ELWATAN-ALHABIB
jeudi 30 mai 2019
 

NON AUX MANŒUVRES DE GAID ET DE L’ÉTAT-MAJOR !










Tahar SI SERIR

Nous avons déjà été écrasés, mis sous tutelle, nous avons été les victimes des politiques désastreuses entreprises par les généraux décideurs depuis presque un siècle, c’est pourquoi nous affirmons que nous n’accepterons plus le diktat du régime militaire, de tutelle et nous ne voulons plus être les victimes des schémas machiavéliques des ennemis du peuple.
Les kleptocrates, Gaid et l’État-major, ont une dette inestimable envers notre peuple, pour toutes les violences commises, depuis 1962 à ce jour, contre les algériennes et les algériens. Vos magouilles en boucle sont à la base de tous nos malheurs d’aujourd’hui. Qui n’est pas juste ne peut pas suggérer ou dicter les règles selon lesquelles nous devons nous comporter ou agir dans notre pays, le peuple est en mesure d’élaborer le projet Algérie de demain digne, de prendre des initiatives, de construire son avenir et de mettre en place des mécanismes de transition.
L’État-major doit respecter le choix de notre peuple, car les algériens méritent le respect de leurs droits. Nous n’accepterons plus votre dictature injuste, nous affirmons que nous sommes mieux organisés que vos marionnettes et nous avons des cadres capables de sortir notre pays de la crise, mettre l’Algérie sur les rails et surtout asseoir une véritable justice indépendante.
En effet, Rousseau et Kant ont montré que l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite (et non pas à celle que l’on a imposé) constitue la forme achevée d’une liberté responsable, voilà pourquoi notre peuple refuse la feuille de route des hors la loi. Pour se défendre et reconquérir sa dignité, le peuple a choisi la non-violence comme une résistance efficace à l’oppression. Concernant la poursuite en justice de tous ceux impliqués dans le pillage du denier public et la dilapidation des richesses du pays, le peuple préfère une justice après la transition démocratique, car les chefs des gangs (État-major) veulent imposer une arnaque médiatique, des règlements de compte, le chantage et la vendetta pour sauver le système.
Dans son livre 1 chapitre 3 (du contrat social), Rousseau parle de ce qui fonde le droit de certains à imposer leurs volontés aux autres et il explique que le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme pas sa force en droit et l’obéissance en devoir. De là le droit de plus fort, droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe. Il rajoute, supposons un moment ce prétendu droit, je dis qu’il n’en résulte un galimatias inexplicable. Car sitôt que c’est la force qui fait le droit, l’effet change avec la cause, toute force qui surmonte la première succède à son droit. Sitôt qu’on peut désobéir impunément on le peut légitimement, et puisque le plus fort à toujours raison il ne s’agit que de faire en sorte qu’on soit le plus fort.
Or qu’est-ce que un droit qui périt quand la force cesse? S’il faut obéir par force on n’a pas besoin d’obéir par devoir, et si l’on n’est plus forcé d’obéir on n’y plus obligé, on voit donc que ce mot de droit n’ajoute rien à la force, il ne signifie ici rien du tout. Le chef d’état-major Gaïd Salah hurlait fort et affirmait, au début du soulèvement, que le chef de l’État Bouteflika était en bonne santé, que l’élection du 18 Avril 2019 allait se dérouler dans la transparence et l’équité, ensuite il voulait imposer la conférence nationale, puis il a défendu avec toutes ses forces les élections du 4 juillet 2019. Mais, quand le rapport de forces s’est imposé dans la rue, il a retourné sa veste, pour sauver le système et aujourd’hui il cherche encore des solutions de sortie de crise pour les gangs mais jamais pour notre pays.
L’État-major dans ses fuites de responsabilité, les tentatives de sauver le système, l’absence de décision et le manque de courage, s’est tellement délégitimé au point de rompre complètement la confiance avec les algériens. En revanche, le peuple assume pleinement sa responsabilité historique et reste résolu à poursuivre la lutte pacifique et à contribuer à la construction de l’Algérie de demain, plus que jamais impérative face à l’entêtement un général qui ne protège que ses intérêts directs et les intérêts des hydres, des aventuriers de l’État-major qui ne craignent pas de nous entraîner dans l’engrenage généralisé de l’horreur.
Enfin, l’Algérie ne peut plus être une zone de non droit, un vaste zoo où quelques généraux phagocytent la volonté et la capacité de la majorité des braves gens à contribuer au redressement de leur pays.
Le changement s’approche à grand pas, on attend la délivrance, l’écroulement des tyrans tombant de leur trône, l’élévation des honnêtes enfants de l’Algérie, le rassasiement des opprimés, le renvoi des fous de pouvoir à leur vide, la dispersion des fausses élites, soigner définitivement les plaies ouvertes par le respect mutuel, l’acceptation de la pluralité des opinions, des interactions dans l’ouverture et la coopération, la liberté d’expression, le respect de la dignité humaine, de la diversité culturelle, la participation de tous les citoyens aux affaires publiques pour construire l’Algérie de demain libre et heureuse.
 
 
Ahmed Benbitour: Des élections dans 8 à 12 mois





par Z. Mehdaoui




Il faut aller vers des élections dans les plus brefs délais vu que la situation économique du pays ne tolère plus de retard sur l'agenda de la refonte de l'Etat, en réponse aux attentes de la population qui revendique un changement rapide du système». C'est ce qu'a déclaré hier Ahmed Benbitour, lors de son intervention sur les ondes de la chaîne 3 de la radio nationale, en réaction au dernier discours du chef de l'état-major Gaïd Salah.

Sur l'appel au dialogue lancé par M. Gaïd Salah, M. Benbitour suggère qu'« il faut définir d'abord le dialogue car ce dernier peut partir de sujets plus théoriques que réels », rappelant que «les marches appellent à un changement radical du système et à mon avis, nous ne sommes plus dans l'étape du dialogue mais celle de la négociation pour le changement de tout le système de gouvernance et répondre ainsi positivement aux revendications de la population». Sans préciser qui sont les négociateurs, Il insiste à dire qu'« il faut négocier pour se mettre d'accord sur comment changer le système de gouvernance ». Aussi, M. Benbitour estime que « les marches du hirak ont apporté un élément très positif qu'il faut comptabiliser pour regarder l'avenir d'une autre manière », ajoutant que «cette attitude, à féliciter au demeurant, a permis de repenser le pays où les tenants du pouvoir regardaient cette population comme étant arriérée et inapte à la politique». « Les marches ont démontré que nous ne sommes plus dans le paternalisme et l'autoritarisme, donc il y a des éléments positifs qui suggèrent de féliciter les marcheurs pour avoir obtenu ces résultats », relève-t-il. A la question de comment fonder un nouveau système et en finir avec celui mis en place depuis 60 ans, il explique qu'il y a trois niveaux de programmes à mettre en place. Il y a d'abord un niveau pour la refondation des institutions, c'est-à-dire la refondation de l'Etat et de l'administration locale, l'administration régionale, l'administration centrale et l'administration aux frontières. Tout ceci doit être revu pour être au service du citoyen de façon correcte et cohérente comme ça se passe un peu partout dans le monde. Un niveau de programme pour le comportement individuel et collectif. Et là, il faut avoir en point de mire la refondation de l'école à l'optique de la démocratisation de l'accès de l'école et la sortie de 300 mille diplômés qui peuvent être une force extraordinaire au service du développement du pays. Ce sera, cependant, catastrophique si cette force est au chômage aujourd'hui et sans retraite demain. De là, on la voit sortir de ce comportement individuel et collectif correct. Un niveau de programme pour les politiques sectorielles qui s'occupe de toute la politique de l'agriculture sachant que l'on importe 75% des calories que nous consommons. Or, si l'on regarde le potentiel agricole du pays, ça serait difficile d'accepter qu'on puisse rester avec cette dépendance de l'extérieur en ce qui concerne ce que nous consommons. Auquel il faut ajouter l'économique dont le secteur touristique, celui des services, l'industrie, l'énergie. Concernant la période de transition et l'élection présidentielle, M. Benbitour déclare que l'élection est temporellement irréalisable vu le manque de candidats, il fait appel à un gouvernement technocrate, un programme de communication important pour expliquer à la population une certaine politique d'austérité à partager vu la situation économique difficile à supporter à partir de l'an 2021 quand il n'y aura plus de réserves de change. Face à ces exigences, il appelle à une durée du report qui doit être suffisante pour l'application de ces programmes urgents et qu'elle ne dépasserait pas 8 à 12 mois. 
 
