ELWATAN-ALHABIB
mercredi 31 juillet 2019
 

HIRAK ET SORTIE DE CRISE : QUEL « MODÈLE ÉCONOMIQUE » POUR UN VRAI CHANGEMENT ?










ParOmar Dr Aktoufprofesseur HEC Montréal. 31 Juil. 2019 à 08:00
TSA
Contribution. Beaucoup de citoyennes et citoyens algériens doivent se poser bien des questions – sinon commencer à quelque peu se lasser- devant l’étirement dans le temps du Hirak. Cela fait déjà cinq mois et quatre jours, au moment où j’écris ces lignes, que cela dure. Pourquoi aucune issue sérieuse ne semble vouloir se dessiner ? Je pense que pour ce qui est des aspects politiques, sur lesquels je reviendrai prochainement, il s’est dit beaucoup, plus que beaucoup… et il reste encore beaucoup à dire. Cependant que pour les aspects économiques, particulièrement la question du « modèle » (et non des techniques ou modalités qui demeurent secondaires, si on n’a pas de « cadre général » préalable).
Pourtant cette question de modèle ou « paradigme » économique est aussi importante sinon plus que les aspects strictement politiques. Or il n’y a eu, à ma connaissance, que fort peu – et encore souvent fort timides- analyses et commentaires en ce sens. À part quelques « forums » soigneusement triés, guidés et intéressés (comme je l’ai vu en Tunisie en 2011) et quelques éparses interventions, presque rien à mon avis, de bien approfondi et encore moins de sérieusement critique quant-au modèle dominant, néolibéral, n’a été osé.
Je voudrais donc par la présente contribution, remplir quelque peu ce que je considère comme un « vide » de première, sinon de primordiale importance. Et ce d’autant plus que vient de paraître la date du dit « jour du dépassement » (Earth Overshoot Day) pour 2019 : avec le modèle économique « vorace » néolibéral dominant, nous en sommes à en finir avec les ressources que notre Terre ne peut donner qu’arrivés au 31 décembre… dès le 29 juillet !! Ce qui signifie que l’ensemble de l’humanité vit déjà sur un « crédit » de plus de cinq mois sur ce que la Terre ne donnera qu’en 2020. Et ce processus ne fait que s’aggraver : en 2018 c’était le 1er août, en 2017 le 8, en 2010 le 21, en 2000 le 1er novembre… Si on prend les USA ou le Canada avec leurs « niveaux de vie », cette date, pour 2019 est… respectivement le 15 mars et le 18 mars !
Toute politique est économie et toute économie est politique ! Le Hirak doit déboucher sur un nouveau paradigme économique s’il veut un vrai changement politique ! 
Le politique et l’économique sont inséparables. Il suffit d’écouter toute intervention de n’importe quel politicien, pour l’entendre ne parler que, presque exclusivement, d’affaires… économiques ! Que vaut en effet un discours « politique » qui ne soit émaillé de considérations relatives, pour une raison ou une autre, à la croissance, au chômage, à l’inflation, au PNB, au  marché du travail , aux  retombées économiques, au pouvoir d’achat, au SMIG, au budget de l’État, aux réserves, aux exportations-importations, aux déficits, aux excédents… etc. etc. ? Comment penser faire « dégager » tout un système politique, sans du même élan songer à faire également dégager le substrat économique sans lequel il ne serait pas ce qu’il est ?
Ce substrat ou « modèle », lui a donné naissance, cadre d’épanouissement, appuis, armes idéologiques et pouvoir-puissance. Cela, en Algérie, a un nom, une datation, un historique, des modus operandi, une armada d’officines et de zélateurs à son service, dans et hors le pays : lecapitalisme financier néolibéral. Modèle particulièrement propice pour faire surgir corruptions, rapines, détournements et malversations. Il sévit en Algérie depuis près de quarante ans !
Depuis l’avènement de « l’heureuse mondialisation », et de la rupture avec l’ère dite du boumédiénisme. Bien sûr, Je souscris à l’évidence que le boumediénisme a tout de même, dès les années 1970, secrété, laissé secréter jusqu’à se laisser déborder… une hydre militaro-bureaucratico-ploutocratique dont on connait les conséquences. Mais cette hydre trouvera, depuis la fin des années 1980, un excellent terreau pour mieux se développer et s’afficher au  grand jour : l’avènement chadliste de la dite «ouverture économique ». Cette « ouverture » a jeté le pays, sans préparation sérieuse, ni ressources et garde-fous propres, ni analyses « critiques » préalables, ni compétences suffisamment lucides, ni considération de «modèles autres »… dans les rets de la mondialisation néolibérale. Or pour moi, ces « rets » et leurs instruments doivent faire l’objet du même total et ferme dégagisme  que le système ploutocrato-politique qu’ils ont favorisé (tout en défavorisant proportionnellement le peuple et en saccageant gravement l’environnement).
Qui pourrait faire une sérieuse démonstration que, depuis quarante ans de ce régime de « laisser-faire téléguidé », les conditions concrètes d’existence de l’Algérien lambda se sont améliorées en proportions de ce que clament la propagande, et les généreux satisfecit des FMI et consorts ? Combien de centaines (milliers ?) de désespérés Harragas (inconnus avant) cette « ouverture » néolibérale a-t-elle créés ? Combien de nos compatriotes ne disent-ils pas regretter les temps de Boumediene ? Sinon même (!) ceux de… la colonisation !? Voyons l’état dans lequel ce néolibéralisme a mis la planète : il en est à pousser la jeunesse des pays dits « nantis » à envahir les rues et répéter le cri de l’héroïque fillette suédoise de Davos : « nous ne voulons ni de votre système, ni de vos espoirs » ! « Vous devriez être en état de panique » ! « Vous nous léguez une planète dévastée et invivable » ! « Vous n’écoutez pas LA Science » !
Est-ce cela que le Hirak voudrait voir venir pour notre pays ? Avouons qu’il convient, au moins, de soigneusement y réfléchir.
De quelques exemples et pistes de sortie d’impasse urgente,  y compris du néolibéralisme !
