« L’Occident se meurt de ses propres manquements à ses principes »
René Naba | 24.01.2012 | Paris
Dissonance diplomatique de
Obama au moment où les Palestiniens luttent pour décrocher leur adhésion
à l’ONU, un islam pétrolier et atlantiste à l’effet boomerang, une
Europe dans les rets de la mondialisation financière et prédatrice des
pays arabes, des monarchies, sous coupe américaine, préjudiciable au bon
fonctionnement de la Ligue arabe, une opposition syrienne amnésique et,
enfin, un émir du Qatar jouant au nouveau Field Marshall du monde
arabe. Telles sont les grandes questions abordées par La Nouvelle
République avec René Naba.
Grands titres
Barack Obama, archétype du
conditionnement mimétique du discours dominant, la plus grosse déception
de l’histoire diplomatique contemporaine
-L’Islam pétrolier et atlantiste, un instrument d’asservissement du Monde arabe à l’axe israélo-américain
L’Europe, dans les rets de la
mondialisation financière, fond en prédatrice sur les pays arabes
(Libye, Syrie) pour prendre des gages en vue de négocier au mieux sa
relégation inéluctable de la gestion des affaires du Monde.
Les monarchies arabes, sous la coupe
américaine, dispose d’une minorité de blocage automatique préjudiciable
au bon fonctionnement de la Ligue arabe en ce que les vassaux de
l’Amérique et les alliés souterrains d’Israël ont la haute main sur les
destinées du Monde arabe.
Syrie: Faire appel à l’ancienne
puissance coloniale pour restaurer la démocratie dans son propre pays
relève d’une grave déformation mentale.
L’Emir du Qatar qui nourrit l’ambition
de jouer le nouveau Field Marshall du Monde arabe devrait méditer le
sort de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf.
I- Obama
Question: Barack Obama vient de
prononcer son dernier discours sur l’Etat de l’Union de sa mandature.
Quelles réflexions vous suggèrent le personnage et son mandat ?
RN: Barack Obama est apparu au cours des
quatre ans de sa mandature comme l’archétype du conditionnement
mimétique du discours dominant. Comme symbole de docilité et
résignation, il est en passe de surpasser dans l’imaginaire du Monde
Oncle Tom et sa case et Uncle Bun’s. Le fait de donner pour non de code
«Geronimo» à l’opération spéciale visant à l’élimination d’Oussama Ben
Laden, le 2 Mai 2011, renvoie aux pires souvenirs de la conquête de
l’Ouest et à l’éradication des Peaux rouges. Ce fait révèle le degré de
conditionnement mimétique quasi pavlovien de son auteur, en même temps
que sa pathologie.
Le lexique militaire américain abonde
d’expressions belliqueuses visant à magnifier le triomphe de l’homme
blanc sur les amérindiens, de Tomahawk, (le missile à longue portée
utilisé conte l’Irak), à l’hélicoptère Apache qui semait l’apocalypse
dans le ciel du Vietnam. En empruntant un vocabulaire identique, le
premier président post raciale de la société multiculturelle américaine
occulte la part africaine de sa complexion mentale et de sa
personnalité. Obama apparaît de ce fait comme la reproduction, en
négatif, de ses prédécesseurs prédateurs.
Il est désormais clairement établi que
Barack Obama ne passera pas dans l‘histoire comme le Mahatma Gandhi
(Inde) ou le Nelson Mandela (Afrique du sud) du nouveau monde, mais la
plus formidable opération de blanchiment de la stratégie américaine
après la sinistre mandature de George Bush Jr. Ce président Bounty sans
dessein est le seul homme au Monde à avoir bénéficié d’un «Prix Nobel
par anticipation», un Prix Nobel non pas précoce mais prématuré, pour sa
stricte conformation aux canons de la pensée Wasp (White anglo saxon
protestant) qui prône la supériorité de l’anglo sphère sur le reste du
Monde.
Ceci explique, rétrospectivement, les
lignes de force d’une politique inaugurée avec éclat par le fameux
«Salam aleikoum» de son discours du Caire et qui s’achève dans la honte
de sa capitulation face au diktat israélien de la colonisation rampante
du reliquat de la Palestine. Le débat sur la Palestine a d’ailleurs été
escamoté par une vaste opération de diversion destinée à le soustraire
de l’agenda public international.
Dans la foulée de la demande d’adhésion
de la Palestine à l’ONU, le 23 septembre, l’administration américaine a
focalisé l’attention sur une série de sujets pointant tous l’axe de la
contestation: L’attentat ou le faux attentat iranien contre
l’ambassadeur saoudien à Washington, le sort de la démocratie en Syrie,
le nucléaire iranien, enfin le tribunal spécial sur le Liban, (le
tribunal Hariri), donnant la possibilité à Israël poursuit sa
colonisation de Jérusalem, sans la moindre protestation.
Dans la perspective du retrait américain
d’Irak, fin 2011, la nervosité des Etats-Unis pourrait s’expliquer par
le vent de panique qui s’est emparé de l’administration après le
démantèlement d’un réseau d’agents de la CIA au Liban, en Syrie et en
Iran, conduisant la centrale américaine a transféré son quartier général
de Beyrouth à Doubaï.
