ELWATAN-ALHABIB
vendredi 31 août 2018
 

La Chine détiendrait un million de Ouïgours dans « des camps d’internement »










L’ONU s’inquiète du sort de ces musulmans chinois détenus en secret pour de longues durées, sans poursuites ou jugements. Ce que le régime dément.

LE MONDE | 
La présence policière est importante dans le Xinjiang, région située dans le nord-ouest de la Chine.

Internement dans des « camps de déradicalisation », torture, lavage de cerveau… Depuis plusieurs mois, la Chine est accusée d’avoir arrêté et interné plusieurs centaines de milliers de Ouïgours, minorité musulmane située dans la région du Xinjiang, à l’extrême nord-ouest du pays.

Pour l’Organisation des Nations unies, pas moins d’un million de Ouïgours seraient détenus dans des camps en Chine, ce que nie le régime de Xi Jinping. Des témoignages de rescapés et d’ONG font état de torture et d’endoctrinement dans ces camps. Face à cette situation, des élus américains réclament des sanctions envers des responsables chinois et l’Allemagne a décidé de mettre fin aux expulsions des Ouïgours vers la Chine.
  • La Chine détiendrait un million de Ouïgours
Début août, le comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale affirme disposer de nombreuses informations crédibles selon lesquelles un million de Ouïgours sont détenus dans « des camps d’internement géants placés sous le sceau du secret ». Dans ses conclusions, ce comité s’est alarmé des « nombreux cas d’internement d’un grand nombre d’Ouïgours et d’autres minorités musulmanes, détenus en secret et souvent pour de longues durées, sans être inculpés ou jugés, sous prétexte de la lutte contre le terrorisme ou l’extrémisme religieux ».
Ces centres se trouveraient dans le Xinjiang, qui compte environ 22 millions d’habitants dont près de la moitié d’Ouïgours d’origine turque, parmi lesquels beaucoup se plaignent de discriminations de la part de la majorité han. Les « élèves », selon l’expression du gouvernement désignant les personnes internées, sont regroupés par sections selon leur exposition supposée aux « idées extrémistes ». Ils sont contraints de suivre des sessions « internes » ou « externes » de quelques jours, plusieurs semaines ou plusieurs mois lors desquelles ils se font enseigner le mandarin, ainsi que les lois et l’idéologie communiste. De véritables cours de « lavage de cerveau », selon des Ouïgours en exil, contactés par Le Monde, qui en ont suivi à l’époque.
Des témoignages d’ancien rescapés de ces camps font également apparaîtreque la torture est fréquente dans ces camps. Dans une enquête sur le sujet publiée jeudiLibération a recueilli le témoignage d’Omurbel Eli, qui a été interné une vingtaine de jours dans « un centre de transformation par l’éducation ». Il y « décrit sa cellule où s’entassaient une quarantaine de détenus, tous musulmans, les deux caméras de surveillance, le sommeil à tour de rôle, l’unique douche mensuelle, les heures passées alignés en rangs, les punitions corporelles et les tentatives de suicide », énumère le quotidien.
La province du Xinjiang, où vivent la majorité des Ouïgours à l’extrême ouest de la Chine, vit ainsi sous une forte présence policière. Les checkpoints des forces de l’ordre et les caméras de surveillance sont omniprésents dans la région. L’année dernière, le gouvernement chinois a interdit « les barbes anormalement longues » et le hijab dans cette région frontalière de l’Afghanistan et du Pakistan, et a ordonné à tous les conducteurs d’installer des dispositifs de localisation GPS dans leur véhicule.
  • Pékin dément et affirme qu’elle a évité « une nouvelle Syrie »
Manifestation le 5 juillet à Istanbul en faveur des Ouïgours et contre le régime chinois de Xi Jinping.
Face à ces accusations, la Chine a vigoureusement démenti à la mi-août la détention dans des centres de rééducation d’un million de Ouïgours. Lors d’une audition devant un comité des droits de l’homme de l’ONU, Ma Youqing, directeur du département du travail du Front uni, agence du Parti communiste chinois, a affirmé que « les citoyens du Xinjiang, y compris les Ouïgours, jouissent des mêmes libertés et des mêmes droits ».
Et selon lui, « l’argument d’un million de Ouïgours détenus dans des centres de rééducation est totalement faux ». Il affirme au contraire :
« Il n’y a aucune politique visant une minorité ethnique en particulier, ni limitant les droits et la liberté de religion du peuple ouïgour. »
Le parti au pouvoir en Chine justifie la surveillance de la population par les menaces posées par l’extrémisme islamiste, le terrorisme et le séparatisme. Des attentats imputés à des « séparatistes » ou musulmans radicalisés ont ainsi fait des centaines de morts ces dernières années dans la région ainsi qu’ailleurs dans le pays.
Dans un long éditorial, le Global Times, un influent quotidien proche du Parti communiste chinois, a défendu la politique sécuritaire qui a permis « d’éviter »que le Xinjiang devienne une nouvelle Syrie.
« Des politiciens et médias des Etats-Unis et d’autres pays occidentaux ont intensément critiqué la gouvernance du Xinjiang, parlant de massives violations des droits de l’homme et qualifiant la région de prison à ciel ouvert. Leur objectif est de semer le trouble au Xinjiang, et de détruire la stabilité si péniblement accomplie dans la région. »
Grâce au durcissement sécuritaire, « le Xinjiang a été sauvé alors qu’il était au bord du chaos, évitant le sort d’une nouvelle Syrie ou d’une nouvelle Libye », insiste l’éditorial.
  • Des élus américains appellent à des sanctions, l’Allemagne arrête les expulsions d’Ouïgours
Face à cette situation, des membres du Congrès américains – républicains et démocrates – ont adressé une lettre au secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, et à celui du Trésor, Steve Mnuchin, leur demandant de sanctionner sept responsables chinois et deux sociétés productrices d’équipements de surveillance. Une initiative dénoncée par la Chine.
« Les Etats-Unis n’ont aucun droit de critiquer la Chine et de s’ériger en juge dans ce domaine », a déclaré devant la presse la porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying, évoquant les problèmes de discrimination raciale dans ce pays.
« Ces parlementaires, payés par le contribuable américain, devraient s’occuper de leur travail (…) au lieu de mettre leur nez dans les affaires des autres pays. »
De son côté, l’Allemagne a décidé jeudi de mettre fin à toutes les expulsions de demandeurs d’asile ouïgours vers la Chine en raison des risques encourus. Cette annonce du ministère de l’intérieur survient après que le gouvernement allemand a reconnu avoir expulsé par erreur début avril un demandeur d’asile ouïgour, alors que son dossier devait encore faire l’objet d’un examen par l’Office de l’immigration.
La parlementaire écologiste à l’origine de la clarification du gouvernement, Margarete Bause, a qualifié l’expulsion de « scandaleuse », affirmant que la vie des Ouïgours était « en danger » une fois expulsés en Chine. L’avocat du jeune homme, Leo Borgmann, a d’ailleurs fait savoir qu’il n’avait plus eu de nouvelles de l’intéressé depuis : « Il n’a donné aucun signe de vie, nous craignons qu’il ait été arrêté. »
 
jeudi 30 août 2018
 

Les États-Unis installent un système de défense anti-aérienne au nord de la Syrie










