La semaine dernière, la communauté mondiale a pu constater la justesse de la prémonition que Johnson a eue il y a six ans en voyant les efforts de Netanyahu et Obama pour contrôler le tigre lâché par la création de l’état d’Israël - à coup de fourberies, de terrorisme et de puissance militaire- au milieu du monde arabe, état qui doit maintenant faire face au printemps arabe qui naît des cendres des dictateurs déchus. La coercition, la corruption et la puissance militaire pouvaient créer une illusion de stabilité aussi longtemps que des accords fournissaient les milliards de dollars nécessaires à la police de la sécurité, à l’entraînement des troupes par les USA, au soutien technique et au matériel militaire qui maintenaient les dictateurs au pouvoir.
Mais deux facteurs : le fait que l’oligarchie issue des multinationales ("corpocracy") qui gouverne cet empire le contraint à obéir aux desideratas de son enfant adopté, et la guerre sans fin qu’il mène pour soutenir sa croissance économique, ont terriblement affaibli les USA comme le montrent leurs futiles efforts pour contenir le terrorisme dans tout le Moyen Orient. Désormais les USA se retrouvent sans pouvoir, sans ressources et sans amis, manipulé par les sionistes israéliens comme Sharon, Olmert, et Netanyahu qui méprisent la faiblesse des USA et tiennent son Congrès prisonnier par la force, la corruption et le mensonge, les mêmes méthodes qu’Israël a utilisées contre les peuples du Moyen Orient pour créer l’illusion de pouvoir.
Ironiquement dans son discours à l’AIPAC et à Netanyahu, lundi, Obama a dressé une carte démographique qui contraint Israël et la communauté mondiale à voir ce qui motive réellement le parti du Likoud au moment même où il prétend que "la paix est le premier objectif d’Israël". La population palestinienne de la Palestine historique sera égale à la population juive avant 2014 (Palestine Bureau of Statistics). Ce fait matériel (litt."sur le terrain") montre que les Palestiniens seront majoritaires à l’ouest du Jourdain ; L’ironie réside dans une déclaration du Likoud qui est passée inaperçue : "Le gouvernement d’Israël rejette absolument la création d’un état palestinien à l’ouest du Jourdain". Non seulement ceci signifie que le gouvernement israélien rejette totalement un état palestinien (d’une manière comparable en vérité au refus du Hamas de reconnaître Israël) mais il le fait alors même qu’il est confronté à l’évidence incontournable que les Juifs seront alors minoritaires en Palestine. Le refus d’un état palestinien aboutira donc à un état israélien non démocratique d’apartheid contrôlé par une minorité, comme l’Afrique du sud il y a des dizaines d’années.
Mais le discours d’Obama a été plus loin que les statistiques démographiques. Il a essayé d’expliquer aux Israéliens que les murs et les barrières de maillon de chaînes ne pourraient pas contenir les 6,1 millions de futurs Palestiniens même avec des barbelés, des tours de contrôle et de la haute technologie. Comment Israël pourrait-il contrôler une population supérieure en nombre à la sienne, entassée sur 15% de la Palestine historique pendant que sa propre population en occupe 85% ? (PCBS). Comment la communauté mondiale pourrait-elle accepter une situation d’une telle injustice, surtout que ces chiffres ne comprennent pas les 5,6 millions de réfugiés qui vivent dans divers pays arabes. Selon le droit international, ces personnes ont le droit du retour et beaucoup d’entre elles auraient le droit de revenir sur des terres qui sont maintenant revendiquées par Israël. Obama laisse entendre qu’Israël doit choisir entre accepter un accord qui donnerait assez de terre et de ressources aux Palestiniens ou affronter l’inévitable dissolution de l’état juif si la solution d’un seul état devient une réalité de facto. En 2002 le prince saoudien a proposé un plan de paix basé sur les frontières de 1967 qui incluait une totale reconnaissance de l’état d’Israël par tous les pays arabes. Israël et les USA l’ont rejeté d’emblée.