La révélation en juin 2011 par Cheikh
Hassan Nasrallah de la découverte de quatre agents de la CIA dans les
rangs du Hezbollah a donné le signal à une chasse à l’homme qui a abouti
à l’arrestation de 17 agents américains en Syrie et une cellule d’une
trentaine de membres en Iran, selon le quotidien libanais «Al Akhbar»,
mardi 22 novembre 2012,
Bien qu’observant un mutisme officiel
sur cette affaire ou cherchant à en minimiser la portée, les Américains
ont paru consternés par le démantèlement d’un réseau qu’ils avaient mis
tant de soin à édifier, avec d’infinies précautions.
Redoutant un attentat comparable à celui
opéré le 18 avril 1983 contre l’ambassade américaine à Beyrouth, qui
avait fait 63 morts et 100 blessés, entrainant la décapitation de
l’antenne de la CIA au Moyen orient, Washington a procédé à la
centralisation de toutes les activités d’espionnage de la centrale
américaine vers Doubaï, ordonnant le transfert du personnel des antennes
de Beyrouth et d’Arabie saoudite vers l’émirat pétrolier, ajoute le
quotidien, sous la plume du directeur de la publication Ibrahim al
Amine.
La Ligue arabe, il est vrai, était
occupée à instaurer la démocratie dans le Monde arabe, sans le moindre
reproche aux Etats-Unis pour son usage abusif du veto. Barack Obama,
comme atteint de psittacisme, se prononce pour un état palestinien, mais
démilitarisé, sans doute pour se protéger contre la première puissance
atomique de l’hémisphère Sud… comme si la sécurité d’Israël, à ses yeux,
est sacrée et celle des Palestiniens, c’est juste bon pour les chiens.
Pour un état palestinien sur les frontières de 1967, mais entravé du mur
d’apartheid. Un état indépendant, mais interdit de proclamer
unilatéralement son indépendance.
Mais alors pourquoi ce qui est autorisé
pour Israël et le Kosovo, une proclamation unilatérale d’indépendance,
est interdit pour les Palestiniens? Le peuple arabe n’est pas un peuple
au rabais et vient de le démontrer. Il devrait taper plus souvent sur la
table plutôt que de se vautrer devant ses bourreaux.
Le débat de la Palestine à l’ONU a donné
lieu à un beau spectacle de bal des hypocrites. L’Europe bien sur, la
France en tête, qui a multiplié les pré-conditions, qui pense «se la
jouer finaud» en votant pour l’admission à l’Unesco et non pour l’ONU.
Sa fameuse politique arabe vaut son pesant de cacahuètes. Et Les
Etats-Unis, ces grands défenseurs de la démocratie à travers le monde,
menacent les Palestiniens de leur couper les vivres. Pourquoi ce qui est
bon pour le sud Soudan ne le serait pas pour la Palestine?
Le plus intrigant aura été le fait que
les pétromonarchies aient asséché les Palestiniens, leur coupant les
vivres. Pas étonnant de l’Arabie saoudite, le gardien des lieux saints,
est surtout le grand serviteur de l’Amérique. Et le petit Qatar, le
grand ami du président Sarkozy, qui joue au commandant en chef en Libye
et en Syrie par Otan interposé, que n’a-t-il déployé autant de zèle,
tiré un coup de feu pour la Libération de la Palestine?
Le plus pathétiquement cruel dans cette
affaire est le fait que La Russie, implosée en Afghanistan par les coups
de butoir combinés saoudo américains, ait parrainé l’admission de la
Palestine, alors que les Etats-Unis, les grands bénéficiaires de
l’effondrement de l’URSS, y apposent leur veto. Il y a des potences qui
tardent à être dressées.
Les Occidentaux démolissent les
dictateurs, à tour de bras, au nom de la démocratie. Enfin, pas tous,
ceux qui les dérangent, pas les autres, les tyrans africains
fournisseurs de Djembé et de mallettes; ni les pétromonarchies,
générateurs de rétro commissions.
Mais, curieusement, quand la démocratie
triomphe dans le monde arabe, c’est l’Hallali. Le Hamas est terroriste,
An Nahda, intégriste. Cette distorsion de comportement se retrouve dans
le traitement qu’ils réservent aux «petits blancs». Ainsi quand la Grèce
veut recourir au référendum pour sa dette, c’est le branle bas de
combat contre l’aventurisme d’un pays, qui est pourtant le berceau de la
démocratie. Mais quand une organisation internationale, vous savez la
fameuse légalité internationale, en l’occurrence l’UNESCO à propos de la
Palestine, prend une décision contraire à leurs intérêts, ils prennent
carrément des mesures de rétorsion dans le cas d’espèce, les Etats-Unis,
la première démocratie au monde, Israël, l’unique démocratie du Moyen
orient, qu’ils disent.