Les États-Unis installent un système de défense anti-aérienne au nord de la Syrie
La chaîne 2 de la télévision d’État russe a fait état du projet américain de l’installation d’un bouclier anti-missiles au nord de la Syrie. Des informations précédentes avaient fait état du déploiement des missiles et des radars US à Hassaké, au nord syrien. Il s’agit vraisemblablement d’une tentative destinée à viser les chasseurs russes et syriens qui appuieront les forces syriennes et leurs alliés lors de la grande offensive contre Idlib. Pour d’autres analystes, le clash US/Russie risque de dépasser largement la seule province d’Idlib pour s’étendre à l’ensemble de la Syrie. 
Selon la source russe, le Pentagone a rénové trois systèmes d’interception et d’alerte spatiale situés dans les villes de Sarrin, de Kobané et Tal-Baydar, au nord de la Syrie.
Le média russe a signalé que le département de la Défense américain avait déployé trois stations radars fixes et mobiles dans les zones septentrionales de la Syrie où ils détiennent des bases de campement et des forces spéciales. Ces radars visent à surveiller les positions de l’armée syrienne et de la Russie et surtout à espionner la base aérienne russe à Hmeimim.
« La prochaine étape des agissements des États-Unis serait d’installer un système de défense balistique dans le nord de la Syrie, ce qui laisse entendre que l’Amérique cherche à abattre les avions syriens depuis le sol syrien. Les chasseurs russes pourraient également être visés».
Selon un ex-commandant syrien à Deir ez-Zor, Fayez al-Asmar, les systèmes de défense anti-missiles américains seront installés à al-Ramilan à Hassaké.

Des missiles contre la Résistance

Par ailleurs, les États-Unis ont déployé des systèmes de détection et d’alerte spatiale à l’est de l’Euphrate, dans les régions sous le contrôle des Kurdes et ce, non loin des positions de l’armée syrienne et de ses alliés de l’axe de la Résistance. Les systèmes anti-missiles de l’armée américaines couvrent un territoire d’une superficie de 26 000 km² en Syrie, soit cette région que les Américains occupent par Daech ou FDS interposés et qui est riche en pétrole.
« Le Pentagone a décidé de renforcer sa présence militaire en Syrie. Pour ce faire, il instrumentalise les Kurdes syriens et la Turquie. En même temps, les stations Radars américaines lui permettent de surveiller tout agissement sur le territoire turc ou encore dans des bases syriennes et russes », indique le reportage de la télévision russe qui confirme la formation d’une zone d’exclusion aérienne par les Américains au nord syrien.
Fayez al-Asmar a souligné que les nouvelles tentatives américaines au nord de la Syrie avaient pour but de mettre en garde la Turquie, la Russie et l’Iran. Selon l’expert libanais Nidal Sabi interrogé par les médias russes, les États-Unis tentent de moderniser l’aérodrome militaire de la ville d’al-Shadadi, dans la province de Hassaké, au nord-est de la Syrie et ce, pour mener des « frappes balistiques ». Les missiles américains devront viser outre les forces syriennes, celles de la Russie et de l’Iran.
Photo: Des soldats américains à proximité d’une batterie de missiles Patriot. ©Reuters
source:https://www.presstv.com/DetailFr/2018/08/29/572558/Les-USA-installent-la-DAC-au-nord-de-la-Syrie
 
 

Explosion contre les Hachd: les USA lorgnent de nouveau la zone frontalière entre la Syrie et l’Irak









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Les militaires américains effectuent des agissements plutôt louches ces derniers jours, dans la province d’Al-Anbar, et plus précisément  dans la zone frontalière avec la Syrie
Il y a quelques jours, une source de sécurité bien informée a fait état du déploiement de plusieurs dizaines d’effectifs des forces spéciales US et de l’OTAN dans une localité proche d’al-Qaïm.
Interviewée par l’agence de presse irakienne al-Malouma, cette source de sécurité a déclaré qu’un certain nombre de troupes américaines y mènent des opérations de renseignement et de reconnaissance.
Les Américains semblent vouloir chercher à contraindre les Hachd al-Chaabi à quitter leurs positions où ils assurent la mission de contrer toute tentative d’infiltration terroriste depuis le territoire syrien, croit deviner le site francophone de la télévision iranienne Press Tv. Ce sont ces forces de Mobilisation populaire qui ont joué un rôle décisif pour éradiquer la milice wahhabite terroriste Daech des grandes surfaces du sol irakien.
Justement, une position conjointe des Hachd et de l’armée irakienne dans la ville d’al-Qaïm a été victime ce mercredi 29 août d’une explosion meurtrière  produite par une voiture piégée. Elle a couté la vie à 21 personnes, dont une quinzaine de ses combattants.
« Cette explosion est d’autant plus suspecte qu’elle intervient deux jours après le déploiement « inattendu » des forces spéciales US dans la province d’al-Anbar où les États-Unis détiennent leur plus grande base militaire », constate Press Tv.
Après cet attentat un état de siège a été décrété à al-Qaïm par les forces de sécurité irakiennes.
Selon Press Tv,Washington travaille à une résurgence de Daech dans cette zone névralgique, dans le but d’imposer un inversement de la donne au Moyen-Orient, en défaveur de l’axe de la Résistance et de ses alliés.

