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L’Europe craint le raz-de-marée démocratique au Maghreb | | |
Saâd Lounès | |
Michelle Alliot-Marie a beau démentir ses propos scandaleux. Elle n’a fait qu’exprimer à haute voix la stratégie néo-coloniale française et européenne vis-à-vis des pays du Maghreb depuis la décolonisation. Transmettre "le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, permet de régler des situations sécuritaires de ce type". Sarkozy vient de justifier et confirmer amplement ces propos de pacification protectorale : «Je revendique une certaine réserve lorsqu'il s'agit de commenter les évènements de pays qui ont été la France et qui ne le sont plus… Je revendique cette réserve, ce recul, spécialement sur l'Algérie ». Il précise aussi que «la France abritait et protégeait la quasi-totalité de l’opposition démocratique tunisienne». C’est un lapsus, il voulait dire «surveillait et neutralisait». Tous les medias et les états-majors politiques ont été pris de court par la fulgurance des événements. Ils n’ont rien compris, rien vu venir en Tunisie. Les Tunisiens, longtemps écrasés par l’Etat policier de Benali, prouvent tous les jours qu’ils ont cessé d'être des sujets colonisés pour devenir des citoyens responsables. Ils veulent engager la révolte populaire dans un mouvement démocratique irréversible, incassable. Ils exigent le départ immédiat des caciques du régime qui veulent gérer la transition pour redistribuer les rênes du pouvoir. Depuis la chute de Benali et les émeutes conjointes en Algérie, les médias occidentaux s’interrogent sur la «contagion» démocratique. Le terme est bien choisi comme si c’était une maladie dangereuse… pour les intérêts européens. Et pour cause, la démocratisation du Maghreb et plus généralement de l’Afrique du Nord, et du monde arabe va profondément bouleverser les relations géostratégiques et économiques par la constitution d’un nouveau bloc homogène. De quoi ont peur concrètement les européens ? D’abord, du raz de marée démocratique qui va réunir des peuples divisés par leurs dictateurs et créer un ensemble économique maghrébin cohérent, complémentaire et compétitif. Ensuite, ce vent de liberté va provoquer un reflux certain du mouvement migratoire. L’Europe va perdre une partie de son lumpen-prolétariat immigré, et surtout de nombreux ouvriers professionnels, cadres, experts et professions libérales exilés et tentés de retourner chez eux. Enfin, la «contagion démocratique» risque de s’étendre à toute l’Afrique et bouleverser brutalement l’ordre politique et économique euro-africain et mondial. Les silences gênés et prolongés des autorités européennes et maghrébines prouvent que des conseils de crise sont tenus pour élaborer de nouvelles stratégies afin de contrer cette volonté des peuples maghrébins de se libérer de leurs tuteurs. Les fichiers des élites compréhensibles et corruptibles sont passés au peigne fin pour détecter et promouvoir les nouveaux leaders politiques et militaires des décennies à venir. Face au professionnalisme et au pragmatisme des services secrets et des «laboratoires d’idées» (think tank) occidentaux, les opposants algériens exposent une zizanie et un infantilisme d’une indécence ignoble. Une véritable course contre la montre est engagée. Le dernier discours très colonial de Sarkozy, nouveau président du G20, est une déclaration de guerre contre la révolution démocratique et une non-assistance à des peuples en danger. S’il n’y a pas une réelle prise de conscience et une volonté des algériens d’engager immédiatement la révolution, nous allons tout droit vers un durcissement encore plus féroce du régime avec de nouveaux chefs militaires et politiques qui seront choisis pour leur cruauté. Le dernière démonstration des forces de police contre la marche du RCD, comparée à une «bataille d’Alger», donne un avant-goût du nouveau pouvoir encore plus répressif qui attend les algériens. Saâd Lounès |
Omar Benderra : Tunisie : ce que les experts civilisés n’ont pas vu venir | | | |
Voici une autre démonstration de l'effet pygmalion inversé et perverti sur la formation du regard des élites indigènes par le regard des civilisés colonialistes. La révolution tunisienne est un formidable révélateur de la sincérité démocratique des responsables politiques, des intellectuels et des personnalités médiatiques qui tiennent chronique et ont micro ouvert en permanence dans les médias français. Au delà des « hésitations », soulignées parfois avec une certaine cruauté par de nombreux observateurs, de la diplomatie française, une chose retient l’attention : le silence assourdissant des experts et des analystes de haut niveau qui peuplent les écrans de télévision. La révolte démocratique du peuple tunisien n’a en effet guère suscité de réactions – ou alors fort embarrassées – des préposés à la « bien-pensance » et des donneurs de leçons civilisés, de ceux qui se mobilisent avec constance contre les régimes iranien, vénézuélien ou chinois, de ceux qui à longueur de colonnes fixent de facto la ligne éditoriale de la grande majorité des médias français.