1-À business-économie mondialisés, « gouvernance mondialisée » ! : voilà LE sujet de réflexion « macro » majeur auquel devront s’attacher, s’arrimer, nos premiers pas vers une nouvelle Algérie. Lutter pour que, si on « mondialise » le business (laisser les multinationales faire à leur guise partout en ouvrant toutes les frontières…), alors il FAUT lui accoler une gouvernance tout aussi mondialisée (comme l’a dit un J. Chirac lui-même) sous l’égide, par exemple d’une instance de l’ONU non inféodée aux intérêts occidentaux :
  1. Payer partout un salaire de dignité citoyenne (permettant à l’employé de base d’avoir logement, transport, soins, éducation, nourriture décente, culture, loisirs, formation continue, promotion sociale…)
  2. Payer partout un minimum de 50 % sur les profits là où ils sont réalisés (ce qui éviterai les ignobles chantages – cela se nomme ainsi !- aux délocalisations vers les cieux fiscalement les moins exigeants, devant la moindre velléité de taxation ou de réglementation des États désireux d’exercer leurs légitimes droits souverains)
  3. Ne commettre aucune sorte de pollution, sinon dédommager à hauteur des dégâts causés, et réhabiliter l’environnement tel qu’il a été trouvé (une récente loi des finances argentine, après le chaos de 2002, impose déjà ce genre de choses !).   
2-Les exemples portugais, argentins, islandais, malais… : d’une façon ou d’une autre ces pays se sont sortis de « crises » plus ou moins similaires, entre autres, en nationalisant tout le système financier-bancaire (Islande) ; en organisant des reprises d’usines, d’entreprises (fermées et désertées par leurs propriétaires) par des collectifs de cadres et d’employés qui ont assuré la continuité des productions et des approvisionnements (Argentine, Portugal), en organisant un contrôle draconien des changes et des mouvements de capitaux et en mettant hors du pays les IFI (Malaisie)… Pourquoi ce ne serait pas sources d’inspiration pour notre Hirak, en attendant de dégager la bureaucrato-ploutocratie-politique, et d’organiser une vraie République par et pour le peuple ? Comme au Portugal (Révolution des œillets en 1974), laisser le peuple désigner d’abord, et au fur et à mesure de la « maturité » des avancées de terrain, localement, régionalement… ses « leaders » (dans les capacités de fédération-organisation des actions populaires, de prises de contrôle des instances économiques et politiques devenues vacantes : entreprises, usines, municipalités, wilayas…). Puis ensuite, laisser « remonter » le mouvement jusqu’aux instances plus suprarégionales, nationales, centrales, étatiques… Cela a donné au Portugal, l’aboutissement, en une année, à l’instauration d’une Assemblée Constituante consensuelle, avec l’appui clair et neutre de l’Armée.
Résultat : En deux ans le Portugal a réintégré le concert des nations démocratiques, tout en étant un joyeux – et fort efficace-  « patchwork » de cogestions, d’autogestions, d’entreprises familiales, d’entreprises privées, de décentralisations, de coopératives, d’économies municipales, de reconstructions planifiées… Et ce après des décennies de bien dure dictature. Pourquoi pas nous ?   
3-Faire désigner – choisir-, ne serait-ce que par « référendums des pancartes », sinon par émanation-initiative d’officiers dédiés et intègres (cela s’est fait au Portugal !) un groupe de personnes dûment adoubées par la vox populi, capables d’assumer une continuité des affaires courantes tout en s’assurant de, et par ordre de priorités :
    1. Mandater, là où nécessaire, des personnes compétentes et intègres en tant que « commissaires spéciaux»  pour prendre en main la continuité des activités économiques et administratives essentielles
    2. Faire dissoudre l’APN
    3. Désigner un gouvernement de salut national chargé des affaires courantes
    4. Faire opérer le retrait de tous les hauts fonctionnaires, Walis, Présidents d’APC… (sauf plébiscités par leurs administrés comme cela s’est vu récemment) et remplacés provisoirement par leurs secrétaires généraux
    5. Veiller au gel immédiat des transferts, comptes, mouvements de capitaux… non dûment justifiés (par exemple comment se fait-il que le ministre des finances du Québec puisse encore s’alarmer par lettre à son homologue fédéral, de la quantité inquiétante de transferts de fonds algériens vers le Canada ?). La Malaisie a, en 2018, et de cette façon, récupéré en une à deux semaines des dizaines de milliards de dollars !
    6. Enclencher d’urgence des procédures pour récupérer TOUS les fonds émanant d’Algériens ou autres, volés au pays et déposés à l’étranger (Suisse, France, Angleterre, Canada, USA, Espagne, Panama (les fameux fonds Fonseca)… etc., il y en a pour des dizaines de milliards de dollars. Même si, comme plusieurs, je reconnais que ce genre de démarches est fort complexe, voire disent certains impossible, cela n’empêche nullement de les entreprendre, d’ailleurs bien des experts jugent la chose faisable avec une vraie volonté politique, les instruments juridiques existants, la coopération internationale, le recours à des gens de compétences et d’expertises adéquates. Monter des dossiers solides est la clef, puis (cela s’est vu en France, au Canada et même aux USA) jouer sur deux tableaux : l’incitation (accorder des allègements de pénalités aux retours volontaires) et la sanction (au sens inverse : jouer sur la menace de pénalités très lourdes assorties de peines de prison…). Je pense aussi qu’avec les déploiements rapides d’outils toujours plus puissants de connectivités multiples, internationales et instantanées entre institutions financières la tâche sera de moins en moins compliquée.
    7. Organier les modalités de mise en place d’une Assemblée Constituante
  • Mettre sur pied un « Comité de réflexion économique » qui devra se pencher sur l’inévitable tâche d’analyser, en long et en large, les effets du modèle néolibéral dominant, ceux de « modèles alternatifs » (Europe du nord, Chine, Japon…) et qui sera chargé d’éclairer l’Assemblée Constituante quant aux différentes options économiques disponibles, pour le bien du pays, de son peuple, de sa nature. 
Pour finir : Agir au plus vite. C’est URGENT ! 