 
Prisonniers d'opinion







par Moncef Wafi


La mort tragique de Kamel Eddine Fekhar repose avec acuité la question des prisonniers d'opinion en Algérie. Plusieurs voix se sont élevées avec véhémence pour exiger la libération de ces numéros d'écrou, à leur tête Brahim Aouf, dénonçant souvent des dossiers d'inculpation vides et d'une volonté des autorités de faire taire les avis contradictoires. Ces détenus politiques sont une réalité de l'univers carcéral algérien et la seule arme dont ils disposent reste le recours à la grève de la faim qui a laissé de nombreux militants sur le carreau. Même si en 2018, l'ancien président de la Commission consultative de défense et de promotion des droits de l'homme, Me Farouk Ksentini, affirmait qu'«il n'y a pas de détenus politiques en Algérie», il est clair que cette notion n'est pas étrangère à l'arsenal répressif des autorités centrales contre les opposants. Les prisonniers d'opinion ont de tout temps écumé les geôles algériennes, et de Ben Bella à Zeroual en passant par Boumediene, Chadli et la décennie noire, la question des droits de l'homme et des libertés individuelles, syndicales ou religieuses ont été au cœur de ces dossiers judiciaires. Les années Bouteflika n'ont pas dérogé à la règle puisque plusieurs personnes ont été emprisonnées pour avoir dénoncé la politique du régime ou dénoncé le mandat de trop. Mohammed Tamalt, également mort à l'hôpital de Bab El-Oued «après plus de trois mois de grève de la faim suivis d'un coma de trois mois», avait été condamné à deux ans de prison pour «offense au président de la République». Le général Benahdid, incarcéré plus de neuf mois, une première fois en 2015 parce qu'il avait critiqué la gestion du chef d'état-major de l'armée, est de nouveau en prison depuis le 12 mai dernier. Ces deux exemples, entre autres détenus d'opinion, ainsi que le blogueur Merzoug Touati, le défunt Fekhar ou encore Aouf, sont ces porte-drapeaux d'une classe de prisonniers hors normes qui ont été mis à l'ombre à cause de leurs seules opinions politiques. Une question d'actualité puisque le Conseil des sages mozabites de ksar Ghardaïa exigeait, mardi dernier, la libération immédiate de tous les prisonniers liés aux événements de Ghardaïa. En janvier 2017, le collectif de militants kabyles de défense des droits humains appelait à la libération des détenus du Mzab et des autres militants de la liberté. Il estimait que «les droits fondamentaux sont gravement bafoués en Algérie, on ne compte plus le nombre de prisonniers d'opinion, d'arrestations, harcèlements et d'intimidations dont sont victimes des citoyens impliqués, ou pas, dans la vie politique ou associative». Les autorités ont intérêt à faire toute la lumière sur la mort tragique de Fekhar et de poursuivre les responsables de cette disparition, elles qui s'étaient brillamment illustrées par un silence complice dans la mort de Tamalt. 

 
mercredi 29 mai 2019
 

LA DICTATURE EST INTACTE. ELLE RÉPRIME ET ELLE TUE.








Saïd Mekki

La dictature est intacte. Elle réprime et elle tue. La mort dans des circonstances révoltantes du Docteur Kamel Eddine Fekhar, prisonnier d’opinion, en est l’illustration glaçante. Les pratiques du régime sont conformes à son discours.
Les homélies hebdomadaires du général Gaid-Salah confirment à chaque fois la paralysie, la surdité et la brutalité de cette dictature. Concentrant tous les pouvoirs, le haut commandement militaire, seule autorité de fait, est incapable d’assumer le moindre mouvement en direction de l’opinion. De semaine en semaine, au mépris de tout principe de réalité, le chef de l’armée s’est enfermé dans la logique d’élections présidentielles objectivement intenables.
Il espère aujourd’hui sortir de l’impasse dans laquelle il a fourvoyé le pays en appelant à un dialogue nébuleux avec des « personnalités nationales » tout en confirmant son refus de toute transition.
Il s’agit de l’expression solennelle de la détermination des dirigeants effectifs du pays à conserver en l’état le système politique. Le maintien dans ses formes actuelles de cette organisation par le refus de toute transition a, c’est clair pour tous, pour unique raison la préservation de la nature autoritaire centralisée du pouvoir. Ce régime replié sur ses privilèges voudrait projeter une image d’omnipotence armée assise sur le monopole de la vérité politique.
Il n’en est rien, les millions de personnes qui elles se situent collectivement à un niveau de responsabilité bien plus élevé, proclament haut et fort chaque vendredi leur désir d’évolution démocratique de l’ordre juridique qui fonde le système. Les algériennes et les algériens ne se satisferont pas de réaménagements « négociés » derrière les rideaux entre parties non mandatées et donc illégitimes.
La transition n’est pas la plongée dans un univers inconnu, elle concerne précisément les modalités de la conduite des affaires publiques, la représentation et l’exercice du pouvoir, le mode de gouvernement. Il s’agit bien d’un processus ordonné et inclusif qui doit être débattu publiquement par des représentants légaux et légitimes.
Mais même si « dialogue », au sens de l’ANP, quel qu’en soit l’objet il y a, encore faut il en préparer les conditions et donner des gages de sérieux. Or, le général en chef de l’armée algérienne ne dit rien à ce propos, il ne concède rien.
Même pas le préalable de la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques et d’opinions. Des 160 prisonniers politiques identifiés. Pas un mouvement en direction des revendications populaires n’est enregistré . Les militaires se contentent d’éliminer les éléments du régime qui n’ont plus d’autre utilité que de servir de boucs-émissaires. La dictature est inentamée.
 
 
Les cartes du système sont-elles toutes grillées?







par Kamal Guerroua


Les Algériens regardent l'actualité avec un mélange d'apathie, de curiosité et de farouche hostilité. Que se passe-t-il en haut lieu pour qu'on les néglige et les méprise comme cela, eux qui ne cessent de dénoncer cet état de fait ? L'approche du gouvernement pour sortir de la crise semble être floue, voire de plus en plus illogique. Ce dernier risque même de radicaliser la position de la société, en rendant toute démarche qui vient d'en haut, indigne de confiance et surtout sans aucune crédibilité. La vérité a du mal à sortir de la bouche d'un système complètement hors service et déconnecté de la réalité du monde qui l'entoure. Comment réparer les choses, si tant est que l'on puisse réparer l'irréparable, alors que le dialogue n'est pas encore engagé avec le mouvement populaire ? Puis, si ce dernier reste sans têtes ni délégués, après plus de deux mois de contestation, c'est qu'il a sans doute peur d'être manipulé ou détourné de sa trajectoire initiale par un exécutif illégitime. Les expériences des dialogues ratés avec le gouvernement, en particulier celle du mouvement citoyen des Aârouchs en 2001, récupéré in extremis et de façon subtile par le système, ont convaincu plus d'un de l'inefficacité de prendre langue avec les officiels, sans véritable garantie de transparence en contrepartie. Enfin, l'échéance présidentielle qui, au terme de la clôture du dépôt des dossiers n'a réuni que deux candidatures, est maintenue contre vents et marées, malgré la grogne de la rue, n'encourage pas à l'optimisme quant aux intentions réelles de la nomenklatura. Tous les efforts de celle-ci sont, à vrai dire, des coups d'épée dans l'eau, tant que la tâche du désamorçage effectif de la crise n'est pas entamée. Les Algériens semblent déçus du traitement superficiel de la crise de la part de ceux qu'ils ont déjà discrédités dans les pancartes et les slogans hostiles brandis dans toutes les villes du pays. Mais ce pouvoir est-il vraiment capable d'accompagner le peuple dans son élan vers la liberté et la démocratie? En a-t-il seulement le temps ? En a-t-il le cœur ? Loin d'aigrir la situation par ces tristes constats, il semble que l'autisme de cette « gouvernance en faillite » n'est que le résultat d'un manque cruel de vision et de stratégie. A bout de solutions, le chef de l'Etat et le chef d'état-major veulent, en quelque sorte, solder à bas prix le mouvement populaire, en évitant autant que possible, la rupture radicale avec l'ancien système dont ils sont issus. Jouant aux saltimbanques, ils jettent tantôt par intermittence des feux légers à la population, en guise de mises en garde, tantôt ils lâchent des colombes blanches par un tour de passe-passe de prestidigitateur. Or, le résultat est toujours le même : il n'y a aucun résultat positif, exactement comme le serpent qui cherche sa queue dans un buisson. 
 
dimanche 26 mai 2019
 
Pour solde de tout compte !








par Kamal Guerroua


Qu'on coure après le temps ou qu'on cherche à le tuer, l'attente est irrémédiablement au cœur du décor que plante la nouvelle réalité politique en Algérie. Chacun attend que quelque chose bouge chez l'autre pour espérer un bond en avant. Or, les choses restent malheureusement en l'état et tout le monde stagne, comme se complaisant dans l'expectative. Le chef d'état-major Gaïd Salah attend que le peuple l'entende et suive ses directives pour qu'il puisse satisfaire toutes ses revendications et le peuple attend que Gaïd Salah l'entende et suive ce qu'il propose pour se débarrasser d'un système qu'il ne peut plus supporter. Puis, ceux qui ont été récemment incarcérés attendent, sans doute, qu'on les relâche et le peuple attend, à son tour, qu'on les condamne et jette le reste «des vampires» au cachot.

Si le grand chef militaire en tenue léopard semble marquer, en quelque sorte, le point auprès de l'opinion publique par cette opération «mains propres», il n'en reste pas moins peu convaincant sur les démarches à venir, notamment celle de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain. Saisi de ce que les anciens nommaient «la sainte colère» contre ceux qui sont accusés de fomenter un coup contre l'autorité de la grande muette et contre ces masses révoltées qu'il somme de «se raisonner» et d'accepter manu militari son calendrier, le général n'a dans son esprit qu'une chose : il est le maître de la maison et le garant légal de la Constitution. A ce titre, ses décisions sont irrévocables et il est impensable, voire impossible de «virer tout le monde», comme le réclament bien les millions de manifestants qui descendent dans la rue chaque semaine.

En revanche, celles-ci pensent qu'il hallucine ou qu'il vit dans un autre monde car il ne sait pas, prétendent-elles, l'état réel où se trouve le pays, ravagé par l'épidémie de la peste instillée dans son corps par les prédateurs et les corrompus de tout bord. En suspension, le temps plonge dans le vide et toute la nation attend, en vain, dans un lac de perplexité, avec ce goût amer des nuits blanches dans la bouche, une issue possible à la crise. Puis, étant donné le nombre incalculable d'hypothèses fantaisistes débitées par les médias et les analystes qui pullulent sur les plateaux-télé, le peuple, trop las des paradoxes ennuyeux des pronostics, regarde sans cesse sa montre et compte les jours qui restent à Bensalah, le dernier des Mohicans du clan des vampires, pour faire son solde de tout compte des corrompus.