 
mardi 28 août 2018
 

De la réduction du rôle de l’Iran en Syrie à la fin du rôle d’Israël ? …










De la réduction du rôle de l’Iran en Syrie à la fin du rôle d’Israël ? …
Par Dr Issam Naaman
Les réalités géopolitiques en Syrie sont les suivantes :
Israël occupe le Golan syrien depuis 1967, et les États-Unis occupent de vastes zones syriennes dans le sud-est, Al-Tanf et dans le nord-est, Raqqa et Hassaké, depuis 2016.
Israël a annexé le Golan et a refusé ensuite de s’en retirer, exige même que les Etats-Unis reconnaissent la légitimité de l’annexion.
Les Etats-Unis refusent de se retirer des zones d’occupation en Syrie, sous prétexte de s’assurer de la défaite de « Daesh » au Levant et en Mésopotamie.
Israël est préoccupé par la présence de l’Iran en Syrie et considère le prolongement de cette présence comme une menace pour sa sécurité nationale, puis exige son retrait, ainsi que les forces de résistance du Hezbollah luttant contre le terrorisme, de tout le pays.
Après leur retrait de l’accord nucléaire, les Etats-Unis ont choisi de faire pression sur l’Iran et de l’épuiser dans l’arène syrienne par Israël. La Syrie et les forces de résistance ont riposté à leurs ennemis agresseurs en libérant la Ghouta de Damas-Est et ensuite les zones du Sud-Ouest le long du Golan occupé, et se préparent à la libération de la province d’Idlib sous le contrôle du Front Al-Nosra et des factions pro-Turques.
Israël perçoit comme une menace le succès de l’armée syrienne à Idlib et les conséquences du rétablissement de l’unité et de la souveraineté de la Syrie sur l’ensemble de son territoire national et leurs répercussions sur l’équilibre régional des forces. Les États-Unis ont été instamment priés d’accroître leur pression sur l’Iran et ses alliés. Comme d’habitude, l’administration Trump, de concert avec les gouvernements français et britannique, a réagi en menaçant publiquement la Syrie de frappes de représailles si elle recourait à l’utilisation d’armes chimiques contre ses ennemis à Idlib…
La Syrie, soutenue par la Russie, l’Iran et la résistance, a ignoré cette menace et a poursuivi ses préparatifs pour la libération d’Idlib ; ce qui a conduit Trump à envoyer son conseiller à la sécurité nationale John Bolton en Israël pour discuter des modalités de l’affrontement, ainsi qu’à Genève pour discuter avec le secrétaire du Conseil de sécurité nationale russe Nikolaï Patrouchev la question des pressions pour le retrait iranien de Syrie en échange de la levée des sanctions économiques américaines sur la Russie.
Patroushev a déclaré franchement à Bolton que son pays ne pouvait forcer l’Iran à se retirer de Syrie. L’Iran est présent à la demande de la Syrie et ne peut être expulsé qu’avec le consentement de l’État qui l’a autorisé à entrer.
Des milieux israéliens et américains ont propagé la rumeur que la Russie a proposé aux Etats-Unis de limiter la présence de l’Iran en Syrie en forçant Téhéran à retirer ses forces à 85 kilomètres d’Israël, c’est-à-dire les frontières de la Palestine occupée, et que Tel-Aviv a rejeté l’offre.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a démenti les allégations israéliennes et américaines à propos de l’offre tout en demandant aux États-Unis de retirer leurs troupes de Syrie parce que leur entrée et leur présence n’avaient pas été approuvées par le gouvernement syrien et ne le seront pas.
C’est vraiment un théâtre insolite et un discours étrange : un État, les États-Unis, occupant le territoire syrien,  exige d’un autre État, l’Iran,  autorisé par la Syrie à déployer ses conseillers et ses équipements dans des endroits spécifiques de son territoire,  de se retirer sous prétexte que sa présence menace la sécurité d’un autre État, Israël, occupant déjà et à ce jour une terre syrienne !
Encore plus étrange est l’offre russe, si elle est avérée : que les forces iraniennes se retirent à des dizaines de kilomètres des limites du Golan syrien, occupé par Israël, en échange d’une promesse américaine de lever les sanctions contre la Russie.
Quels que soient la teneur de la proposition et l’auteur de l’offre, le fait évident est qu’Israël s’accroche à son occupation du Golan et que les États-Unis tiennent à occuper des zones syriennes, et tous deux menacent la Syrie de prolonger la guerre contre elle et sur son sol, guerre qui continue à l’Est et à l’Ouest. En outre, les Etats-Unis réarment et équipent les terroristes de Daesh en Syrie et en Irak, comme ils préparent des éléments d’Al-Nosra et des Casques blancs à Idlib à rejouer la scène de l’utilisation d’armes chimiques et d’en accuser l’armée syrienne, prétexte à des frappes sur des positions syriennes sensibles.
N’est-il pas temps de sortir de ce tourbillon ?
Je vois qu’il existe une approche, et donc une résolution, qui retournerait les machinations américaines et israéliennes contre eux. C’est Israël qui est derrière toute cette arrogante férocité américaine contre l’Iran et la Russie. C’est Israël qui réclame l’exclusion de l’Iran et des forces de la résistance de Syrie. C’est Israël qui incite les Etats-Unis à bombarder les sites et les institutions syriens, prétendant « corriger » la Syrie pour l’usage d’armes chimiques. Les choses étant ce qu’elles sont, pourquoi les autorités russes ne se décident-elles pas à respecter un vieil accord en fournissant à la Syrie le système de défense aérienne S-300 ? Et pourquoi pas le système S-400 comme celui livré à la Turquie, et sans attendre ?
La Russie ne craint ni les Etats-Unis ni l’OTAN et n’a pas tenu compte de leurs récriminations lorsqu’elle a décidé de fournir à la Turquie, membre de l’OTAN, le système S-400. Est-il concevable que la Russie redouterait Israël ou les Etats-Unis si elle décidait de fournir à la Syrie, son alliée qui héberge des bases aérienne et maritime russes à Hmeimim et à Tartous, un système de défense aérienne comme celui aux mains des Turcs ?
La simple annonce par Moscou de sa décision de livrer sans délai le système S-400 à la Syrie est en soi suffisante pour obliger Israël et les Etats-Unis à renoncer à la politique des voyous dans le ciel et sur le sol syriens. Tel Aviv sait parfaitement bien que la possession de ce système avancé et très performant par la Syrie suffit pour neutraliser le rôle de l’aviation israélienne dans les espaces aériens de Syrie, du Liban et d’Irak ; plus encore, elle est de nature à enraciner la présence de l’Iran en Syrie et la sécuriser de toute agression sioniste et, par conséquent, réduire le rôle d’Israël dans la région.
La Russie connaît ces faits, alors pourquoi cette hésitation et cette réticence ?


Article en arabe http://www.al-binaa.com/archives/article/195830
Issam Naaman est un avocat libanais, homme politique, auteur, conférencier et ancien député et ministre des télécommunications.
envoyé par Rania Taha
 
lundi 27 août 2018
 

John McCain : Avec détermination et sans états d’âme, il aura participé à la destruction d’une partie du monde.









