ELWATAN-ALHABIB
mardi 30 octobre 2018
 

Civilisation occidentale ou Syphilisation capitaliste?












Civilisation occidentale ou Syphilisation capitaliste?
Notre civilisation tant vanté est née dans le sang, est imbibée de sang.”
Jack London

Par Mesloub Khider
D’aucuns s’accordent pour affirmer la supériorité de la civilisation occidentale. La civilisation occidentale domine le monde. Cette civilisation occidentale serait  la descendante directe des civilisations grecque, romaine, chrétienne. Doit-on valider et cautionner de telles assertions?

Est-il vrai que la civilisation occidentale domine le monde ?

Etat-moi-Pibroch-300x172Rien de plus fallacieux. En effet, le concept de civilisation occidentale est inapproprié et incorrect pour qualifier la culture dominante actuelle, le mode de penser universel contemporain. Cette notion de civilisation occidentale est purement idéologique. S’il y a bien une civilisation qui domine le monde, c’est bien le capitalisme. Et pour rectifier et préciser la notion,  il faudrait plutôt parler de système économique et social, et non de civilisation.
L’essence du capitalisme est de produire de la plus value  (profit) et non de produire de la culture. Sa « civilisation »  s’ingénie  à accumuler du capital, et non à capitaliser les ingénieuses valeurs humaines. De transformer la société en marché mué uniquement  par des rapports marchands, et non à  rassembler les hommes  dans une communauté universelle animée exclusivement par des rapports authentiquement humains (sic). C’est une classe sociale et non une culture qui domine le monde contemporain. Et le mode de vie capitaliste est fondé sur la propriété privée des capitaux et des investissements de ceux-ci, et non sur une morale et des valeurs spirituelles.  Sa culture est dominée par la vénalité et la consommation pathologique. En outre, le capitalisme lui-même n’a rien de spécifiquement occidental. De nos jours,  il est apatride, cosmopolite. Les Chinois, bien avant l’Europe,  ont impulsé le mouvement du capitalisme mais il a été tué dans l’œuf par les seigneurs chinois.

De même, le capitalisme n’est pas l’enfant ni l’infant du christianisme.