C'est du temps gagné sur la mort, ironisent les connaisseurs du labyrinthe du Système et ses dédales. Car, d'après eux, c'est à l'instant où l'on attend plus rien que sonnera le glas d'un système vieux de soixante ans, lequel savait bien jusque-là se renouveler et prendre de la force à chaque tournant, à chaque crise, à chaque échec de la mobilisation populaire contre lui. 
 
samedi 25 mai 2019
 

La revanche posthume de Ferhat Abbas






Par Lahouari Addi
24 mai 2019




La contestation populaire du 22 février est une lame de fond qui vient des profondeurs de la société. Elle est à mettre dans le contexte historique de la formation de la nation et des idéologies qui ont marqué son combat pour l’indépendance. Après 90 ans de révoltes tribales qui avaient échoué face à la puissance de feu de l’armée coloniale, l’Algérie du début du 20èm siècle s’était mise au discours politique moderne. Il était formulé par trois courants idéologiques différents : le populisme radical du PPA-MTLD, issu de l’Etoile Nord-Africaine (ENA), incarné par Messali Hadj, le culturalisme identitaire des Oulémas, représenté Abdelhamid Ben Badis, et enfin le réformisme institutionnel de la Fédération des Elus Indigènes qui deviendra plus tard l’UDMA dirigé par Ferhat Abbas. Au-delà de leurs divergences et de leurs rivalités, ces trois leaders sont les pères de la nation algérienne. Dans sa diversité idéologique, le nationalisme algérien s’est cristallisé dans le rejet du Code de l’Indigénat qui faisait des Algériens des étrangers dans leur pays. En combattant ce code scélérat, ces trois courants ont forgé, chacun à sa manière, la grammaire politique du nationalisme algérien, formant des élites qui ont porté les aspirations de la société à la dignité et à l’égalité. Leurs différences politico-idéologiques sont à mettre en rapport avec leur ancrage sociologique. Le PPA-MTLD puisait son énergie dans les couches pauvres hostiles à tout compromis avec les autorités coloniales. L’Association des Oulémas, regroupant des citadins lettrés en arabe, était soucieuse de préserver l’islam et la langue arabe menacés par la domination française. La Fédération des Elus, devenue plus tard UDMA, réunissait l’élite sociale indigène qui aspirait à l’indépendance par les urnes et sans confrontation violente avec la France. 

C’est le PPA-MTLD qui avait le plus d’écho auprès des masses rurales et du lumpenprolétariat des villes. Né dans l’émigration ouvrière en France, cette organisation a su capter les aspirations de la majorité des Algériens en refusant tout compromis avec les autorités coloniales sur la question de l’indépendance. Fort de son ancrage populaire, le PPA-MTLD a développé la seule idéologie efficace contre l’ordre colonial : le populisme révolutionnaire. C’est ce qui explique son hégémonie dans le mouvement national qu’il a orienté vers l’action armée. Pendant plus de 30 ans, le mot d’ordre de l’indépendance avait un visage, celui de Messali Hadj que les masses populaires adulaient. Messali a pris la dimension de leader charismatique lors du discours prononcé au stade de Belcourt, à Alger, le 2 août 1936, où le Congrès Musulman (réunissant la Fédération des Elus, les Oulémas et les communistes) avait organisé un meeting de soutien au projet Blum-Violette qui devait accorder la nationalité française à 20 000 « indigènes » choisis par l’administration coloniale. Dans un discours enflammé, celui qui allait devenir Ezzaim, a dénoncé le projet en déclarant : « Nous ne voulons pas la nationalité française, nous voulons l’indépendance ». Les milliers d’Algériens qui assistaient au meeting ont quitté le stade, envahissant les rues d’Alger, au cri « Messali, Messali ». Un Zaim venait de naître, ruinant les calculs politiques de la Fédération des Elus, des Oulémas et des communistes.   
Les oulémas et la Fédération des Elus exprimaient les visions politico-idéologiques de deux minorités sociales de la société autochtone. Ils souhaitaient l’indépendance sans rupture brutale avec la France et sans le concours des masses populaires. En effet, le discours des oulémas était celui des couches citadines lettrées, attachées à un islam puritain opposé à la religion populaire du culte des saints. L’aristocratie religieuse de Constantine, Bejaia, Alger, Tlemcen, Nedroma…était plus soucieuse de l’identité culturelle que de la politique qui implique des sacrifices. Pour eux, le plus important, c’est la sauvegarde de l’islam et de la langue arabe, et probablement de la langue amazigh. Ben Badis, qui signait Abdelhamid Sanhadji, n’était pas hostile à la dimension berbère de l’Algérie. Issu d’une grande famille de lettrés constantinoise, il était plus à l’aise avec les couches urbaines d’Alger, de Tlemcen et de Bejaia qu’avec les ruraux de la campagne constantinoise. Il était favorable au projet Blum-Violette en espérant le généraliser à tous les Algériens. Cela permettra, écrivait-il, d’avoir une nationalité (politique) qui donnera des droits civiques aux Algériens attachés à leur culture. Mais Ben Badis, mort en 1940, n’était pas opposé à l’indépendance ; il estimait que, compte tenu du rapport de force entre la France et sa colonie, l’indépendance est un objectif lointain, et que l’urgence devait être la protection de l’identité. Dans un futur lointain, écrivait-il, l’Algérie sera indépendante de la France comme le sont le Canada et l’Australie de la Grande Bretagne. En attendant, il fallait arracher les droits civiques qui permettront de protéger l’islam et la langue arabe. Il avait forgé les concepts de janssiya siyassya (nationalité politique) etjansisya qawmiya (nationalité ethnique), la première destinée à renforcer la seconde. C’est ce que vivent aujourd’hui des centaines de milliers d’Algériens ayant des passeports étrangers. Cohérent avec lui-même, Ben Badis définissait la nation d’abord sur le critère ethnique. Il était plus proche du Dr Bendjelloul, dont il était un parent par alliance, que de Messali Hadj. L’aristocrate n’aimait pas le plébéien et inversement.
Dans les années 1920 et 1930, Bendjelloul et Saadane, de la Fédération des Elus, tous deux médecins formés à l’université en France, demandaient des réformes graduelles pour l’émancipation des autochtones. Leur combat a été continué par Ferhat Abbas, lui-même pharmacien, attiré comme eux par la modernité institutionnelle de la république française. Il était opposé à l’ordre colonial sans rejeter la France et ses institutions. Il critiquait les colons en invoquant la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1789. Cette stratégie réformiste et pacifiste s’expliquait par le faible ancrage social de l’UDMA, dont les militants étaient des notaires, des interprètes, des médecins, des pharmaciens, des propriétaires fonciers… Ils constituaient l’élite sociale indigène qui voulait l’indépendance sans la mobilisation populaire. Il ne faut pas, par illusion rétrospective, sous-estimer leur contribution à la formation du nationalisme qu’ils ont enrichi avec les concepts de la modernité politique : libertés publiques, droits civiques, citoyenneté, etc. De nombreux cadres instruits du PPA-MTLD des années 1940 ont des parents membres de la Fédération des Elus. L’historien Gilbert Meynier parle à ce sujet, dans son livre L’Algérie révélée « de la révolte des fils contre des pères modérés »
Oulémas et réformistes auraient eu un destin différent si la France coloniale avait accepté leur programme de réformes graduelles menant à l’indépendance. L’intransigeance des colons a donné à leurs adversaires du PPA-MTLD le rôle d’acteur principal de la destruction de l’ordre colonial. Les réformistes et les oulémas finiront par rejoindre deux ans plus tard l’insurrection déclenchée en 1954 par les populistes qui ont fourni l’encadrement des masses durant la guerre de libération. A quelques exceptions près, les officiers supérieurs de l’ALN étaient tous issus du PPA-MTLD et de sa branche militaire, l’Organisation Spéciale (l’OS). La polémique au sujet du Congrès de la Soummam avait pour enjeu l’intégration dans la direction du FLN des « udmistes » et des Oulémas. Ahmed Ben Bella, et il n’était pas le seul, s’était opposé à Abbane Ramdane, lui reprochant d’avoir intégré dans le leadership de la révolution des « udmistes » et des Oulémas. Le principe de la suprématie du politique sur le militaire, imposé par Abbane au Congrès de la Soummam, était perçu par les populistes comme une volonté d’amoindrir leur leadership sur la guerre d’indépendance. Il a été inversé par les réunions du CNRA du Caire (1958) et de Tripoli (1962). La Wilaya 3 n’avait pas suivi Abbane parce que le populisme, et le PPA-MTLD, étaient ancrés en Kabylie aussi fortement que dans le reste du pays, sinon plus. Ni Krim Belkacem, ni Amirouche, cadres dirigeants du PPA-MTLD, n’ont défendu Abbane contre les attaques de Boussouf, Bentobbal, BenBella… Néanmoins, pris de remords, les populistes au pouvoir après 1962, ont donné à plusieurs grandes artères d’Oran, d’Alger, de Constantine, Tizi-Ouzou… le nom de Abbane Ramdane.
A l’indépendance, en effet, c’est ce courant populiste, représenté par Ben Bella et Boumédiène, qui prend le pouvoir et qui dirige le nouvel Etat, se prévalant de la légitimité historique. Ferhat Abbas commit une erreur en les rejoignant. Il l’a réparée en démissionnant de son poste de président de l’Assemblée Nationale en 1964, mais c’était trop tard. Quand un ami l’avait informé par téléphone qu’il y a avait un coup d’Etat dans la nuit du 19 juin 1965, il a répondu : « Pour qu’il y ait un coup d’Etat, il faut d’abord qu’il y ait un Etat ». Les populistes, auxquels s’étaient ralliés les opportunistes du 19 Mars, avaient pris le contrôle de l’administration gouvernementale qui se mettait en place avec l’idéologie du parti unique. En 1964, aussi bien Bachir al Ibrahimi, de l’Association des Oulémas, que Ferhat Abbas étaient dénoncés par le quotidien Le Peuple, comme traîtres à la patrie pour avoir refusé de cautionner les orientations idéologiques du régime. À l’ombre de la légitimité historique, se mettait en place un régime qui gouvernait au nom du peuple tout en refusant au peuple ses propres organisations représentatives. Paradoxalement, l’idéologie qui avait mobilisé le peuple pour détruire l’ordre colonial allait empêcher ce même peuple de se doter d’un Etat de droit.
Ce que Ben Bella et sa génération n’avaient pas compris, c’est que le populisme avait rempli sa mission historique en 1962. Devenu anachronique après cette date, il était demeuré vivace dans la culture politique des élites militaires qui ne conçoivent pas un Etat échappant à leur contrôle et à leur surveillance. Les jeunes générations d’officiers ont été formées avec l’idée qu’ils ont le monopole du nationalisme et, qu’à ce titre, ils sont la source du pouvoir. De façon sournoise et sans que les militaires en soient conscients, ils ont rétabli le Code de l’Indigénat :    Comme dans l’Algérie coloniale, les militaires fabriquaient les élites civiles artificielles dans les laboratoires du DRS pour créer des bachaghas de l’Algérie postcoloniale formellement indépendante. En s’autoproclamant source du pouvoir, la hiérarchie militaire bloquait le processus de construction de l’Etat de droit. La contradiction fondamentale de l’Algérie contemporaine est que l’Etat indépendant a été créé et dirigé par des élites qui n’ont pas de culture d’Etat.
C’est ce qui a jeté dans l’opposition Hocine Aït Ahmed, un des leaders du PPA-MTLD et ancien chef de l’OS, qui avait perçu que les idéologies avaient leurs périodes historiques. Il s’était opposé au tandem Ben Bella-Boumédiène en demandant le transfert de la souveraineté nationale de l’ALN vers une Assemblée Constituante issue d’élections pluralistes. Il a repris l’idéologie politique de l’UDMA devenue historiquement pertinente dans l’Algérie indépendante : assemblée constituante, droits civiques, citoyenneté, liberté d’expression, élections pluralistes libres, etc. Si Aït Ahmed a été mis en minorité et a dû s’exiler, c’est parce que l’histoire n’obéit pas à la raison ; elle obéit au rapport de force, aux passions idéologiques, aux intérêts des individus et des groupes et à la soif du pouvoir des hommes.
Que reste-t-il de ces trois courants politico-idéologiques constitutifs du nationalisme algérien ? Le populisme hérité du PPA-MTLD est mort avec les 500 jeunes tués par l’armée en octobre 1988, et surtout avec la répression des années 1990 qui a fait des dizaines de milliers de victimes, avec son lot de veuves et d’orphelins. Le culturalisme de Ben Badis s’est radicalisé avec la popularisation de l’enseignement religieux des oulémas. Le FIS est la synthèse politico-idéologique du populisme de Messali et du culturalisme de Ben Badis. Avec le temps, les islamistes ont compris, ou comprendront, qu’ils n’ont un avenir que s’ils séparent la religion (qui réunit) de la politique (qui divise). Les réformistes de l’UDMA, en décalage historique sous la domination coloniale, ont semé les éléments d’une culture politique moderne que vont s’approprier les nouvelles classes moyennes nées après l’indépendance. Ferhat Abbas avait politiquement tort dans les années 1930 et 1940, et il a eu raison après 1962. La révolution du 22 février 2019 consacre sa victoire posthume, et donc celle de Aït Ahmed, du colonel Lotfi, du Commandant Moussa, et d’autres nationalistes porteurs d’un projet de modernité politique.





