ELWATAN-ALHABIB
lundi 30 juillet 2018
 



Frasques et prédation des enfants de la 

nomenklatura


La république des «Fils de…» (1re partie)





 
28 JUILLET 2018 
Frasques, voracité, prédation, succession… Rejetons conçus dans le dos de la République égalitaire, les enfants terribles de la nomenklatura sont les nouveaux seigneurs de cette«Algérie de papa», la version bâtarde de l’«Etat algérien restauré». Pour désigner les fils de généraux et hauts gradés de l’armée, des services de sécurité, ministres, pontes de la haute administration…, l’humour populaire est intarissable de génie créatif : ouled al qiada, meqla, qaloi, chouaker, ouled douk douk, qemqoum, les rejetons des pontes font valoir chaque jour leur droit de cuissage sur les ressources du pays. De Toufik Benjedid à Saïd Bouteflika, de Adel Gaïd à Sid Ali Mediene, de Abdelmoumen Khalifa à Farid Bedjaoui, de Rym et Farès Sellal à Amine Zerhouni, de Réda Habour à Khaled Tebboune, des fils de Meziane au fils Ould Kaddour, des fille et fils de Saadani au fils Ould Abbès, de Mehdi Remaoun à Lamine Ouyahia, de Amel Bouchouareb à Khaldoun et Sina Khelil…, des échantillons représentatifs de la caste de compradores et de fabricants d’hégémonie qui réécrit l’histoire d’un «seul héros, le pouvoir». Plongée dans les dessous putrides de la reproduction en marche de la classe des dirigeants.
Ils sont dans l’import-import (60 milliards de factures d’importation), dans l’immobilier (?), dans les «services» (12 milliards/an), dans la com’ et l’événementiel, les bureaux d’études, le consulting, les centres commerciaux et grandes surfaces, le catering, le contrôle et concessions automobiles, les franchises, les sociétés de gardiennage et de sécurité, 7 milliards de dollars que se partagent quelques sociétés appartenant à des généraux à la retraite et/ou en activité, comme celle d’un des fils de Gaïd Salah, Adel, et à des personnalités du gouvernement et de la haute administration, à l’image de Vigie Plus, société à 50 000 agents, apparentée au fils de l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Aucun créneau juteux, aucune opportunité d’affaires, aucun business florissant n’échappe à leur appétit vorace.
Shootés à l’argent public, addicts aux privilèges et rente de «l’Etat pompeur», les «fils de» ont un «couloir vert» dans les ports, les tapis rouges des salons d’honneur, occupent des postes (fictifs de préférence, mais rémunérés en devises) dans les grandes compagnies (Air Algérie, Sonatrach…), postés dans les grandes capitales mondiales. Ils sont dans la diplomatie, dans les agences et organismes internationaux. Ils ont des ports secs pour cocaïne pure (fils du général Hamel) et quincaillerie de luxe, des flottes (navires de la Cnan rachetés en partie par Réda Habour).
Ils sont dans le négoce des matières premières (Sina Khelil…), dans la distribution, souvent en situation de monopole (Mouloud Djebbar, fils du général M’henna Djebbar), «bien nés» et as du trafic d’influence, ils ont les clés des coffres-forts de l’Etat social, dépecés, en bandes organisées, lors des soirées banquet. D’affriolantes saisons algériennes pour une jet-set fâchée avec le Projet national et le principe d’égalité des chances.