Obama n’a pas dit au gouvernement israélien ce qu’il devait faire, mais il a noté que les temps changent (times are a changin’). Il ne sera plus possible, sous-entend Obama, d’accueillir parmi l’élite les quelques personnes qu’on peut soudoyer pour qu’ils acceptent de signer avec Israël un pseudo accord de paix comme ceux qui ont été signés en Egypte et en Jordanie, ni de contraindre les pairs de Kadhafi à conclure des accords de pétrole juteux, ni d’envahir illégalement un pays qui n’a rien fait aux USA comme nous l’avons fait en Irak et en Afghanistan pour mettre en place des leaders complaisants qui feront ce que veulent nos entreprises. Non, les temps ont changé ; le nouvel arabe se rend compte que les ressources des USA s’épuisent, il est conscient de sa crise économique et de sa dette colossale, il voit l’étau qui se resserre sur les Juifs à cause de la croissance de la population palestinienne, il veut la justice pour lui-même et pour les Palestiniens et il sait qu’il peut forcer la communauté internationale à se réveiller à travers l’assemblée générale de l’ONU.
Obama n’a que trop conscience du peu de pouvoir qu’il a en tant que président des USA. Il sait que les réprésentants du peuple sont aux mains des multinationales et du lobby israélien. Cela signifie qu’il ne peut rien faire en matière de législation ni de politique étrangère ou intérieure s’il s’oppose aux sionistes qui contrôlent son gouvernement et qu’il ne sera pas non plus réélu. C’est un homme enchaîné et soumis à ses maîtres. Mais il sait aussi que cette soumission est un danger pour les USA, que ses soldats sont au service d’une puissance étrangère et que la haine des étasuniens brûle le coeur de ceux qui vivent sous la botte des troupes israéliennes.
Mark Perry fait état d’un briefing d’un caractère explosif unique de l’amiral Mullen selon lequel les dirigeants arabes les plus importants pensent que l’administration étasunienne est incompétente et incapable de tenir tête à Israël ; il parle aussi de ceux du General Petraeus qui voit la soi-disant "relation spéciale" avec Israël comme un risque pour les vies des Etasuniens et leurs intérêts.
Le briefing de janvier de Mullen était une première. Aucun commandant précédent du CENTCOM (Commandement central des USA) ne s’était jamais exprimé sur ce qui était considéré essentiellement comme une question politique ; c’est pourquoi ceux qui ont fait ce rapport à Muller ont insisté sur le fait que leurs conclusions étaient le fruit d’un tour de la région effectué en 2009 sur les instructions de Petraeus au cours duquel ils avaient parlé à des dirigeants arabes importants. "Partout où ils sont allés, le message était assez humiliant" a dit un officier du Pentagone qui connaît le briefing. "Non seulement les USA sont considérés comme faibles mais sa puissance militaire dans la région diminue." (voir Mark Perry, “Putting American Lives At Risk")
Voici la déclaration faite par le géneral Petraeus au nom du Centcom devant le comité des services armés du Sénat le 16 mars 2010 :
Il n’y a pas de progrès suffisant vers une paix générale au Moyen Orient. Le conflit qui ne se résout pas entre Israël et certains de ses voisins entrave notre capacité à faire avancer nos intérêts dans le territoire placé sous notre responsabilité (AOR). Les tensions entre Israël et les Palestiniens dégénèrent souvent en violences et en confrontations armées d’importance. Le conflit engendre des sentiments anti-étasuniens qui sont dûs au sentiment que les USA favorisent Israël. La colère arabe au sujet de la question palestinienne limite la force et la profondeur des partenariats entre les USA et les gouvernements et les peuples de l’AOR et entame la légitimité des leaders arabes modérés de la région. Al-Qaeda et d’autres groupes militants exploitent cette colère pour obtenir du soutien. le conflit augmente aussi l’influence à l’Iran sur le monde arabe à travers ses obligés, le Hizbollah au Liban et le Hamas.