فرحات عباس ينتصر بعد موته


إن احتجاجات 22 فيفري هي بمثابة موجة عاتية آتية من أعماق المجتمع، وعليه وجب وضعها في السياق التاريخي لتشكل الأمة والأيديولوجيات التي طبعت كفاحها لأجل الاستقلال. لقد انخرطت الجزائر في الخطاب السياسي الحديث بعد 90 سنة من الانتفاضات القبلية، التي فشلت في مواجهة القوة النارية للجيش الاستعماري. نجح هذا الخطاب في صياغة ثلاث تيارات أيديولوجية مختلفة: الشعبوية الراديكالية لحزب الشعب الجزائري-حركة انتصار الحريات الديمقراطية (PPA-MTLD)، المنحدر من نجم شمال افريقيا (ENA)، وقد جسده مصالي الحاج، الثقافوية الهوياتية لجمعية العلماء، ممثلة في ابن باديس، وأخيرا الاصلاحية المؤسسية لفدرالية المنتخبين التي صارت فيما بعد الاتحاد الديمقراطي للبيان الجزائري (UDMA) بقيادة فرحات عباس.
بغض النظر عن اختلافاتهم والتنافس الذين كان بينهم، يعتبر هؤلاء القادة الثلاثة أباءً للأمة الجزائرية. لقد تبلورت الوطنية الجزائرية رغم تنوعها الايديولوجي في رفض قانون الأهالي الذي جعل من الجزائريين أجانب في وطنهم، ومن خلال محاربة هذه التيارات الثلاث لهذا القانون الآثم، قدّم كل تيار منها بطريقته مساهمته في القاموس السياسي للوطنية الجزائرية، كما كوّن نخبا حملت آمال وطموحات المجتمع نحو الكرامة والمساواة.
إن الاختلافات السياسية والأيديولوجية بين هذه التيارات الثلاث، يعود في الأساس إلى المكوّن السوسيولوجي لكل واحد منها. في حين استمد حزب الشعب الجزائري-حركة انتصار الحريات الديمقراطية (PPA-MTLD) طاقته من الفئات الاجتماعية الفقيرة، الرافضة لكل تسوية مع السلطات الاستعمارية، كانت جمعية العلماء التي كانت ضمت في صفوفها ساكني المدينة المتعلمين بالعربية، كانت حريصة على حماية الإسلام واللغة العربية المهددين من طرف الهيمنة الفرنسية. أما فيدرالية المنتخبين، التي صارت في ما بعد الاتحاد الديمقراطي للبيان الجزائري (UDMA)، فكانت تضم النخبة الاجتماعية للأهالي، التي كان طموحها للاستقلال يمر عبر الانتخاب ويتفادى المواجهة العنيفة مع فرنسا.
تمكّن حزب الشعب الجزائري-حركة انتصار الحريات الديمقراطية (PPA-MTLD) من أن يكون التيار الأكثر استقطابا للجماهير الريفية وللبروليتاريا الرثة المدينية. استطاع هذا التنظيم الذي ولد في حضن الهجرة العمالية في فرنسا، التقاط آمال غالبية الجزائريين عبر إعلانه رفض أي شكل من أشكال التسوية مع السلطات الاستعمارية بخصوص مسألة الاستقلال. وبالاعتماد على شعبيته الواسعة، تمكّن هذا التنظيم من تطوير الأيديولوجية الوحيدة التي كان بمقدورها فعليا مواجهة النظام الكولونيالي وهي: الشعبوية الثورية.
إن هذا هو ما يفسر تحديدا تلك الهيمنة التي تمتّع بها هذا التيار وهذه الايديولوجية داخل الحركة الوطنية، حيث نجح في توجيهها صوب الفعل المسلّح. لقد كان لشعار الاستقلال ولِـما يزيد عن 30 سنة، وجه واحد هو مصالي الحاج، الذي كان محطّ إعجاب وتعلّق الجماهير الشعبية.
أخذ مصالي بُعدَ القائد الكاريزمي خلال الخطاب الذي ألقاه بتاريخ 2 أوت 1936، بملعب بلكور في مدينة الجزائر. هناك حيث نظّم المؤتمر الاسلامي (الذي كان يضم: فدرالية المنتخبين، جمعية العلماء والشيوعيين) لقاءا جماهيريا الهدف منه دعم مشروع بلوم-فيوليت (Blum-Violette)الذي كان مقررا أن يمنح 20000 من الأهالي –من الذين وقع اختيار الإدارة الاستعمارية عليهم- الجنسية الفرنسية. في خطاب ناري، استنكر الرجل الذي سيصبح الزعيم، المشروع، قائلا: «لا نريد الجنسية الفرنسية؛ نريد الاستقلال». تحت وقع هذه الكلمات غادر آلاف الجزائريين الذين حضروا التجمع الملعب في اتجاه شوارع الجزائر وهم يرددون «مصالي، مصالي». كان هذا بمثابة إعلان لولادة زعيم، سيفسد كل الحسابات السياسية لفدرالية المنتخبين، جمعية العلماء والشيوعيين.
جمعية العلماء وفدرالية المنتخبين كانتا تعبّران عن الرؤى السياسية والأيديولوجية لأقليتين اجتماعيتين تنتميان للمجتمع الأصلي. كلا التيارين/التنظيمين تمنى الاستقلال من دون قطيعة عنيفة مع فرنسا ومن دون سند ومساعدة الجماهير الشعبية. في هذا الصدد، كان خطاب جمعية العلماء خطاب فئات اجتماعية مدينية متعلمة ومتعلقة بإسلام طهراني يعارض الدين الشعبي المتمحور حول تقديس الأولياء والأضرحة. كانت الأرستقراطية الدينية لقسنطينة، بجاية، الجزائر، تلمسان، ندرومة ...الخ، مهتمة أكثر بالهوية الثقافية من اهتمامها واشتغالها بالسياسة التي تتطلب الكثير من التضحيات. كان الأهم بالنسبة لهم، هو إنقاذ الاسلام واللغة العربية، وربما اللغة الأمازيغية كذلك.
ابن باديس الذي كان يوقع كتاباته بـ عبد الحميد الصنهاجي، لم يكن ضد البُعد البربري للجزائر. انحداره من عائلة قسنطينية كبيرة ومتعلمة جعلته يشعر بأريحية وقرب أكثر مع الفئات الاجتماعية الحضرية لتلمسان، الجزائر وبجاية، مقارنة بسكان الريف حتى وإن كان الريف القسنطيني. لقد ساند مشروع بلوم-فيوليت على أمل أن يُعمّم فيما بعد على مجمل الجزائريين، كان هذا سيسمح حسب رأيه، بحصول الجزائريين المتمسكين بثقافتهم، على جنسية "سياسية" تمكنهم من التمتع بالحقوق المدنية.
لكن هذا الموقف لابن باديس، الذي توفي في 1940، لا يعني أنه كان ضد الاستقلال؛ كان يرى أنه وبالنظر لميزان القوة بين فرنسا ومستعمرتها، فإن الاستقلال يعدّ هدفا بعيدا، وأن الأولوية يجب أن تكون على هذا الأساس هي حماية الهوية. وعليه اعتبر أن الجزائر ستكون لا محالة في المستقبل البعيد مستقلة عن فرنسا كما هي كندا واستراليا مستقلة عن بريطانيا العظمى. في انتظار ذلك، وجب انتزاع الحقوق المدنية التي تتيح حماية الإسلام واللغة العربية. لقد صاغ ابن باديس مفهومي الجنسية السياسية والجنسية القومية، بحيث تعزز الأولى الثانية. وهو الواقع الذي يعيشه اليوم مثلا مئات الآلاف من الجزائريين الحاملين لجواز سفر أجنبي.
كان ابن باديس منسجما مع نفسه، كان تعريفه للأمة يستند أولا على أساس إثني. هو في الحقيقة أقرب لشخصية مثل الدكتور بنجلول -الذي تجمعه به علاقة نسب- من قربه بشخصية أخرى مثل مصالي الحاج. إن الارستقراطية لا تحب العوام وهؤلاء يبادلونها نفس الشعور.
خلال العشرينيات والثلاثينيات من القرن الماضي، طالب كل من بنجلول وسعدان، الحاملين لشهادة في الطب من الجامعة الفرنسية والمناضلين في صفوف فدرالية المنتخبين، بإصلاحات تدريجية الهدف منها ترقية السكان الأصليين وتحسين وضعيتهم. ولقد واصل فرحات عباس الصيدلي فيما بعد نضالهما، مشدودا مثلهما بالحداثة المؤسسية للجمهورية الفرنسية. كان فرحات عباس معارضا للنظام الاستعماري لكن من دون رفض فرنسا ومؤسساتها، لذا نجده ينتقد المعمّرين مستحضرا الاعلان العالمي لحقوق الانسان (1789).
يمكننا تفسير هذه الاستراتيجية الاصلاحية والسلمية بالتجذر الاجتماعي الضعيف للاتحاد الديمقراطي للبيان الجزائري (UDMA)، فلقد كان مناضلوه من كتاب العدل، المترجمين، الأطباء، الصيادلة وملاك الأراضي، وهم يمثلون تلك النخبة الاجتماعية لمجتمع الأهالي، التي أرادت الاستقلال لكن من دون الاعتماد على التجنيد الشعبي.