Boucherie du peuple vs caudillo du régime
Kouba. «Marché des 13 salopards». «La boucherie du peuple». Il porte bien son nom, le très «modeste» magasin de Kamel «Le Boucher», gros sous-traitant présumé des cartels de la cocaïne, scellé depuis plus d’un mois. L’homme aux 701 kg de coke a entraîné dans sa chute spectaculaire deux caudillos du régime : Abdelghani Hamel et Menad Nouba, tout puissants patrons de la police et de la gendarmerie.
Au ministère de la Défense, gros client de la viande importée par «le Boucher», deux généraux-majors, Boudouaour Boudjemaa, le directeur des finances, et Mokdad Benziane, directeur du personnel du MDN, sont éjectés, «admis à la retraite». Le menu fretin (26 inculpés-1, le fils de l’ex-Premier ministre Tebboune) est envoyé au cachot. L’Algérie, ses attributs de pouvoir, ses autorités régaliennes, flirte dangereusement avec narco-Etat.
Dans le Vieux Kouba, c’est encore la consternation. La colère. De l’incompréhension aussi. «Kouba, ce sont toutes ces personnalités qui ont fait l’histoire. De Ferhat Abbas qui y a vécu (en résidence surveillée) au colonel Mohamedi Saïd, de Cheikh Soltani à Ali Benhadj et j’en passe. Mais des ”cavés” comme ça, on en avait pas.» Yazid, spécimen de cette petite bourgeoisie de Kouba qui se sent «salie» par l’érection dans son paysage de ce sulfureux personnage. «Ce berani (étranger) qui a débarqué ici presque avec son seul vélo et qui s’achètera, en un temps record, pas moins de 26 villas.»
A Alger, les gendarmes de la section de recherches ont mis au jour 22 promotions immobilières, dont les appartements de standing sont cédés à des hauts fonctionnaires de l’Etat. «L’homme aurait juré de raser toute la ville et de ne laisser au peuple de Kouba que l’Hôtel de la mairie pour ses papiers d’identité.» Au chemin Calvaire, dans le bas Kouba, il aurait offert quelque 130 milliards pour s’adjuger un djenane de 6000 m2. «La famille, une grande famille de militants nationalistes qui y résidait depuis plusieurs générations, voulait préserver la valeur patrimoniale de la résidence.
Le Boucher ne voulait rien savoir. ”Dites-moi plutôt combien elle fait en longueur, combien en largueur et combien vous en voulez !”» Le Boucher a, selon ce riverain, mis tout le monde dans sa poche, «distribuant des cadeaux et liasses de billets par-ci, des kilos de viande par-là, offrant une voiture au commissaire, de petits pécules pour les fonctionnaires des mairies, de la daïra et de la wilaya et même des omra aux fidèles de la mosquée».
Le «gueux» quadra, fils d’un boucher venu de sa «gueuse» province de Palestro (Lakhdaria), s’est blanchi sous le harnais du pouvoir et de ses camorra. Sa résidence à Kouba, située en face du commissariat de police (qui n’a rien vu) ; les bureaux de ses sociétés à La Croix et à Aïn Naâdja ne désemplissaient pas de visiteurs de haut rang qui lui mangeaient avidement dans la main. «Les magistrats sont en train de compiler les écoutes téléphoniques et quelque 3 ans de vidéo-surveillance», rapporte la journaliste Salima Tlemçani, qui enquête sur l’affaire.
Des enregistrements «compromettants pour la longue liste de personnalités civiles et militaires qui y apparaissent». 30 ans après le scandale impliquant un des fils du président Chadli – en association avec un roturier du quartier La Montagne (Bourrouba) – dans la ruine d’une banque publique, l’affaire dite «Testosa» – du nom de la célèbre Ferrari Testarossa – a fait des «petits». Beaucoup de «petits».
La patrie pour les riches, le patriotisme pour les pauvres
Portrait d’un fils de… De l’élevage ovin dans les Hauts-Plateaux à la technologie de pointe, Lotfi Nezar est un entrepreneur aussi polyvalent que coriace. «Il est impitoyable en affaires», témoigne HKM*, un employé de SLC (Smart Link Communication), la «petite» boîte familiale devenue grande (plus de 150 employés), nichée au chemin Gadouche (Ben Aknoun) sur le domaine d’une ancienne coopérative militaire.
PDG de la société, Lotfi, l’aîné, y est actionnaire au même titre que sa fratrie et son généralisme paternel, aussi président de son conseil d’administration. Pionniers dans la technologie wimax (solution internet haut débit par ondes hertziennes), les fils du général affichaient un carnet de commandes plein.
Ses abonnés clients allant des ministères de la Défense, de la Santé, de l’Enseignement supérieur aux compagnies pétrolières (Becker, Schlumberger, Sonatrach…), les banques (BNP Paris Bas…), Alstom, Peugeot. «Une véritable machine à cash dont une partie des revenus générés est perçue en devise, en Espagne, notamment», décrit la gorge profonde. Le pouvoir, la réputation du père, le général Khaled Nezzar (sauveur de la République ou fossoyeur de son peuple, c’est
selon), parmi les premiers promus sous Chadli au grade d’officier général, a fait exploser littéralement le plan de charge de la SPA, créée en 1997. «Aujourd’hui, les affaires tournent de moins en moins bien. A cause de la concurrence soutenue par deux autres fournisseurs de services, Anwar Net et Icosnet, tout aussi puissants et adossés à des pontes mais surtout à cause des déboires de la famille avec le clan présidentiel.» Le général a dû, selon la même source, rembourser quelque 40 milliards de crédits alors que d’autres ont vu leurs ardoises effacées. La patrie pour les riches, le patriotisme pour les pauvres.