II- Palestine
Question: Actuellement, la
question de création d’un Etat palestinien n’a pas été tranchée. Quels
résultats peut-on espérer compte tenu de la politique occidental
pro-sioniste ?
RN: L’affaire palestinienne a démasqué
définitivement les parangons de la diplomatie occidentale en ce qu’elle a
démasqué Barack Obama en un renégat, Nicolas Sarkozy en un belliciste
invétéré et confirmé Tony Blair dans sa fonction de caniche de la
stratégie américaine.
En voie de pantinisation, Barack Obama,
otage du lobby pro israélien, passera dans l’histoire comme la plus
grosse déception diplomatique de l’histoire diplomatique contemporaine
et Nicolas Sarkozy, en voie de caramélisation après la succession de ses
revers politiques et économiques, comme le pire président français
depuis Pétain dont il a récupéré à son profit la thématique.
Question: Sachant que les «
maîtres » du jeu actuel font obstacle à la création d’un Etat
palestinien, croyez-vous qu’un jour les palestiniens arriverons à
arracher ce droit inaliénable et à quelle condition ?
RN : Le devoir d’un intellectuel est
l’intégrité et la clairvoyance. Quelque soit ma sympathie pour la cause
palestinienne, je me dois d’appliquer cette méthode dans l’analyse de la
démarche palestinienne à l’ONU, par respect pour les milliers des
martyrs, la douleur de la dépossession de plusieurs millions de
Palestiniens, la souffrance de millions d’autres sous l’humiliation des
brimades et privations quotidiennes.
C’est donc sans concession ni
complaisance que je vous livre mon analyse de la situation palestinienne
au lendemain du 23 septembre. Un Etat palestinien verra bien le jour,
mais à la mesure des sacrifices des Palestiniens et des sympathisants de
la cause.
Un Etat palestinien indépendant et
souverain, pas un état croupion pour solde de tout compte à la plus
importante opération de dépossession de l’histoire contemporaine,
comparable par sa nature au hold up européen sur les Amériques. Pas un
état croupion, ni un Bantoustan à la merci de la charité internationale,
comme la marque de la bonne conscience chronique de la mauvaise
conscience.
Tels sont les termes des enjeux sous
jacents de la demande d’adhésion de la Palestine en tant qu’Etat
indépendant au sein de l’Organisation des Nations Unies. La Palestine a
beaucoup concédé, sans contrepartie, et fait l’objet d’un déni
d’existence.
Personne n’a donné mandat au peuple
palestinien de renoncer à 80 % du territoire national, à Jérusalem, la
terre de Palestine, à Al Qods et au droit de retour des millions de
réfugiés.
Question: En faisant usage de
leur droit de véto les Etats-Unis jouent une carte politique risquée
avec ce déni d’existence d’un Etat palestinien souverain ; serait-ce là
une erreur stratégique qui risque de compromettre leurs relations avec
le monde arabo-musulman ?
RN:- Il importe de contraindre les
Etats-Unis de faire usage de leur droit de veto à la demande d’adhésion
de la Palestine en tant que membre de plein droit de l’ONU. Cette
démarche revêt une portée pédagogique à deux niveaux
-Démasquer aux yeux du monde l’hostilité
des Etats-Unis à l’exercice d’un droit fondamental du Droit
International Public, le droit à l’auto détermination des peuples, et le
non respect de l’engagement de Barack Obama de faire siéger la
Palestine à l’ONU, en septembre 2011. Barack Obama est nu et impuissant,
spectacle affligeant pour un dirigeant qui avait été perçu comme
prometteur d’une ère nouvelle; pathétique pour un prix Nobel de la Paix.
-Oter définitivement à l’Islam
atlantiste et pétrolier l’envie de songer à s’engager dans une
coopération avec Israël de type de celle menée par Hosni Moubarak, le
Roi de Jordanie ou le Qatar.
L’Amérique et ses laquais arabes doivent
payer le prix de leur mépris des aspirations légitimes des peuples
arabes et démasquer leur connivence face à la démission américaine
devant le diktat israélien.
Question: Qu’en est-il au niveau palestinien ?
RN : Au niveau palestinien, Mahmoud
Abbas, président en fin de mandat privé de toute légalité voire même
pour certains de toute légitimité, sans le moindre bilan positif, se
devait de procéder à une telle démarche lui dont l’indigence
intellectuelle et l’inconsistance politique a conduit à une telle
impasse.
En vertu de quel principe stratégique,
ce négociateur du volet économique des accords d’Oslo concède sans
contrepartie à Israël l’adoption du Shekel, comme monnaie de référence
des échanges israélo-palestiniens? En vertu de quelle inspiration, de
quel génie politique, confie t-il à Israël le soin de percevoir les
taxes à charge pour son occupant de les lui rétrocéder. Une débilité
innommable. Pourquoi pas le dollar comme monnaie de référence; ou l’EURO
pour sensibiliser et impliquer les européens. Pourquoi n’avoir pas
songé à créer une banque centrale pour centraliser les transferts?