لا يجب، تحت وقع وهم قراءة التاريخ بأثر رجعي، التقليل من مساهمة هؤلاء في تشكّل الوطنية الجزائرية، فلقد أثروها بمفاهيم الحداثة السياسية: الحريات العامة، الحقوق المدنية، المواطنة ...الخ. كما أن العديد من الاطارات المتعلمة في صفوف حزب الشعب الجزائري-حركة انتصار الحريات الديمقراطية (PPA-MTLD) لسنوات الاربعينيات، كان لهم أقارب أعضاء في فدرالية المنتخبين. يتحدث المؤرخ جيلبر مينيي (G. Meynier) في هذا الصدد في كتابه L’Algérie révéléeعن «ثورة الأبناء على الآباء المعتدلين».
كان ليكون لجمعية العلماء المسلمين والإصلاحيين قَدَرُ آخر لو أن فرنسا الاستعمارية قبلت ببرنامج إصلاحي تدريجي يؤدي في نهاية المطاف نحو الإستقلال. و لكن، تعنت الكولون أدى إلى تحوّل خصومهم في حزب الشعب-حركة انتصار الحريات الديمقراطية PPA-MTLD إلى الفاعل السياسي التاريخي في مسار تدمير  النظام الاستعماري. انتهى الأمر بجمعية العلماء والإصلاحيين  إلى الالتحاق بالثورة سنتين  من بعد تفجيرها في نوفمبر 1954 من طرف الشعبويين الذين كانوا يؤطرون الجماهير خلال حرب التحرير. عدا بعض الاستثناءات القليلة، ينحدر معظم ضباط جيش التحرير من حزب الشعب-حركة انتصار الحريات الديمقراطية PPA-MTLD، وتحديدا من جناحه العسكري المتثمل في المنظمة الخاصة OS. كان السبب  الحقيقي للخلاف الذي رافق مؤتمر الصومام هو إدماج العناصر المنحدرة من أحباب البيان و جمعية العماء في صفوف جبهة التحرير. وقف أحمد بن بلة مع عناصر أخرى، في وجه عبان رمضان واتهموه بإدماج عناصر من الإصلاحيين (أحباب البيان UDMA) و جمعية العلماء في صفوف قيادة الثورة. ينظر الشعبويون  إلى مبدأ أولوية السياسي على العسكري، الذي فرضه عبان رمضان في مؤتمر الصومام، كإجراء يهدف إل تقليل نفوذهم و زعامتهم  على الثورة. تم التراجع عن هذا المبدأ خلال مؤتمر القاهرة للمجلس الوطني للثورة CNRA سنة 1958 وتم  تأكيده بعد ذلك في مؤتمر طرابلس سنة 1962. لم تساند الولاية الثالثة عبان رمضان، لأن الشعبوية، و حزب الشعب-انتصار الحريات الديمقراطية كانا متجذرين بقوة في منطقة القبائل (الولاية الثالثة) على غرار باقي الوطن. لا كريم بلقاسم ولا العقيد عميروش، القياديين في حزب الشعب-حركة انتصار الحريات الديمقراطية، دافع عن عبان رمضان ضد الهجوم الذي كان يتعرض له من طرف بوصوف، بن بلة وبن طوبال... و لكن رغم ذلك، فإن هؤلاء الشعبويين الذين أخذوا السلطة بعد الاستقلال،  شعروا بالندم و منحو لشوارع و ساحات المدن الكبرى إسم عبان رمضان.
 هذا الجناح الشعبوي، الذي يمثله بن بلة و بومدين، هو الذي أخذ السلطة بعد الاستقلال و تسلم قيادة الدولة الجديدة باسم الشرعية الثورية. ارتكب فرحات عباس خطأ كبيرا بالانضمام إليهم. صحيح أنه صحح خطأه بالاستقالة من رئاسة المجلس الوطني سنة 1964، و لكن كان الأمر قد تأخر كثيرا. حينما اتصل به أحد أصدقائه ليخبره بوقوع انقلاب عسكري في 19 جوان 1965، أجابه قائلا: ''ليكون هنالك انقلاب عسكري على الدولة، يجب أولا أن تكون هنالك دولة ''. : « Pour qu’il y ait un coup d’Etat, il faut d’abord qu’il y ait un Etat »...
 الشعبويون الذين إلتحق بهم انتهازيو اللحظة الأخيرة في  19 مارس (يوم وقف إطلاق النار) استولوا على الجهاز الإداري الحكومي الذي شُرع في بناءه على الأسس الأيديولوجية للحزب الواحد. في سنة 1964، وصفت جريدة الشعب كل من البشير الإبراهيمي (المنحدر من جمعية العلماء المسلمين) وفرحات عباس بالخونة لمجرد أنهم رفضوا تزكية الخيارات الأيديولوجية للنظام. تحت ظل الشرعية التاريخية، تشكل نظام سياسي يمارس الحكم باسم الشعب رافضا الاعتراف لهذا الشعب بحقه في تأسيس تنظيمات سياسية تمثيلية. بشكل متناقض، فإن الأيديولوجية التي جندت الشعب للقضاء على النظام الاستعماري ستكون هي من سيمنع الشعب من بناء دولة قانون.
ما لم يفهمه جيل أحمد بن بلة، هو أن الشعبوية قد أكملت انجاز مهمتها التاريخية في سنة 1962. بعد هذا التاريخ، أصبحت الشعبوية غير ملائمة تاريخيا، و لكنها بقيت حيًة و فعالة داخل الثقافة السياسية للنخب العسكرية التي لا يمكن لها أن تتصور دولة تفلت من رقابتها عليها. تم تكوين الجيل الجديد من الضباط حول فكرة مفادها أنه هم  وحدهم من  يحتكر الوطنية، و بذلك فهم مصدر السلطة. بشكل خبيث، و من دون أن يكون الضباط العسكريون واعون بذلك، أعادوا إحياء قانون الأهالي: أصبح الجزائريون بعد الاستقلال أهالي (أنديجان) ليس لهم الحق في ممارسة السياسة واختيار ممثليهم. مثلما كان الأمر عليه خلال المرحلة الاستعمارية، يقوم العسكر  بصناعة نخبة مدنية شكلية في مخابر جهاز الإستعلام والأمن  لإنتاج بشاغات جزائر ما بعد الاسعمار، المستقلة شكليا. القيادة العسكرية، وبإعلان نفسها مصدر السلطة، أعاقت صيرورة بناء دولة القانون.
 التناقض الأساسي في الجزائر يكمن في كون  الدولة المستقلة مُسيرة من طرف نخب لا تمتلك ثقافة الدولة. هذا هو السبب الذي رمي  بحسين آيت أحمد في المعارضة  وهو أحد أبرز قادة حزب الشعب- حركة انتصار الحريات الديمقراطية PPA-MTLD ، وواحد من قدماء المنظمة الخاصة. كان آيت أحمد مقتنعا بأن الأيديولوجيات لها مرحلتها التاريخية التي لا يجب أن تستمر إلى ما بعدها. عارض بن بلة  وطالب بنقل السيادة الوطنية من جيش التحرير الوطني إلى جمعية تأسيسية يتم انتخابها بشكل تعددي، و بذلك فإنه تبنى الأيديولوجية السياسية للاتحاد الديمقراطي لأحباب البيان UDMA،  معتقدا بأنها الأيدولوجية الأكثر ملائمة للجزائر المستقلة لما تحمله من  مبادئ و أفكار: المجلس التأسيسي، الحقوق المدنية، المواطنة، حرية التعبير، الانتخابات التعددية الحرة، ...إذا كان النظام قد همش آيت أحمد وأجبره  على العيش في المنفى، فإن ذلك سببه أن التاريخ لا يخضع للعقل، بل إلى علاقات القوى والأهواء الأيديولوجية، و لمصالح الأفراد و الجماعات المتعطشة إلى السلطة.
ماذا تبقى اليوم من هذه التيارات الثلاث المشكلة للحركة الوطنية الجزائرية؟
الشعبوية الموروثة عن حزب الشعب-حركة انتصار الحريات الديمقراطية  PPA/MTLD ماتت مع موت 500 شاب على يد الجيش خلال أحداث أكتوبر 1988، و مع العنف والقمع الشامل خلال سنوات التسعينات الذي خلف  عشرات الآلاف من الضحايا، اليتامى والأرامل.
التيار الثقافوي عند إبن باديس صار أكثر راديكالية بفعل انتشار التعليم الديني على يد جمعية العلماء المسلمين. إن الجبهة الإسلامية للإنقاذ هي مُركب سياسي أيديولوجي لشعبوية مصالي الحاج وثقافوية ابن باديس. مع مرور الوقت وبالتجربة، فهم الاسلاماويون -أو أنهم سيفهمون- بأنه لن يكون لهم مُستقبل إلا إذا فصلوا بين الدين (الذي يجمع) و السياسة (التي تفرق).
إصلاحيو الاتحاد الديمقراطي لأحباب البيان UDMA، كانوا أصلا في لا تجانس تاريخي خلال المرحلة الاستعمارية، زرعوا في وسط جمعية العلماء ثقافة سياسية حديثة تشبعت بها الطبقات الوسطى بعد الاستقلال.
كان فرحات عباس مخطأ سياسيا خلال سنوات الثلاثينات والأربعينات، لكنه صار على حق بعد 1962. ثورة 22 فيفري كرست انتصاره بعد موته، وبذلك انتصار آيت أحمد، العقيد لطفي، الرائد موسى...، ووطنيين آخرين حاملين لمشروع الحداثة السياسية.
 