John McCain : Avec détermination et sans états d’âme, il aura participé à la destruction d’une partie du monde.
Le sénateur John McCain est mort, le 25 août 2018, à l’âge de 81 ans. La presse internationale salue en lui un « héros du Vietnam », un « homme intègre » et « sans concession » face au président Trump.
L’action de ce « défenseur de la liberté » au Vietnam se limite à avoir bombardé des civils. En 1967, l’avion qu’il pilotait est descendu par la DCA soviétique alors qu’il détruisait une usine électrique. Fils d’un amiral qui deviendra le commandant en chef du PaCom, il est fait prisonnier de guerre durant cinq ans et sera longtemps torturé.
Il est élu en 1982 à la Chambre des représentants, puis en 1986 au Sénat. Cet homme prétendument intègre est l’un des cinq sénateurs corrompus par Charles Keating (les « Keating five ») pour couvrir ses arnaques aux petits épargnants.
Lors des primaires républicaines de 2000, il affronte George Bush Jr. qui ne croit pas en son héroïsme au Vietnam et l’accuse d’avoir trahi son pays (il avait signé des aveux sous la torture).
Candidat du Parti républicain contre Barack Obama en 2008, il affronte les révélations du New York Times selon qui des sociétés auraient financé sa campagne de 2000 en paiement de ses positions à la présidence de la Commission du Commerce.
Inclassable en politique intérieure, il soutient la condamnation pénale des femmes qui avortent aussi bien que le rejet de la torture.
Depuis 1993, John McCain cumulait son mandat de sénateur et la présidence de l’IRI, un organisme destiné à corrompre les partis politiques de droite dans le monde. L’IRI est un des principaux pseudopodes de la National Endowment for Democracy (le service secret commun des « Cinq yeux » que sont l’Australie, le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni). Malgré le montage juridique complexe de ce système, il s’agit là d’une fonction exécutive. Il l’a exercée durant 25 ans, violant le principe de la séparation des pouvoirs, jusqu’au début du mois où il a été remplacé par son ami, le sénateur Dan Sullivan.
En sa qualité de président de l’IRI, il a participé à l’organisation de très nombreux coups d’État et a soutenu toutes les guerres états-uniennes et britanniques sans exception. Il a par exemple préparé le coup d’État manqué contre le président constitutionnel Hugo Chávez au Venezuela, le renversement du président constitutionnel Jean-Bertrand Aristide en Haïti, la tentative de renversement du président constitutionnel Mwai Kibaki au Kenya et, plus récemment, celui du président constitutionnel ukrainien, Viktor Ianoukovytch.
Véritable chef d’orchestre du « printemps arabe », il lance les guerres de Libye et de Syrie lors d’une réunion des services secrets alliés au Caire, en février 2011. Puis, il se rend au Liban pour confier l’approvisionnement militaire des jihadistes en Syrie au député haririste Okab Sakr. À cette occasion, il visite Ersal et décide d’y installer la base de repli que les jihadistes utiliseront ultérieurement contre la Syrie.
En mai 2013, il se rend illégalement au Nord de la Syrie sous protection israélienne. Il y rencontre divers chefs jihadistes, notamment Mohammad Nour qui venait d’enlever 11 civils libanais. Et, selon nous, il rencontre également Abou Bakr al-Baghdadi, le futur calife de Daesh, ce que son secrétariat conteste.
Pourtant un an plus tard, invité du Sean Hannity’s Show (Fox News), le 16 septembre 2014, il critique un article relatant la précarité d’un cessez-le-feu entre jihadistes « modérés » et « extrémistes ». Puis il affirme connaître la situation sur le terrain syrien et, se référant à son expérience au Vietnam, il défend l’idée de s’appuyer sur tous les « rebelles » pour renverser la République arabe syrienne. Pour ce faire, il révèle lui-même avoir rencontrés les leaders de Daesh et être en contact permanent avec eux.

Avec détermination et sans états d’âme, il aura participé à la destruction d’une partie du monde.

source:http://www.voltairenet.org/article202613.html
 
 
Trump et Netanyahu veulent le démantèlement de l'UNRWA








par Kharroubi Habib


Donald Trump et Benyamin Netanyahu ont fait du démantèlement de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) un objectif primordial en considération du fait que l'existence même de cet organisme rappelle au monde entier la question des réfugiés palestiniens et de leur droit au retour dans les territoires desquels ils ont été chassés.

Le président américain s'en est pris à l'UNRWA en lui retirant la contribution financière à son budget ce qui contraint ses responsables à réviser à la baisse sa présence et ses interventions en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans les camps de réfugiés palestiniens implantés dans les Etats arabes de la région. Le Premier ministre israélien s'apprête pour sa part à lancer contre l'office onusien une campagne diplomatique internationale visant à obtenir son démantèlement. Pour étayer la demande qu'il compte présenter aux Nations unies, le gouvernement sioniste met à contribution une armada d'avocats et spécialistes en droit à laquelle mission a été confiée de conceptualiser l'argumentaire contradictoire de la définition de réfugiés palestiniens qui a justifié la création de l'UNRWA.

Donald Trump et son administration sont en collusion absolue avec ce gouvernement et ne vont pas tarder selon des médias israéliens à lui fournir le prétexte d'enclencher son offensive diplomatique contre l'office des Nations unies et cela en faisant prochainement l'annonce que les Etats-Unis reviennent sur la question des réfugiés palestiniens et rejettent la demande qui lui est sous-jacente du retour de ces derniers sur les terres desquelles ils ont été chassés. Donald Trump qui se vante de pouvoir mettre fin au conflit israélo-palestinien pense y parvenir en forçant par menace et chantage les Palestiniens à revenir à la table des négociations avec le gouvernement sioniste sur la base d'un plan d'où les questions du statut de Jérusalem et du droit des réfugiés palestiniens au retour en seront exclues.

L'inénarrable président américain pense avoir réglé la première question en ayant fait reconnaître par son pays Jérusalem comme capitale « indivisible» d'Israël et pense qu'il parviendra à évacuer la seconde en faisant démanteler l'UNRWA dont l'existence rappelle qu'il ne peut y avoir d'accord de paix israélo-palestinien sans qu'une réponse autre que le déni du droit des réfugiés palestiniens ait été trouvée. En s'en prenant à l'UNRWA, Donald Trump et le gouvernement sioniste qui prétendent diriger des Etats « moraux» s'essayent en fait à briser l'esprit de résistance des Palestiniens qu'ils n'ont pu obtenir par le déchaînement de la violence de la répression armée.