C’est un enfant certes conçu dans les entrailles géographiques chrétiennes, mais fécondé dans le dos de la chrétienté, contre sa volonté stérile, arraché du ventre féodal européen au forceps.  En réalité, le capitalisme est l’enfant de la bourgeoisie. Il est né  dans les manufactures productives des villes florissantes de l’Europe, fécondées par de virils hommes, parents  d’une nouvelle  génération d’entrepreneurs résolus à révolutionner  le monde (ne pas oublier que la Bourgeoisie fut révolutionnaire pendant longtemps à une certaine époque).
pape. 20181030 jpgDonc, le capitalisme n’a pas été conçu par la chrétienté dominée des siècles durant par des eunuques incapables d’engendrer la moindre création matérielle humaine, hormis ces fantasmagoriques ruminations pathologiques religieuses célestes.  D’ailleurs le célibat du christianisme lui interdisait d’épouser l’esprit de création,  le privant ainsi d’enfanter la moindre civilisation matérielle et culturelle humaine. Le christianisme, ennemi de la raison, a tout juste été capable de bâtir une parasitaire institution ecclésiastique chargée scolastiquement d’épiloguer sur le sexe des anges au ciel et de s’adonner au sexe avec les petits anges sur terre. Le capitalisme n’est donc pas né au sein de l’Église, occupée à s’agenouiller devant le Saint Esprit dans les miteuses églises, mais dans les « laboratoires scientifiques » de la société bourgeoise émergente.
Au reste, Il n’existe pas « une civilisation » occidentale, ni une civilisation asiatique, ni une civilisation africaine. Tout comme il n’existe pas de civilisation musulmane ou chrétienne. Il y’a des cultures. Elles sont diverses et variées. En réalité, le concept de civilisation, et particulièrement sa variante raciste « supériorité de la civilisation occidentale », a surtout servi à justifier et légitimer toutes les entreprises d’esclavage et du colonialisme à l’époque de l’accumulation primitive et d’ascension du capitalisme. Cette prétendue supériorité a alors consisté essentiellement en la suppression des autres civilisations. En vérité, l’Occident chrétien n’est pas responsable des entreprises meurtrières du capitalisme naissant. Le capitalisme sanguinaire (c’est un pléonasme) a fini aussi par anéantir le christianisme.  Si on doit parler de supériorité, c’est du système capitaliste en tant que mode de production. En effet, au plan purement économique,  le capitalisme fut largement supérieur à tous les autres modes de production antérieurs. Et le capitalisme n’est, à plus forte raison de nos jours, ni occidental, ni américain, ni asiatique. Mais Mondial.
En revanche, d’un point de vue strictement historique, l’Europe, et non pas de manière abstraite l’Occident, a vécu constamment sur le pied de guerre.  En effet, si l’Europe a démontré sa grande supériorité, c’est en matière de massacres intra-européens et extra-européens. Par ses fratricides guerres entreprises sur son sol chrétien, comme par ses massacres coloniaux, esclavagistes, impérialistes, opérés dans les autres continents. Sans oublier ses deux Boucheries mondiales de 14/18 et de 39/45 exécutées en pleine siècle de la démocratie (bourgeoise). Pour rétablir la vérité, ainsi, ce n’est pas l’entité conceptuelle  « civilisation occidentale » qui aura brillé par  le génocide des Indiens d’Amérique, la torture et l’exploitation des esclaves africains, par le pillage de leurs continents, le torpillage de leurs cultures, mais le système capitaliste européen.
D’ailleurs, que recouvre la notion de « civilisation » ? Effectivement, on encense souvent certaines  civilisations.   On s’émerveille pour leurs grandes réalisations. Mais on oublie que la majorité de ces « civilisations » furent dominées par de sanguinaires dictatures comme celles des Pharaons, des empereurs de Chine, des rois de Sumer, pour ne citer que les plus célèbres. En effet, ces potentats n’hésitaient pas à assassiner toute leur cour pour affermir leur pouvoir ou emporter la cour avec eux dans leurs tombes ou sarcophages après la mort. Ni à décimer leur population par des travaux  exténuant sur les champs ou sur les chantiers de construction pour bâtir des palais royaux ou des pyramides.
presidents-300x233 20181030De nos jours, le culte de ces civilisations meurtrières  a pour dessein de conditionner les peuples contemporains de chaque pays à développer leur fibre patriotique, et donc à nourrir la fierté de la grandeur de leurs oppresseurs actuels. Ce type de fierté patriotique civilisationnelle constitue un ferment idéal pour le racisme, la xénophobie, le fascisme, la guerre. On prêche l’amour de « Sa » civilisation pour mieux rejeter les autres civilisations.
On prétend  que « les Musulmans » représente une autre civilisation,  « les Chinois », une autre civilisation, les Occidentaux une autre civilisation.  Par ces discours réactionnaires, outre le sentiment de supériorité,  le but est de distiller une mentalité de la peur, une atmosphère sécuritaire : « défendons-nous contre eux, protégeons-nous contre eux, armons-nous contre eux« .
En vérité, les classes dirigeantes de tous les pays se moquent royalement des concepts de civilisation, elles ne connaissent que l’accumulation de capital, la civilisation du profit. Elles servent ce genre de thèses de « civilisation » à leur peuples dominés et exploités respectifs pour mieux les détourner de leurs intérêts authentiques de classe. Dans cette optique, depuis plusieurs années, au nom de ce concept de civilisation, on  prétend que les guerres actuelles opposent les Occidentaux et les Orientaux, la civilisation occidentale et la civilisation « orientale ».
En effet, Georges Bush, dans ses guerres impérialistes contre l’Orient, n’a pas hésité  d’user du vocable « guerre des civilisations », comme si la civilisation capitaliste était menacée par des religieux musulmans. Perspective absurde. En effet, Personne n’ignore les accointances entre le capitalisme et l’islam, la convergence d’intérêts entre l’impérialisme et les Etats musulmans. C’est au nom de la défense de la « civilisation occidentale » qu’ont été menées les guerres contre l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, en détruisant au passage les lieux de naissance de la civilisation néolithique. Bien évidemment, toutes ces guerres ont revêtu un caractère impérialiste. Quand les États-Unis et ses alliés font la guerre en Orient, c’est surtout pour soutenir leurs alliés orientaux musulmans. Nulle guerre de civilisation. Il ne faut jamais perdre de vue que les plus fidèles alliés des puissances capitalistes occidentales sont les régimes capitalistes arabes et musulmans du monde entier : le régime saoudien et ses satellites des Émirats arabes, sans oublier les dictateurs musulmans de l’Indonésie, du Pakistan, de la Turquie, du Maroc.
Et personne n’ignore qu’Al Qaeda est l’œuvre du Pentagone et de la CIA. En effet, Al Qaeda a prospéré grâce à l’aide militaire, financière et logistique des États-Unis, mais aussi des Etats pakistanais et saoudien. Sans oublier le dernier avorton, le si bien nommé Daesh. Drôle de « guerre de civilisations » dirigée par de fidèles partenaires et alliés capitalistes occidentaux et orientaux. Dans ces guerres réellement impérialistes, les terroristes, eux-mêmes, n’hésitent pas  à reprendre à l’envers cette propagande de « conflits de civilisations« , par leurs  proclamations d’être les défenseurs de la « civilisation islamique » contre la « civilisation occidentale» (sic). Ces alliés de l’impérialisme, par leurs phraséologies islamistes, cautionnent et avalisent cette propagande réduisant les guerres impérialistes actuelles à des conflits confessionnels entre musulmans et « Occidentaux ».
En ces temps belliqueux génocidaires au sein de la pacotille civilisation capitaliste, le vocable civilisation est très en vogue. Chaque pays en guerre proclame batailler au nom de la défense de sa « civilisation » L’État raciste d’Israël fait ses guerres pour défendre la « civilisation des Hébreux ». Le dirigeant de l’Inde, le raciste Modi, lui, gouverne au nom de la « civilisation hindou ».  Le dictateur Poutine mène sa politique guerrière au nom de la « civilisation orthodoxe slave ».  Et certains comme Bush, Sarkozy, Morano  proclament venue l’ère de la « guerre des civilisations » Décidément, ce sont les moins civilisés de la terre, les plus criminels de l’humanité, les plus ignobles, qui se drapent de cette notion de civilisation.
En réalité, l’Histoire n’a pas été émaillée par  des « guerre des civilisations », mais  constamment jalonnée par  des guerres de classes, la lutte des classes.

Et si beaucoup de guerres meurtrières il y eut, c’est sur le continent européen.

complot3-212x300En effet, les plus grandes guerres de l’Histoire ont eu lieu entre puissances dites « occidentales », et particulièrement entre puissances européennes.  En ce qui concerne la France, elle a été davantage en conflit avec l’Espagne, l’Angleterre ou l’Allemagne qu’avec l’Orient, le Moyen-Orient ou l’Asie. Aujourd’hui, aucun Etat, impérialiste ou non, ne défend des valeurs civilisationnelles, valeurs inexistantes dans le monde capitaliste, qui ne connaît qu’une seule valeur : la valeur d’échange, la valeur marchande.  En revanche, de manière générale, et c’est un truisme de dire cela : toutes les guerres ont été déclenchées par les classes dirigeantes exploiteuses. Qui ont freiné l’évolution de la société, de l’humanité. Ce sont des classes dirigeantes chinoises qui ont écrasé durant des siècles l’économie de la Chine, transformant ce pays riche en cimetière, compromettant l’éclosion d’une économie chinoise plus développée (pour preuve : paradoxalement, pour un pays doté d’une civilisation millénaire, il aura fallu attendre les années 1980 pour que la Chine entre économiquement dans l’histoire).
Ce sont les classes dirigeantes européennes qui ont plongé régulièrement leurs pays respectifs dans les guerres, faisant reculer à plusieurs reprises leur « civilisation ».  Ce sont les classes dirigeantes indo-pakistanaises qui ont transformé l’indépendance de leurs pays en grand bain de sang, faisant reculer la « civilisation » humaine.
Ce sont les classes dirigeantes américaines qui ont transformé ces dernières années la planète en guerres en champs de guerres permanentes pour le grand profit de leurs industries de l’armement et du pétrole, parfois au nom de la « civilisation occidentale » comme le proclamait Georges Bush.  Non, le monde n’est pas un vaste terrain de guerre entre plusieurs civilisations. Il est le siège de luttes entre des classes. Et c’est pour atténuer et détourner ces luttes de classes que les classes dirigeantes entretiennent un climat de guerre permanent.