Obama a compris les implications pressantes de la renaissance des aspirations humanitaires des peuples de Tunisie, d’Egypte, de Libye, du Barhein, du Yémen, d’Arabie Saoudite, de Syrie, de Jordanie, d’Iran et même de Palestine, surtout de Palestine, car ces aspirations submergent les bureaux des représentants de l’ONU pour exiger la reconnaissance des citoyens occupés et assiégés de Palestine. On s’attend à ce qu’en septembre prochain, l’Amérique Latine, l’Asie, la plus grande partie de l’Europe et tous les pays arabes acceptent comme membre à part entière l’état palestinien dans les frontières de 1967 et alors le long calvaire du peuple palestinien durant 63 ans d’un processus de paix toujours saboté par Israël, touchera à sa fin (Voir Jeff Halper, “Israel is the Problem,” The Plight of the Palestinians).
Ce vote va mettre Israël dans une position intenable parce que les USA vont être obligés de renoncer au rôle de protecteur d’Israël pour qui ils ont défié l’ONU pendant toutes ces années, faisant de l’ONU une institution sans objet et sans pouvoir et anéantissant les aspirations de la communauté mondiale. Les discours d’Obama devant le Congrès et l’AIPAC contraindront Netanyahu soit à accepter des négociations de paix qui verront la création d’un état palestinien viable soit à négocier avec l’ONU au lieu des Etats-Unis la création d’un état palestinien, une perspective qui ne plaît pas à Israël. Cependant la vérité est que l’état d’Israël a été reconnu par l’ONU par un vote de l’assemblée générale en 1949 rendant donc difficile un vote similaire au profit des Palestiniens. C’est seulement si l’ONU intervient pour établir des frontières légitimes aux deux pays, créant ainsi une situation équitable de départ, qu’une paix juste et réelle deviendra possible.
Netanyahu, au contraire, a ignoré ces implications et tenté de défendre la rhétorique mégalomaniaque d’Israël,
• une rhétorique qui fait grand cas de la menace contenue dans la charte du Hamas de ne pas reconnaître l’état d’Israël mais oublie de parler au monde du rejet pur et simple d’un état palestinien dans le propre programme du Likoud ;
• une rhétorique qui prétend que les frontières de 1967 sont indéfendables pour Israël tout en niant les massacres de Palestiniens avant et après la mise en oeuvre du plan de partition de l’ONU qui s’est soldé par la confiscation de 21000 dounams (1 dounam:1000m2) de terre en Galilée, Al-Muthalath et dans le Negev.
• une rhétorique qui déclare que les colonies doivent rester en Cisjordanie au même titre que l’autoroute d’apartheid que seuls les Juifs ont le droit d’utiliser en dépit du fait qu’il y a jusqu’à 517 774 Juifs éparpillés en Cisjordanie rendant une Palestine viable impossible tandis que 1496 dounams, de plus ont été confisqués pour construire le mur d’expansion et d’annexion pour les colonies en expansion ;
• une rhétorique qui exige que les Palestiniens reconnaissent Israël comme un état juif et démocratique même si cette définition est un oxymore qui a comme conséquence de faire des arabes israéliens des citoyens de seconde classe, tandis qu’Israël refuse la création d’un état palestinien à l’ouest du Jourdain ;
• une rhétorique qui exige que les Palestiniens rejettent la violence alors qu’Israël occupe leur pays illégalement ainsi que des terres libanaises et syriennes et a assassiné sans relâche des Palestiniens depuis sa création, un fait qui est attesté par d’innombrables résolutions de l’ONU.