vendredi 24 mai 2019
 

KHADDAM ERJAL SIDHOUM







ADDI Lahouari

Le mouvement populaire du 22 février indique que c’est la 1er fois depuis l’indépendance que l’armée a un problème politique avec l’ensemble des Algériens. Auparavant, elle s’était arrogée le monopole de faire de la politique au nom des Algériens soit en défendant la souveraineté nationale contre les étrangers, soit en réprimant des courants idéologiques opposés au régime. Cette fois-ci, c’est l’ensemble de la société qui pose un problème nouveau pour le commandement militaire : la place de l’armée dans la hiérarchie de l’autorité de l’Etat. Les officiers de l’EM sont déboussolés et ne s’attendaient pas à la maturité d’un peuple qui demande à l’armée d’être fidèle au mouvement national dont elle est issue et d’assumer son caractère National, Populaire et Républicain.
Les mots d’ordre de ce 14èm vendredi visent directement le général Gaid Salah en sa qualité de Chef d’Etat-Major. Ce n’est pas la personne qui est visée ; les Algériens savent que c’est un ancien moudjahed et qu’à ce titre, il est respectable. Mais il n’empêche qu’il est accusé de khawana (trahison) par les manifestants. En refusant de se mettre sous les ordres d’une autorité civile émanant de la volonté populaire, il trahit le serment des chouhadas morts pour l’indépendance et le caractère républicain de l’armée. Les martyrs sont morts pour la création d’une armée qui défend la nation et non un clan (‘issaba) ou une aristocratie.

L’EM se trouve face à un problème politique qu’il ne peut pas résoudre par la répression car l’idéologie républicaine est aussi portée par les officiers et hommes de troupes. Au nom de qui parle Gaid Salah ? Au nom des Algériens ? Ils ne l’ont pas mandaté. De surcroît, il est officiellement Vice-Ministre d’un ministre de la défense qui a démissionné. Normalement, il devrait démissionner puisque son ministre hiérarchique a démissionné sous la pression populaire. Il parle à l’évidence en sa qualité de chef d’EM. Dans toute armée, cette fonction est occupée par le soldat le plus compétent en matière militaire, le plus respecté et le plus décoré. Il n’y a aucune raison de mettre en doute ces qualités au général de corps d’armée Gaid Salah. Surtout que la discipline et l’obéissance à l’autorité hiérarchique dans l’armée est vitale à la stabilité de la nation. Mais le pays est en crise et la hiérarchie militaire doit tenir compte de l’état d’esprit des officiers supérieurs, subalternes et des HDT.
L’EM devrait faire un sondage anonyme (avec un échantillon de 1000 militaires tous grades confondus) sur leurs opinions sur les revendications du mouvement populaire. Si une majorité de militaires est favorable à ces revendications, l’EM devra tirer la conséquence et engager un processus de désignation consensuelle d’une présidence collégiale provisoire qui aura autorité sur l’administration de l’Etat, y compris l’armée, pour préparer les élections présidentielle et législative. Le général algérien doit apprendre que ce n’est pas une honte d’être sous l’autorité d’un civil, si ce civil est élu par le suffrage populaire. En étant sous l’autorité d’un président élu, le général ne sert pas un individu mais la nation. Un proverbe de la sagesse populaire de notre terroir dit : khaddam erjal sidhoum.
Mon général, en vous soumettant à la volonté populaire, vous devenez à nos yeux un seigneur.
 
jeudi 23 mai 2019
 

L’ARMÉE ALGÉRIENNE DÉCHIRÉE ENTRE LA RUE ET LES CLANS








L’armée algérienne déchirée entre la rue et les clans | Fondation Jean-Jaurès

21/05/2019 9’
José Garçon
José Garçon
Après plusieurs semaines de contestation en Algérie, le hirak – le mouvement – ne s’essouffle pas et demeure unitaire. La journaliste spécialiste de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient José Garçon analyse et décrypte la stratégie du régime, de l’armée et de son leader, Ahmed Gaïd Salah, pour maintenir coûte que coûte un système dénoncé et rejeté par le hirak, et s’interroge également sur l’issue politique de ce moment démocratique historique.
Trois mois après son début, le soulèvement du peuple algérien ne donne aucun signe notable d’affaiblissement, enterrant les espoirs de ceux qui misaient sur son essoufflement pendant le Ramadan. À Alger comme à l’intérieur du pays, il continue à exiger un « changement de système » sans rien perdre de son caractère pacifique et discipliné. Pourtant, l’Algérie semble figée dans un bras de fer entre, d’un côté, ce hirak – mouvement – qui exige une période de « transition menée par des personnalités indépendantes », et de l’autre l’état-major de l’armée qui, pour ne rien céder de ses prérogatives, s’obstine à imposer un simple relookage du système à travers une élection présidentielle prévue le 4 juillet 2019.
Cinq semaines après la chute d’Abdelaziz Bouteflika, la rue algérienne s’est imposée comme le seul grand acteur politique face à une armée qui s’exprime, elle, à travers son chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah. De vendredi en vendredi, jour des manifestations, elle poursuit un surprenant face-à-face avec ce qu’on appelait pudiquement « le pouvoir » – pour n’avoir pas à désigner l’armée. Gaïd Salah parle[1], alternant main tendue et menaces, tentant d’imposer un point de vue brutal avant de s’adapter en fonction des réactions des contestataires dont la réponse ne varie guère : un « dégagisme » radical et généralisé.
Dans ce contexte, le départ d’Abdelaziz Bouteflika, exigé par la rue et accéléré par le général Gaïd Salah – ex-plus fervent partisan d’un cinquième mandat de ce président-momie – fait quasiment figure d’épiphénomène. Tout comme les tentatives, éphémères et vaines, de recyclage de vieilles personnalités bénéficiant d’une aura internationale ou moins ouvertement compromises avec le système.