Mais un silence me paraît encore bien plus éloquent que l’embarras des habituels intellectuels médiatiques : celui d’Hubert Védrine, théoricien stratosphérique des relations internationales, ex-secrétaire général de l’Élysée et ancien ministre des Affaires étrangères, habituellement si prompt à analyser chaque crise internationale, qu’on lit le matin dans Libération et après déjeuner dans Le Monde. Celui qui livre d’habitude avec aplomb sur tous les plateaux de savantes analyses sur le cours des affaires de la planète n’est tout simplement pas là. Il est complètement absent et rigoureusement invisible. Mais où est donc passé cet hyper-expert, critique féroce du « droit-de-l’hommisme » – qui, selon lui, saperait l’autorité des États et contribuerait ainsi à les affaiblir ? Pour comprendre mes interrogations sur le sort de cette autorité diplomatique, que l’on me pardonne d’évoquer une anecdote personnelle. Le 21 janvier 2005, il y a quasiment cinq ans jour pour jour, lors d’une rencontre autour du Maghreb organisée à l’Assemblée nationale à Paris par le site marocain L’Observateur, j’ai entendu – comme des dizaines d’auditeurs médusés – Hubert Védrine déclarer en substance que les pays du Sud – entendez du Sud méditerranéen – n’étaient pas mûrs pour la démocratie : « Il avait fallu plusieurs siècles pour que nous [les Occidentaux] accédions à la démocratie » ; et en attendant, « nous devions traiter avec les États et les élites de pouvoir ». Par acquis de conscience, j’ai demandé à des témoins de la scène s’ils avaient gardé la même mémoire de cette sortie invraisemblable dans la bouche d’un responsable socialiste ayant occupé des fonctions éminentes dans l’État français. Ils ont confirmé ces propos auxquels j’avais alors réagi à chaud, hélas en l’absence d’Hubert Védrine qui avait quitté la salle immédiatement après son intervention. J’avais manifesté ma surprise devant cette position ethnicisante ou essentialiste qui évoquait pour moi la très colonialiste SFIO de Max Lejeune et de Guy Mollet, plutôt que l’humanisme de Jaurès. Pour aggraver mon cas, j’avais ajouté qu’après qu’on nous ait répété pendant des décennies que nous n’étions pas mûrs pour l’indépendance, voilà que nous étions obligés d’entendre que nous n’étions pas prêts pour la démocratie. Veillant à ne pas outrepasser les règles de la bienséance, j’avais conclu en regrettant que, décidemment, pour les porte-parole autorisés de la Civilisation, nous autres Maghrébins ne serons jamais au rendez-vous de l’Histoire. Passons sur le fait que cela m’avait valu d’être taxé d’« impoli » par une journaliste d’un hebdomadaire parisien habituée des corridors de la présidence algérienne depuis l’époque lointaine de Boumediene. Deux ou trois dames avaient même surenchéri en déplorant la rudesse et le manque d’éducation notoires des Algériens… Les blindés, seule alternative aux « barbus » : une thèse mensongère Au delà de l’anecdote, si on peut contester le cynisme de l’homme politique, on ne peut que reconnaître sa franchise. Le discours d’Hubert Védrine est symptomatique de la pensée commune et du quasi-consensus politique des élites françaises, socialistes ou non, autour du soutien à Ben Ali et aux régimes policiers du monde arabe. C’est ce pseudo-réalisme sans états d’âme qui constitue le fond commun idéologique des élites de gouvernement, qu’elles soient de droite ou de gauche. Certes, cette posture dissimule des intérêts bien compris. Mais in fine, la représentation politique du monde arabo-musulman s’articule exclusivement sur la théorie du « containment » du « péril islamiste ». Selon les intellectuels médiatiques et tant d’experts « sécuritaires », la « menace islamiste » supposée inhérente à nos peuples réputés frustes et violents ne peut être maîtrisée que par des régimes autoritaires, aussi ineptes, sanguinaires et corrompus soient-ils. Autre consensus politique censé légitimer cette position : il n’existe pas de forces d’opposition démocratiques crédibles et seul l’islamisme dans sa version « talibane » représenterait une alternative aux régimes en place. Entre blindés et barbus, il n’y aurait donc rien, sinon quelques personnalités très minoritaires. Pour les élites françaises, le soutien inconditionnel aux dictatures est donc l’unique voie pour réduire la menace « existentielle » islamiste et, partant, préserver la stabilité des États et de la région. Cette thèse martelée depuis des années par la machine médiatico-politique à fabriquer le consentement est tout simplement mensongère. Le chercheur François Burgat, dans la préface à l’édition de 2010 de son remarquable L’Islamisme à l’heure d’Al-Qaida (La Découverte), l’explique clairement : « En 2010, paradoxalement, les pays musulmans où s’esquisse la sortie de l’autoritarisme ne sont pas ceux où, avec le soutien de la communauté internationale, le tout répressif de la “lutte contre les intégristes” a prévalu, mais bien ceux, peu nombreux, où les courants islamistes sont loyalement intégrés au jeu institutionnel. Ni la vision médiatique ni la stratégie politique dominantes […] ne semblent percevoir et encore moins prendre en compte cette réalité essentielle, laissant se perpétuer un quiproquo culturaliste parfaitement mystificateur. » Le modèle turc n’est-il pas l’un des démentis les plus clairs aux aveuglements des faiseurs d’opinion ? Dans d’autres pays – Liban, Palestine, Irak, Koweït ou Bahreïn et, très probablement aujourd’hui, Tunisie –, l’islamisme, en dépit de toutes les tensions, tend majoritairement à s’insérer dans la modernité fondamentale, celle qui détermine toutes les autres : la démocratie. C’est l’opinion de nombreux activistes du Maghreb et du monde arabe. Moncef Marzouki, opposant de longue date au régime de Ben Ali, insiste ainsi dans une récente interview (Politis, 20 janvier 2011) sur les différences fondamentales entre les divers courants de l’islam politique. Pour lui, « le clivage se situe entre ceux qui acceptent le jeu démocratique et les autres » : « En Algérie et en Tunisie, certains laïques se sont fourvoyés avec les pouvoirs dictatoriaux en trahissant l’idéal démocratique pour réprimer les islamistes en place. On a vu le résultat… » Le mythe de l’inéligibilité à la démocratie En dépit de ce que pensent des « spécialistes » très formatés, les scènes politiques des pays de culture musulmane ne peuvent donc être réduites à la seule alternative entre dictature et islamisme archaïque. Ce n’est que par la démocratie que sera dépassée cette fausse contradiction dans laquelle les despotes et leurs alliés « civilisés » veulent enfermer les peuples. La « laïcité » autoritaire défendue par les théoriciens du soutien aux dictatures produit l’effet inverse de celui escompté. La violence d’État, la répression des libertés et le déni du droit contribuent à renforcer l’obscurantisme et à nourrir les régressions. La dictature organise aussi le vide politique, qui est ensuite utilisé pour déplorer l’absence d’alternative et/ou de leader politique « évident », ce qui « contraindrait » à soutenir les régimes en place. Le contre-modèle algérien est à cet égard tout à fait exemplaire. La prétendue inéligibilité des peuples musulmans à la démocratie en raison de leur défaut de maturité est un mythe battu en brèche par le combat pacifique et par les luttes syndicales de femmes et d’hommes dans le monde arabe, ignorés par la plupart des médias français. La révolution du peuple de Tunisie prouve aussi qu’il n’est pas besoin d’un leadership charismatique pour qu’une société arabo-musulmane se soulève et avance avec une maturité jusqu’ici impressionnante sur la voie de la démocratie. Encore faudrait-il ne pas refuser obstinément de voir les signes annonciateurs d’un mécontentement trop profond pour être contenu éternellement. Ce n’est donc pas le moindre mérite de la révolution tunisienne d’avoir présenté au monde l’image d’un peuple digne et courageux qui a pris son destin en main et abattu pacifiquement une dictature implacable. Le sacrifice de Mohamed Bouazizi a également mis en évidence pour une opinion européenne soigneusement désinformée le désespoir d’une jeunesse privée de libertés et de perspectives. La réaction populaire a mis à bas le mur de la peur construit avec l’aide des bonnes consciences médiatiques. Qui oserait dire aujourd’hui que le peuple tunisien n’est pas apte à la démocratie ?
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Faisant preuve d’une poésie qui relève de la mystique le peuple tunisien a transcendé la peur et a fait tomber l’idole en chantant : « Lorsque le peuple un jour veut la vie. Force est au destin de répondre. Aux ténèbres de se dissiper. Aux chaînes de se briser... »
Le peuple tunisien a arraché sa victoire d’une manière autonome et il lui appartient donc - en toute logique pragmatique - de parachever son édifice civilisationnel, constitutionnel, institutionnel et démocratique avec la même autonomie et la même détermination sans aucune tutelle autre que celle qu’il reconnait idéologiquement, culturellement, socialement et politiquement et que dégagera tout processus électoral si ce dernier est authentiquement mis en place sous la souveraineté de ce peuple et pour servir ce peuple. Toute autre démarche et toute autre revendication seraient anti démocratiques.