1 Commentaires bienvenus : omar.aktouf@hec.ca 
2  Il en est un récent, fort médiatisé et que je ne nommerai pas, qui tout en se disant « ouvert, patriotique, désintéressé, démocratique »… a expressément banni d’avance de ses assises toute personne aux idées « dépassées », « passéistes », ou « populistes »… ou « charlatans » !!! Drôle de forum « ouvert et démocratique » que voilà. Ce genre de personnes bannies ne signifient-elles pas simplement « personnes dont les propos ne nous conviennent pas aux organisateurs et à leurs intérêts » !? Voltaire doit se retourner dans sa tombe, lui qui a dit à propos de la liberté de débats et d’expression : « Je suis totalement contre vos idées mais je suis prêt à mourir pour que vous puissiez les exprimer ». Pauvre avenir prétendu «ouvert, libre et démocratique » pour notre pays si c’est ainsi qu’il doit s’initier !  
3  Voir ma contribution précédente : « Hirak : un fleuve en voie de détournement »
4  Je m’explique en long et en large sur ce que je dis ici, autant dans mes livres « La stratégie de l’autruche » que dans « Halte au gâchis », ou dans « Management entre tradition et Renouvellement » (à paraître bientôt aux Éditions Arak), mais aussi dans toute une série de chroniques depuis HuffpostMaghrebhttps://contributor.huffpostmaghreb.com/cms/post/published jusqu’au renommé site d’économie critique Belge POUR.presshttps://pour.press/ 
5 Je songe ici aux « modèles » que j’ai toujours tenté de soumettre à réflexion : nord-européens, scandinaves, japonais, malais, sud-coréen… Ce qui est dénommé « Capitalisme industriel entrepreneurial » par opposition au « Financier néolibéral » (voir particulièrement M. Albert : Capitalisme contre capitalisme).
6 Ceci sans parler du terrible constat formulé par Nicolas Hulot en quittant amèrement le gouvernement Macron : « Nous sommes prisonniers d’un modèle économique corrompu, intenable, destructeur et vorace » !
7 Voir les documentaires El Saqueo ou Memoria del saqueo de la TV Suisse Romande : https://www.youtube.com/watch?v=GgHsLxO0oxs et The Take 2004 Occupy, Resist, Produce,  Office canadien du film : https://www.youtube.com/watch?v=GgHsLxO0oxs 
8 Voir, entre autres, http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-109.html ; https://fr.sputniknews.com/afrique/201906261041524020-algerie-dispose-outil-juridique-rapatrier-fonds-detournes-transferes-etranger/ ; http://algeriebusiness.com/national/corruption-lalgerie-dispose-de-loutil-juridique-pour-rapatrier-les-fonds-illicites/ 
 