«Hna fi hna, el barani yasamhna»
Déclinaison locale de «Entrepreneurs de progrès», la devise chère au FCE, le cercle des bonnes affaires sis à El Mouradia, au fond d’une impasse, rue Sylvain Fourastier, du nom du maire de Bir Mourad Raïs dans les années 1940. C’est ici, dans la proximité charnelle du pouvoir et de l’argent, à quelques centaines de mètres du Palais présidentiel, que se trouve la fine fleur du CAC 40 algérien, les Kouninef, Bairi, Mazouz, Benabdeslam, Benamar, Tahkout et consorts, empires biberonnés aux marchés publics.
«150 millions pour réserver sa place à la table du Premier ministre.» H. Imad*, témoin ulcéré par les turpitudes de cette business class «made in bladi», jeune loup de la finance, a été dans le staff de Ali Haddad, le président du Forum des chefs d’entreprise, le FCE. «Self made man» comme sait en «fabriquer» à la chaîne le cercle présidentiel, le patron du groupe ETRHB, petite société de BTP fondée en 1997, est propulsé, 20 ans après, à la tête d’un empire engrangeant quelque 400 millions de dollars de revenus annuel (Forbes). «Rebrab ? C’est rien. Mon chiffre d’affaires à moi, c’est 5 à 6 fois plus», se vanterait Ali Haddad.
Le groupe Cevital, propriété d’Issad Rebrab, affiche un chiffre d’affaires de 3,5 milliards de dollars. Agence parapublique orientée vers la captation des contrats publics, le FCE possède sa version «fils de». Jil FCE, ce pouls de jeunes entrepreneurs connectés aux centres de décisions. Comme Allégories, la boîte de com’ et événementiel, drivée par le tandem Lourari/Marhoun Rougab, fils de Mohamed Rougab, secrétaire particulier du président Bouteflika.
C’est Allégorie qui, le 3 décembre 2016, a organisé, pour le compte du FCE, le Forum africain d’investissements et d’affaires au Centre international de conférences (CIC) et qui a tourné au fiasco. Ce jour-là, le gouvernement Sellal, arguant les «entorses au protocole», se retira, sous les regards médusés de centaines d’invités étrangers. «Tout n’a pas été dit sur cette affaire du CIC, raconte Imad. Il y avait une forme de mise en scène, puisque le gouvernement était la veille en possession du programme des interventions et aurait pu décliner sa participation.»
Les enjeux se superposaient, selon lui. Dans les coulisses du CIC, aux manettes, ce fut Saïd Bouteflika, tout puissant frère et conseiller plénipotentiaire du Président. «Il fallait à la fois happer le destin de Lamamra, le MAE qui était présidentiable, saper l’autorité du gouvernement au profit d’un patronat paraissant tout puissant, et troisio, renverser la table des négociations des contrats qui s’amorçaient dans la salle (…).»
Jeunesse dorée, jeunesse offshore
De SwissLeaks à Panama Papers, une orgie à coups de centaines de millions de dollars. Les listings des propriétaires algériens de comptes dans les banques suisses (HSBC) et de sociétés offshore au Panama renseignent sur la fraude à grande échelle et sur les pratiques des faunes au pouvoir. Le scandale planétaire des Panama Papers est aussi celui de cette caste d’Algériens dont les fortunes mal acquises transhument à travers les paradis fiscaux, lavées, blanchies, «réinvesties».
Des Îles Vierges britanniques au Panama, des îles Caïman à la République suisse, de la Barbade à Maurice, de Hong Kong à Dubaï, la toute nouvelle plaque tournante du blanchiment de l’argent algérien. Aux Emirats, une société offshore, c’est 30 000 dollars de capital avec droit de succession garanti pour les ayants droit en cas de décès du propriétaire.
Dans les Panama Papers, les Algériens y sont souvent en famille : les Khelil (Chakib), père, épouse et fils, les Sellal (père et fille), les Bouchouareb, les Habour, les Chadli, les frères Bedjaoui, les Zerhouni – entre autres cités –, paraissant en qualité de propriétaires, bénéficiaires et/ou ayants droit de sociétés offshore. Journaliste d’investigation, membre du réseau ICIJ – le Consortium international des journalistes d’investigation qui révéla le scandale Panama Papers –, Lyès Hallas a eu accès à certains documents fuités de la société fiduciaire panaméenne Mossack Fonseca.
Ne se distinguant ni par des «compétences reconnues» ni par un «savoir-faire particulier», les «fils de», observe le journaliste, excellent par contre dans la «fructification des carnets d’adresses» de leurs parents, dans la mise en relation d’affaires d’entreprises étrangères intéressées par le marché algérien. Ils sont dans «l’intermédiation internationale».
Farid Bedjaoui, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères, est de ceux-là. «Ce ne sont certainement pas les 75 000 dollars canadiens de revenus annuels générés par son ancienne société de négoce qui ont permis à Bedjaoui de s’offrir des tableaux de Salvador Dali ou des biens immobiliers à Montréal et à New York, mais, les placements de Sonatrach.
Pourquoi n’a-t-il pas pu décrocher la gestion des portefeuilles de BP ou ExxonMobil, génie en placements financiers qu’il est ?» Impliqué dans les affaires Saipem, Sonatrach, SNC Lavalin (suit une longue liste), Farid Bedjaoui passe pour celui qui sait ouvrir les portes blindées des décideurs algériens, sécurisant, via un système de commissions/rétro-commissions, les gros contrats de compagnies étrangères.