En ce temps de commémoration, il faut que le peuple des USA réfléchisse sur le rôle qu’il a joué dans la naissance ratée de l’état d’Israël et la désastreuse catastrophe qu’a subie le peuple palestinien. Ironiquement, la plupart des Etasuniens ne peuvent se souvenir ni de la Déclaration d’Indépendance d’Israël ni de la Nakba et pourtant en 2011 leur existence économique, politique et internationale est tributaire des décades de soutien inconditionnel que le gouvernement étasunien à donné à l’état terroriste d’Israël. Ironiquement au moment où le président Obama donne un aperçu de ce que l’évolution de la situation au Moyen Orient lui inspire, le "soutien indéfectible" à l’état d’Israël a déjà provoqué la condamnation universelle de son pays considéré comme une nation qui a perdu son honneur, en qui on ne peut pas avoir confiance et à qui il faut mieux ne pas avoir à faire car il ne lui reste plus aucune velléité de rendre justice aux faibles et aux personnes sans défenses. Voilà peut-être ce qui mène la puissance étasunienne à la catastrophe : notre politique de domination du monde au profit de notre élite économique.
William A. Cook
William A. Cook est professeur d’Anglais à l’Université de La Verne dans le sud de la Californie. Il écrit fréquemment pour des sites Internet comme The Palestine Chronicle, MWC News, Atlantic Free Press, Pacific Free Press, Countercurrents, Counterpunch, World Prout Assembly, Dissident Voice, et Information Clearing House. Il a écrit plusieurs livres dont "Tracking Deception : Bush Mid-East policy, The Rape of Palestine, The Chronicles of Nefaria", un roman, et "The Plight of the Palestinians" qui va sortir. On peut le joindre à wcook@laverne.edu or www.drwilliamacook.com
Pour consulter l’original : http://countercurrents.org/cook2505...
traduction : D. MuseleLa cinéaste tunisienne Nadia El Fani présente à Cannes son dernier film ,”Ni Allah, ni Maître”. Navré, mais que vient faire Allah dans cette histoire ! C’est comme si je fais un film pour afficher mon soutien à Gaza en le titrant “Ni torah, ni Occupation”, ou une connerie de ce genre. C’est normal qu’elle soit à Cannes, c’était le but de… la manœuvre. Salman Rushdi, Tasslima Nassrien et la médiocre Wafa Sultan surfent sur la haine et savent que l’occident est un bon client dès que tu tapes sur l’islam. Comme c’est trop facile de jouer sur les cordes sensibles. C’est de la prostitution manifeste. C’est étrange que la liberté d’expression s’applique et se manifeste uniquement contre l’islam. Pourquoi personne n’a le droit de dire un seul mot sur des sujets tabous en occident ? “Ni Allah” c’est une négation de Dieu. Pourquoi le négationnisme ne s’applique-t-il pas à ce sujet ? Comme c’est bizarre !!!
Je viens de voir l’extrait visible sur le net de ce film. Cette femme veut changer la Constitution de son pays. C’est le syndrome de BHL; on n’est plus dans le cinéma.
Mon désaccord ne porte pas sur le contenu du film, personne ne l’a vu, mais sur la provocation du titre. J’estime que “LA LIBERTÉ D’EXPRESSION” est une clause où un fourre tout qui permet de glisser habilement dans des zones d’ombre pour certaines personnes très malines qui l’utilisent à des fins très dangereuses. Ou cette clause s’applique sur tout les sujets sans aucune restriction ou elle ne concerne qu’une partie du monde qu’on a décidé d’attaquer ! Et puis ” le droit de ceci ou de cela” c’est dans quelle loi et quel est le numéro de l’article qui le stipule ? A-t-on le droit de bombarder l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la Palestine ? C’est aussi au nom de la liberté ! Oui mais, le mode d’expression n’était pas le même. On sait très bien qu’on ne peut pas faire des films sur les sujets qu’on veut. Si je fais un film sur le nombre de nos martyres Algériens durant la guerre face à la France, la contestation sera des deux côtés ! Mais ai-je le droit de faire un film sur le nombre de victimes de la “Choah” ? Ah, pas touche ! C’est un sujet interdit pour tout le monde. Donc, c’est quand on est médiocre qu’on a besoin de coups de vice et d’approche tordue et malsaine pour exister. Je ne soutiens jamais des gens qui attaquent d’autres gens sous prétexte qu’ils sont libres !