Le capitalisme est mondial, pareillement pour le prolétariat.

Avec l’entrée du capitalisme en décadence, les classes dirigeantes tentent de détourner les colères populaires vers la haine entre les peuples  (prétendument de civilisations différentes).
Il ne faut pas se laisser duper par ces discours haineux.
Toute la civilisation humaine est menacée d’anéantissement si nous nous ne débarrassons pas de cette syphilisation capitaliste, vecteur de guerres, véritable destructrice de Civilisations.
En fait, c’est la crise du capitalisme qui suscite les guerres actuelles, et non la prétendue résurgence  d’antagonismes civilisationnels. « Guerre de civilisations », « Occident contre orient », les hommes politiques français, américains, auteurs, rivalisent d’imagination pour propager ces funestes théories.

*

Voici quelques savoureuses citations  de ces propagateurs de haine

Samuel Huntington, « Le choc des civilisations » :
« Le monde d’après la guerre froide comporte sept ou huit grandes civilisations. Les affinités et les différences culturelles déterminent les intérêts, les antagonismes et les associations entre Etats. Les pays les plus importants dans le monde sont surtout issus de civilisations différentes. Les conflits locaux qui ont le plus de chance de provoquer des guerres élargies ont lieu entre groupes et Etats issus de différentes civilisations. La forme fondamentale que prend le développement économique et politique diffère dans chaque civilisation. Les problèmes internationaux les plus importants tiennent aux différences entre civilisations. L’Occident n’est plus désormais le seul à être puissant… Une civilisation est le mode le plus élevé de regroupement et le niveau le plus haut d’identité culturelle dont les humains ont besoin pour se distinguer des autres espèces. Elle se définit à la fois par des éléments objectifs, comme la langue, l’histoire, la religion, les coutumes, les institutions, et par des éléments subjectifs d’auto-identification. »
Bush, justifiant le lancement de la guerre d’Afghanistan par les attentats du World Trade Center :
« C’est le combat de la civilisation. C’est le combat de tous ceux qui croient au progrès et au pluralisme, à la tolérance et à la liberté… Le monde civilisé se range aux côtés de l’Amérique. »
Nicolas Sarkozy : « Il s’agit d’une guerre déclarée à la civilisation. La civilisation a une responsabilité de se défendre. C’est ce que nous sommes décidés à faire ».
« Cessons de noircir le passé. L’Occident longtemps pécha par arrogance et par ignorance. Beaucoup de crimes et d’injustices furent commis. Mais la plupart de ceux qui partirent vers le Sud n’étaient ni des monstres ni des exploiteurs. Beaucoup mirent leur énergie à construire des routes, des ponts, des écoles, des hôpitaux. Beaucoup s’épuisèrent à cultiver un bout de terre ingrat que nul avant n’eux n’avait cultivé. Beaucoup ne partirent que pour soigner, pour enseigner. On peut désapprouver la colonisation avec les valeurs qui sont les nôtres aujourd’hui. Mais on doit respecter les hommes et les femmes de bonne volonté qui ont pensé de bonne foi œuvrer utilement pour un idéal de civilisation auquel ils croyaient. »
Manuel Valls : « Nous ne pouvons pas perdre la guerre de civilisation contre le terrorisme. »  « Qu’est-ce que la civilisation ? C’est l’argent mis à la portée de ceux qui en possèdent. »   Georges Darien
 Mesloub Khider
source:http://www.les7duquebec.com/7-au-front/civilisation-occidentale-ou-syphilisation-capitaliste/
 
lundi 29 octobre 2018
 

TOUCHEZ PAS AUX PRIVILÈGES !!










Les troublantes décisions du nouveau président de l’APN : L’Assemblée otage du système des privilèges