Enfin pour quoi avoir accepté l’infamie
de tenir le congrès général du Fatah, le premier post Arafat, en 2009, à
Ramallah sous occupation israélienne, laissant à Israël le soin de
refouler les délégués indésirables au regard de ses propres critères?
Pourquoi s’employait dans son discours à l’ONU à rassurer Israël sur son
existence, alors que l’Etat hébreu, détenteur de l’arme nucléaire, est
la super puissance militaire régionale, solidement soutenue par la
superpuissance mondiale, alors que l’existence même des Palestiniens est
l’objet de la négociation, de même que leur subsistance?.
Question : «Régner sur le
vocabulaire, telle est la première victoire du maître sur l’esclave.
»dit-on. Dans ce contexte Israël a envahi tous les champs lexicaux lui
permettant d’être dans la peau de la victime au lieu de celle du
bourreau, n’est-ce pas là déjà le premier terrain que les palestiniens
n’auraient pas su occuper ?
RN : Les dégâts de l’aliénation sont
incommensurables. Axe de la modération, disaient-ils pour justifier la
destruction de Gaza et son blocus. Tous balayés par l’histoire ou en
voie de l’être: Ehud Olmert et Tzipi Livni, Hosni Moubarak et Ahmad
Aboul Geith, Bernard Koucher. Ne subsiste que Nicolas Sarkozy, mais Mai
2012 est proche. Patientons.
Même dans la bataille médiatique, Abbas a
fait preuve de maladresse. Face au concept de la crainte d’un nouveau
génocide brandi par les Israéliens pour justifier leur rigidité,
l’arsenal sémantique est vaste. Sur le plan de la guerre psychologique,
dans l’ordre symbolique, il est absolument malsain d’emprunter au
vocabulaire de son adversaire.
Cela signe une abdication mentale et
intellectuelle. Il convient de bannir de notre vocabulaire les termes
Shoah (langue hébraïque) ou Holocauste (biblique) et de recourir à des
termes factuels. Le génocide est le terme le plus approprié en ce que
les atrocités hitlériennes visaient à l’élimination d’une génération. En
contrepoint, les Palestiniens subissent, eux, un véritable sociocide en
ce que leur persécution permanente vise à la destruction de l’ensemble
de la société à travers plusieurs générations, à la dénaturation de
leurs pays, la falsification de son histoire, sa judaïsation, sa dés
arabisation.
Les Arabes doivent maitriser les
concepts: La bataille de l’imaginaire est l’enjeu majeur du XXI me
siècle, un siècle voué à être une société de l’information. La Palestine
se perd du fait de la veulerie arabe. Pourquoi conférer une prime à
Alsthom, maitre d’œuvre du tramway sanctionnant l’amputation de
Jérusalem de son environnement arabe et la ghettoïsation de la
Cisjordanie?
A quoi rime le zèle intempestif du Qatar
auprès du plus anti arabe des dirigeants français, Nicolas Sarkozy, le
président d’un pays au lourd passif colonial avec les Arabes,
d’Alexandrette, à Sétif, à Suez, à Bizerte, Bir Zeït. Un pays en perte
de vitesse qui consacre davantage de dépenses au remboursement des
intérêts de sa dette qu’à la modernisation de son armement ou à la
recherche scientifique.
II- Syrie
Après la Libye, voila une nouvelle campagne contre la Syrie. D’après vous quels sont les enjeux de cette nouvelle escalade ?
RN : L’affaire syrienne est une vaste
fumisterie. Une supercherie monumentale qu’il importe de dénoncer sans
ménagement. Le système doit être sérieusement réformé, mais pas par cet
attelage claudiquant et tortueux.
Le chef nominal de l’opposition
syrienne, Bourhane Ghalioune, nourrit une sorte de «complexe des exilés
de Coblence», du nom de ses royalistes français qui ont rallié les
ennemis de la France pour abattre la République. Etonnante métamorphose
qui en dit long rétrospectivement sur l’engagement antérieur du
personnage. Une posture qui pourrait tourner à l’imposture du fait de
ses alliances récentes.
En aucun cas, sous aucun prétexte, en
aucune circonstance, il est sain de s’allier avec son ennemi. Faire
appel à l’ancienne puissance coloniale pour restaurer la démocratie dans
son propre pays relève d’une grave déformation mentale, une pathologie
qui relève de l’ordre psychiatrique. Elle nécessite un sérieux
traitement. Faire cause commune avec les maîtres d’œuvre du démembrement
de son propre pays, en l’occurrence, la France et la Turquie, par
l’amputation par la France district d’Alexandrette et son rattachement à
la Turquie, est une insulte à la mémoire du chef nationaliste Youssef
Al-Azmeh et aux 310 morts sur le champ d’honneur de Mayssaloun, en 1921,
la bataille fondatrice de la conscience nationale syrienne.
Elle jette un voile de suspicion sur les
motivations profondes de l’opposition, son opportunisme à tout crin
d’autant plus lourd qu’elle groupe de sulfureux personnages tels, le
renégat baasiste Abdel Halim Khaddam, le prédateur en chef de l’économie
Libanaise en association avec son partenaire en affaires Rafic Hariri,
de même que le boucher de Hama, en 1982, le général Rifa’at al Assad,
frère du président Hafez Al-Assad, mais surtout beau frère de l’actuel
Roi Abdallah d’Arabie.