 

Révélations sur les attentats de 2004 et 2017 en Espagne
















Les récentes révélations sur les attentats survenus à Barcelone et à Cambrils en 2017 —comme celles antérieures sur l’attentat de 2004 à Madrid— ouvrent exactement les mêmes questions légitimes que celles posées dans d’autres pays à propos d’autres attentats. Pourquoi, partout, les terroristes islamistes apparaissent-ils liés à l’Otan ?
——————-
par Thierry Meyssan
Le 15 juillet 2019, le quotidien républicain espagnol, Público, publiait, sous la signature de Carlos Enrique Bayo, le début d’une enquête en quatre parties sur les relations entre le cerveau des attentats de Catalogne de 2017 et les services secrets espagnols [1].
En Espagne, l’espionnage et le contre-espionnage ressortent d’une unique institution, le CNI (Centro Nacional de Inteligencia—Centre national du Renseignement). Bien qu’il dépende administrativement du ministère de la Défense, son directeur a rang protocolaire de ministre.
Abdelbaki Es-Satty
Les documents publiés par le quotidien attestent que, contrairement à la version officielle, l’imam de Ripoll, le Marocain Abdelbaki Es-Satty,
- était radicalisé depuis longtemps ;
- qu’il avait été recruté comme informateur par les services de Renseignement ;
- que ceux-ci avaient falsifié son dossier en Justice pour lui éviter l’expulsion à l’issue de sa condamnation pour trafic de drogue ;
- qu’une « boite aux lettres morte » lui avait été affectée pour discuter avec son officier traitant ;
- et que les téléphones de ses complices étaient écoutés.
Surtout, ils attestent que :
- le CNI suivait pas à pas les terroristes ;
- connaissait les cibles des attentats ;
- et poursuivait toujours sa surveillance au moins quatre jours avant la commission des crimes.
Pourquoi le CNI n’a-t-il pas empêché ces attentats ?
Pourquoi a-t-il caché ce qu’il savait ?
Pourquoi avait-il déjà en 2008 —c’est-à-dire avant le recrutement d’Abdelbaki Es-Satty comme informateur — caché des éléments à la Garde civile afin de le protéger de l’enquête sur l’attentat de Madrid du 11 mars 2004 (dit « 11-M ») ?
En effet, Es-Satty était déjà impliqué dans l’« Opération Chacal » ce qui le reliait aux attentats de Casablanca du 16 mai 2003 [2] ainsi qu’à un autre encore en Iraq contre les forces italiennes [3].
Ces révélations rappellent à la mémoire les événements du 11-M, le plus gigantesque attentat survenu en Europe après le 11 septembre 2001, qui fit près de 200 morts et 2 000 blessés. Or, si l’on a bien jugé les exécutants de cette opération, on ignore toujours qui en sont les commanditaires.
- Il se trouve que la plupart des exécutants étaient des informateurs de la police ;
- L’Otan a secrètement réalisé à Madrid la veille de l’attentat un exercice dont le scénario était le même que celui de l’attentat [4] — scénario que ne pouvaient pas connaître les terroristes bien qu’ils l’aient suivi ;
- Une importante équipe de la CIA a précipitamment quitté l’Espagne le lendemain de l’attentat [5].
On avait alors attribué cet attentat d’abord aux indépendantistes basques d’ETA, puis à des islamistes.
Nous avions publié une enquête de Mathieu Miquel à ce sujet. Il y montrait la solidité de l’hypothèse d’une opération de l’Otan sous faux-drapeau [6].
Bien involontairement, celle-ci a été confirmée par le très atlantiste ancien Premier ministre José-Maria Aznar. Au début du « printemps arabe », il révélait que le chef d’Al-Qaïda en Libye, Abdelhakim Belhaj, était impliqué dans l’attentat du 11-M, mais n’avait pas pu être arrêté et jugé [7]. Or celui-ci est devenu avec l’aide de l’Otan le gouverneur militaire de Tripoli. Puis, selon le quotidien monarchiste espagnol ABC, il se « déplaça en Syrie pour « aider » la révolution », en fait pour créer l’Armée syrienne libre pour le compte de la France [8] ; Selon l’ambassadeur russe au Conseil de sécurité, Vitali Tchourkine, Belhaj et ses hommes avaient été transportés de Libye en Turquie par l’Onu sous couvert d’assitance aux réfugiés ; Selon une requête du procureur général d’Égypte, Hichem Baraket, à Interpol, il devint l’émir de Daesh pour le Maghreb en 2015 [9]. Il gouverne aujourd’hui l’Est de la Libye avec le soutien militaire de la Turquie et du Qatar et celui, politique, des Nations unies.