Pour l’instant, tant pour la Tunisie que pour le reste du monde musulman, les éradicateurs du RCD, tunisiens et algériens, continuent de suivre un autre processus, d’obéir à une autre logique et de répondre à un autre agenda. Qaradhawi, Rached Ghanouchi et Ali Belhadj, les intégristes d’un autre temps, revendiquent la participation de tous les opposants pour faire tomber les idoles de la dictature et la réhabilitation du peuple dans sa légitimité et sa liberté à choisir sans contrainte ses représentants élus démocratiquement et son système de gouvernance. A l’opposé les « démoncrates », les « demmoucrates » et les « dominocrates » du Maghreb – hors jeu et opposés à l’émancipation des peuples dont ils ont peur et dont ils redoutent les choix démocratiques – s’unissent dans un cri celui de l’agonisant ou du pris de panique qui voit la perte de ses privilèges de classe, de sa rente d’intellectomane, de son statut d’intellectuel organique, de sa devanture pseudo libertaire qui craque comme un vernis montrant ses compromissions avec les appareils de sécurité, avec les agendas sionistes et les luttes idéologiques du colonialisme contre les peuples musulmans :
En octobre 1988, la jeunesse algérienne avait ainsi été incitée par des officines du pouvoir à manifester afin d’affaiblir la frange conservatrice du Front de libération nationale (FLN). On s’en souvient, cette manipulation, qui avait fait plus d’un millier de morts, avait provoqué des réformes politiques, mais aussi la montée en puissance du mouvement islamiste et conduit, au final, à huit années de terreur et de chaos. Un tel scénario peut très bien se reproduire, y compris en Tunisie. Cela tient au fait que les mouvements religieux, même affaiblis par de longues années de répression, peuvent très vite s’organiser et reprendre l’initiative. A l’inverse, le camp démocratique est fragmenté, quand il n’est pas tout simplement le client du pouvoir… Sur le plan régional, ces événements interpellent l’Union européenne (UE), dont les membres feignent de croire que le sud de la Méditerranée finira par trouver tout seul le chemin de la démocratie et de la prospérité économique. En réalité, le consensus implicite au sein de l’UE est de s’appuyer, faute de mieux, sur des gouvernements dictatoriaux qui se présentent comme l’ultime rempart face à l’islamisme et qui promettent de tout mettre en œuvre pour empêcher leur jeunesse d’émigrer en masse vers le nord. Les émeutes de Tunisie et d’Algérie – mais aussi demain du Maroc, car la situation dans ce pays n’est guère différente de celle de ses voisins – démontrent les limites d’un tel raisonnement. Il ne faut pas se leurrer. Il est possible que les mouvements de contestation s’essoufflent au cours des prochains jours, que cela soit à cause d’une violente répression ou de quelques réformes symboliques. Mais, tôt ou tard, la violence reviendra car on voit mal comment des systèmes autocratiques pourraient s’amender et contribuer au développement harmonieux de leurs pays… On pourra me demander mais que peut l'Europe ? Que peut la France ? Et j'imagine que les défenseurs de la souveraineté nationale, et les défenseuses aussi - car il y en a et, paraît-il, très bien récompensées – s'apprêtent à bondir. Je les entends déjà m'accuser de trahison pour avoir appelé, ou tout simplement évoqué, une quelconque interférence étrangère dans les affaires des Algériens mais aussi des Tunisiens, sans oublier les Marocains - lesquels sont embarqués dans la même galère même si cela ne bouge guère chez eux, en ce moment (cela viendra, croyez-moi).
Aujourd’hui les islamistes et leur idéologie ne représentent plus une menace ni en Algérie, ni en Afrique du Nord. Mais les élites corrompues ont toujours peur pour leurs acquis. Ils appréhendent l’attitude de l’armée qui peut, comme en Tunisie, refuser de réprimer les manifestants… Le régime algérien est à bout de souffle et a atteint sa limite d’âge. Soit les élites politiques et sociales encore saines prennent le leadership responsable d’une insurrection populaire qui gronde, comme tente de le faire avec lucidité et courage Saïd Sadi. Soit nous allons droit vers des actes d’agression, d’auto-défense et de chaos généralisé.
« Pour continuer à diriger ces pays par des gouvernements « aux ordres », au sortir de la décolonisation, puis pour contrer un « islamisme politique » nouveau, on a laissé des clans maffieux mettre en coupe réglée les économies de ces pays au détriment de leur développement socio-économique. Mais c’est parce que ces régimes fantoches étouffent les aspirations de leurs populations qu’est née l’islamisme politique, forme de contestation ultime quand il n’existe aucune autre voie d’expression… bien que défendant le respect des croyances, principe constitutionnel, et luttant contre toutes les formes de discrimination, nous avons toujours pensé qu’une religion ne peut pas et ne doit pas être érigée en doctrine politique… La révolution tunisienne n’en est qu’à son début, attendons et espérons que les forces réactionnaires, toujours vives, ne reprennent pas, sous une autre forme, le contrôle de la situation.»
Il ne s’agit pas pour l’instant, en Tunisie, en Algérie, en Égypte ou ailleurs dans le monde arabe, d’exprimer une opinion éradicatrice excluant un homme aspirant à la citoyenneté et à la liberté mais de se définir par rapport à la dialectique de l’oppression et de la libération des peuples musulmans. Le lecteur averti de l’histoire contemporaine comprend facilement qu’il y a deux clans qui s’affrontent : d’un côté les partisans de la liberté qui veulent s’affranchir de l’oppression et de la tutelle colonialiste et de l’autre côté les partisans de l’oppression qui soutiennent les régimes dictatoriaux et leurs donneurs d’ordre en refusant la liberté et le choix des peuples dans leur lutte contre les tutelles oppressives. Nos amis éradicateurs font l’impasse sur cette dialectique en opposant les islamistes au non islamistes alors que l’expérience historique et le vécu social et politique montre que dans chacun des deux groupes – les opposants et les adjuvants à la dictature – on retrouve les mêmes colorations « idéologiques » d’islamistes, de laïcs, de nationalistes, de progressistes, de libéraux. Il est édifiant pour l’esprit ouvert à la politique, à la dialectique et au vécu social des peuples de voir que les éradicateurs comme les régimes dictatoriaux ne font pas la distinction sur le plan dialectique mais sur le plan de l’Islam se présentant pour l’Occident islamophobe et le sioniste les partisans de la solution sécuritaire et éradicatrice des islamistes et sous laquelle on éradique, on éduque et on récupère pour le compte du mondialisme tous les titres de chapeaux idéologiques qui consentent à se taire, à devenir complice ou à profiter de la rente intellectuelle, religieuse, sociale, économique et idéologique.
