elles ainsi de plain-pied dans la réalité d’une France subjuguée, faisant corps contre son islam et ses musulmans ?
L’islamophobie, bien réelle dans le discours de l’intelligentsia française médiatique, explose en prurits saisonniers. Le manifeste de Philippe Val et de ses trois cents cosignataires sur un «nouvel antisémitisme», absolument musulman, en est l’exemple ravivé. En quoi cette nouvelle agitation islamophobe d’élites parisiennes, liée à la question irrésolue de la sensible et inéluctable transformation de la population française au décours de siècles coloniaux, intéresse-t-elle les Algériens ? Lorsqu’à Paris, les jactances, nocturnes et débridées, sont tirées contre l’islam, il n’est pas exclu d’y trouver en bonne position Boualem Sansal, sa toge purpurine de bachagha félon et ses breloques de la France littéraire, qui n’a jamais fléchi dans sa haine de l’islam, des musulmans et de son pays natal.
Dans le manifeste de Philippe Val, il est juste de retenir cet appel angoissé, ultime et symptomatique avertissement avant la chute : «Avant que la France ne soit plus la France». Appartient-il légitimement à un Algérien – Sansal l’est-il encore ? – de se préoccuper de ce que la France doit – ou ne doit pas – être ?
Plus français que les Français, plus juif que les juifs
Pour comprendre cet activisme malséant du bachagha «Boualem» des lettres algériennes, traînant sa litanie de vilénies et de forfaitures, il faut revenir aux éléments décisifs de son parcours, qui intéresse aussi bien la science politique que l’histoire littéraire. Au départ, rien ne prédestinait à une carrière littéraire ce lecteur de Jean Bruce et James Hadley Chase (dans des traductions) qui, pour ce qui ressort de la littérature algérienne, ne s’autorisait que du voisinage du défunt Rachid Mimouni, qui lui aura servi de commode caution à ses débuts. La seule écriture dont peut se réclamer Boualem Sansal, dans laquelle il aura excellé, est celle du haut commis de l’Etat au ministère de l’Industrie où il aura, tout au long des années 1980 et 1990, crânement mis en musique la déstructuration du tissu industriel algérien, décidée par le président Chadli Bendjedid, sur injonction des experts du FMI et de la Banque mondiale, et continuée par ses successeurs. Une écriture grumeleuse, aux encres fétides, charriant des résidus inaltérables d’un style de perfide bureaucratie casquée, quasi-révulsant, qui vous fait tomber ses récits des mains, parfois dès la troisième page.
Après un quart de siècle de sombres magouilles dans les cabinets ministériels, adoubé par les services de sécurité et le défunt article 120 des statuts du FLN, Sansal s’est projeté dans l’habit du romancier, trop large pour ses maigres dispositions intellectuelles et littéraires. Il est entré par effraction dans la coterie des lettres et il y a prospéré non pas par la qualité de sa langue littéraire et par son inventivité, mais par un opportunisme forcené.
En 1999, les éditions Gallimard, à Paris, puissant groupe éditorial, publient, au sortir de la crise politique et militaire qui a bouleversé l’Algérie des années 1990, un roman que l’auteur a envoyé par la poste. Le Serment des barbares a été hissé sur le pavois non pas par la France, ses lecteurs et ses journaux littéraires, mais par les Algériens qui ne l’avaient même pas lu. L’estampille Gallimard était une garantie. Trois autres opus (L’Enfant fou de l’arbre creux, 2000 ; Dis-moi le paradis, 2003 ; Harraga, 2005) ont suivi, marqués par l’échec. Cependant, le haut fonctionnaire entendait préserver ses droits à une carrière protégée dans les rouages de l’Etat, tout en aiguisant une critique à l’os contre le président Bouteflika et son imprenable «système», ce même «système» qu’il a servi de longues décennies comme une gagneuse décatie, sans trouver à y redire. En 2003, le président Bouteflika, excédé, qui trouvait intolérable cette déloyauté d’un factotum enluminé envers la main qui le nourrissait, signait son renvoi avec effet immédiat de la haute administration.