«Le drame de ce pays est que son élite dirigeante n’imagine pas son avenir, l’avenir de ses enfants, en Algérie. Son principal souci est de trouver des alternatives pour financer l’éducation, les soins ou s’offrir une douce retraite à l’étranger, parce que les salaires perçus ne sont pas en mesure de prendre en charge son train de vie. Comment un Pdg de Sonatrach qui touche 300 000 DA de salaire mensuel pourrait s’acheter une résidence à Neuilly-sur-Seine ?»
Les Gated communities du Mont Sidi Yaya
Mont Sidi Yaya… Hydra. Le «Beverly Hills» algérois, une houma branchée au grille-pain et à la compteuse à billets, n’a rien d’un quartier pour ouled bouchia. Gosses de riches, gosses de maqla (pontes) et résidus du lumpenprolétariat s’y côtoient intimement dans ce lit d’oued (oued Hydra) où la jet-set s’est offert, par flots d’argent ininterrompus, son quartier de «luxe»…
Enfant de la cité Sellier, populace suspendue aux flancs des Crêtes, Nadir a vu le quartier se transfigurer. En seulement quelques années d’économie de bazar. «Vous voyez ce pâté de villas, désigne-t-il de la main. Elles appartiennent toutes à des généraux. Le terrain sur lequel elles sont construites devait accueillir à l’origine une coopérative pour enseignants.» Banques étrangères, restaurants sélects, magasins de grandes marques, Sidi Yahia est le quartier des affranchis du pouvoir et des franchises qui prolifèrent.
Malgré les nombreux interdits dressés par la Banque d’Algérie qui proscrit le transfert des royalties au franchiseur (la maison mère détentrice de la marque). Comment s’y prennent-elles ? «D’abord, elles appartiennent toutes à de hauts responsables et/ou à leurs enfants, ensuite, elles contournent les obstacles de la BA en gonflant le prix d’achat ou en transférant les devises sous le prétexte de l’assistance technique.»
Tout autour du quartier chic, des résidences gardées. Un phénomène urbanistique en pleine expansion. Des Gated Communities où gent aisée et gent du pouvoir s’inventent un «entre-soi», loin des masses qui menacent. Safar Zitoun Madani, spécialiste en sociologie urbaine, ne hurle pas au loin pour autant. Les Gated Communities sont un phénomène «universel». De la Chine «communiste» à l’Afrique du Sud, du Maroc aux Etats de l’Amérique latine. Une tendance mondiale. L’implantation de ces bunkers hautement sécurisés renseigne toutefois sur les inégalités qui s’accroissent dans un pays. Des inégalités qui ne sont pas toujours justifiées d’un point de vue économique.
Des «inégalités un peu honteuses» et un «enrichissement pas très transparent». «Dans le cas algérien, dit le sociologue, il faut un peu le relativiser. Car ce qui le caractérise, c’est qu’avant l’indépendance, nos villes étaient extrêmement inégalitaires du point de vue de la répartition des populations dans l’espace. Il y avait d’un côté les quartiers européens, les quartiers mixtes et les quartiers musulmans où résidaient la majorité des Algériens.
A l’indépendance, cette structure ségrégationniste, inégalitaire, a complètement explosé. Nos villes se sont mélangées, des populations d’origines modeste, moyenne, ont occupé des habitations situées dans les quartiers européens. Aujourd’hui, ce que l’on constate, c’est que les élites, notamment celles qui disposent des ressources, ne se retrouvent plus dans ce mélange. Alors, elles inventent des espaces d’entre-soi.
On revient, en quelque sorte, contre l’absence de ségrégation, et par des formes inédites, à une nouvelle façon de ségréguer, de se séparer des autres.» Loin du Fahs algérois, la proche campagne d’Alger, naguère prisée par les bourgeoisies coloniales, ottomane et française, les quartiers de l’ancienne plaine de la capitale sont en plein dans le processus de «gentrification», mot désignant ces quartiers de la noblesse anglaise qui étaient à l’origine des quartiers populaires d’origine sociale modeste.
Les opérations de relogement, de résorption de l’habitat précaire, menées au pas de charge, sur fond de spéculation foncière, immobilière, vident le Vieil Alger de sa population, au profit d’une autre. «Ce sont des processus sociologiques très courants. Ces quartiers, pour des raisons pratiques, leurs positions dans la ville, la présence d’opportunités, attirent une clientèle qui prend une coloration sociale bien particulière (…).
Progressivement donc, il y a un remplacement de population.» Dans ce processus, précise le spécialiste, l’Etat n’y est pour rien : «Il n’y a pas de volonté derrière, pas de deus ex machina, pour délimiter les quartiers des riches des quartiers pauvres. Ce sont des processus objectifs.» Dans le plan d’urbanisme d’Alger, explique-t-il, qui n’est pas «ségrégatif», la volonté de vider les quartiers populaires n’y est pas.
«Même si derrière un certain vocabulaire très technique, il y a la possibilité de comprendre que telle zone, par exemple, est destinée à une population fortunée. Mais il n’y a pas de volonté de déloger les gens du centre-ville, les populations pauvres et modestes pour la périphérie. Dans les plans, il n’y a rien de cela, dans la pratique, avec les opérations de relogement en cours. Effectivement, pour certains bidonvilles du centre-ville d’Alger, les populations sont relogées en périphérie. Est-ce qu’il y a une volonté de déportation de ces populations ? (…)»
 