I – L’élection présidentielle, alpha et oméga d’un régime aux abois

En réalité, le régime ne sait que faire face à la politisation d’une société qu’il a toujours méprisée. Sauf à tenter de faire diversion en ressortant les ficelles éculées qui dénoncent la « main de l’étranger » et voient partout des « comploteurs » menaçant « l’unité et la stabilité » du pays. Comme si, embourbé dans ses conflits internes, il ne comprenait ni les implications du changement générationnel, ni la puissance des réseaux sociaux. Il est en outre d’autant plus réfractaire à toute idée de changement que des flux financiers énormes sont en jeu.
Paniqué par l’installation du mouvement dans la durée, il tente de gagner du temps et navigue à vue, conscient qu’il n’a pas le choix. Une répression violente, qui plus est contre des foules pacifiques, le mettrait en difficulté sur la scène internationale. Et surtout, elle provoquerait des remous au sein même de l’armée.
Dès lors, l’application stricte de la Constitution – qui prévoit une élection présidentielle le 4 juillet prochain[2] – doublée d’une justice spectacle s’est imposée comme l’alpha et l’oméga du régime qui découvre soudain les vertus d’un texte qu’il a maintes fois violé et trituré. Qu’importe si tenir ce scrutin semble techniquement impossible[3] d’autant qu’aucun candidat crédible ne s’est déclaré ? Qu’importe aussi si le président qui en serait issu n’aurait aucune légitimité puisque le corps électoral est dans la rue et rejette ce processus mené par des figures du régime[4] ? Pour Gaïd Salah et l’état-major, seule cette élection présidentielle peut constituer – quitte sans doute à la retarder de quelques semaines – une porte de sortie leur permettant de garder la main en imposant un candidat qu’ils auront préempté. Elle leur éviterait aussi de se retrouver dans un vide institutionnel dangereux à l’issue des 90 jours constitutionnels de présidence intérimaire. Ce n’est pas son seul intérêt. Ce scrutin permettrait à des généraux ayant toujours préféré les révolutions de palais aux putschs militaires d’afficher – notamment auprès de leurs partenaires étrangers – le respect de la Constitution et le légalisme formel qu’ils affectionnent.

II – Une justice spectacle pour faire diversion

Reste l’impossible : imposer cette élection présidentielle à un mouvement qui ne veut pas en entendre parler. L’état-major semble, en la matière, n’avoir qu’une stratégie : favoriser la division et l’essoufflement de la contestation en tentant de la détourner. Du coup, se succèdent à un rythme accéléré les poursuites judiciaires de personnalités enrichies[5] sous l’ère Bouteflika, puis les arrestations d’ex-dignitaires et compagnons de route du régime.
Objectif de cette justice spectacle qui dénonce les « corrompus » en faisant comme si la corruption n’était pas inhérente au système et comme si ces arrestations pouvaient valoir « solde de tout compte » pour près de soixante ans de prédation généralisée : donner des gages à la population en lui jetant des gens en pâture dans l’espoir d’occulter la revendication première des contestataires, à savoir le changement de système.
Sacrifié sans état d’âme dans l’espoir – vain – de calmer la contestation, Abdelaziz Bouteflika n’aura ainsi été que le premier maillon d’une pseudo « opération mains propres » qui s’apparente surtout à des règlements de compte[6] et à une purge interne dans une ambiance de sauve-qui peut[7]. L’arrestation et la mise sous les verrous du général Toufik Mediene[8], l’ex-redouté patron des services secrets en est l’exemple le plus spectaculaire. Les motifs avancés par le général Gaïd Salah montrent, s’il en était besoin, où se situent vraiment ses motivations en la matière. Ni le général Mediene, ni le général Tartag, ne sont en effet inquiétés pour des abus ou crimes commis alors qu’ils étaient en fonction, notamment au cours de la sale guerre des années 1990 – hantise du haut commandement militaire – mais pour « complot ». Tramée il y a quelques mois, cette conspiration aurait voulu « entraver les solutions de l’armée et les propositions de sortie de crise » en esquissant une nouvelle alliance avec Saïd Bouteflika, incluant un ancien chef de l’État, le général Liamine Zeroual…

III – Une visibilité du militaire dangereuse pour l’armée

L’omniprésence jusqu’à début mai du général Gaïd Salah – qui autorise à se demander s’il était chef d’état-major ou chef de l’État – et l’arrestation du général Toufik marquent quoi qu’il en soit une double évolution dans le fonctionnement du régime. Cet affichage d’un chef d’état-major, toujours en treillis militaire, ainsi que le violent éditorial du mois de mai 2019 de la revue de l’armée El Djeich, placent l’institution militaire en première ligne. Martelant que la « justice est indépendante », comme si absence d’État de droit et justice indépendante n’étaient pas incompatibles, El Djeich re-désigne le seul coupable de la situation actuelle : l’existence d’un « complot »[9] qui, pour ne convaincre personne, recouvre bel et bien une guerre ouverte à l’intérieur du système où un groupe a voulu en évincer un autre.  
Tout se passe en fait comme si la pression du mouvement populaire avait accéléré la désintégration d’un régime déjà à bout de souffle et que celui-ci restait adossé sur sa seule et véritable colonne vertébrale : l’armée. La suprématie de cette institution – qui, depuis l’indépendance en 1962, exerce la réalité du pouvoir sans partage, sauf avec les services de renseignements – est un secret de polichinelle. Son affichage public est en revanche inédite. En effet, depuis 1962, cette armée-État – constituée pendant la guerre de libération aux frontières du pays, au Maroc et en Tunisie, loin des maquis de l’intérieur – s’est toujours dissimulée derrière une apparence de pouvoir civil qui joue les fusibles en cas de nécessité. Un quart de siècle durant, ce sera le FLN, cantonné aux tâches politico-administratives et aux embarras du pouvoir. Depuis 1989, c’est un pluralisme de façade, fait d’une ribambelle de partis, plus ou moins représentatifs. Ce refus d’apparaître au grand jour aura été décisif. Il a valu garantie d’impunité à des hauts gradés qui se sont tout appropriés mais qui veillaient à demeurer une société anonyme pour n’avoir jamais à rendre de comptes. On comprend dès lors combien sa sur-exposition actuelle est périlleuse pour l’armée.

IV – La chute de Toufik ou l’enterrement du consensus

L’incarcération du général Toufik Mediene, qui régna sur les services secrets pendant un quart de siècle, marque un second tournant. Elle consacre l’explosion de ce qui a permis au régime de se maintenir et de se perpétuer jusqu’ici : la faculté à trouver au final un consensus, fut-il a minima, entre ses différents clans. Ces derniers peuvent se faire et se défaire au gré des circonstances, de la solidarité régionale, des mariages ou de relations personnelles et d’allégeance obscures. Leurs conflits – arbitrés par quelques généraux en activité ou en retraite qui gèrent les circuits d’affaire – se résument généralement à des luttes d’influence et à des problèmes liés au partage de la rente. Jusqu’ici, ces clans testaient constamment leur force, se surveillaient, coopéraient, s’affrontaient et se neutralisaient mutuellement. Bien sûr, chacun tentait de s’autonomiser et de renforcer son pouvoir par tous les moyens. Mais avec une ligne rouge absolue : ne pas remettre en cause l’intérêt général et le minimum de cohésion, condition sine qua non de la pérennité d’un système mu et lié par la volonté de conserver le pouvoir à tout prix.
Ce fonctionnement explique à la fois l’immobilisme observé et la reproduction d’un système qui, jusqu’ici, avait su rester solidaire face à l’adversité, c’est-à-dire face à la population. Certes, l’absurde tentative de reconduire un Bouteflika impotent faute d’accord sur son successeur avait montré que ce « consensus » était devenu quasi impossible. Mais avec l’arrestation des généraux Mediene et Tartag, c’est cette digue qui a cédé, publiquement en outre, donnant l’impression que le régime ne « survit plus que par amputations successives » pour reprendre l’expression de Hocine Aït-Ahmed, l’un des chefs de la révolution et opposant historique.

V – « Dégagez tous ! » Mais pour faire quoi et avec qui ?

On le sait : le mouvement de contestation tient sa force de son ampleur, de sa mobilisation plurielle, de son implantation nationale, de son pacifisme, de son civisme et d’une infinie… patience. Sans parler de l’un de ses aspects les plus novateurs : la présence très importante des femmes. Sa détermination – qui le rend difficile à étouffer – est telle qu’elle contraint, chaque vendredi, le pouvoir à revoir sa copie. La preuve ? C’est, début mai dernier, à la suite de la multiplication des premiers slogans contre… Gaïd Salah[10] que les arrestations se sont précipitées[11] !
Jour après jour, le hirak prouve ainsi qu’il ne se laisse pas duper par les habituelles ruses du pouvoir. Bien que touchant souvent des personnes très impopulaires, notamment l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, ces arrestations ne semblent pas avoir d’incidence sur le mouvement. « Sortez l’Algérie de la prison avant de mettre les voleurs en prison », s’amusent même les manifestants en lançant – histoire de rappeler leur exigence d’un changement de système : « Nous ’vendredirons’ jusqu’à ce que vous partiez tous ! ».
Jusqu’ici, ils ont su, aussi, déjouer les tentatives de manipulation du régime. Y compris celles portant sur les questions les plus sensibles, notamment identitaires. À Djelfa, des banderoles célébrant l’union de toutes les composantes du peuple algérien ont « répondu » à des tentatives d’attiser les rancunes et les divisions. Et, le vendredi suivant, dans tout le pays, on ne comptait plus les messages rassembleurs. Cette volonté d’exorciser la peur de la division a cassé jusqu’ici les pratiques habituelles du pouvoir : exploiter les régionalismes pour isoler et circonscrire géographiquement les mouvements populaires et jouer les appartenances régionales les unes contre les autres.    
Si cette mobilisation et cette volonté affichée de « refaire Nation » ont été garantes jusqu’ici du rapport de force avec le pouvoir, elles ne suffisent pourtant pas à être une force de proposition. Capable de s’auto-organiser, par exemple en mettant récemment sur pied une sorte de zone tampon entre policiers et manifestants, le mouvement ne se structure pas. Ce qui a fait sa force – sa mobilisation horizontale et l’efficacité de son slogan-phare (« Dégagez tous ») – devient sa faiblesse. « Dégagez tous », mais pour faire quoi et avec qui ? La question mérite réflexion quand ce « tous » désigne « le système ». Et donc le commandement militaire qui, effondrement de la plupart des institutions oblige, se retrouve désormais seul face à la population.