El Watan 28 OCTOBRE 2018   


A peine plébiscité par l’alliance présidentielle FLN-RND-TAJ-MPA et indépendants, Mouad Bouchareb, successeur de Saïd Bouhadja à la tête de l’Assemblée populaire nationale (APN), s’est installé au bureau de ce dernier, situé au 5e étage, sans passation de consignes.
Une autre violation de la loi, sachant que Bouhadja n’a toujours pas démissionné et, de ce fait, il reste, au vu de la loi, le président légitime. Par cette situation de «fait accompli», le nouveau président de l’Assemblée n’a pas attendu pour «rétablir» ce que Bouhadja avait «osé» changer dans la gestion administrative de cette «boîte de Pandore» qu’est l’Assemblée.
Quelques heures seulement après son «intronisation», il reçoit l’ex-secrétaire général Bachir Slimani, pour lui réitérer sa promesse de le réintégrer à son poste. Sitôt promis, sitôt fait. Mouad Bouchareb annule la mise de fin de fonctions de Slimani, signée par Bouhadja, et appose, pour la première fois, sa signature en tant que président de l’Apn sur la décision de sa réintégration à son poste de secrétaire général.
En fait, Bouhadja ne savait certainement pas que son secrétaire général est un personnage «extrêmement important» au sein de l’institution qu’il préside. Il est au cœur même du système des privilèges et du partage de la rente, mais aussi sa boîte noire. Un statut qui le rend intouchable, et ce, depuis des années.
En intellectuel assez prudent, Mohamed Larbi Ould Khelifa, le prédécesseur de Bouhadja, l’avait licencié en 2014, et désigné chef de cabinet, comme intérimaire. Le même groupe, qui a mené la fronde durant les trois dernières semaines, a exigé sa réintégration sous prétexte que c’est la Présidence qui l’a décidé. Mesurant le degré des alliances d’intérêt au sein de l’Assemblée et à l’extérieur, Ould Khelifa a préféré céder en réintégrant Slimani.
Ce dernier prend de l’assurance, mais aussi de la puissance. «Par sa connaissance de tous les fonctionnements de l’administration, les points forts et les points faibles des uns et des autres et leurs secrets, il est devenu intouchable», nous dit-on. Mais Saïd Bouhadja – avec toute son expérience dans les «magouilles politiques» et les «mouvements de redressement» en tant qu’ancien mouhafedh (commissaire du parti du FLN) – n’a pas mesuré la «puissance» des «réseaux» du secrétaire général et leurs ramifications à l’extérieur de l’Assemblée.
Il avait engagé une opération d’assainissement de la gestion de l’Apn, ce «panier à crabes», qu’aucun des présidents qui l’ont précédé n’a pu faire. Son erreur, révèlent certains députés bien informés, est de ne pas avoir changé le personnel administratif, comme le lui confère le règlement intérieur.
Bouhadja a «franchi la ligne rouge» en demandant à son secrétaire général l’état des lieux du personnel, du parc automobile, du budget de la pièce détachée, de la consommation de carburant, des frais de missions, etc. En bref, il venait de mettre le pied dans le guêpier des privilèges.
«Depuis des années, les vice- présidents, les présidents des commissions, les chefs des groupes parlementaires mais aussi de simples députés aux puissantes connaissances s’octroient des avantages hallucinants», nous dit-on, précisant : «Certains s’offrent de longues listes de recrues, dont plusieurs ne viennent même pas à l’Assemblée. Le cas de Bahaeddine Tliba est révélateur.
En tant que vice-président, il a fait recruter 87 personnes, d’autres comme lui circulent avec 2, 3 voire 5 véhicules de l’Assemblée, sans compter leurs collègues qui passent leur temps à voyager d’un pays à un autre avec des frais de mission dépassant l’entendement.»
Ce n’est là que la partie visible de l’iceberg et le premier responsable qui gère toute cette rente n’est autre que le secrétaire général. Il concentre toute l’information à son niveau. Les états demandés par Bouhadja ne lui parviennent pas. Il se débrouille pour en avoir une partie d’ailleurs. La situation est «catastrophique», dit-il lors de ses nombreuses sorties médiatiques. C’est alors qu’il commence à sévir.
Il exige la récupération des nombreux véhicules affectés à des personnalités extra-Assemblée, mais aussi à l’annulation des conventions avec plusieurs ateliers de mécanique qui assurent l’approvisionnement en pièces détachées (qui a coûté, en 2017, pas moins de 120 millions de dinars) et l’entretien des véhicules du parc.
Bouhadja, une menace pour les intérêts et les privilèges
Rien ne va plus entre le président et le secrétaire général. L’opposition de ce dernier à l’augmentation des frais de mission du chef du protocole devant accompagner Bouhadja à l’étranger est considérée comme un affront. Du coup, Bouhadja, usant de son pouvoir que lui confère la loi, met fin aux fonctions de Slimani. Le même groupe de députés, qui a réintégré ce dernier en 2014, revient à la rescousse.
Il exige de Bouhadja sa réintégration sur la base du message de la Présidence qu’il dit détenir. Mais Bouhadja surprend tous ses détracteurs en disant que la décision était déjà prise et que la Présidence n’avait pas besoin d’intermédiaire pour prendre attache avec lui. La réaction était imprévisible. Elle suscite des réactions violentes, surtout qu’elle intervenait quelques jours seulement après la décision de récupérer les deux véhicules avec chauffeur qui étaient mis à disposition du secrétaire général du FLN.
La gestion de Bouhadja commence à menacer les intérêts et les privilèges aussi bien des députés du FLN que du RND et des petites formations politiques qui vivotent autour d’eux. Du coup, Bouhadja était devenu l’homme à abattre et tous les moyens, aussi vils soient-ils, étaient permis.
Retrait de confiance qui n’existe nulle part dans la loi, gel des activités parlementaires créant une situation de vacance, fermeture des accès de l’Assemblée avec chaînes et cadenas pour empêcher Bouhadja de rejoindre son bureau, convocation illégale du bureau de l’Apn pour déclarer la vacance du poste de président, validée par la commission juridique, sans aucun habillage légal, et arriver à la fin de ce parcours à une plénière qui entérine toutes les violations et plébiscite un successeur, Mouad Bouchareb, la figure de proue de l’opposition à Bouhadja.
Ses premières décisions prises quelques heures seulement après son intronisation lèvent le voile sur les véritables raisons qui ont mis la troisième institution du pays au centre d’une crise politique très grave. La première a été l’annulation de la décision de licenciement du secrétaire général de l’Assemblée, Bachir Slimani, et sa réintégration à son poste.
La deuxième décision de Mouad Bouchareb a été d’annuler l’ordre de Saïd Bouhadja, qui consistait à récupérer les deux véhicules (C5 et Passat) avec deux chauffeurs (rémunérés par l’Apn) affectés à Djamel Ould Abbès, secrétaire général du FLN. Ce dernier ne bénéficiait pas uniquement des voitures et des chauffeurs du parc de l’Assemblée, mais aussi du carburant et de toutes les prestations liées à la maintenance des deux véhicules.
Une telle décision démontre à quel point la séparation des pouvoirs en Algérie est utopique. La crise que la troisième institution républicaine a vécue a le mérite de dévoiler l’hégémonie que les partis de la majorité ont fini par avoir sur elle, dans le seul but de continuer à bénéficier d’indus privilèges au moment où le peuple a du mal à supporter les taxes et la hausse des prix induites par la crise financière que traverse le pays.
 
 

QUOI DE NEUF EN ALGÉRIE ?

www.la-croix.com
Florence Couret , le 29/10/2018
Le président Abdelaziz
 Bouteflika sera candidat à
 sa propre succession.