Ne soyons pas dupe, l’universitaire
parisien Bourhane Ghalioune, un homme sans assises populaires, sans
ancrage territorial, apparaitra tôt ou tard comme le faux nez des Frères
Musulmans, lesquels pour gagner en crédibilité, se doivent de renoncer à
leurs sempiternelles béquilles, la béquille saoudienne de
l’ultra-conservatisme et la béquille américaine de l’ultra sionisme.
Abdel Halim Khaddan est d’ailleurs
l’illustre précurseur de Bourhane Ghalioune, dont ils constituent avec
leur pendant libanais, la triplette pro haririenne, l’ancien trotskiste
mondain Samir Frangieh, l’ancien compagnon de route de la résistance
palestinienne, le journaliste Samir Kassir et l’ancien communiste Elias
Atallah, la plus célèbre génération de la gauche mutante arabe de
l’ultra gauchisme au néo conservatisme.
Est-il besoin de leur rappeler leur mot
d’ordre d’antan qui demeure d’une actualité si brûlante? «Une société
sans gauche est une société de brigands et de prédateurs. Une société
sans âme».
Michel Kilo, un des opposants syriens
les plus respectés, dans une boutade au goût amer, ira jusqu’à souhaiter
le maintien de Bachar Al-Assad, plutôt que de vivre sous le joug
étranger, selon le témoignage de participants à un colloque tenu à
Beyrouth en automne sur le devenir de la Syrie.
Jeffrey Feltman, le chef d’orchestre de
la pantomime américaine dans le Monde arabe, l’affirmera publiquement le
7 décembre 2011, au terme d’une tournée de mobilisation de ses troupes
au Moyen orient, assurant que la confrérie ne remettra pas en cause les
arrangements israélo-égyptiens de Camp David. Cela ne faisait pas de
doute mais il est bon que cela ait été rappelé sans la moindre ambiguïté
par leur patron effectif.
Curieuse conception de l’honneur et de
la dignité nationale que de se soumettre aux fourches caudines de ses
plus implacables ennemis, que celle développées par les Frères Musulmans
plus préoccupés à maintenir leur mâle tutelle sur les femmes que de
lever la lourde tutelle israélienne qui pèse sur la Palestine. Plus
prompts à dénoncer la passivité syrienne sur le Golan que l’inertie
saoudienne à propos des ilots de Tiran et Sanafir, à l’entrée du Golfe
d’Akaba.
Que de surcroît Khaled Machaal, le chef
politique du mouvement palestinien, qui a bénéficié pendant vingt ans de
l’asile politique de la Syrie, alors qu’il était boycotté par tous ses
frères arabes musulmans, de la Jordanie, à l’Egypte, à l’Arabie
saoudite, ne lève le petit doigt pour défendre la cause de son
protecteur porte la marque d’une ingratitude absolue contre productive
sur le plan de la morale politique et de l’éthique du combat. La loyauté
est un point cardinal du combat politique. Un champion de l’intégrisme
et la cohérence idéologique ne saurait fléchir dans ses convictions face
à la perspective d‘une lubrification de ses engagements par des
pétromonarchies soumises au diktat israélo-américain.
Quant à l’Emir du Qatar, un parricide,
ne l’oublions pas, il se prend pour le Roi du macadam. Il met le PSG
dans sa poche, rachète le surplus invendus des doses de vaccins de la
France pour soulager sa trésorerie. Rencontre en catimini l’israélien
Benyamin Netanyahu à l’Elysée dans une partie de cache-cache casher.
Fait venir par avion des djihadistes d’Afghanistan pour combattre en
Libye.
La vie est belle pour lui tant qu’il
aura du Gaz et Al Jazira. Mais cela commence à tourner au vinaigre pour
lui. Al Jazira, tant vantée, a perdu des plumes pour sa couverture des
révolutions arabes, celles qui concernent uniquement les républiques et
jamais les monarchies. La Libye commence à se plaindre de son activisme
et de sa trop pesante tutelle. L’Emir doit faire gaffe. Le Chah d’Iran,
l’ancien gendarme du Golfe, Moubarak, le pharaon d’Egypte, Ben Ali, le
rempart tunisien, le philippin Marcos, le zaïrois Mobutu…..non grata au
premier trébuchement.
Les premiers qui le lâcheront, j’en
prends le pari, seront son protecteur américain et son tonitruant ami
français. Les Français l’ont déjà fait avec le père de l’Emir. Qu’il
observe le sort réservé par les Etats-Unis à leur allié le Chah d’Iran
et par la France à Saddam Hussein, et que le destin des dirigeants des
deux pays voisins du Qatar le fasse réfléchir.
Atteint de mégalocéphalyte, passible du
syndrome de la courbe de Gausse, l’Emir du Qatar qui nourrit l’ambition
de jouer le nouveau Field Marshall du Monde arabe, serait bien inspiré
de méditer le sort de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse
que le bœuf.