Nous cherchons tous à nous lier avec nos nuances, nos ressemblances et nos divergences. J’aime ce dialogue constructif où on ne prend pas les propos pour soi. J’aime quand l’égo reste à l’écart de l’échange parfois passionnel. J’aime la démarche de CHAHINE ce grand Monsieur qui portait en lui seul toute les contradictions. Voilà un cinéaste encore d’actualité dont il faut regarder la filmographie à la loupe. Point d’outrage dans ses propos. Cet homme pouvait être chrétien et homo en terre d’islam et surtout reconnu et revendiqué par tous les arabes et musulmans. Observons les cinéastes Iraniens et ce cinéma fin et intelligent. Et puis pourquoi aller loin : Le Cinéaste Nouri Bouzid (avec qui tu as fais un film important Nadia) quand il s’attaque à la pratique de la torture en Tunisie il titre son film “Les sabots en or” pas ” les fils de pute”…
En tant que cinéaste, je ne suis pas invité ni en Algérie ni à Tunis ni à cannes et pourtant depuis 30 ans je n’ai jamais obtenu un seul Centime ni des miens ni de leurs adversaires. Pourquoi je n’ai jamais utilisé ce genre de manipulation afin d’attirer la presse sur moi ? Les gens intègrent ne trichent pas.
Une offense est une insulte. Une négation de faits historiques est condamnable par la loi. Une provocation verbale intentionnelle génère une hostilité et une réaction d’indignation. Cette femme connait l’arabe et sait l’utiliser et ne peut bénéficier de circonstances atténuantes quant à son intentionnel désir d’interpeller une partie de la population qui ne partage point sa foi. Il n’est pas question de combat dans cette affaire. Elle est entrain de se servir de la sincérité des gens. On a vu dans le passé des gens qui ont organisé leur propre kidnapping ou rédiger leur propres menaces de morts…N’est pas ennemi publique qui veut. N’est pas martyre qui veut non plus. Quant à nos confessions réciproques c’est vraiment une histoire privée qui ne regarde personne, donc pas soumise ni à une approbation ni à une interdiction. Et personne n’a à cautionner, valider ce que nous sommes et ne nous sommes pas. Viens pisser devant ma porte sous prétexte que le trottoir est public !!!!
Je suis choqué de voir Lars von Trier viré du festival de Cannes alors que Nadia El Fani avec son titre blasphématoire est, elle, une invitée de choix. Je ne comprends pas pourquoi que les institution musulmane s’insurgent contre le titre de ce film alors que le CRIF n’a pas hésité à trainer Von Trier dans la boue.
La liberté d’expression merci j’en veux pas si elle s’applique pour certains au détriment des autres…
Hamid Benamra, cinéaste
Alors que les soupçons sur l’aide qu’aurait apportée l’Algérie au régime de Kadhafi ne se sont toujours pas éteints, le président Abdelaziz Bouteflika vient de se démarquer de nouveau en exprimant publiquement son soutien au président Ali Abdallah Saleh du Yémen, confronté à une révolution démocratique réprimée dans le sang, et auquel il a présenté «au nom du peuple et du gouvernement algériens et en mon nom personnel» ses sincères félicitations ainsi que ses «meilleurs vœux de santé et de bonheur pour vous-même, de progrès et de prospérité continus pour le peuple yéménite frère».