Sans emploi, piètre écrivain pour forcer les portes du succès, Boualem Sansal décide de faire le choix gagnant d’Israël et du sionisme pour relancer une carrière littéraire sans retentissement. Il en donne, en 2008, le vif témoignage dans Le Village de l’Allemand. Le Journal des frères Schiller et dans ses nombreuses interventions dans les médias français en marge de ce roman, couronné par de prodigieuses ventes et traduit en plusieurs langues. Sansal a trouvé la recette du succès littéraire en France. Taper sur l’Algérie et les Algériens, tout en s’appropriant une conscience juive malheureuse. Mais l’incrimination nazie de l’ALN, et au-delà de ses rangs, du mouvement national, au cœur de son récit, reste caricaturale.
Tour à tour, à la parution de l’ouvrage, Mohamed Bouhamidi, le regretté Omar Mokhtar Chaalal, Rachid Lourdjane, l’auteur de ces lignes (Algérie, une suite allemande, Constantine, Médersa, 2008) et, récemment Rachid Boudjedra (Les Contrebandiers de l’Histoire, Tizi Ouzou, Les Editions Frantz Fanon, 2017) ont démonté le fragile écheveau projeté par Sansal : la Guerre de libération nationale, œuvre d’une armée nazie et les Algériens, irrécupérables fomenteurs de pogroms. Mais l’écrivain, recruté demi-solde du sionisme international, avait donné de solides gages pour mériter l’appui sordide de Pierre Assouline, chef de file du lobby sioniste dans le champ littéraire français, et de sa compagnie de plumitifs égrotants.
En 2011, dans Darwin, son sixième roman, outre l’hommage appuyé à Pierre Assouline, Sansal revendique la parentèle d’une maquerelle des bordels du piémont de l’Ouarsenis et une filiation juive. La suite est connue : le voyage en Israël, la kippa au Mur des Lamentations, au printemps 2012, les interventions intempestives aux diners du Crif où il s’affirmait plus juif que les juifs, répétant à l’envi que les Palestiniens n’ont jamais envisagé d’avoir une terre à eux et leur indépendance, promouvant l’alaya des juifs français auprès d’Israël, et, plus français que les Français, regrettant de voir la France se dépeupler de ses juifs. En 2014, il s’en prenait publiquement à Irène Bokova, alors directrice générale de l’Unesco, à propos d’une manifestation célébrant Israël, déprogrammée à la demande des ambassadeurs de la Ligue arabe auprès de l’institution. Il parlait alors d’une même voix que Benjamin Netanyahou, qui l’avait inscrit au comité d’organisation de cette manifestation sioniste.
Israël, les juifs et le sionisme : un providentiel marchepied
Il est clair que le bachagha «Boualem» peut écrire mille romans, soigneusement colligés par son directeur de collection chez Gallimard, Jean-Marie Laclavetine, il n’aura jamais le talent de Mouloud Feraoun (d’après Le Fils du pauvre, 1950-1954), Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, Kateb Yacine, Malek Haddad et Rachid Boudjedra. Et, pourtant, ces auteurs d’œuvres algériennes, exceptionnellement fécondes par leur langue littéraire, n’ont pas reçu, en leur temps d’errance et d’exclusion, de significatives récompenses françaises. Le rabouilleur Sansal y est constamment poussé et magnifié : c’est, aujourd’hui, l’écrivain le plus primé, en France, de la littérature algérienne de langue française.
Dans l’univers des lettres parisiennes, son activisme pro-sioniste n’aura pas été vain. Il ne le sera pas davantage pour son féal Kamel Daoud, auteur en 2014 d’un récit emberlificoté, réécrit pour le lectorat français par son éditeur Actes Sud, propulsé au sommet de la littérature française par le même Assouline, quasiment «scotché» par son indifférence proclamée et surjouée envers les Palestiniens, massacrés par l’armée israélienne dans la bande de Ghaza (opération «Plomb durci», printemps-été 2014) au moment où était diffusé en librairie son Meursault. Le trublion oranais recevait et acceptait sans barguigner la pesante protection du boucher de Tripoli, Bernard-Henri Lévy.
Cependant, Sansal n’est mû que par de fracassantes ambitions de gloire littéraire et il est convaincu de l’urgence de maintenir son soutien public au sionisme et au néocolonialisme français, allant dans ce registre jusqu’à assimiler les combattants et martyrs de la Bataille d’Alger, en 1957, au terroriste islamiste endeuillant la ville de Nice, au mois de juillet 2016. Ce soutien, toujours renouvelé, reste pour lui une assurée et payante stratégie d’écrivain. Dans les faits, cette stratégie roublarde, marquée au sceau de l’insincérité, enregistre de trop visibles ratés. Ainsi sur l’antisémitisme, intolérable en toutes ses manifestations.