VI – Un héritage redoutable pour le hirak

Pour le mouvement, le risque est réel de se définir par le seul principe d’opposition. Certes, la succession de ses petites victoires nourrissent la contestation et la rendent plus forte. Mais une représentation ne semble pas émerger, même si l’on observe une floraison de « feuilles de route », d’initiatives, d’appels à regroupement, incluant presque toutes une étape de dialogue sous une forme ou une autre avec l’armée, tandis que se prépare une conférence nationale de la société civile avec une trentaine d’associations et d’organisations syndicales regroupées autour des syndicats autonomes.
Bien sûr, les réseaux sociaux – dont l’horizontalité empêche toute structuration – ont tendance à « flinguer » tous ceux qui semblent émerger. Ils ne sont pourtant pas seuls en cause. Car la société algérienne hérite aussi de plusieurs décennies d’acharnement du pouvoir à diviser, cloner, casser toute opposition et à tout faire pour décrédibiliser le politique et jusqu’à l’idée même de démocratie. Il en résulte une méfiance, voire une défiance, à l’égard de la récupération par les partis politiques et même par les organisations de la société civile. Ce n’est pas un hasard si les personnalités politiques ou publiques ont presque toutes été huées dans les manifestations.
La nécessité de l’émergence d’une représentation ne fait toutefois pas l’unanimité. « Organiser n’est pas structurer. Car si on veut structurer le mouvement, on va vers des difficultés insurmontables vue sa diversité », estime par exemple Djamel Zenati, un ancien militant politique respecté par le mouvement populaire. Les questions qui fâchent ne manquent pas, il est vrai : identitaire, religieuse, communautaire, sans parler d’un retour sur les responsabilités des exactions dans la sale guerre des années 1990 qui fit plus de 200 000 morts et 15 000 disparus. Pour certains, la diversité du mouvement et des points de vue exige de remettre le débat à plus tard sous peine de le faire exploser. D’autres estiment, au contraire, que la construction démocratique ne se fera que dans la prise en compte des différences. « S’il n’y a pas de liberté de pensée dans le hirak, il n’y en aura pas après », plaide notamment une féministe arguant que la revendication d’une Constituante réclamée par beaucoup « va, de toute façon, poser la question des valeurs fondamentales ».

VII – Tentation autoritaire et règlements de compte personnels

Signe de bon augure ? Les 10 et 17 mai derniers, en dépit de la chaleur et du jeûne du Ramadan, les manifestants ont, à nouveau, déferlé à Alger et un peu partout. Pour autant, il est difficile de savoir comment va évoluer ce face-à-face entre une population qui n’a pas confiance et un état-major qui, par peur, croit parer au plus urgent en distribuant des gages-palliatifs pour gagner du temps, sans envisager de solutions adaptées à la gravité de la situation. Signe éloquent de cette vision du monde bureaucratique et sécuritaire : on ne retrouve, dans le flot des interventions de Gaïd Salah, qu’une seule et unique fois le mot « démocratie » !
Arc-bouté sur le refus d’une transition démocratique qui signifierait la fin de sa domination, le pouvoir multiplie les signes inquiétants de sa volonté de passer en force et d’une reprise en main sécuritaire : interdiction de plusieurs conférences dans les universités ; arrestations de nombreux manifestants ; sanctions contre des journalistes et techniciens de la télévision publique ayant pris position pour le mouvement de contestation et réclamé l’ouverture de ses antennes ; diminution importante par cette même télévision de la couverture des marches du vendredi et de la fréquence des débats ; durcissement de la police contre les marches des étudiants, notamment le 19 mai 2019, etc. Avec les tracasseries administratives qui se multiplient depuis mi-mai contre des universitaires ou des employés d’hôpitaux, le doute n’est plus permis : il s’agit d’intimider celles et ceux qui soutiennent le hirak[12].
L’arrestation de la leader trotskyste Louisa Hanoune, convoquée – bien que personnalité civile – par le tribunal militaire pour « complicité avec le complot »[13] ( !), confirme la crainte de la Ligue algérienne des droits de l’Homme que cette affaire soit « un bon alibi pour faire taire toutes les voix discordantes contre la feuille de route politique que le général Gaïd Salah veut imposer au peuple ». Le malaise est d’autant plus grand que Louisa Hanoune avait dénoncé récemment… « l’affairisme du clan Gaïd à Annaba » et que presque toutes les personnes arrêtées ont eu, un jour ou l’autre, maille à partir avec le chef d’état-major ! Difficile dès lors de ne pas penser qu’Ahmed Gaïd Salah prétexte de l’exigence populaire de changement pour régler des comptes personnels…
Le risque d’une fuite en avant dans la répression et d’un scenario à l’égyptienne est évidemment dans tous les esprits. Au point que les slogans « Dawla madania, machi askaria » (État civil et non militaire) et anti-Gaïd Salah dominaient clairement les manifestations des 10 et 17 mai derniers.

VIII – Fin de non-recevoir du commandement militaire

Si le commandement de l’armée se retrouve aujourd’hui seul face au peuple, il lui est cependant difficile de se résoudre à ce qu’il a toujours évité : assumer ouvertement le pouvoir. À la fois pour ne pas donner une mauvaise image à l’étranger et aussi parce que l’armée est, elle-même, divisée, et plus encore depuis les arrestations de plusieurs généraux l’été dernier. L’absence criante de consensus entre les clans qui l’ont toujours traversée, ajoutée à la pression énorme du soulèvement populaire, favoriserait sans doute des règlements de compte au sein de l’état-major et, plus largement, parmi les officiers de haut rang. D’ores et déjà, le général Gaïd Salah se retrouve sur la sellette et rien n’assure qu’il ne sera pas tenu pour responsable de l’impasse actuelle – et peut-être sacrifié à moyen terme. Encore faudrait-il pour cela que l’état-major puisse se mettre d’accord sur un successeur qui garantirait un nouvel équilibre de ses composantes, condition sine qua non pour espérer qu’il finisse par chercher une porte de sortie digne de ce nom. D’autant que la fameuse élection présidentielle a du plomb dans l’aile et que sa tenue apparaît très aléatoire : les délais de dépôt des candidatures ont expiré sans qu’aucun candidat sérieux ou de poids ne se soit fait connaître ! Quant à son simple report, il ne règlerait pas le problème sans la mise en place de mécanismes garantissant une transition démocratique.

IX – « Un cruel besoin de compromis » 

La vindicte qui s’exprime désormais ouvertement contre Gaïd Salah va-t-elle amener le commandement militaire à cesser de ruser, y compris pour se préserver lui-même ? C’est le sens de l’appel direct que lui ont lancé le 18 mai dernier trois personnalités. L’ex-général Rachid Benyellès, Ahmed Taleb Ibrahimi et Ali Yaha Abdenour[14], lui demandent « instamment », face à la situation de blocage « porteuse de graves dangers », de « nouer un dialogue franc et honnête avec des figures représentatives du mouvement citoyen, des partis et des forces politiques et sociales qui le soutiennent, afin de trouver au plus vite une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires légitimes ».
L’armée franchira-t-elle le pas de s’impliquer directement dans un véritable processus de négociation politique au lieu de continuer à tout imputer à l’ère Bouteflika comme si ce n’était pas la confiscation de la souveraineté du pays, dès l’indépendance en 1962, qui était en cause ? C’est tout l’enjeu trois mois après le début du soulèvement populaire. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la première intervention publique du chef d’état-major depuis près de deux semaines le 20 mai 2019 à Ouargla n’incite pas à l’optimisme. Insistant sur la nécessité de tenir l’élection  présidentielle[15], « seule manière d’éviter un vide constitutionnel », Gaïd Salah rejette tout dialogue direct du hirak avec l’armée, celui-ci « devant se faire avec les institutions de l’État », et qualifie tout départ du système de « revendication irraisonnable et dangereuse ».
Cette triple fin de non-recevoir du commandement militaire laisse craindre le pire. Particulièrement le recours, pour tenter de déstabiliser le mouvement, aux vieilles pratiques, manipulations occultes, infiltrations, coups tordus et autre utilisation de baltaguiyas, comme on appelle les voyous auxquels le pouvoir a souvent recours.
Une perspective périlleuse. D’autant que maintenir le caractère pacifique du soulèvement dans la durée ne va pas de soi. Les réseaux sociaux peuvent en effet être aussi utilisés comme vecteurs de toutes les provocations. Né en rupture avec la plupart des partis et des organisations militantes, il ne faudrait pas que le hirak se retrouve seul face au pouvoir, qui plus est sans représentants capables de dialoguer, de proposer et de négocier une sortie de crise.
La période qui s’ouvre est de plus en plus incertaine et dangereuse. Mouloud Hamrouche, l’ancien Premier-ministre réformateur, en résume très lucidement les enjeux dans un long texte[16]. « La question est et demeure : comment rendre le hirak, cette force de refus et d’opposition, une force de stabilité, de structuration et de contrôle ? Comment éviter qu’il soit une force d’implosion et d’ambition ? (…) Le réalisme s’impose à tous pour pouvoir surmonter tant de défaillances, tant de risques et tant de menaces. (…) La démocratie est la reine des compromis. Notre pays a cruellement besoin de compromis pour être gouverné, pour débattre, pour choisir et pour avancer ».
 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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