Dans ce message adressé jeudi à l’occasion des 21 ans de réunification du Yémen, le chef de l’Etat algérien a fait part au dictateur yéménite de sa «détermination à continuer à œuvrer avec vous pour le développement des relations de fraternité et de coopération qui lient nos deux pays dans l’intérêt des deux peuples frères». Alger, autrefois la «Mecque des révolutionnaires », carrefour des rebelles du monde en ébullition, Alger aujourd’hui interdite aux marcheurs et aux amoureux, aux rêves et aux légendes, Alger cité d’un vieil instant d’euphorie, tend la main en cette année 2011, aux dictateurs bousculés par leurs peuples. Ce n’est pas la première fois que le pouvoir est surpris dans cette position hostile aux révolutions arabes.
Les officiels algériens, par la voix de Daho Ould Kablia sur France 24, et Mourad Medelci dans la presse internationale, ne cachent plus leur inquiétude devant le processus démocratique dans les pays voisins. Dernier en date, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui vient d’accorder un entretien au quotidien arabophone Echourouk et qui le dit franchement : «Les rebelles libyens étaient les premiers à nuire à l’Algérie. Je pense que s’ils parviennent au pouvoir en Libye, les relations entre les deux pays seront tendues et instables». Avant lui, dans son discours du 15 avril, Bouteflika a clairement réaffirmé cette ligne. «L’Algérie suit, naturellement, les mutations en cours sur la scène internationale, particulièrement celles survenues dans certains pays arabes. Face à cette situation, l’Algérie réaffirme son attachement à la souveraineté des pays frères et à leur unité, son rejet de toute ingérence étrangère et son respect de la décision de chaque peuple découlant de sa souveraineté nationale.»
Deux jours auparavant, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et représentant personnel du président de la République, a tenté de minimiser l’ampleur des révoltes populaires dans les pays arabes. Des révoltes qui ont déjà entraîné la chute, et accessoirement le jugement, de deux dictateurs, Hosni Moubarak et Zine Al Abidine Ben Ali, en Égypte et en Tunisie.
«En Algérie, nous avons une haute idée de la révolution. La révolution doit avoir des objectifs et une direction», a déclaré le chef du FLN. Belkhadem, lui, s’est ouvertement attaqué à l’opposition libyenne. Les opposants libyens ont fait appel à l’Otan pour massacrer leurs frères. Nous, nous avons combattu l’Otan», a-t-il déclaré lors de l’émission «Hiwar Essaâ» («Débat de l’heure »), diffusée mercredi 13 avril sur la chaîne A3 de l’ENTV. Le premier responsable du FLN, qui n’a, à aucun moment, évoqué ces exactions des proches de Kadhafi, s’est attaqué aux insurgés libyens qui ont parlé de l’existence de «milices algériennes» aux côtés des milices du tyran de Tripoli.
Pourquoi cette stratégie ?
Tout cela traduit un affolement du pouvoir. C’est que le régime d’Alger se découvre soudainement seul. Il est désormais isolé dans le Maghreb. Les révolutions arabes l’ont mis à nu. Il apparaît comme la seule survivance de l’ancien monde au Maghreb, après l’annonce par le roi du Maroc Mohamed VI d’une réforme globale de la Constitution qui octroiera plus de pouvoirs au Parlement et au Premier ministre ; après la révolution démocratique en Tunisie et en Égypte et l’insurrection libyenne contre la dictature de Kadhafi. Bouteflika fait figure de dinosaure dans un Maghreb en marche vers les libertés. L’image de Moubarak tremblant et incarcéré dans une cellule médicale au Caire provoque la panique chez les dirigeants algériens. Belkhadem reconnaît, mercredi 13 avril, que les mouvements de protestations qui secouent actuellement l’Algérie risquent d’avoir des «conséquences politiques ».
Cette peur est nouvelle. En décembre, Belkhadem estimait à propos des émeutes : «Ces contestations sont un phénomène normal et habituel. En 2010, plus de 5 000 protestations ont été enregistrées à travers le pays.» Et d’ajouter : «Seule l’opposition a donné un caractère politique à ces contestations.» Alors qu’à propos de ce qui se passe dans les pays arabes, il a indiqué que «nous ne sommes pas à l’abri». Belkhadem a plaidé, à l’occasion, pour «la prise en considération de ces revendications, ne serait-ce que par le débat dans certains cas» car «tant que ces mouvements restent dans le cadre pacifique, il est possible de traiter les revendications qu’ils véhiculent».