« Abdelaziz Bouteflika, 82 ans dans quelques mois, président de la République algérienne depuis presque vingt ans, victime d’un grave accident vasculaire cérébral il y a cinq ans, et candidat à sa propre succession l’année prochaine… L’annonce faite dimanche soir par le secrétaire général du FLN, sans doute assourdie par le brouhaha brésilien et l’élection de Jair Bolsonaro, est passée presque inaperçue parmi les nouvelles du monde. Fatigue, résignation ?
En tout état de cause, pour bon nombre d’Algériens, la peine sera double : à moins d’imprévisibles rebondissements, le non-changement se fera dans la continuité et, qui plus est, dans une indifférence générale.
Cédant à l’amicale pression des cadres et militants, Abdelaziz Bouteflika est donc appelé à « poursuivre son oeuvre », pour reprendre l’expression du responsable du FLN.
Une « œuvre » qui se solde par une croissance qualifiée de « léthargique » par la Banque mondiale dans son rapport d’avril 2018. Pauvreté, corruption, chômage élevé – avec une moyenne de 11,7 %, mais qui peut atteindre le double ou le triple selon les régions – et touchant surtout les plus instruits, les jeunes et les femmes.
Résultat, le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) classait l’an dernier les Algériens dans le top 5 des candidats à l’émigration clandestine.Pourtant, l’Algérie est un grand pays. Par sa taille, par ses richesses en matières premières – on parle des hydrocarbures, moins des mines de fer ou d’autres minerais –, par sa géographie, par ses paysages grandioses – qui devraient en faire une destination touristique indiscutable, ce qu’elle n’est pas – par son dynamisme démographique – plus de 40 % de la population a moins de 25 ans. La liste est longue des atouts de ce pays qui mériterait l’avènement d’une classe politique digne de ce nom. »
Florence Couret La Croix .
 