 
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Khawla Taleb el Ibrahimi. Universitaire, linguiste


«Nous sommes face à un pouvoir devenu colon…»




 
28 JUILLET 2018 À 
– Pensez-vous que l’on soit dans un schéma typique de reproduction sociale, tel qu’il a été théorisé par Pierre Bourdieu notamment ?
Bourdieu nous a donné les éléments de réflexion sur la reproduction des élites, sur le système de formation, cependant, je me demande s’il faut utiliser les même outils, les mêmes catégorisations pour une société qui n’est pas suffisamment structurée quand on la compare aux sociétés, comme la société française qui a mis plusieurs siècles pour se constituer (…).
Il y a bien des élites en Algérie, mais quels ont été les processus de leurs formations ? On se rend compte que ce que nous appelons élites, au pluriel, sont en fait très fragmentées. A la fois par le processus de formation, la culture, la langue. Le choix des écoles par exemple, dont le choix langagier, mais pas seulement, est un choix d’une promotion sociale, économique.
Comment nos élites se sont constituées : vous avez d’abord les lignées tribales qui continuent à fonctionner. Car il s’agit d’un lien très fort. En dehors d’Alger, cas particulier, le critère d’appartenance est très prégnant. En Kabylie, dans le M’zab, le Sud, les Hauts-Plateaux, les Aurès. C’est dans les villes qu’émergeront d’autres facteurs comme la culture.