Les buts inavouables
Tout ça pour dire que le pouvoir algérien veut faire en sorte que se reconstituent les conditions «régionales » du règne hégémonique. Pour l’heure, le pouvoir cherche à gagner du temps, guettant la première occasion pour rétablir les conditions internes et externes de sa survie. Jusqu’où ira-t-il pour rétablir l’ancienne figuration du Maghreb dictatorial, où il est à l’aise ? Ici commence le jeu dangereux. Il y a eu la question des mercenaires . Un porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères avait démenti dès le dimanche 10 avril les informations concernant une implication de l’Algérie dans une opération de mercenariat en Libye.
Paris et Washington guettent
Tout cela expose le pays à de bien sombres périls. La France a officiellement interrogé le ministre algérien des Affaires étrangères. Mourad Medelci a eu lundi un entretien téléphonique avec son homologue français Alain Juppé. Selon ce dernier, le chef de la diplomatie algérienne a démenti que son pays ait apporté de l’aide militaire au régime de Mouammar Kadhafi. «J’ai eu un entretien très cordial avec mon homologue. Je lui ai dit “voilà, il y a des informations qui circulent selon lesquelles Kadhafi aurait reçu plusieurs centaines de véhicules armés et transportant des munitions en provenance d’Algérie”», a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec l’Association de la presse diplomatique française. Avant d’ajouter : «Je lui ai posé la question et il m’a assuré que (…) ce n’était pas vrai.»
Le communiqué diffusé un peu plus tôt par l’agence de presse algérienne APS ne mentionnait pas cet aspect de la discussion. Le ministère algérien des Affaires étrangères annonce que le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci «s’est entretenu lundi au téléphone avec son homologue français, Alain Juppé». On sait que le ministère français des Affaires étrangères a réagi, vendredi 15 avril, aux informations faisant état de la présence en Libye de mercenaires étrangers. Bernard Valero, porte-parole du Quai d’Orsay, a qualifié de «graves» ces accusations. Une semaine plus tard, c’est Washington qui demande des explications, en convoquant pratiquement le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Le ministre algérien a assuré à Washington que la position du gouvernement algérien respectait «scrupuleusement» les deux résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité, rejetant ainsi les accusations de l’opposition libyenne sur une coopération militaire avec les forces du colonel Kadhafi. Rien ne dit qu’il a persuadé ses hôtes.
Barack Obama, qui a prononcé ce jeudi 19 mai un discours très attendu sur la situation dans le monde arabe à la lumière des révoltes démocratiques, a eu des mots durs envers l’Algérie, sans la citer. Le président américain a fait remarquer que «deux chefs d’État ont déjà été renversés, et d’autres pourraient suivre». Barack Obama a beaucoup parlé de la Tunisie, de l’Égypte et même du Maroc, pays qui devraient bientôt bénéficier d’une série de mesures financières visant à aider à leur développement économique. Mais il n’a pas évoqué la situation en Algérie. Mais il y a fait allusion lorsqu’il a évoqué des pays riches en ressources naturelles mais qui ne profitent pas à tout le monde. C’est tout dire…
Hani Mosteghanem
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«Que Dieu maudisse la
démocratie !»