La liquidation programmée par Tel-Aviv et Washington de l'Office des Nations unies pour les réfugiés palestiniens vise à placer le peuple palestinien devant l'immonde chantage de se voir supprimer les maigres aides humanitaires dont il bénéficie par son biais et sont les rares qui lui parvenaient effectivement tant la communauté internationale tétanisée par la peur des foudres du binôme diabolique s'est honteusement déchargée sur l'organisme onusien du devoir de secours à peuple en danger qu'est celui de Palestine. 










 
samedi 25 août 2018
 

Les porte-avions sont devenus un handicap pour la marine américaine









Les porte-avions sont devenus un handicap pour la marine américaine
Les porte-avions US sont loin de présenter un atout pour les forces armées de ce pays. Sur le champ de bataille, ils constituent un réel handicap qui servirait plus l’ennemi que la défense US. 
Évoquant les technologies militaires chinoises et russes, le bimensuel américain The National Interest met vivement en doute, dans son numéro du lundi 20 août, l’efficacité des porte-avions américains lors d’une guerre réelle. Ces appareils auraient du mal à résister aux torpilles et aux missiles balistiques.
Les innovations militaires russes et chinoises ont de façon irréversible, changé la donne au détriment des porte-avions américains, a indiqué The National Interest, tout en reconnaissant la vulnérabilité des navires de guerre américains, toute classe confondue face aux torpilles et aux missiles de croisière et balistiques.
Depuis deux décennies, la Chine et la Russie sont parvenues à fabriquer des missiles de croisière antinavires à courte portée qui, volant à grande vitesse et à basse altitude, sont capables de provoquer des dommages très sérieux au point d’immobiliser des porte-avions, a expliqué The National Interest.
En 2005, un porte-avion obsolète américain a fait l’objet d’une enquête secrète de la part des autorités dont les résultats n’ont jamais été publiés. Selon des fuites, le navire n’aurait résisté ni aux torpilles ni aux mines sous-marines encore moins aux missiles de croisière. Mais tous ces facteurs ne pèsent pas trop lourd face à un méga-handicap dont souffriraient tous les navires de guerre américains vieux pour la plupart de 50 à 60 ans : les frais de leur entretien et de leur réparation.
« Ces défauts font de l’US Navy, un géant aux pieds d’argile non seulement face à la Chine et à la Russie, mais aussi face à l’Iran avec qui les tensions ne cessent de monter dans le golfe persique », note la revue.
Photo: Le porte-avion américain USS « Carl Vinson » au mouillage dans le port de Danang. ©US Navy
source:https://www.presstv.com/DetailFr/2018/08/21/571822/Qui-dfie-les-porteavions-us-
 
vendredi 24 août 2018
 

L’avenir de Jérusalem, une affaire avant tout politique










L’avenir de Jérusalem, une affaire avant tout politique
par Maher Al-Charif
Sans sous-estimer la portée symbolique de la dimension religieuse de Jérusalem, pour les musulmans comme pour les juifs et les chrétiens, la question de l’avenir de cette ville est avant tout d’ordre politique.
La décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël et le fait pour son administration d’y transférer l’ambassade des États-Unis ont mis un coup de projecteur sur la question des rapports entre les dimensions religieuse et politique de la ville. De nombreux observateurs s’accordent à dire que l’une des motivations principales de cette décision était de satisfaire une base électorale composée de chrétiens évangélistes, partisans de ce que l’on appelle le « christianisme sioniste ». Le pasteur extrémiste John Hagee, président de l’organisation Christians United For Israel s’était fait leur interprète en disant que « 60 millions d’évangélistes attendaient la réalisation de cette promesse », et que si Donald Trump tenait parole en transférant l’ambassade à Jérusalem il serait auréolé de gloire pour la postérité et qu’une éternelle reconnaissance lui serait vouée pour son acte de bravoure.

Les paradoxes de Camp David

Ce n’était pas le moindre des paradoxes du sommet palestino-israélien de Camp David de l’été 2000 entre Yasser Arafat et l’ex-premier ministre israélien Ehoud Barak que l’évocation insistante par ce dernier du « Mont du temple », soulignant ainsi à dessein la dimension religieuse symbolique de la ville au détriment de sa dimension politique, afin de justifier le maintien de l’occupation de sa partie orientale. Il ne pouvait pourtant pas ignorer que conformément au droit international, Jérusalem-Est faisait partie des territoires palestiniens occupés en 1967, comme l’indiquent les nombreuses résolutions qui appellent Israël à s’en retirer.
Depuis ce sommet, les responsables des partis relevant d’un sionisme prétendument « laïc » n’ont cessé dans leur discours de justifier, de manière inouïe, la nécessité pour Israël de garder la mainmise sur l’esplanade des Mosquées en raison de la présence supposée des ruines du deuxième temple enfouies sous les murailles. Ruines dont les fouilles et excavations entreprises par le gouvernement israélien depuis 1967 n’ont décelé aucune trace, les archéologues israéliens ne réussissant à exhumer à ce jour que des vestiges romains, byzantins ou islamiques.
Sans sous-estimer par ailleurs la portée symbolique de cette dimension religieuse de la ville, pour les juifs comme pour les musulmans ou les chrétiens, je rejoins tous ceux qui considèrent la question de Jérusalem et de son avenir comme étant avant tout d’ordre politique. Elle devrait faire l’objet d’un règlement sur la base des résolutions des Nations unies, notamment la résolution 242 du Conseil de sécurité (CS) qui appelle Israël à se retirer des territoires palestiniens occupés à la suite de son agression en juin 1967. L’entêtement israélien à vouloir mettre en avant la portée religieuse de la ville nous incite toutefois à effectuer un retour sur l’histoire pour tenter d’examiner le bien-fondé des prétentions israéliennes, d’un point de vue scientifique.