dimanche 28 octobre 2018
 

Norman Finkelstein dénonce l’imposture de l’antisémitisme












Norman Finkelstein dénonce l’imposture de l’antisémitisme
Par Norman G. Finkelstein
L’hystérie actuelle qui engloutit le parti travailliste britannique se base sur deux prémisses interdépendantes, quoique discrètes : l’antisémitisme dans la société britannique en général et au sein du parti travailliste en particulier a atteint des proportions critiques. Si aucune de ces prémisses ne peut être admise, alors cette hystérie est une pure fabrication. En réalité, aucun élément de preuve n’a été fourni pour étayer l’une ou l’autre ; au contraire, toutes les preuves vont dans la direction opposée. La conclusion rationnelle est que tout ce brouhaha n’est qu’une mystification calculée –oserons-nous dire un complot ?– visant à chasser de la vie publique britannique Jeremy Corbyn et la politique de gauche attachée à des principes qu’il représente. Mais même si les allégations à son encontre étaient vraies, la solution ne serait pas de limiter la liberté de penser au sein du parti travailliste. À son apogée, la tradition de la gauche libérale a attaché une valeur unique et primordiale à la Vérité ; mais la vérité ne peut pas être connue si les dissidents, si odieux qu’ils soient, sont réduits au silence. Du fait de l’histoire lourde de l’antisémitisme, d’une part, et de sa manipulation éhontée par les élites juives, d’autre part, une appréciation objective et sans parti pris peut sembler irréalisable. Mais il faut tout de même essayer. Sinon, la perspective d’une victoire historique de la gauche pourrait être sabotée, car jusqu’à présent, les partisans de Corbyn, que ce soit par crainte, calcul ou souci du politiquement correct, n’osent pas désigner le mal qui se trame par son nom.
Le degré d’antisémitisme qui infecte la société britannique a fait l’objet de nombreux sondages sur une période prolongée. Ces enquêtes ont conclu de manière uniforme, cohérente et sans ambiguïté que l’antisémitisme (1) est depuis longtemps un phénomène marginal dans la société britannique, touchant moins de 10% de la population, (2) est beaucoup moins saillant que l’hostilité envers les autres minorités britanniques, et (3) est moins prononcé au Royaume-Uni que presque partout ailleurs en Europe. On pourrait supposer que ces données règlent la question. Mais en 2017, l’Institut Britannique de Recherche sur les Politiques Juives (RPJ) a publié une étude qui prétend affiner les idées reçues en mesurant « l’élasticité » de l’antisémitisme, c’est-à-dire en mesurant non seulement le pourcentage d’antisémites confirmés, mais également la prégnance des stéréotypes qui stigmatisent les Juifs [1]. Cette étude a conclu que bien que l’on ne puisse considérer que 2 à 5% de la population britannique comme antisémite, 30% nourrissent au moins un stéréotype antisémite.
Avant d’analyser les données de l’étude, deux truismes doivent être rappelés. Premièrement, une généralisation est quelque chose qui est généralement considéré comme vrai, mais comporte évidemment des exceptions. Bien que le riche propriétaire d’usine Engels ait généreusement subventionné son impécunieux camarade, cela n’a pas empêché Marx de faire des généralisations sur les « vampires » capitalistes. Sans la valeur heuristique des généralisations larges, la sociologie en tant que discipline devrait mettre la clé sous la porte. Son mandat est de cartographier et de prédire le comportement, dans l’ensemble et globalement, des multiples groupes et sous-groupes transversaux qui composent la société. Deuxièmement, chaque groupe national ou ethnique est sujet à des généralisations: « Les Français sont… », « Les Italiens sont… », « Les Allemands sont… », etc. Ces généralisations vont du plus ou moins flatteur au plus ouvertement malveillant, du plus ou moins vrai à l’absolument faux. Il devrait également être évident que si la plupart des généralisations positives ne soulèvent aucun problème, il devrait en aller de même pour les plus négatives. Le fait que les stéréotypes sur les Juifs couvrent toute la gamme n’est guère alarmant ; il serait surprenant qu’il en aille autrement.
En fait, le RPJ ne tire pas la sonnette d’alarme. Alors que certains colporteurs d’antisémitisme se sont accrochés à ses conclusions, les chercheurs eux-mêmes cherchaient à répondre à une question différente : « Pourquoi les niveaux d’anxiété élevés constatés au sein de la population juive britannique du fait de l’antisémitisme contemporain semblent-ils si peu en accord avec les faibles niveaux de sentiment antisémite observés au sein de la population générale du Royaume-Uni ? » [2] L’étude avance que si les Juifs britanniques expriment une profonde anxiété alors même que les antisémites sont, comme le dodo, en voie d’extinction, cela émane donc de la « diffusion » plus large dans la société britannique de stéréotypes antisémites : « Cette diffusion contribue grandement à expliquer les inquiétudes contemporaines des Juifs causées par l’antisémitisme » [3]. Mais n’est-ce pas là une inférence hâtive ? Si les habitants de Salem, dans le Massachusetts, éprouvaient une profonde anxiété causée par les sorcières ; si les Américains éprouvaient une profonde anxiété causée par les communistes ; si les sudistes blancs éprouvaient une profonde anxiété causée par les violeurs noirs ; si les Allemands ressentaient une profonde anxiété causée par une conspiration « judéo-bolchevique » ; et si, à ce sujet, les chrétiens éprouvaient une profonde anxiété causée par les meurtres rituels d’enfants commis par les Juifs… Faut-il en déduire que toutes ces craintes étaient fondées ? Si une anxiété est généralisée, il ne s’ensuit pas nécessairement, ni même probablement, que c’est une peur rationnelle. Elle pourrait tout aussi bien avoir été induite par des forces sociales puissantes qui bénéficieraient d’une paranoïa délibérément créée. Ou, dans le cas présent, cela pourrait découler de bien d’autres choses, d’une hypersensibilité juive –tout à fait compréhensible à la lumière de l’expérience historique– à un antisémitisme fantôme (cf. le film Annie Hall de Woody Allen).
L’étude du RPJ compile une liste de sept stéréotypes. Selon ces chercheurs, si ces stéréotypes sont jugés antisémites, c’est parce que les Juifs les trouvent blessants : « Certaines idées sont réputées antisémites chez les Juifs, et cette étude adopte une perspective juive sur ce qui constitue l’antisémitisme. » [4] Mais une généralisation peut clairement être à la fois blessante et vraie, car la vérité est souvent une pilule amère à avaler. Si la généralisation blessante est vraie, alors, dans la mesure où l’épithète antisémite ne s’applique qu’à une animosité irrationnelle, elle ne peut pas être antisémite. Il y a une vingtaine d’années, Daniel Jonah Goldhagen a écrit un livre prétendant que l’holocauste nazi avait pour origine une prédisposition allemande à tuer des Juifs. Si elle était vraie, sa thèse ne pourrait pas être qualifiée d’anti-Teutonique : « Il n’y a pas de raison prima facie de rejeter la thèse de Goldhagen », ai-je observé à l’époque. « Elle n’est pas intrinsèquement raciste ou illégitime. Il n’y a pas de raison évidente pour laquelle une culture ne pourrait pas être fanatiquement consumée par la haine. » Même si les Allemands peuvent être horrifiés face à cette description de leur peuple, et même la trouver singulièrement choquante, si les faits la justifiaient, alors on ne pourrait pas affirmer qu’elle soit enracinée dans une malveillance irrationnelle. En l’occurrence, les preuves apportées par Goldhagen ne pouvaient pas soutenir sa thèse, mais c’est une autre question.