Nous avons des familles de lettrés. A côté de cela, bien sûr, vous avez quelques élites qui ont pu se constituer à partir de critères économiques, c’est-à-dire en étant possédantes et qui ont échappé au laminoir colonial : familles de grands propriétaire terriens, grands commerçants, comme la lignée Abbès Turki à Alger, de grandes familles de Tlemcen, à Constantine, qui allient souvent les activités libérales à la possession de grandes terres.
Ce n’est pas un hasard si on retrouve, scolarisés, dès l’ouverture de l’école française aux indigènes, les enfants issus de ces familles et qui vont devenir de grands avocats, médecins et qui adopteront, à travers les médersa, les positions intermédiaires de l’élite, c’est-à-dire, les Adel, les Bach Adel, et qui serviront de courroie entre la population indigène et le pouvoir colonial. Il y a aussi ceux formés dans les lycées franco-musulmans, et qui ont constitué l’épine dorsale de l’administration algérienne post-indépendance (…).
En fait, ce sont ces élites-là qui ont eu à gérer l’Algérie indépendante au niveau administratif et/ou économique. Une partie préexistait à la conquête coloniale et a pu préserver son capital après, l’autre s’est constituée grâce à sa proximité avec le pouvoir colonial, d’où l’accès à l’école pour sa progéniture.
Ce sont ces familles à différents capitaux qui ont formé le noyau de la bourgeoisie nationale. Le capital savoir, l’avoir, le capital économique qui s’est construit à travers le commerce avec le pouvoir colonial. Les Hamoud, Tamzali, les Bendimered, les Benjelloun, les Ben Badis, de grandes familles mais qui commerçaient, dans tous les sens du terme, avec l’ordre colonial. Y compris politiquement. Sans être compromises pour autant comme le furent les familles des Bachagha et Caïds.
Gilbert Meynier dans L’Algérie révélée raconte bien comment l’Algérie s’est construite dans l’entre-deux-guerres. Dans les années 1900, nous étions une société paysanne dans son écrasante majorité, qui se relevait du choc colonial, de toutes les insurrections, et entre 1918 et 1939, notre société allait complètement changer.
L’instruction va prendre un peu plus d’ampleur, ce qui ne veut pas dire que tous les Algériens avaient droit à l’école. Les Algériens allaient, au contact de la société coloniale, essayer d’absorber ce qui pouvait les transformer, parce qu’ils ont compris qu’il fallait utiliser les mêmes armes : c’est comme ça qu’ils s’investiront dans le mouvement sportif, culturel, créeront des associations, des partis politiques, des écoles, le scoutisme. Il s’agit là d’une formation d’élite.
Maintenant, il faut se demander : ce long processus allant jusqu’à 1962, stoppé brutalement par la Guerre de Libération, huit ans de violence contre la société algérienne, avec des pertes énormes en intellectuels, une partie de cette jeunesse algérienne qui pouvait la construire (instruite ou pas), soit ceux qui pouvaient constituer l’élite politique parce qu’ils avaient l’instrument du savoir, qu’importe qu’elle soit issue de la catégorie des grands possédants, comme les Harbi par exemple, ou qu’ils soient fils de lettrés comme Ahmed Taled Ibrahimi, ou issus de profession libérale comme Ferhat Abbas, d’officiers de carrière, qu’ils soient issus de l’armée française ou autre, tous ces gens, en 1962, n’ont finalement pas eu accès au pouvoir.
Le pouvoir ce fut le PPA-MTLD, le FLN, mouvement d’essence plébéienne. Pas au sens péjoratif. Ce sont donc les héritiers du PPA-MTLD qui ont le pouvoir en 1962, et le gardent encore aujourd’hui. Les autres n’ont jamais été des leviers du pouvoir, ils ont été dans le pouvoir, parce qu’ils ont occupé des postes, des positions politiques, de dirigeants, ministres…
Monsieur Harbi me disait : «Ils ont eu le pouvoir sur nos épaules.» Ces gens-là qui étaient des intellectuels, de vrais intellectuels, qui ont pensé l’Algérie d’une certaine façon (…). Ceux qui pouvaient constituer une véritable élite politique ont été mis sur la touche. A l’indépendance, justement, un processus de formation par le haut a été enclenché.
Pour asseoir son pouvoir, Boumediène, une bête politique, avait déjà balisé son parcours en utilisant Ben Bella, et avec lui, l’Algérie verra la constitution d’une élite qui n’est pas l’émanation de la société, même si l’école allait jouer un rôle, ça sera l’embryon de l’élite qui va gouverner l’Algérie dans les années 1980. Boumediène va s’allier avec certaines élites, l’élite francisante et l’élite arabisante, et les quelques bilingues au milieu… Des gens avec une double culture. Les élites traditionnelles, genre zaouia, Boumediène s’en méfiait, contrairement au Président actuel.
Boumediène s’alliera aussi avec un certain nombre de ses anciens compagnons qu’ils aient été dans l’ALN ou dans les organisations civiles du FLN en leur donnant des avantages économiques, exemple de Khalifa Laroussi, Salah Boubnider, Commandant Azzedine et autres. On a donc la constitution par le haut d’une élite économique qui va s’adjoindre, avec la petite élite économique traditionnelle, ce capital privé, qui n’était pas énorme mais qui existait, toléré parce qu’il avait été pourvoyeur de fonds pour la Révolution. Les élites politiques étaient dans le parti, Boumediène n’a pas dissous le FLN, mais l’a relégué à un rôle passif. Les seules élites qui comptaient à l’époque c’était l’armée et le Conseil de la Révolution.