Pourquoi les éradicateurs algériens et tunisiens font l’impasse sur les contradictions principales et mettent en avant les clivages secondaires ?
La raison est simple : ils ne sont pas représentatifs du combat libérateur mené par les peuples contre le despotisme. Ils ne sont que la cinquième colonne que le FMI, la Banque mondiale, la gouvernance mondiale impérialiste et sioniste et l’incompétence poussée à l’idolâtrie narcissique des despotes mégalomanes considèrent comme inutile dans un monde où la suprématie est définitivement consacrée à l’Occident qui a imposé son agenda. L’agenda du monde occidental est simple :
Leur accorder le titre de cinquième colonne délabrée ce n’est pas une insulte gratuite mais un verdict historique sur leur incapacité intellectuelle et politique à se positionner stratégiquement et tactiquement sur l’échiquier tant celui du monde planétaire que celui du monde musulman qu’ils ne connaissent pas et leur ignorance de leurs propres peuples les rend inutiles et encombrant tant pour le despote que pour son maître le néo colonialisme. Tous les appels, aujourd’hui, à l’Europe ou à la France contre les dictateurs du Maghreb ne signifie pas qu’ils ont choisi le camp de la liberté et de la démocratie mais qu’ils expriment à haute voix la panique qui s’est emparée d’eux en constatant les changements rapides sans eux et à leur détriment. Les États-Unis n’ont pas de préjugés culturels et idéologiques car ils n’ont pas de frontières du fait de leur statut d’hyper puissance dont la profondeur stratégique s’étend aux terres qui avoisinent les océans et les mers qui les lient au reste du monde. Les États-Unis pragmatiques s’accommoderaient de n’importe quel vassal jouant le rôle confié et lui laissant le soin de construire l’image qui lui conviendrait le mieux : qamis avec barbe et sabha, sari ou pancho…
Les éradicateurs de culture française n’ont pas de place dans le scénario américain qui se trouve mis en péril car la France la plus impliquée et la plus proche géographiquement n’a pas su prévoir la révolution tunisienne ni réagir suffisamment vite pour la contenir sauf des déclarations stupides de ses élites épuisées qui ont continué à vivre regardant le monde musulman sous le regard fallacieux et stupide de leurs protégés. J’ai longuement expliqué le phénomène pygmalion, sa perversion et son inversion dans des articles précédents pour ne pas avoir à l’expliquer pour le rapport de la France et de ses élites au Maghreb (Hezb frança).
Nos amis éradicateurs lancent donc subtilement un appel aux français leur demandant de les aider à prendre le pouvoir (alors qu'ils le partagent de fait ou de complicité tacite avec les tyrans) avant que les islamistes ne reprennent leur force et ne reviennent avec vigueur dans le champ social et politique.
Les éradicateurs algériens, désespérés de l’évolution en Turquie sont en train de perdre leurs derniers repères et leurs derniers espoirs en Tunisie. Ils prennent beaucoup de précaution dans leur propos mais ils envoient des messages forts aux éradicateurs tunisiens leur demandant subtilement de ne pas avoir peur de la menace islamique tunisienne et qu'il faut aller au devant de la rue tunisienne et l’occuper comme il demande à la France de les soutenir et au régime de Ben Ali de les accueillir s’il veut se protéger de la déferlante islamique. Ils ne font qu’exprimer le syndrome de leur peur de la rue et ils conseillent aux tunisiens d'occuper tous les espaces y compris par la trahison et la compromission car ils s’imaginent la partie sera facile pour eux croyant que Ben Ali a définitivement liquidé le mouvement islamiste. Leur appel est davantage une catharsis sociale et politique qu’un véritable combat idéologique car une fois de plus ils se trompent lamentablement d’analyse politique comme ils se trompent fatalement de camp.
Ils leur manque le courage de Mohamed Bouazizi pour faire don de leur vie et de leurs préjugés pour leur cause car en réalité ils n’ont pas de cause populaire à défendre mais des rentes et des positions que leur ont accordées la France et la presse éradicatrice algérienne. Il leur manque la lucidité et l’amour de la liberté du poète révolutionnaire tunisien Abou Al Qacem Chebbi que les jeunes et moins jeunes déclament les vers face aux forces de répression de la tyrannie. Aux tyrans du monde, écrit sous le régime du protectorat français de Tunisie Abou Al Qacem dénonce les crimes du colonialisme français et prédit une révolte contre le système despotique et colonialiste annonçant ainsi un mouvement incessant jusqu’à ce que « le destin réponde » :
Ô tyran oppresseur...
Ami de la nuit, ennemi de la vie...