Au mois de janvier 2018, courant au secours d’Antoine Gallimard, son éditeur et bienfaiteur, projetant de publier intégralement les pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline (Bagatelles pour un massacre, 1937 ; L’Ecole des cadavres, 1938 ; Les Beaux draps, 1941), le bachagha «Boualem» déclarait à l’hebdomadaire parisien L’Obs (n° 2774, 4-10 janvier 2018) que «les livres de Céline ne vont ni augmenter ni diminuer l’antisémitisme». Et, il donnait licence à cet antisémitisme au nom de la liberté d’expression : «Le Céline des pamphlets ne vaut pas le coup de risquer de ruiner cette chose miraculeuse qu’est la liberté d’expression, dont la liberté d’édition est le vecteur et le levier». Ces propos cyniques sont proférés au moment où l’écrivain Alain Soral et son comparse l’humoriste Dieudonné M’bala M’bala étaient poursuivis et condamnés par un tribunal parisien pour écrits et propos antisémites. Annick Duraffour et Pierre-André Taguieff ont établi dans un ouvrage documenté (Céline, la race, le juif. Légende littéraire et vérité historique, Paris, Fayard, 2017) la virulence des pamphlets antisémites de Céline, qui, sur le long terme, seraient plus préjudiciables que les couteaux des «racailles» à capuche des banlieues françaises.
Lorsque son éditeur est en cause, Sansal navigue dans les eaux putrides de l’inconstance, faisant prévaloir sur l’antisémitisme des positions à géométrie variable. Son philosémitisme circonstancié est temporairement rangé au tiroir des farces et attrapes. Il estime subséquemment qu’il faut laisser s’exprimer le Céline rageusement antisémite dont les pamphlets sont autrement plus dangereux et pernicieux que des voyous assassins de vieilles dames à Paris. C’est ce même Sansal, chevalier blanc de la liberté d’expression, qui milite pour une diffusion à grande échelle de la littérature antisémite de Céline, qui s’associe, en ce mois d’avril 2018, à la publication d’un ouvrage collectif Le Nouvel antisémitisme en France(Paris, Albin Michel), introduit par l’islamophobe décomplexée Elisabeth De Fontenay, dont le seul objectif de mettre l’islam au ban de la société française et de crier : «L’Islam, voilà l’ennemi !». Cette fatrasie islamophobe est écrite, selon la presse française, «avec l’énergie de la colère». Ce qui n’en fait pas précisément une référence d’objectivité.
Certes, cette colère, le bachagha des lettres algériennes n’en a pas manqué chaque fois qu’il s’est agi, répondant aux desiderata de ses commanditaires, de dresser des bûchers pour cramer l’islam, les Arabes, les musulmans, l’impénétrable «système» d’Alger, les Algériens et leur guerre anticoloniale bassement insultés, auxquels il opposera son origine marocaine comme pour s’en prévenir et s’en démarquer. A cet exercice de tireur embusqué, le bachagha scélérat, premier de cordée de la harka «mtornie», est infaillible. Il sait qu’à Paris et en Occident cette disponibilité à tirer – «dans le dos», comme les harkis, de sinistre mémoire – est extrêmement rentable en termes d’exposition médiatique, de ventes en librairies et de traductions internationales de ses ouvrages. Et même l’Académie française s’y est compromise pour entrer dans le cloaque de l’indignité en attribuant son grand prix du roman à l’indigeste 2084. La fin du monde (2015), au moment où les jurés Goncourt, en conclave à Tunis, se gardaient prudemment de s’y brûler les ailes.
Cette course effrénée aux prix littéraires, cet écrivain médiocre ne l’a pas entreprise seul, sans relais. Jusqu’à quel point ses alliés, les agents du sionisme dans le champ littéraire français, qui font et défont les notoriétés, en payant d’infrangibles succès et fortunes littéraires leurs affidés arabo-musulmans sans foi ni loi, y souscriront-ils encore ? La stratégie d’écrivain de Boualem Sansal, assujettie au sionisme international et au néocolonialisme français, ses postures invraisemblables d’imprécateur avachi, ne supporteront pas longtemps le poids de l’inconséquence. Elles sont condamnées à l’épuisement. Il faudra bien qu’elles apparaissent pour ce qu’elles sont : un infâme opportunisme d’un castrat de l’écriture plus proche du style injonctif et du papier pelure de l’administration que du bonheur de la créativité littéraire.
A. M
 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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