Très franchement confier le sort de la
Palestine, la ligne de fracture majeure entre l’Occident et le Monde
arabo musulman, à des confettis de l’ancien empire français, -Djibouti,
dont l’activité principale est le trafic du Qat et la perception des
royalties de sa location d’une base franco américaine, témoigne d‘une
grave pathologie, une insulte à l’intelligence humaine.
L’islam pétrolier et atlantiste est
maléfique en ce qu’il instrumentalise l’organisation pan arabe, dans une
politique qui précipité le Monde arabe dans une régression
épouvantable, sous couvert de régénérescence démocratique du «printemps
arabe».
Question: Quel serait l’impact de la déstabilisation de la Syrie ?
Double: la bataille des détroits entre
la Russie et les Etats-Unis, la bataille pour la suprématie régionale
entre la Turquie et l’Iran avec, à l’arrière plan, la possibilité de
régler sur le dos de la Syrie, le lancinant problème Kurde.
Les Kurdes, les supplétifs exemplaires des Etats-Unis lors de l’invasion
américaine de l’Irak, en 2003, qui s’estimaient en mesure d’obtenir un
état en récompense de leur collaboration n’y ont pas eu droit en raison
de l’hostilité de la Turquie à un projet qui pourrait la déstabiliser du
fait de la présence d’un fort sentiment irrédentiste kurde sur son
territoire
IV – L’Europe et le Monde arabe, La France et l‘Algérie
Question : En Libye, la France
et la grande Bretagne ont occupé les devants de la scène. A quel niveau
situer le rôle américain ?
RN: L’Europe se trouve dans les rets de
la mondialisation financière. Elle fond en prédatrice sur les pays
arabes (Libye, Syrie) pour prendre des gages en vue de négocier au mieux
sa relégation inéluctable de la gestion des affaires du Monde.
La stratégie occidentale a consisté à
couper les voies de ravitaillement énergétique de la Chine pour la
contraindre à une négociation globale paritaire. La Chine a ainsi perdu
deux sources de ravitaillement majeures, -le sud Soudan et la Libye-,
mais la crise de l’endettement bancaire européen a réduit à néant les
effets supposés bénéfiques de cette stratégie en ce que l’euro zone a du
quémander cinquante milliards d’euro auprès de la Chine pour renflouer
l’euro après la déconfiture de la Grèce et de l’Italie.
Pour Les Etats-Unis, cela est plus
subtil. Les Américains veulent propulser les Frères Musulmans-longtemps
leurs alliés, via l’ Arabie saoudite, en Egypte contre Nasser, en Syrie
contre Assad-, pour opérer une sorte de ravalement cosmétique, en vue
d’occulter leur ancienne alliance, corrosive pour leur image, avec les
Taliban et Al Qaida.
Cette nouvelle alliance, si elle répond
aux aspirations des masses arabes, n’en fera pas moins de nouveaux
vassaux dans une sorte de servitude volontaire en ce qu’elle sera
scellée sur les mêmes bases que celles du pacte saoudo-américain. Un
pacte qui lie les deux pays qui détiennent le record mondial absolu des
exécutions capitales par an, à égalité avec la Chine.
Liberté religieuse et liberté
d’entreprise, ce qui signifie que les contestations syndicales, les
revendications ouvrières ou patriotiques devront se faire dans le cadre
de la liberté de marché et de ne pas porter atteinte aux investissements
occidentaux, ni aux intérêts de la stratégie occidentale, avec mise en
sourdine de la question de la revendication nationale palestinienne.
Question : En Libye, les
occidentaux ont utilisé la carte des «rebelles».Qu’en serait-il en Syrie
où les conditions sont tout à fait différentes ? En d’autres termes,
quel serait la carte propice pour renverser le gouvernement Bachar
El-Assad ?
RN : Nicolas Sarkozy bombe le torse. Il
débarque en Libye, menace la Syrie, dans l’espoir d’impressionner ses
hôtes, flatter leur vanité et la sienne et rafler quelques milliards.
Dans sa griserie, on lui prête même cette phrase: Dans un an l’Algérie,
dans trois ans l’Iran. Ne nous laissons pas impressionner. Il y a quatre
ans, il lançait, à grand fracas, l’Union Pour la Méditerranée qui
devait faire merveille. Le constat est pitoyable. Les deux piliers sud
du projet, Moubarak et Ben ALI, gisent déjà dans les poubelles de
l’Histoire.
Pis, la Turquie, qu’il toisait de haut, vient d’expulser l’ambassadeur
d’Israël et Israël a été contraint de rapatrier son ambassadeur du Caire
pendant quelques mois sous la pression populaire, chose inimaginable il
y a peu.
Faisons le pari de savoir qui sera encore au pouvoir d’ici un an Ahmadinijad ou Sarkozy
Cela fait cinq ans qu’il menace l’Iran
avec sa formule passée à la postérité comme illustration de son
ignorance du problème: « la bombe ou le bombardement ».