Tu t'es moqué d'un peuple impuissant
Ta main est teinte de son sang
Tu abîmes la magie de l'univers
Et tu sèmes les épines du malheur dans ses éminences
Doucement ! Que ne te trompent pas le printemps,
La clarté de l'air et la lumière du jour
Dans l'horizon vaste, il y a l'horreur de la nuit
Le grondement du tonnerre et les rafales du vent
Attention ! Sous la cendre, il y a des flammes
Celui qui plante les épines récolte les blessures
Regarde là-bas où tu as moissonné
Les fleurs de l'espoir
Le torrent du sang va t'arracher
Et l'orage brûlant va te dévorer…
Ils n’ont ni la culture de l’arabité ni celle de l’islamité ni celle de la liberté de Chebbi pour témoigner contre les forces de l’inertie qui ont permis au colonialisme et au despotisme de s’installer durablement et impitoyablement en Afrique du Nord :
« Les poètes arabes n’ont jamais exprimé de sentiments profonds, car ils ne considéraient pas la nature avec un sentiment vivant et méditatif, comme quelque chose de sublime, mais plutôt comme on regarde d’un œil satisfait un vêtement bien tissé et coloré ou un beau tapis, rien de plus »
Chebbi ne visait pas l’Arabe en tant que personne, langue ou région mais il vise cet être amorphe et incompétent de l’Afrique du Nord avant qu’on ne lui inculque le venin de la berbérité et du berbérisme. Il visait cette mentalité décadente qu’on trouvait chez la majorité des élites soumises au fait accompli et à l’importation de la pensée unique. Il s’agit de cette mentalité de bédouins nomades ruralisant les cités les laissant sans civilisation qu’Ibn Khaldoun a traité de « A’âràb » et que les berbéristes plongés dans leur intégrisme farouche et leur ignorance arrogante ont assimilés à « Arabes » pour en faire un argument supplémentaire dans leur lutte contre la langue arabe du Coran et contre l’Arabe qui a islamisé le Maghreb l’identifiant au colon, à l’occupant ou à l’envahisseur romain. Évoquant « A’âràb » d’Ibn Khaldoun mais occultant l’Andalousie et l’émirat aghlabide de Kairouan dans le rayonnement civilisationnel du Maghreb et de la méditerranée les éradicateurs survolent l’histoire pour la nier et se situer dans la lutte anti terroriste dont ils escomptaient cueillir les fruits mais l’histoire a ses raisons que les illusions des égarés ne peuvent imaginer.
Chebbi n’a pas dénigré les savants musulmans mais a dénigré la sclérose et l’inertie qui a immobilisé Zeytouna hors du siècle, hors du peuple, hors de la lutte contre le colonialisme. Ses critiques sont toujours d’actualité pour les fonctionnaires d’Al Azhar ou les islamologues de la Sorbonne ou les politiciens laïcs ou islamistes du monde arabe qui comme le dit Malek Bennabi sont passé du sacré au profane (et l’inverse) sans connaitre le sublime, celui de la pensée, de l’imagination créatrice, des valeurs de l’universel. Pour éviter toute ambigüité Chebbi précise sa pensée vertueuse et révolutionnaire en rupture avec les totems et les inerties de la culture traditionnaliste et de la culture moderniste, toutes deux des cultures mimétiques de gens destinés à la vassalisation et non à la liberté :
« [Ils] sont prisonniers d’un grand nombre de clichés et de contraintes poétiques qui les forcent à imiter les anciens, ils écrivent une langue qui n’est pas la leur »[
« Si j’appelle de mes vœux le renouveau [...] ce n’est point pour dénigrer la littérature de nos ancêtres »
Le renouveau du Maghreb des peuples n’est pas dans l’exclusion, l’exclusive et l’éradication mais dans la fédération de toutes les forces vives pour fonder un état de droit. Le renouveau est dans la libération de l’oppression du peuple et de l’aliénation des élites aveuglées par l’absence de vision dialectique. Elles ne voient pas la ligne de démarcation entre les intérêts de leurs peuples et la prédation capitaliste ni les points de clivages entre l’islam libérateur et civilisateur et la religion confisquée par l’état vassal ni la dichotomie entre le discours libertaire de l’Occident et sa pratique liberticide envers tous les peuples d’Orient et d’Occident, Musulmans et non musulmans. Le renouveau du Maghreb et la pensée démocratique ne peut se faire dans la confusion ni dans l’amalgame mais dans la clarification des positions et des concepts. Les élites arabes qui se gargarisent de liberté et de démocratie comme fond de commerce contre l’Islam doivent prendre conscience que l’histoire des faits et de la pensée depuis la colonisation à ce jour témoigne que les peuples ne sont pas libres et ne seront jamais libres sous les slogans mensongers et meurtriers véhiculés par le colon qui se veut civilisateur et l’indigène qui se croit civilisé.