Rappelons que les historiens ont établi la responsabilité de l’Otan durant la Guerre froide d’assassinats, d’attentats et de coups d’État dans les États membres de l’Alliance [10]. Selon la littérature interne de l’Alliance, les services secrets de l’Otan étaient placés sous la responsabilité conjointe du MI6 britannique et de la CIA états-unienne.
Revenons aux attentats de Catalogne. Selon les documents de Público, l’imam de Ripoll, Abdelbaki Es-Satty, était radicalisé depuis longtemps, ce qu’avait dénié jusqu’ici le CNI. Il militait au sein d’Ansar al-Islam, un groupe qui s’est progressivement fondu dans l’État islamique en Irak, lui-même devenu Daesh.
Or, Ansar el-Islam était dirigé par le Kurde Mullah Krekar. Celui-ci est aujourd’hui assigné à résidence en Norvège. Or, selon le quotidien kurde turc Özgür Gündem (aujourd’hui fermé sur ordre du président Erdogan), la CIA a organisé une réunion secrète à Amman (Jordanie) pour planifier la conquête de l’Iraq par Daesh [11]. Le journal a publié le compte-rendu qu’en ont fait les services secrets turcs que le PKK leur avait subtilisé. Il apparait que Mullah Krekar, alors en détention, y avait participé. Il était venu de Norvège en avion spécial de l’Otan, puis était sagement retourné dans sa prison.
Cette affaire fait grand bruit en Espagne où le Parlement de Catalogne a créé une commission d’enquête sur les attentats et où Ensemble pour la Catalogne (le parti indépendantiste de Carles Puigdemont) a assailli de questions le gouvernement de Pedro Sánchez au Congrès des députés.
Les indépendantistes catalans laissent entendre que le Gouvernement espagnol a délibérément laissé commettre l’attentat contre la population catalane. C’est surement habile politiquement, mais ce n’est qu’une conjecture diffamatoire.
Les faits —et nous nous y tenons— sont que dans ces attentats en Espagne comme dans un très grand nombre d’attentats islamistes, en Occident et dans le monde arabe :
- généralement des éléments de l’appareil d’État étaient très précisément informés à l’avance ;
- toujours les terroristes étaient liés à l’Otan.
Bien sûr, tout ceci n’est peut-être que pures coïncidences, mais depuis 2001 elles se reproduisent à chaque fois, quels que soient le lieu et les protagonistes.
——————–      
[2Les attentats de Casablanca et le complot du 11 septembre, Omar Mounir, Marsam, 2004.
[3] “The Road to Las Ramblas”, Zach Campbell, The Intercept, September 3, 2018.
[4] « La OTAN simuló un atentado en Europa con 200 muertos », Carlos Segovia, El Mundo, 14 de marzo de 2004.
[5] « La investigación halla en los vuelos de la CIA decenas de ocupantes con estatus diplomático », Andreu Manresa, El País, 15 de noviembre de 2005.
[6] « 11 mars 2004 à Madrid : était-ce vraiment un attentat islamiste ? », « Attentats de Madrid : l’hypothèse atlantiste », Mathieu Miquel, Réseau Voltaire, 11 octobre et 6 novembre 2009.
[8] « Islamistas libios se desplazan a Siria para « ayudar » a la revolución », Daniel Iriarte, ABCRed Voltaire, 17 de diciembre de 2011.
[9] « Selon Interpol, Abdelhakim Belhaj est le chef de Daesh au Maghreb », Réseau Voltaire, 25 février 2015.
[10NATO’s secret armies : operation Gladio and terrorism in Western Europe, Danile Ganser, Routledge, 2005. Version française : Les Armées Secrètes de l’OTAN, Demi-Lune, 2004.
[11] « Yer : Amman, Tarih : 1, Konu : Musul », Akif Serhat, Özgür Gündem, 6 juillet 2014.
 