Comment l’histoire d’Israël fut (ré)inventée

Le chercheur Keith Whitelam, dans The Invention of Ancient Israël : the Silencing of Palestinian History (Routledge, 1997) part de l’idée selon laquelle le conflit récent autour de la Palestine a rejailli sur la compréhension de l’histoire antique. Le discours de l’école historique de la Torah apparu au XIXe siècle a marqué de son empreinte l’histoire officielle d’Israël, qui se sera ainsi inventé une histoire antique apparaissant dans une très grande mesure comme une projection du présent. Les prétentions d’Israël sur Jérusalem en tant que capitale d’Israël remontent selon lui à la période fantasmée du Royaume de David. L’historien affirme dans le même temps que « l’Israël antique ne constitue qu’un fil ténu dans le riche tissu de l’histoire palestinienne », laquelle devrait être étudiée en tant que telle, « libérée de l’emprise des études bibliques ».
Les études historiques modernes, notamment celles de chercheurs israéliens, ont montré que l’histoire ancienne juive était peuplée de mythes. Shlomo Sand, professeur d’histoire à l’université de Tel-Aviv a expliqué dans Comment le peuple juif fut inventé (Fayard, 2008) la mission impossible que le sionisme s’était assignée en voulant créer une ethnie unique à partir d’une multitude de groupes humains d’origines culturelles et linguistiques différentes, et comment il a dû finalement emprunter à la religion traditionnelle la plupart de ses représentations et de ses symboles, dont il est resté prisonnier.
« Tout Israélien de confession juive est intimement convaincu que l’existence du peuple juif remonte à la révélation de la Torah dans le Sinaï, et pense que lui-même, à titre individuel, descend directement et exclusivement de ce peuple », indique Shlomo Sand, avant de s’arrêter sur certains de ces mythes fondateurs du sionisme, dont celui de la conquête de la « Terre de Canaan ». Il signale que l’archéologie moderne a totalement infirmé cette légende. Aucun document égyptien ne confirme une telle conquête, au moment où cette terre était sous domination égyptienne. Si le texte de la Torah ne mentionne pas la souveraineté égyptienne, les fouilles à Gaza et Beersheba ont confirmé depuis longtemps la présence égyptienne à l’époque signalée, ainsi qu’ultérieurement.
Le deuxième mythe examiné par Shlomo Sand est celui de l’exil, pièce maîtresse de l’arsenal des tenants modernes de l’identité « ethnique » des juifs. Aucune trace n’a pourtant pu être trouvée d’une expulsion massive des juifs par les Romains après la prise par ceux-ci de Jérusalem, pas plus que d’une destruction du Temple en l’an 70 de l’ère chrétienne. C’est ce qu’a pu établir Chaïm Milikowsky, professeur à l’université religieuse de Bar Ilan en expliquant que le terme « exil » signifiait aux IIe et IIIe siècles après J.-C. la sujétion politique et non l’expulsion du pays. Son collègue Jacob Yuval, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem a quant à lui montré que le mythe de l’exil était relativement tardif : il faisait suite à la propagation par le christianisme de l’idée selon laquelle il fallait expulser les juifs pour les punir d’avoir crucifié Jésus et rejeté l’Évangile.
Mais laissons de côté ces mythes fondateurs de l’histoire juive antique instrumentalisés par le sionisme et revenons à l’histoire réelle, étayée par des faits établis. Celle-ci n’évoque aucune trace d’un tel temple lors de la conquête de Jérusalem par les Arabes. Le calife omeyyade Abd-Al-Malik Ben Marwan avait alors érigé la mosquée dite « du dôme du Rocher » en 691 apr. J.-C. et son successeur, le calife Al-Walid Ben Abd-Al-Malik avait parachevé la construction de la mosquée Al-Aqsa.
En reprenant Jérusalem aux Croisés en 1187, Saladin avait levé les restrictions de résidence qui frappaient les juifs, et Jérusalem put ainsi accueillir à la fin du XIIe siècle des juifs venant du Maroc, de France et du sud de l’Angleterre. Avec le règne des sultans mamelouks sur la ville, à partir de la moitié du XIIIe siècle, les adeptes des trois religions ont pu coexister pacifiquement. La majorité était chrétienne, de rites divers, et jouissait d’une grande liberté de culte, avec toute latitude pour rénover et restaurer ses institutions religieuses. La situation des juifs elle-même avait alors connu une grande amélioration. Conquis par l’esprit de la nouvelle religion, notamment le traitement qu’elle réservait aux autres, certains d’entre eux s’étaient convertis à l’islam. Ils s’étaient regroupés dans un quartier de la ville nommé Haret Al-Yahoud (le quartier juif) qui donna son nom à l’une des portes de la ville, aujourd’hui renommée porte de Sion. Ils y vécurent de donations extérieures. On retrouve parmi eux des traducteurs et des guides touristiques célèbres1.
En 1517, Jérusalem passait sous la domination des sultans ottomans, qui devait durer 400 ans, et donner à la ville intra-muros sa configuration actuelle. L’encyclopédie hébraïque elle-même souligne le fait que c’est seulement au XVIe siècle que les juifs prirent l’habitude de venir se recueillir au pied du mur d’Al-Buraq, dans cette partie de la muraille occidentale de soutènement de l’esplanade des Mosquées, pour prier et pleurer. Le nom de « mur des Lamentations » lui fut alors donné2.

La conquête britannique

Grand voyageur, l’écrivain français Pierre Loti s’était rendu à Jérusalem en avril 1894. Il évoque longuement, dans Voyages 1872-1913,« la mosquée bleue d’Omar » et la « mosquée Al-Aqsa ». Il indique que les Ottomans, qui avaient commencé par interdire l’accès de ces lieux saints (à qui ? aux juifs ?), l’avaient ensuite autorisé à la condition expresse qu’elle se fît en compagnie d’un soldat janissaire portant un laissez-passer du gouverneur de la ville. Loti relate sa visite au « mur des Lamentations », et mentionne en passant que les Turcs avaient cédé ce lieu aux juifs contre une promesse de renoncement par ceux-ci au projet de reconstruction de leur temple. Il décrit des visiteurs pour la plupart d’un âge avancé, blancs, originaire de Pologne, se rendant à Jérusalem à l’approche de la mort dans l’espoir d’y être enterrés. Il remarque seulement quelques jeunes parmi eux. Avec l’entrée des troupes britanniques sous le commandement du général Allenby, en décembre 1917, l’esplanade passait sous domination britannique. Le texte du mandat sur la Palestine approuvé par la ligue des Nations le 24 juillet 1922 et mis en œuvre le 29 septembre de la même année dispose dans son article 13 :
Tout en maintenant l’ordre et la bienséance publics, le Mandataire assume toute responsabilité au sujet des Lieux saints, des édifices et des sites religieux en Palestine, y compris celle de préserver les droits existants, d’assurer le libre accès des Lieux saints, des édifices et des sites religieux, et le libre exercice du culte. Il ne sera responsable, pour toutes les questions qui s’y réfèrent, que vis-à-vis de la Société des Nations, étant entendu que rien dans cet article n’empêchera le Mandataire de faire avec l’administration tel arrangement qu’il jugera nécessaire, en vue d’exécuter les dispositions du présent article, et étant entendu aussi que rien dans le présent mandat ne pourra être interprété comme l’autorisant à toucher aux immeubles ou intervenir dans l’administration des sanctuaires purement musulmans, dont les privilèges sont garantis.
Après le soulèvement d’Al-Buraq en août 1929, le rapport de la commission d’enquête internationale3 confirme les droits exclusifs des musulmans sur la muraille occidentale de l’esplanade des Mosquées. La propriété foncière leur revient en tant qu’awqaf (bien de mainmorte). Il en est de même du parvis au pied du mur et de la place qui lui fait face, celle du quartier des Maghrébins. Selon le droit musulman, ces biens sont placés sous séquestre, et deviennent de ce fait inaliénables. Ils sont dédiés exclusivement à des œuvres d’utilité publique ou charitable. Une autorisation est cependant accordée aux juifs de venir jusqu’au pied du mur pour y prier.