Zine el Abiddine Ben Ali, malgré ses crimes et son arbitraire inique, peut trouver auprès d’Allah le Miséricordieux une excuse, celle d’avoir été corrompu par le pouvoir, l’argent, la CIA. Il peut invoquer l’excuse d’avoir fuit pour éviter au peuple tunisien une guerre civile ou un bain de sang. Il peut trouver mille et une raison que nous pouvons trouver dans cette image qui deviendra une image symbole de la fin d’un régime et un enseignement pour le spécialiste de la sémiologie et de la symbolique du signe et des regards :
Dans cette image le tyran est défait, abattu, battu par sa victime. Il est plus à plaindre que l’immolé agonisant. En effet l’homme momifié de son vivant est entré par la grande porte dans l’histoire au prix d’une immense douleur qui l’a libéré définitivement de la peur et de l’oppression. Il est maintenant aux Main de Dieu le Miséricordieux qui pardonne tous les péchés sauf celui de lui donner un associé. Ben Ali est dans cette image la véritable victime ; victime de son narcissisme, de sa cécité, de sa dérive démiurge il est ramené à sa petitesse, à sa misère humaine, à peut être un instant d’humanité face à une douleur muette et indicible et face à un regard caché dont il ne peut ni solliciter le pardon ni comprendre l’émotion car il lui est fermé à jamais et il ne viendra témoigner contre lui que le Jour du Jugement dernier devant Allah qui dira « Je suis le Roi maître du pouvoir absolu où sont maintenant les prétendus roi ? »
Les éradicateurs n’ont toujours pas compris que l’histoire n’est pas irréversible, que l’oppresseur peut être renversé, que le faible peut devenir puissant et que la vérité peut être dévoilée et les comptes réclamés. Est-ce qu’ils ont le courage de se regarder à travers le Coran et de prévoir leur sort funeste dans ce monde et dans l’autre pour leur haine aveugle, leur mensonge et leur hypocrisie :
{Qui est plus injuste que celui qui empêcha, dans les Mosquées d’Allah, que Son Nom y soit psalmodié et s’évertua à leur ruine ? Ceux-ci n’avaient à les pénétrer qu’en étant craintifs. Ils auront en ce monde un avilissement, et dans la vie Future, un immense châtiment.} Al Baqarah 114
{Si un bien vous effleure, cela leur nuit, et si un malheur vous frappe, ils s’en réjouissent. Mais si vous persévérez et êtes pieux, leurs manœuvres ne vous nuiront point. Certes, Allah Domine ce qu’ils font.} Al Imrane 119
La première victoire que le peuple tunisien a remportée après la chute du dictateur et en attendant la chute de la dictature est la réhabilitation par les appareils de la répression et de la bureaucratie de l’identité musulmane du peuple tunisien. Tout ce que Bourguiba, Ben Ali, la France et les États-Unis ont fait pour détruire l’esprit musulman est anéanti en quelques instants : les mosquées tunisiennes font l’appel à la prière, les trois jours de deuil national à la mémoire des martyrs sont une psalmodie incessante et sur tout le sol tunisien des versets coraniques.
Les éradicateurs n’ont rien compris et ne comprendront toujours rien à l’âme et à l’histoire de leur peuple car ils sont privés de l’âme, de l’histoire et de la langue de leurs peuples. Ils sont privés non seulement de la liberté mais du sens de justesse. La vérité est une cause pour laquelle on se bat véritablement et elle ne peut être établie contre son peuple, sa mémoire, son avenir et ses valeurs. Abou Qacem Chebbi fils de musulman dit de son père qui lui a donné une éducation islamique : « Il m’a fait saisir le sens de la bonté et de la tendresse, et m’a appris que la vérité est la chose la meilleure dans ce bas monde, et la chose la plus sacrée dans l’existence »
Ceci dit on peut spéculer sur la nature de ce peuple et sur son choix souverain. Sans perdre de temps on va aller à l’essentiel : le peuple tunisien à l’instar des peuples arabes est musulman toujours en harmonie et prêt à répondre à d’Ibn Badis l’amazigh (le berbère, l’homme libre) contre la politique d’assimilation et d’indigénisation du colonialisme et contre la volonté de dépersonnalisation des éradicateurs assimilés et phagocytés par le colonialisme :
« Le Peuple d'Algérie est musulman et à l'arabité il s'apparente. Qui affirme qu'il s'est détourné de ses origines ou qu'il a cessé de vivre, celui là a certainement menti. ».
A titre anecdotique les jeunes algériens et tunisiens doivent savoir que la Tunisie, l’Algérie et le Maroc sont liés par le même destin de la géographie, de l’histoire, de la langue, du sang et de la religion. Ainsi Abdelaziz Thâalbi le fondateur du nationalisme tunisien est de père algérien. Moi-même auteur de cet article je serais, selon les dires de mes grands parents, descendant d’une ancienne tribu originaire de Tozeur dans le sud de Tunisie. C’est sans doute pour cette raison que je conserve une douleur qui remonte à ma première visite à Kairouan où je me suis trouvé pleurant dans la première mosquée édifié par Okba Ibn Nafa’â livrée aux seuls touristes en short courts devant le regard d’un gardien qui contenait sa peine et sa révolte de voir un haut lieu historique dépouillé de son identité. C’est sans doute une mille et une autre raison qui me font pencher à considérer la révolution tunisienne non pas comme une révolution de jasmins mais comme une révolution des cactus : une résistance contre les temps durs, des épines contre la rapine impudente, de l’eau fraiche à l’intérieur qui n’a besoin d’aucune aide étrangère.