 


Il n’y a pas de terre promise. Il y a une terre volée.














par Dimitri Verhulst
En 1948, parce que Dieu a Ses favoris et qu’il sied donc que Ses élus aient leurs privilèges, les Palestiniens ont été chassés de leurs foyers au profit des petits chouchous de Dieu. Moïse l’avait bien noté, le peuple élu devait aller là et nulle part ailleurs, donc cela avait son poids, comme argument. Les Nations Unies pourraient tout aussi bien abolir l’héliocentrisme.
Serge Gainsbourg, lui-même d’une lignée d’un sang dans lequel les antisémites allaient aiguiser leurs couteaux, était laconique, à ce propos, en disant : « Être juif n’est pas une religion ; pas un seul Dieu ne donnerait un nez aussi hideux à Ses créatures. »
Il est pénible de discuter avec des élus. Dès qu’on aborde Israël et le sort des Palestiniens, ils vous regardent comme si vous aviez souscrit personnellement à l’Holocauste, ce qui, vous concernant, est d’une inégalable absurdité et, secundo, constitue une attitude à la Calimero bien trop lisse pour vous donner envie de continuer à les opprimer. Le raisonnement est tordu : Je suis raciste parce que je dénonce le fait que 2,3 millions de Palestiniens dépendent de l’aide humanitaire et que 1,6 million d’entre eux sont sous-alimentés. Je deviens même une moitié de Hitler quand je reste ahuri suite aux berceuses que les dirigeants mondiaux se chantent les uns aux autres, alors que, ces 17 dernières années, quelque 10 000 Palestiniens ont été assassinés.
Les balles israéliennes ne connaissent pas les dix commandements.
Comma Press vient de sortir un livre reprenant douze récits palestiniens de science-fiction, lesquels se déroulent tous en l’an 2048. Exactement un siècle après la Nakba, donc. Et les bras m’en tombent quand je lis que mes collègues palestiniens estiment que la science-fiction est un luxe. C’est un genre qu’ils n’abordent pour ainsi dire jamais. Car… il n’y a pas de futur !
Lorsque, jour après jour, on vit dans une dystopie, on risque sa vie en se rendant à son travail, on doit exhiber sa carte d’identité vingt fois par jour et on voit plus de kilomètres de fils barbelés que de câbles d’éclairage, on a une tout autre vision de la littérature. Dans le roman palestinien, les sujets sont rares, et à raison. Ce sont des livres nécessaires et les noms de leurs auteurs devraient ressortir dans nos bibliothèques : Mazen Maarouf, Tasnim Abutabikh, Ahmed Masoud, Saleem Haddad, Samir El-Youssef
Chez nous, les écrivassiers demandent des bourses pour pouvoir écrire tranquillement, sans être dérangés, quelque part dans un chalet au Canada. Ces auteurs palestiniens, eux, rédigent leurs nouvelles l’une après l’autre entre deux attaques de missiles, avec l’estomac qui gargouille et, dans la rue, un enfant qui cherche encore une paupière qu’il a perdue. C’est ainsi qu’après avoir survécu pendant une journée, il faut encore trouver suffisamment de courage pour écrire.
Pour le beau Mohammed Younis, 22 ans et très prometteur, c’en a été de trop. Il était le futur roi de la nouvelle. Il s’est ôté la vie.
Il n’y a pas de terre promise. Il y a une terre volée. Il y a des vies volées.
Publié sur De Morgen
Traduction : Jean-Marie Flémal
Dimitri Verhulst est écrivain et traducteur.
Auteur de plusieurs romans et recueils de poésie. Les plus connus : le roman Hôtel Problemski (publié en 2003) qui décrit l’existence de résidents d’un centre pour demandeurs d’asile à Arendonk (Belgique). Le livre est traduit en plus de dix langues. En 2006, son roman autobiographique La Merditude des choses obtient un grand succès public et critique. Le film La Merditude des choses, tiré de ce roman homonyme en 2009, est couronné notamment au festival de Canneset aux Prix du Cinéma flamand