Par Kamel Daoud du Quotidien d'Oran
C’est la sentence du représentant du Belkhadem lui-même représentant du Bouteflika. En quelle circonstance ce slogan du IIIème Reich a été décidé ? Lors d’une rencontre des tribus «khadaffistes» à laquelle a été le FLN, ce 08 mai, parti là-bas pour soutenir un homme qui tue les siens au nom des siens. Il fallait écouter ce discours pour comprendre qu’il s’agit là de la pensée profonde des «nôtres», de notre Pouvoir, de ce qu’il n’ose pas dire en public, face aux Puissances. Un vrai discours Zenga Zenga, étonnant et surtout choquant: celui qui le prononçait sous la tente de ses amis, parlait au nom de nous, tous, du pays et de ceux qui y vivent et y pensent différemment. Bouguetaya parlait avec la conviction qu’a le FLN d’être le propriétaire du pays et de la ferme nationale postcoloniale qu’il possède parce que c’est son butin et son histoire personnelle.
L’envoyé de l’envoyé n’a pas parlé d’Iman Obeidi, des milliers de libyens tués par le Rat de Tripoli, des bombardements, des tortures, des blindés, des snipers contre des gens nus qui demandaient seulement la liberté, le droit d’élire et de contrôler leurs vies et leurs gisements. Non, cela ne le concernait pas. Comme en Octobre 88. Le plus important est de soutenir le frère jumeau, qui lui ressemble tant, le Guide vers le Chaos, le tueur et ses fils. Le cri était au « nous sommes avec vous » et gloire à vos martyrs, c’est-à-dire mercenaires. Pas ceux qui tombent en combattant pour la liberté de leur pays mais ceux qui sont payés en dollars pour s’habiller en vert. Une honte simplement ! Cet homme a le droit de soutenir Hitler s’il le veut mais ce qui était blessant, c’était de le voir parler en notre nom, avec cette langue morte des siens qui mêle droit féodal, anticolonialisme commerçant, appelle à l’unité arabe mais par le club des dictatures, harangue des foules assises et anti-impérialisme au nom de la contre-croisade.
Un pur condensé d’aveuglement qui juge les gens qui combattent pour leur liberté comme des criminels et des harkis ! que c’était donc triste d’écouter cet homme et de voir qu’on peut encore parler en notre nom et aller applaudir des confrères hallucinés avec notre drapeau et se proclamer de nos martyrs. Que c’était douloureux de ne pas pouvoir dire à cet homme que si nos martyrs étaient vivants, ils seraient à Benguazi et pas sous la tente de celui qui lui offre le repas et pas membres de l’actuel FLN! On interdit aux algériens de dire qu’ils peuvent parler au nom de leur pays ici, dans leur propre pays, et envoi des apparatchik, réélus en cycle depuis l’adolescence de Boumediene, parler au nom des morts et des vivants là-bas. Non donc ! Pas en mon nom. Je garde le mien propre, fervent pour les révolutions, sympathisant des sacrifices, dans la langue de ma mère, ni pour la France ni contre elle, debout contre le vent qui s’écrase, les mains propres et le CV sans compromis ni fraude électorale !
La Libye, je la soutiens, avec le cœur et l’épaule, dans son drame, contre son Rat et ses fils et je le dirais avec ma voie haute, avec mon argent, sans que personne ne me paye le voyage ni me donne le couscous. En temps troubles, les gens comme vous Bouguetaya sont nombreux mais comme des bulles de savons : Le Rat mourra et vous serez seul face à vous-même et vous vous jugerez malgré vous pour ces paroles prononcées sous la tente de votre hôte, à l’heure où d’autres meurent pour avoir droit à une parole meilleure que la vôtre. Non Bouguetaya, les gens ne sont pas avec l’OTAN, ni avec la France. L’Otan, c’est votre ami le Rat de Tripoli qui l’a amené sur les terres libyennes, lui et ses fils et les gens qui le soutiennent. C’est lui qui tue les libyens, les viols et veut diviser le pays en deux, une ferme pour lui et ses fils, et un coin pour ses serfs. C’est lui qu’il faut juger pour crime et trahison. Maintenant on a presque une réponse à la question du y-a-t-il vraiment de mercenaire algérien en Libye. On les a vus et entendu.
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