Entretemps, l’Iran est parvenu au statut de puissance du seuil
nucléaire. La centrale de Bouchher a été raccordée au réseau électrique
iranien et Sarkozy n’a pas encore été captable depuis cette date de
retourner devant la dalle d’Argenteuil.
Avec l’Algérie, il n’a rien à offrir à ce pays pour le 50 me anniversaire de son indépendance.
Il est captif de sa démagogie et de son refus de la repentance. Alors il lui promet le chaos.
D’une manière générale, l’Europe brasse
de l’air, sans aucune originalité, ni autonomie de décision par rapport
aux Etats-Unis et aux groupes de pression pro-israéliens. Songez que Le
maire de Paris, Bertrand Delanoë, a inauguré une esplanade à Paris en
l’honneur de David Ben Gourion, fondateur de l’armée israélienne, en
pleine tourmente de l’assaut israélien contre la flottille humanitaire
pour Gaza.
La démagogie électoraliste n’est pas
toujours de bon conseil et se retourne souvent contre ses propres
auteurs. Songez que la grande œuvre diplomatique majeure de Nicolas
Sarkozy, l’Union Pour la Méditerranée, a tourné à la catastrophe absolue
et ridiculisé son promoteur. Sarkozy est un stratège en chambre. Que
pouvez-vous espérer d’un président d’un pays qui n’a pas le courage de
franchir le périphérique de sa capitale. La dalle d’Argenteuil c’est le
véritable test de crédibilité Sarkozy.
Question: L’objectif des
Américains et des Européens, en partenariat avec les sunnites, n’est-il
pas de détruire les Chiites afin de pallier les conséquences du pri
perdu de l’Islam sunnite sur l’Améérique ? Parier sur cette allia,nce
serait-il un gage de pérennité de la prt des sunnites ?
RN: Détruire le chiisme serait pour les
Américains la compensation qu’ils offriraient aux sunnites et aux
sunnites leur consolation de leurs déboires avec l’Amérique. Rien
d’étonnant qu’il y ait des révolutions dans la sphère arabo musulmane.
La Turquie, pendant cinquante ans, a été
la sentinelle du «monde libre» de l’Otan face au bloc soviétique.
Lorsque elle a demandé son admission au sein de l’Union européenne, on
s’est souvenue qu’elle était musulmane, pas tout à fait démocratique et
j’en passe, Toute sorte de prétexte que l’on ne soulevait pas quand elle
était le garde chiourme de l’Europe.
L’Arabie saoudite, qui a financé toutes
les équipées néo colonialistes de l’Amérique, de l’Afghanistan au
Nicaragua à l’Afrique, pareil. Auteur de deux plans de paix, le
ravitailleur énergétique de l’Amérique et son banquier, n’a pu obtenir
la restitution de la moindre parcelle de la Palestine, ni l’arrêt de la
judaïsation rampante de Jérusalem alors qu’il est concerné au premier
chef en sa qualité de gardien des Lieux saints de l’Islam.
Pis, Elle n’a a jamais pu obtenir la
restitution de ses deux ilots, Tiran (80 km2) et Sanafir (39 km2) situés
à l’entrée du Golfe d’Akaba qu’Israël a occupés en 1967 dans la foulée
de la 3me guerre israélo-arabe. Ces îlots, d’une valeur stratégique
absolue, puisqu’ils contrôlent l’accès au Golfe, n’ont jamais fait
l’objet d’une revendication saoudienne, ni d’une démarche auprès des
Etats-Unis ami commun des Saoudiens et des Israéliens en vue de leur
restitution.
Un marché de dupes. Un pays qui veut se
faire respecter fait valoir ses droits. Fait payer sa facture rubis sur
ongle. Donnant Donnant. On ne se tue pas pour toi et on te baise les
babouches en prime. Tous les serviles du Monde arabe doivent dégager.
Pas uniquement Ben Ali, Moubarak, Ali Abdallah Saleh, Kadhafi…
Pour une meilleure justice sur terre,
quelques têtes couronnées doivent rouler aussi. Ce sera là, le signe
indiscutable qu’une véritable révolution s’opère dans l‘univers mental
des arabes et de la perception que les Occidentaux se font d’eux. Car
jusqu’à présent le comportement des gérontocrates du Golfe relève du
surréalisme politique ou plutôt d’un conte de la folie ordinaire.
L’Arabie saoudite, l’un des foyers de la
régression sociale et de l’intégrisme religieux, a, dès le début des
manifestations, résolu le problème. Par Fatwa de son conseil religieux
aux ordres du souverain wahhabite, Ryad a prohibé les manifestations,
décrétant la contestation d’un dirigeant comme contraire aux
prescriptions de l’Islam. Rien que cela. A part réprimer les
revendications populaires au Bahreïn avec le consentement américain,
l’Arabie pense pouvoir compenser sa léthargie gérontocratique, par le
financement de révoltes off shore: Egypte, Syrie et dans une certaine
mesure la Tunisie.