Le dernier mot pour nos amis éradicateurs : épargnez-vous les regrets et les remords et mettez-vous au service de votre peuple en reprenant possession de votre identité islamique car comme le dit Abou Qacem Chebbi :
« La vie n’attendra pas celui qui dort »
En vérité vous ne dormez plus car vous êtes morts depuis longtemps mais vous continuez à pousser au suicide collectif la jeunesse saine si elle se laisse contaminer par vos idées mortifères et mortelles. Notre devoir est d’avertir, d’éclairer et d’informer nos frères tunisiens et les hommes libres de l’Occident du danger qui les guette s’ils se mettent à vous écouter comme le ferait le sot qui écoute la souris lui conseiller de vendre le chat et d’acheter l’équivalent de son prix en graisse (dicton berbère). D’une manière plus sérieuse et plus responsable nous vous transmettons la vérité de ceux qui se sont réveillés à force de voir les traces de vos malheurs dans un pays que vous avez mené à la guerre civile pour votre conception erronée de la démocratie, de la justice, de la vérité et de la liberté :
{Celui qui était mort et Nous le Vivifiâmes et lui Donnâmes une lumière, par laquelle il marche dans la voie des Hommes, est-il semblable à celui qui est dans les ténèbres et qui n’en sortira point ? De même on a embelli aux mécréants ce qu’ils faisaient. Et aussi, Nous Mîmes dans chaque Cité les grands de ses malfaiteurs pour y ruser. Mais ils ne rusent que contre eux-mêmes et ils ne se rendent pas compte.}
Les laïcs ne sont pas contraints de prendre le Coran comme référence religieuse et idéologique mais ils doivent s’engager par respect pour les principes démocratiques de respecter le choix populaire, de ne pas s’allier avec l’armée ou les services de sécurité contre les opposants à la dictature, de ne pas faire allégeance à l’impérialisme ou au sionisme au nom de la lutte idéologique et politique qu’ils mènent contre les islamistes et surtout de s’engager et respecter la vertu en matière politique et la faire respecter par tous. La vertu consiste à ne pas frauder et à ne pas soutenir un fraudeur dans un processus électoral par exemple…
La vertu ne consiste pas à aligner tous les acteurs politiques dans un seul et unique moule idéologique. Chacun doit avoir la liberté de ses références islamiques, marxistes, nationalistes, libérales… mais tous doivent respecter le choix populaire et accepter l’alternance politique démocratique et pacifique sans violences ni injustice ni ruse contre le peuple. Aristote a accordé la démocratie à tout le peuple à l’exception des esclaves et des femmes (95% du peuple) en accordant à la politique l’arbitrage entre les intérêts de classe. L’Islam a consacré la fin de l’esclavagisme et la Choura (démocratie islamique) à l’ensemble des Musulmans.
Ce n’est pas aux éradicateurs algériens et tunisiens de fixer la norme mais au peuple tunisien qui témoigne dans la foulée de sa révolution sa profondeur culturelle et la vivacité de sa mémoire collective et de sa conscience sociale en prenant comme symbole Abou Al Qacem Chebbi dont les poèmes sont un hymne à la liberté et à la vertu :
Tu es né libre comme l’ombre de la brise
Et libre telle la lumière du matin dans le ciel.
Là où tu allais, tu gazouillais comme l’oiseau
Et chantais selon l’inspiration divine.
Tu jouais parmi les roses du matin
Jouissant de la lumière là où tu la voyais.
Tu marchais –à ta guise- dans les prés,
Cueillant les roses sur les collines.
Ainsi Dieu t’a conçu, fils de l’existence
Et la vie ainsi t’a jeté dans ce monde.
Pourquoi accepter la honte des chaines ?
Pourquoi baisser le front devant ceux qui t’ont enchaîné ?
Pourquoi étouffer en toi la voix puissante de la vie
alors que retentit son écho ?
Pourquoi fermer devant la lueur de l’aube tes paupières illuminées
alors qu’est douce la lueur de l’aube ?
Pourquoi te satisfaire de la vie des cavernes ?
Où donc est le chant ? Et où le doux élan ?
Aurais-tu peur de la beauté du chant céleste
Craindrais-tu la lumière de l’espace dans la plénitude du jour ?
Allons, réveille-toi, prends les chemins de la vie
Celui qui dort, la vie ne l’attend pas.
N’aie crainte, au-delà des collines,
Il n’y a que le jour dans sa parfaite éclosion.
Que le printemps commençant de la vie
Qui brode des roses dans l’ampleur de sa cape.
Que le parfum des roses matinales
La danse des rayons sur le miroir des eaux.
Il n’y a que les pigeons élégants
Qui roucoulent sans fin dans las prairies
A la lumière ! La lumière douceur et beauté.
A la lumière ! La lumière est l’ombre des Dieux
La lumière de Dieu n'est pas accordée aux injustes, aux falsificateurs, aux imposteurs, aux partisans de la discorde sociale et aux traitres.
Israël redoute un monde arabe démocratique | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Qui redoute le plus la démocratie dans les pays arabes? A part les autocrates Arabes eux-mêmes? | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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