L’armée, qu’elle soit formée des éléments de l’ALN ou par les anciens officiers de l’armée française, a commencé à constituer une caste qui allait à la fois détenir les pouvoirs politique et économique. C’est encore plus vrai aujourd’hui que l’armée investit le secteur économique. Un processus à l’égyptienne où l’armée est omniprésente en économie. J’ajoute que les «fils de», dont vous m’avez parlés, c’est là qu’on les retrouve le plus.
L’élite militaire dispose d’énormes pouvoirs, en s’alliant avec d’autres élites disposant de richesse économique et/ou d’un certain capital politico-culturel. Aujourd’hui, ces gens-là, nous ne les voyons pas, on voit les sous-fifres, présentés à l’opinion comme de grands trafiquants, mais la société algérienne n’est pas bête : elle décode, car elle sait que derrière ces gens-là il y a à la fois des dirigeants militaires et politiques et leurs enfants, fils de…
– Une progéniture sur laquelle on investit et qu’on protège comme on protège le fils et la fille de bonne famille ayant commis une bêtise…
Moi, je pars du principe que ces gens-là ont pris le pouvoir par un coup de force. Leurs enfants ne peuvent que reproduire le coup de force. Et ils s’imposent à la société par des coups de force. La société observe, concernée, car ce sont ses ressources qui sont pillées, non concernée parce qu’elle considère que ces gens ne font plus partie d’elle. Rejetés. Dans mon quartier, on est confronté à la prédation de ces gens-là : on détruit une maison sitôt le patriarche décédé, ancien président du haut comité de l’Etat…ses enfants ont fait un énorme trou dans le quartier pour faire quoi ?
Une promotion immobilière. Quand on a été se plaindre : «On nous dit que pouvons-nous contre les fils de ?» Encore une fois, on n’est pas en présence d’une reproduction au sens bourgeois, ce sont des prédateurs, des générations de prédateurs qui considèrent l’Algérie comme leur bien propre. Que ce soient eux, leurs enfants ou leurs petits-enfants, ils sont tous établis à l’étranger, preuve qu’ils ne perçoivent pas leur futur en Algérie, sinon uniquement comme une source d’enrichissement, et le pouvoir politique s’est transmis dans la même caste, militaire ou civile, mais toujours les mêmes.
Quand je vois le comportement de leurs fils, j’ai peur pour mon pays. Les grandes bourgeoisies occidentales se sont compromises ; elles ont fait notamment durant la Première et la Deuxième Guerres mondiales des choix politiques, économiques mais la grande majorité d’entre elles s’est investie dans la construction de leur pays.
Les Dassault, Lagardère, en France se projettent dans le cadre de leur pays. Nous qu’avons-nous, un Bouchouareb qui se fait un peu d’argent et qui va de suite le mettre à Panama, un Chakib Khelil qui (…). Nous sommes dans le schéma de la reproduction de la prédation. La reproduction d’une caste qui vit au détriment du pays et qui ne permet pas l’émergence d’une véritable élite politique, économique, parce qu’elle n’a pas d’intérêt.
Une génération qui n’a d’autre projet (national) que de se faire une place au soleil, car elle sait sa légitimité nulle et utilise les moyens de la correction, le chantage à la paix : moi ou le chaos. Nous avons une génération qui se réclame de moins en moins de la légitimité historique, et cette génération de fils de… qui construit pour leur grande majorité un avenir ailleurs, à l’étranger. La chance, et peut-être malheur, de l’Algérie est d’avoir cette armée là.
C’est grâce à elle que le pays ne s’est pas effondré, mais le pouvoir n’a jamais fait attention à la profondeur du pays. Regardez ce qui se passe en Kabylie, c’est quand même grave. Ce qui s’est passé dans le M’zab, dans le Sud à Tamanrasset, avec les Touareg. A In Salah. Et dans les pays voisins de l’Algérie. Je crois que le malheur de ce pouvoir est de ne pas faire confiance à ses élites. On est face à un pouvoir devenu colon. Les Algériens en ont cette impression et ils le disent tous les jours.
Dès lors, comment voulez-vous qu’il pense l’élite, qu’il pense l’Algérie de demain. La société, certes, a des ressorts, une partie profite de ce système politique, autrement ce pouvoir serait isolé et deviendrait comme les pouvoirs beylik, avec ses janissaires ottomans qui n’ont aucune profondeur sociale et qui se contentaient de représenter la Sublime Porte, de prélever l’impôt non sans provoquer chaque jour une révolte dans le pays.
Quelque part, on est dans cette configuration. Les colons, les janissaires, les «fils de» sont, dans l’imaginaire algérien, considérés comme des entités extérieures. Nous avons le même type de pouvoir, un pouvoir constitué en castes qui ne pense qu’à ses intérêts, et mettant en œuvre toutes les formes de reproduction possible. Par l’armée, l’accaparement de terres par concessions de 99 ans, par la privatisation du secteur public et la formation par les écoles privées, nationales ou étrangères, participent de la perpétuation de ce système. Les castes au pouvoir sont perçues comme étrangères à la société.
 