Les Koweïtiens, eux, sont complètement à
l’Ouest. En plein printemps arabe, une activiste koweitienne a proposé
la constitution de brigades de concubines pour combler la libido des
mâles koweitiens. La dame en question, Salwa Al-Mutairi, est une
militante politique et ancienne candidate à la députation koweitienne.
Elle veut tout simplement une agence «d’esclaves sexuelles» pour
assouvir les désirs de ses compatriotes mâles.
A part être né sur une nappe de pétrole, qu’est ce qu’ils ont de si
extraordinaires les Koweitiens? Ont-ils marché sur la lune? Inventé la
poudre? Libéré la Palestine? Vous avez bien entendu «esclaves»……En plein
printemps arabe? Proposer cela un 5 juin, la date commémorative du 44me
anniversaire de la défaite arabe de juin 1967? Que la dame commence par
se préoccuper de la condition féminine dans son propre pays, D’aider
ses sœurs saoudiennes à obtenir le droit de conduire librement. Chercher
à asservir d’autres peuples pour assouvir les hommes de leurs pays. Les
Koweitiens sont complètement à l’Ouest d’Allah.
La condition primordiale au redressement
du Monde arabe est l’enfermement de toute cette engeance dans un asile
psychiatrique dans un quartier de Haute Sécurité. A bas cette imposture
permanente qui a précipité le Monde arabe dans les bas fonds de
l’Histoire. Le pouvoir colonial anglais en se dégageant de la zone
pétrolifère du Golfe avait confié le pouvoir aux sunnites quand bien
même ils étaient minoritaires dans leurs propres pays, en raison du fait
que le sunnisme est le courant majoritaire de l’Islam dans le monde
arabe et dans le Monde musulman. Ce fut notamment le cas en Irak avec la
dynastie hachémite, ainsi qu’au Bahreïn où la dynastie Al Khalifa règne
sur une population à 75 pour cent chiite.
Personne ne conteste le leadership sunnite, mais la déontologie du
commandement impose que le meneur tire son monde vers le haut et non
vers le bas. Les textes sacrés proscrivent d’ailleurs la distinction
entre «arabi aw a’jami» que par la piété.
Comment justifier alors, en Arabie
saoudite, -en sus des femmes, éternelles mineures-, que le quart de la
population chiite se vit en paria du royaume sans possibilité d’accéder à
des postes d’autorité dans l’administration ou le gouvernement. Comment
expliquer cette insistance de la dynastie wahhabite à pointer du doigt
le danger iranien résultant de la constitution d’un arc chiite, et de
ménager systématiquement Israël, l’ennemi officiel du Monde arabe.
La première révolution démocratique du XXI me siècle a pris de court la
France parce qu’elle était engluée dans un débat surannée, unique parmi
les grandes démocraties occidentales, sur le «rôle positif» de la
colonisation au point que cette insistance pose la question de la
pertinence de cette thématique et des ses objectifs sous jacents; au
point que se pose la question de savoir si la «Patrie des Droits de
l’Homme» ne chercherait pas à ériger, en dogme, la doxa officielle
française, de crainte qu’il ne soit contesté un jour par la réminiscence
de faits hideux, provenant de sa mémoire occultée. Si personne n’a rien
vu venir des événements, c’est pour l’évidente raison que les Français
se sont aveuglés eux-mêmes, s’intoxiquant de leur propre poison. Comme
tétanisée par sa nostalgie de grandeur, la France a consacré l’essentiel
de son énergie intellectuelle, en cette période de mutation, non pas
tant à une étude discursive de son nouvel environnement international,
mais à un combat d’arrière garde contre ses anciens combattants.
A égalité, les Arabes et les Musulmans
occupent la première place au hit parade de la phobie des Occidentaux,
dont la haine rance n’a d’égale que leur crasse ignorance, quand bien
même l’Occident est redevable d’une part de sa liberté et de son
indépendance à la contribution des «peuples basanés» aux deux Guerres
mondiales, quand bien même l’Occident est redevable d’une part de sa
victoire sur l’Union soviétique à l’effort de guerre arabo musulman dans
le conflit Afghan, quand bien même l’Occident est redevable d’une part
du confinement de l’Iran, son croquemitaine du moment, à ses voisins
pétro monarchiques arabes et musulmans.
L’Occident se meurt de ses propres manquements à ses principes. Il est à
craindre que le printemps arabe ne sonne l’automne des Occidentaux.
Le combat pour l’avènement de la
démocratie dans le monde arabe incombe au premier chef, non aux
gérontocrates repus, mais à l’ensemble de la communauté des citoyens
démocratiques du Monde arabe dans un large front fédérant les diverses
composantes de la société, ouvriers, artisans, agriculteurs, professions
libérales, chrétiens et musulmans, du Machreq ou du Maghreb, laïcs ou
religieux, jusque même les intellectuels enfin sortis de leur léthargie
et de leur servilité…tant il est vrai que de «Min Yafa Ila Beyrouth Cha’
bon Wahad Lan yamout». (De Yafa à Beyrouth un peuple unique ne saurait
mourir).