Considérons maintenant plusieurs des stéréotypes rassemblés dans l’étude du RPJ pour évaluer la prévalence de l’antisémitisme britannique :
Les Juifs pensent qu’ils sont meilleurs que les autres. Entre leur succès séculier d’une part, et leur caractère théologique de « peuple élu » d’autre part, les Juifs eux-mêmes croient en la supériorité de leur groupe. N’est-ce pas la raison pour laquelle ils tirent une immense vanité des origines juives des figures fondatrices de la modernité –Marx, Einstein et Freud– ainsi que des 20% de lauréats Juifs du prix Nobel ? Ce qu’un enfant Juif hérite, ce n’est « pas un corps de loi, pas un corpus d’apprentissage, pas un langage et en fin de compte pas un Seigneur », a déclaré l’éminent romancier Juif Philip Roth, « mais une sorte de psychologie qui peut être résumée en ces quelques mots : « Les Juifs sont supérieurs aux autres ». Un éminent universitaire Juif-Américain a écrit sans vergogne : « Les Juifs auraient été moins qu’humains s’ils avaient évité toute notion de supériorité », et « il est extraordinairement difficile pour les Juifs Américains de se départir complètement de leur sentiment de supériorité, quels que soient les efforts qu’ils fassent pour cela. » [6] Une publication américaine populaire, dans un article intitulé « Les juifs sont-ils plus intelligents ? », a étudié les preuves génétiques de cette supériorité [7]. De peur que cela ne soit catalogué comme une suffisance propre aux Juifs Américains, l’éminent auteur Anglo-Juif Howard Jacobson considère qu’au cœur de l’antisémitisme se trouve le ressentiment des Gentils face à l’intelligence juive : « Freud soutient que les Juifs… ont sur-évolué leur côté mental et intellectuel… Nous avons tous nos arrogances et c’est là une arrogance juive. Mais l’idée que le Juif est trop évolué mentalement est l’une des raisons pour lesquelles l’humanité est constamment en conflit avec nous. Nous avons donné au monde l’éthique, la morale, la vie mentale, et le monde physique ne nous le pardonnera jamais. » [8] Si c’est de l’antisémitisme que de croire que « Les Juifs pensent qu’ils sont meilleurs que les autres », alors il semblerait que la majorité des Juifs soient infectés par ce virus.
Les Juifs exploitent la victimisation de l’Holocauste à leurs propres fins. Le volubile chef de la diplomatie israélienne, Abba Eban, aurait plaisanté : « Il n’y a pas de business plus rentable que celui de la Shoah ». Mais lorsque j’ai publié en 2000 un petit livre intitulé L’industrie de la Shoah: Réflexions sur l’exploitation de la souffrance des Juifs [9], il a entraîné un torrent d’attaques ad hominem. « Il est peut-être trop facile de balayer d’un revers de main un critique comme Finkelstein en le présentant comme un Juif ayant la haine de soi », a déclaré Jonathan Freedland dans le Guardian, mais cela ne l’a pas empêché de s’engager à son tour sur cette voie sordide : « Finkelstein fait le travail des antisémites pour eux », et de fait, « il est plus proche des gens qui ont créé l’Holocauste que de ceux qui ont subi » [10]. Sans surprise, Freedland fait maintenant partie des personnes qui mènent la charge contre l’antisémitisme présumé de Corbyn. Quoi qu’il en soit, près de deux décennies se sont écoulées depuis la réception hostile de mon livre, et sa teneur ne fait même plus froncer les sourcils car elle est devenue un truisme. Que ce soit pour justifier une autre guerre d’agression ou un autre massacre de civils, que ce soit pour commercialiser un autre navet sur l’Holocauste, ou un autre roman insipide sur l’Holocauste, les Juifs n’ont pas hésité à se draper du manteau sacré du martyre, bien au contraire. Un livre de l’ancien Président du parlement israélien Avraham Burg dénonçant la fixation israélienne sur l’Holocauste parle de « l’industrie de la Shoah » ; elle « convertit la douleur atroce en fausseté et en kitsch », observe Burg, et atténue les crimes israéliens : « Les Juifs Américains, comme les Israéliens… élèvent la bannière de la Shoah haut dans le ciel et l’exploitent politiquement… Tout est comparé à la Shoah, éclipsé par la Shoah, et par conséquent tout est permis –que ce soit des clôtures, des blocus… la privation de nourriture et d’eau… Tout est permis parce que nous avons subi la Shoah, donc personne n’a à nous dire ce qu’on peut ou ne peut pas faire. » [11] Burg est-il coupable d’antisémitisme ?
Les Juifs ont trop de pouvoir en Grande-Bretagne. Les trois britanniques les plus riches sont Juifs [12]. Les Juifs ne représentent que 0,5% de la population mais 20% des 100 britanniques les plus riches. [13] Par rapport à la population générale et à d’autres groupes ethno-religieux, dans l’ensemble, les Juifs britanniques sont infiniment plus riches, plus instruits et réussissent mieux leur vie professionnelle [14]. De telles disproportions se retrouvent ailleurs. Aux Etats-Unis, les Juifs ne représentent que 2% de la population, mais 30% des 100 Américains les plus riches, tandis que les Juifs bénéficient du revenu par foyer le plus élevé parmi les groupes religieux. [15] Les Juifs représentent moins de 0,2% de la population mondiale, mais, parmi les 200 personnes les plus riches du monde, 20% sont Juifs [16]. Les Juifs sont organisés de manière incomparable car ils ont créé une pléthore d’organisations communautaires et de défense interdépendantes, imbriquées et se renforçant mutuellement, qui opèrent à la fois dans les arènes nationales et internationales. Dans de nombreux pays, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni [et la France], les Juifs occupent des positions stratégiques dans l’industrie du divertissement, les arts, l’édition, les revues d’opinion, l’académie, la profession juridique et le gouvernement. « Les Juifs sont représentés en Grande-Bretagne en nombre plusieurs fois supérieur à leur population », note Anshel Pfeffer, journaliste anglo-israélien, « dans les deux Chambres du Parlement, sur le classement des hommes les plus riches fait par le Sunday Times, dans les médias, l’académie, les professions libérales et sur toutes les marches de la vie publique. » [17] Il serait extraordinaire que ces données brutes ne se traduisent pas par un pouvoir politique juif hors normes. L’Institut de planification politique de la population juive, basé en Israël, s’extasie du fait que « le peuple juif d’aujourd’hui est à un zénith historique de la création de richesse » et « n’a jamais été aussi puissant que maintenant ». Il est certainement légitime de sonder l’amplitude de ce pouvoir et d’établir s’il a été exagéré [19], mais il ne peut être acceptable de nier (ou de supprimer) des faits socio-économiques ayant une importance critique. Lorsque presque tous les membres du Congrès américain agissent comme un diable à ressort cassé, et donnent à un chef d’Etat israélien –qui a fait irruption au Capitole dans un défi effronté et odieux au Président américain– une ovation après une autre, il est sûrement naturel de demander : Mais qu’est-ce qui se passe ici ? [20] Sans le pouvoir démesuré des Juifs britanniques, il est difficile d’imaginer que la société britannique se serait lancée dans une interminable chasse au hobgoblin. Certes, bien que la lutte contre l’antisémitisme soit le cri de ralliement, un large éventail de forces sociales puissantes et bien enracinées, œuvrant pour un agenda qui n’est pas si caché que ça, se sont unies autour de cette cause putative. On ne peut toutefois pas nier que les organisations juives constituent le fer empoisonné de cette lance.