Une « capitale éternelle » à marche forcée

La résolution 181 adoptée le 29 novembre 1947 par l’Assemblée générale des Nations unies portait création d’un corpus separatum pour la région de Jérusalem, confié à l’administration onusienne. Bien qu’Israël ait occupé la partie occidentale de la ville après la guerre de 1948, son gouvernement s’était engagé, au moment de son adhésion à l’ONU, à reconnaître le fait que Jérusalem ne faisait pas partie intégrante de son territoire. Avec l’armistice entre Israël et la Jordanie, Jérusalem se retrouvait divisée en deux parties : Jérusalem-Ouest dont les Israéliens avaient fait leur capitale, et dont ils devaient dès 1952 doubler la superficie municipale en l’élargissant vers l’ouest au détriment des villages palestiniens, et Jérusalem-Est, passée alors sous domination jordanienne et circonscrite à la vieille ville et aux quartiers environnants.
Après l’agression de juin 1967, Israël occupe Jérusalem-Est et lui impose sa législation, entamant ainsi le processus d’ « unification » et de judéisation de la ville. Le 30 juillet 1980, le Parlement israélien décide de faire de la ville unifiée la « capitale éternelle » d’Israël. À travers un constant grignotage des territoires palestiniens, les autorités israéliennes étendent dans un premier temps la municipalité de Jérusalem-Est de 6 à 73 km2, et entourent la ville de deux cercles de colonies : le premier connu sous le nom de « Grande Jérusalem », à savoir 330 km2 de terres gagnées sur la Cisjordanie ; le deuxième, sous le nom de « Jérusalem métropolitaine », englobe 665 km2 de la Cisjordanie. Avec ces deux cercles concentriques Israël se garantissait une véritable hégémonie sur la partie centrale de la Cisjordanie, séparant par ailleurs le nord du sud et privant l’État palestinien projeté de sa continuité territoriale. Quant aux Arabes palestiniens qui étaient restés à Jérusalem-Est, ils furent traités par Israël comme des étrangers « résidents » avec des cartes de séjour permanentes4.
Après la signature des accords d’Oslo en septembre 1993, les mesures visant à resserrer cette emprise sur la ville ont été intensifiées : constructions de colonies sur sa périphérie, restrictions opposées aux constructions arabes et retraits d’autorisation de séjour pour chaque citoyen palestinien de Jérusalem résidant en Cisjordanie, dans la bande de Gaza ou ailleurs et absent de la ville durant sept ans. En mars 2018, le Parlement israélien a même adopté une loi permettant au ministre de l’intérieur de confisquer ses papiers à tout habitant de Jérusalem qui aurait commis une infraction punie par la loi israélienne ou qui aurait tout simplement « adhéré à des idées non conformes aux intérêts d’Israël ».
Ce mouvement allait de pair avec l’étranglement des institutions palestiniennes actives, les autorités israéliennes n’hésitant pas à fermer les institutions emblématiques de la souveraineté palestinienne sur la ville, dispensatrices d’importants services aux habitants, telles que la Maison d’Orient, l’Association des études arabes, la chambre de commerce, le Comité de restauration du patrimoine, le Conseil de l’habitat palestinien.
Parallèlement, les gouvernements israéliens successifs n’ont cessé d’accélérer le mouvement de colonisation au sein même de la vieille ville et des quartiers avoisinants, tout en ordonnant, sous prétexte « de croissance démographique naturelle », la construction de dizaines de milliers de nouveaux logements destinés à étendre les colonies existantes vers la mer Morte et la vallée du Jourdain. Parallèlement, ils poursuivaient leur politique visant à isoler des quartiers arabes par le « mur de séparation », à retirer leurs cartes de résidence aux Palestiniens, à démolir des maisons sous prétexte d’absence de permis de construire ou encore de présence dans le périmètre du « bassin sacré »5 ou à l’intérieur des « zones vertes »6. Depuis des années, la mosquée Al-Aqsa est menacée d’effondrement, car les fissures se multiplient dans les bâtiments et maisons historiques mitoyens, du fait des excavations israéliennes dans la vieille ville. Un autre danger menace également la mosquée du fait des tentatives de plus en plus pressantes des extrémistes juifs d’investir l’esplanade des Mosquées pour y exercer leur propre culte, sous la protection des forces de police de l’occupant israélien.

Pour l’ONU, des mesures « nulles et non avenues »

La communauté internationale a rejeté toutes les modifications par Israël du statut de Jérusalem-Est :
- dès le 4 juillet 1967, l’Assemblée générale adopte la résolution 2253, qui considère les mesures prises par Israël comme non valides ;
- le 21 mai 1968, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 252 par laquelle il « considère que toutes les mesures et dispositions législatives et administratives prises par Israël y compris l’expropriation de terres et de biens immobiliers, qui tendent à modifier le statut juridique de Jérusalem sont non valides et ne peuvent modifier ce statut ». La résolution « demande à Israël d’urgence de rapporter toutes les mesures de cette nature déjà prises et de s’abstenir immédiatement de toute nouvelle action qui tend à modifier le statut de Jérusalem » ;
- le 25 septembre 1971, le CS adopte la résolution 298 qui « déplore qu’Israël n’ait pas respecté les résolutions précédemment adoptées par l’Organisation des Nations unies au sujet des mesures et dispositions prises par Israël pour modifier le statut de la ville de Jérusalem » ;
À plusieurs reprises, le CS a réaffirmé sa position. Face aux dispositions visant à faire de « Jérusalem une et indivisible » la capitale d’Israël, il adopte le 30 juin 1980 la résolution 476 qui « demande instamment à Israël, la puissance occupante, de se confirmer à la présente résolution et aux précédentes résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et de cesser immédiatement de poursuivre la mise en œuvre de la politique et des mesures affectant le caractère et le statut de la ville de Jérusalem ». Le 20 août 1980 la résolution 478 considère « nulles et non avenues » toutes les mesures et dispositions prises par Israël pour modifier le caractère et le statut de la ville et demande « aux États qui ont établi des missions diplomatiques à Jérusalem de retirer ces missions de la Ville sainte ».
Le 9 février 1999, l’Assemblée générale des Nations unies réaffirme à son tour ses positions précédentes quant à la non-validité de toutes mesures et dispositions israéliennes visant à modifier Jérusalem. Le 1er décembre 2000, après la deuxième intifada, l’Assemblée « a constaté que la décision prise par Israël d’imposer ses lois, sa juridiction et son administration à la ville sainte de Jérusalem est illégale et, de ce fait, nulle et non avenue ». L’Assemblée générale a également déploré que certains États aient transféré leurs missions diplomatiques à Jérusalem.