 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

Archives
février 2007 / mars 2007 / avril 2007 / mai 2007 / juin 2007 / juillet 2007 / août 2007 / septembre 2007 / octobre 2007 / novembre 2007 / décembre 2007 / janvier 2008 / février 2008 / mars 2008 / avril 2008 / mai 2008 / juin 2008 / septembre 2008 / octobre 2008 / novembre 2008 / décembre 2008 / janvier 2009 / février 2009 / mars 2009 / avril 2009 / mai 2009 / juin 2009 / juillet 2009 / août 2009 / septembre 2009 / octobre 2009 / novembre 2009 / décembre 2009 / janvier 2010 / février 2010 / mars 2010 / avril 2010 / mai 2010 / juin 2010 / juillet 2010 / août 2010 / septembre 2010 / octobre 2010 / novembre 2010 / décembre 2010 / janvier 2011 / février 2011 / mars 2011 / avril 2011 / mai 2011 / juin 2011 / juillet 2011 / août 2011 / septembre 2011 / octobre 2011 / novembre 2011 / décembre 2011 / janvier 2012 / février 2012 / mars 2012 / avril 2012 / mai 2012 / juin 2012 / juillet 2012 / août 2012 / septembre 2012 / octobre 2012 / novembre 2012 / décembre 2012 / janvier 2013 / février 2013 / mars 2013 / avril 2013 / mai 2013 / juin 2013 / juillet 2013 / août 2013 / septembre 2013 / octobre 2013 / novembre 2013 / décembre 2013 / janvier 2014 / février 2014 / mars 2014 / avril 2014 / mai 2014 / juin 2014 / juillet 2014 / août 2014 / septembre 2014 / octobre 2014 / novembre 2014 / décembre 2014 / janvier 2015 / février 2015 / mars 2015 / avril 2015 / mai 2015 / juin 2015 / juillet 2015 / août 2015 / septembre 2015 / octobre 2015 / novembre 2015 / décembre 2015 / janvier 2016 / février 2016 / mars 2016 / avril 2016 / mai 2016 / juin 2016 / juillet 2016 / août 2016 / septembre 2016 / octobre 2016 / novembre 2016 / décembre 2016 / janvier 2017 / février 2017 / mars 2017 / avril 2017 / mai 2017 / juin 2017 / juillet 2017 / août 2017 / septembre 2017 / octobre 2017 / novembre 2017 / décembre 2017 / janvier 2018 / février 2018 / mars 2018 / avril 2018 / mai 2018 / juin 2018 / juillet 2018 / août 2018 / septembre 2018 / octobre 2018 / novembre 2018 / décembre 2018 / janvier 2019 / février 2019 / mars 2019 / avril 2019 / mai 2019 / juin 2019 / juillet 2019 / août 2019 / septembre 2019 / octobre 2019 / novembre 2019 / décembre 2019 / janvier 2020 / février 2020 / mai 2020 /


Powered by Blogger

Abonnement
Articles [Atom]