dimanche 29 juillet 2018
 

Ahed Tamimi, jeune icône de la cause palestinienne, a été libérée








 Avec AFP
Ahed Tamimi, jeune icône de la cause palestinienne, a été libérée © Mohamad Torokman Source: Reuters
Ahed Tamimi enlace ses proches après sa libération, le 29 juillet 2018
Après huit mois de détention, la jeune fille de 17 ans devenue une icône de la résistance palestinienne à l'occupation israélienne, a été libérée le 29 juillet et a pu regagner son village de Nabi Saleh, en Cisjordanie occupée.

Ahed Tamimi, l'adolescente devenue icône de la résistance palestinienne contre l'occupation israélienne après avoir giflé deux soldats israéliens, est sortie de prison le 29 juillet, au terme de huit mois de détention. La jeune fille de 17 ans et sa mère, également incarcérée à la suite de l'incident, ont été transférées depuis la prison Sharon en Israël jusqu'à la Cisjordanie occupée où elles résident, selon Assaf Librati, le porte-parole de la prison.
Elles ont été conduites par des soldats israéliens jusqu'à leur village de Nabi Saleh. En larmes, l'adolescente a embrassé les membres de sa famille et les soutiens venus l'accueillir, sur un petit chemin menant à la bourgade.
Face à un attroupement de caméras et de micros de la presse internationale, un keffieh – châle blanc et noir symbole de la résistance palestinienne – sur les épaules, Ahed Tamimi a brièvement invité les médias à suivre la conférence de presse qu'elle donnera plus tard dans la journée.
Puis, les deux femmes fraîchement libérées, enlacées par le père de Ahed, se sont dirigées vers la maison familiale, entourés par une foule scandant : «Nous voulons vivre libres !»
Un peu plus tôt, quelques membres de sa famille et des soutiens s'étaient réunis près d'un point de passage à Rantis, en Cisjordanie occupée, pour accueillir Ahed Tamimi et sa mère, mais n'avaient pu les saluer, les deux femmes ayant été remises à des soldats israéliens à l'abri des regards et des caméras. Les autorités israéliennes ont en effet tenu à limiter la médiatisation autour de la libération des deux femmes, diffusant des informations contradictoires sur l'endroit par lequel elles étaient censées rentrer en Cisjordanie occupée.
Ahed Tamimi avait été arrêtée le 19 décembre 2017, quelques jours après avoir été filmée dans une vidéo devenue virale sur internet. Les images la montraient en train de s'approcher avec sa cousine Nour Tamimi de deux soldats israéliens appuyés sur un muret, dans la cour de sa maison à Nabi Saleh, un village de Cisjordanie occupée. Les deux jeunes filles leur demandent de quitter les lieux puis leur donnent des coups de pied et de poing et des gifles.
Ahed Tamimi avait 16 ans au moment de son arrestation. Condamnée à huit mois de prison le 21 mars à l'issue d'un accord dit de «plaider coupable», l'adolescente a fêté ses 17 ans en prison. Sa cousine, également arrêtée, avait elle été libérée en mars.

Une très lourde peine

Issue d'une famille connue pour sa lutte contre l'occupation israélienne, Ahed Tamimi avait déjà été impliquée dans une série d'incidents avec des soldats, dont les images avaient fait le tour du monde. Les Palestiniens louent en Ahed Tamimi un exemple de courage face aux abus israéliens dans les territoires palestiniens occupés. «Il y a eu cette image symbolique d'une enfant se confrontant à un soldat israélien hyper-armé juste devant sa maison. Et le fait qu'elle ait été condamnée à une si lourde peine a suscité l'attention», explique à l'AFP Yara Hawari, une militante palestinienne amie de la famille Tamimi.
Le procès de l'adolescente devant un tribunal militaire a bénéficié d'une importante couverture médiatique. L'adolescente s'est vu infliger une peine presque aussi lourde que le soldat israélien Elor Azaria condamné à neuf mois pour avoir abattu un assaillant palestinien blessé qui ne posait plus aucun danger. Nombre d'Israéliens considèrent pour leur part qu'elle est un exemple de la façon dont les Palestiniens encouragent leurs enfants à la haine. «Vous ne pouvez pas prendre une petite terroriste et en faire une héroïne, mais c'est ce que nous avons fait», regrette Oren Haza, un député du Likoud (droite), le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahou. «Elle est très dangereuse», soutient-il. «La plupart des Israéliens vous diront qu'ils voudraient la voir en prison pour 20 ans».
Pour les défenseurs des droits de l'Homme, l'affaire Tamimi a permis de mettre en lumière les pratiques des tribunaux militaires israéliens et leur taux de condamnation de Palestiniens très élevé de 99%. La Cisjordanie étant un territoire occupé militairement par Israël, les Palestiniens qui y résident sont jugés devant des tribunaux militaires. «Des centaines d'enfants palestiniens restent derrière les barreaux et ne bénéficient d'aucune attention», a déclaré le directeur de l'ONG Human Rights Watch en Israël, Omar Shakir, en dénonçant des «mauvais traitements endémiques» infligés aux mineurs.
 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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