La souveraineté palestinienne toujours en cause

Les accords d’Oslo avaient suspendu la question de Jérusalem aux négociations sur le statut final. Pour préempter ces négociations, Israël a tenté une manœuvre en direction de la Jordanie : la deuxième clause de l’article 9 de l’accord de paix entre les deux pays mentionne qu’Israël respecte le rôle particulier joué par le royaume hachémite de Jordanie dans les lieux saints, et qu’il accordera à ce rôle un intérêt prioritaire lors des négociations avec les Palestiniens sur le statut final de Jérusalem7. Le gouvernement jordanien n’a toutefois pas été dupe de la manœuvre israélienne ; il a réaffirmé après la signature de l’accord de Wadi Araba son soutien à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) dans sa lutte pour garantir une souveraineté palestinienne sur tous les territoires occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est.
Lors du sommet de Camp David, la question de Jérusalem a été mise pour la première fois sur la table des négociations entre l’OLP et le gouvernement israélien. La position des négociateurs israéliens était restée prisonnière de la posture générale d’Israël fondée sur le principe de « concessions réciproques » entre deux protagonistes sur des « territoires disputés » et non pas sur la base de la résolution 242, qui ne représentait aux yeux des Israéliens qu’une base de départ, sans plus, pour les négociations et ne s’appliquait pas à la Cisjordanie ni à la bande de Gaza sous prétexte qu’elle ne pouvait s’appliquer qu’à des États. C’est en se fondant sur ces considérations qu’Ehoud Barak a refusé, durant les négociations, de renoncer à la souveraineté israélienne sur le « mont du Temple », concédant aux Palestiniens l’administration municipale de villages situés à la périphérie de la « Grande Jérusalem », mais demeurant sous domination israélienne. Si la souveraineté totale sur ces villages devait toutefois leur être laissée, ce serait en échange de territoires permettant d’intégrer à la Grande Jérusalem des colonies majeures telles que Maale Adoumim et Givat Seev.
Lorsque Yasser Arafat a refusé ces deux propositions israéliennes, le président américain Bill Clinton a avancé une nouvelle proposition de partage : la souveraineté de l’esplanade des Mosquées en surface reviendrait aux Palestiniens, tandis que la souveraineté sur le sous-sol reviendrait aux Israéliens. La proposition américaine ayant été rejetée par les Palestiniens et le sommet de Camp David s’étant soldé par un échec, Clinton avait ensuite, lors d’une rencontre à Washington avec un certain nombre de négociateurs palestiniens et israéliens le 23 décembre 2000, introduit quelques modifications mineures à sa première proposition. Un troc était proposé aux Palestiniens, en vertu duquel ils cèderaient leur « droit au retour » en échange d’une souveraineté limitée sur Jérusalem-Est.
Depuis le sommet avorté de Camp David, la position israélienne s’est nettement durcie. Les gouvernements israéliens — notamment l’actuel gouvernement de Benyamin Nétanyahou — ont refusé le principe même de négociations sur la ville, estimant que son sort avait été scellé. Jérusalem « une et indivisible » était désormais « la capitale éternelle » de l’État d’Israël. Le gouvernement israélien a multiplié les mesures de fermeture de l’esplanade et les entraves à la libre circulation des musulmans pour y parvenir. Il a régulièrement fermé les yeux sur les provocations des juifs extrémistes qui prétendent vouloir la détruire pour y reconstruire leur « Temple ».
L’entière souveraineté arabe palestinienne sur Jérusalem-Est est un principe qui ne peut souffrir de tergiversations. Il s’agit là d’une question politique avant toute autre chose. Les résolutions des Nations unies font obligation à Israël d’évacuer totalement cette partie de la ville, et de supprimer tous les faits accomplis imposés sur le terrain, notamment ceux de la colonisation. En réalité, il faudrait que les Palestiniens remettent en jeu la question de Jérusalem dans son intégralité, pas seulement celle de Jérusalem-Est, car 70 % des maisons et des terrains de Jérusalem-Ouest sont encore à ce jour des propriétés palestiniennes.
Maher Al-Charif
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1Lire l’avant-propos de Ziad Al-Assali à la traduction arabe (Amman, Dar Al-Shorouq, 1990) du livre de Foucher de Chartres l’Histoire de la conquête de Jérusalem (1095-1127), et le livre (également en arabe) d’Ali Sayed Ali sur Jérusalem au temps des Mamelouks, Le Caire, Dar al-Fikr liddirassate wa Nachr, 1986.
2Raef Youssef Najem, « Une judéisation continue de la ville de Jérusalem, de son territoire, de sa population de son urbanisme et de son administration » dans Jérusalem, point de rupture ? Ou lieu de rencontre Rabat, Académie du royaume du Maroc, 1998, première partie.
3Le gouvernement britannique nomma une commission d’enquête dirigée par Sir Walter Shaw. Celle-ci recommanda, entre autres, d’envoyer une commission ad hoc sur place pour enquêter sur les droits des juifs et des Arabes sur le « mur des Lamentations » à Jérusalem. Le 15 mai 1930, la Ligue des Nations adoubait les trois membres de la commission proposés par le Royaume-Uni : l’ex-ministre suédois Eliel Löfgren, le vice-président de la cour de Justice à Genève Charles Barde, et le député hollandais C. V. Van Kempen. Le comité devait arriver à Jérusalem le 19 juin 1930, y séjourner un mois, tenir 22 réunions, à la suite de quoi son rapport fut remis en décembre 1930.
4Walid Al-Khalidi sur la propriété du site de l’ambassade américaine à Jérusalem dans le dossier spécial publié en arabe par la Revue d’études palestiniennes de l’Institut des études palestiniennes, Beyrouth, n° 43, été 2000, p. 9 à 37.
5Terme forgé par Israël pour désigner la mosquée Al-Aqsa et ses environs, visant à regrouper les lieux saints attribués à la religion juive dans un espace géographique qu’il devient impossible de concéder, dont seraient ensuite expulsés les Arabes, à l’avantage exclusif des Israéliens juifs.
6Les autorités occupantes ont considéré les terres palestiniennes constructibles et susceptibles d’aménagement urbain comme des « zones vertes » et des « réserves naturelles » afin d’empêcher les Palestiniens de les utiliser à des fins d’habitation.
7Revue d’études palestiniennes, Beyrouth, n° 20, automne 1994.
Photo: Toits de la vieille ville de Jérusalem. Askii, 2013
 
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