On pourrait encore se demander : Mais n’est-ce pas là « trop » de pouvoir ? Considérez ces faits. Jeremy Corbyn est le chef démocratiquement élu du parti travailliste. Sa montée en puissance a considérablement élargi et galvanisé les rangs du parti. Corbyn a consacré sa vie à la lutte contre le racisme. Comme pour la chanson d’hommage à Joe Hill, le militant du parti des ouvriers, on peut dire que là où les travailleurs font la grève et s’organisent, c’est là que vous trouverez [Jeremy Corbyn]. Selon les normes britanniques et même mondiales de leadership, il fait figure de saint. Du côté opposé, des corps juifs non élus pour la plupart [21] ont traîné le nom de Corbyn dans la boue, le calomniant et le diffamant. Ils ont refusé de rencontrer Corbyn, même s’il a à plusieurs reprises tendu ses rameaux d’olivier et proposé des compromis substantiels [22]. Au lieu de cela, ils émettent des ultimatums à prendre ou à laisser. En réalité, la majorité des Juifs ne soutiennent pas les travaillistes, même lorsque la tête de liste du parti est un Juif (Ed Miliband en 2015). Néanmoins, ces dirigeants communautaires hypocrites et grandiloquents ne trouvent pas inconvenant ou même inapproprié de dicter de loin et d’en haut au parti travailliste sa politique interne. Ma défunte mère écrivait: « Ce n’est pas un hasard si les Juifs ont inventé le mot Chutzpah. » Le motif transparent de cette campagne cynique est de diaboliser Corbyn, non pas parce que c’est « un putain d’antisémite », mais parce que c’est un champion intègre des droits des Palestiniens. Cependant, la candidature de Corbyn ne concerne pas seulement la Palestine ou même les classes ouvrières britanniques. C’est un phare pour les sans-logis, les affamés et les désespérés, les méprisés, les opprimés et les démunis, partout où ils se trouvent. Si les calomniateurs de Corbyn réussissent, la lueur de possibilité qu’il a fait jaillir et entretenue sera étouffée par une bande de maîtres-chanteurs et d’extorqueurs. Est-ce de l’antisémitisme de croire que « les Juifs ont trop de pouvoir en Grande-Bretagne » – ou est-ce simplement du bon sens? (Certes, et c’est là une question distincte qui n’a pas de solution simple, on peut se demander comment il serait possible de remédier à cette inégalité de pouvoir sans empiéter sur les droits démocratiques de quiconque.) Malgré tout, n’est-il pas antisémite de généraliser que les « Juifs » ont abusé de leur pouvoir ? Mais même en admettant qu’une partie ait été manipulée ou dupée, il semble clairement que les Juifs britanniques en général soutiennent le rouleau compresseur anti-Corbyn. Si c’est vraiment un malentendu, de qui est-ce la faute ? Le message tacite de l’éditorial commun sans précédent publié en première page des principaux périodiques juifs était le suivant :
Les Juifs britanniques sont unis – Corbyn doit partir ! Est-il antisémite de prendre ces organisations juives au mot ?
Le résultat de tout cela est que l’étude du RPJ ne prouve pas « l’élasticité » de l’antisémitisme dans la société britannique. Deux des propositions incendiaires qu’elle éprouve sont sans doute porteuses d’antisémitisme –L’Holocauste est un mytheL’Holocauste a été exagéré– mais seule une infime partie des britanniques (respectivement 2 et 4%) y adhèrent. L’antisémitisme existe bien sûr dans la société britannique, mais le RPJ a ratissé ses « preuves » de manière beaucoup trop large et ne saurait être pris au sérieux. Il n’y a aucune raison de douter des données des sondages conventionnels qui estiment l’incidence de l’antisémitisme à moins de 10% de la société britannique.
Même si l’étude du RPJ pouvait résister à un examen sérieux, elle ne prouverait toujours pas que l’antisémitisme menace les Juifs britanniques. Face au spectacle nauséabond et incessant du nombrilisme solipsiste et narcissique et de l’auto-apitoiement, un examen objectif de la situation s’impose. Si les stéréotypes populaires étaient représentés sur un spectre allant de l’inoffensif au malveillant, la plupart des stéréotypes antisémites seraient proches de l’inoffensif, alors que les stéréotypes touchant les minorités véritablement opprimées se retrouveraient à l’extrémité opposée. Oui, les Juifs doivent subir la réputation d’être radins, arrivistes et claniques –mais les musulmans sont catalogués comme des terroristes et des misogynes, les Noirs sont méprisés comme des fainéants chroniques et génétiquement stupides, et les Roms / Sinté sont honnis comme de vils mendiants et voleurs. Les Juifs ne subissent pas non plus les maux subis par la véritable oppression. Combien de Juifs, en tant que Juifs, se sont vu refuser un emploi ou un appartement ? Combien de Juifs ont été abattus par la police ou jetés en prison ? Alors qu’être noir ou musulman ferme les portes, être Juif les ouvre. S’il est établi que les Blancs occupant des postes de pouvoir discriminent en faveur d’autres Blancs et que les hommes occupant des postes de pouvoir discriminent en faveur d’autres hommes, il serait surprenant que des Juifs ayant largement réussi ne discriminent pas en faveur d’autres Juifs. Non seulement n’est-ce plus un handicap social que d’être Juif, cela a même un certain cachet social. Alors que jadis, c’était un pas en avant pour un Juif que de se marier dans une famille de l’élite dirigeante, cela semble maintenant être un pas en avant pour l’élite dirigeante de se marier dans une famille juive. N’est-ce pas un indice fort que la prunelle des yeux du Président Bill Clinton, sa fille Chelsea, et la prunelle des yeux du Président Donald Trump, sa fille Ivanka, aient épousé des Juifs ? Faisant le tour des plateaux télévisés britanniques, Barnaby Raine, une autorité autoproclamée, grimace : « Il y a un très grave problème d’antisémitisme dans la société britannique » (Hormis le fait qu’il soit un « fier Juif britannique » et qu’un jour, quelqu’un l’ait traité de « youpin », il est difficile de trouver un fondement à ses pronunciamentos catégoriques.) Bertrand Russell a un jour écrit à propos de Trotsky : « Il est très beau et a d’admirables cheveux ondulés ; on sent qu’il serait irrésistible pour les femmes. » On peut dire quelque chose de semblable, plus ou moins, de Barnaby le Bolchevik –ou du moins de l’idéal auquel il aspire. La question se résume alors à cela : Préférerait-il être laid et chauve ou être Juif en Grande-Bretagne aujourd’hui ? Ce n’est pas une question triviale ou ironique. Le fait est que personnellement et professionnellement, ces stigmates physiques sont une croix dix fois plus lourde à porter que de naître Juif. Si le non-problème de l’antisémitisme est classé comme un « problème très grave » au Royaume-Uni, alors les Britanniques ont beaucoup de chance. De fait, si c’était vraiment le cas, la candidature de Corbyn serait redondante car ils auraient déjà tous fui vers la Terre Promise.
« Ceux qui ne peuvent pas se souvenir du passé sont condamnés à le reproduire ». Tel est l’avertissement célèbre de George Santayana. À la lumière de la catastrophe qu’ils ont subie pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs ne devraient-ils pas envisager le pire et s’y préparer ? Peut-on vraiment leur reprocher une hypervigilance ? Même si les indicateurs sont très faibles pour l’instant, peut-on nier qu’il est à tout le moins possible que cela se reproduise ici ? Si la disponibilité des ressources, du temps et de l’énergie était infinie, un tel argument pourrait entraîner la conviction. Mais ce n’est pas le cas. « L’économie de temps », a observé Marx dans les Grundrisse, « c’est à cela que toute économie se réduit ultimement. » Tout le temps dépensé dans une direction est autant de temps en moins pour les autres directions. Peut-on sérieusement affirmer que face aux multiples crises nationales et mondiales qui déchirent la société britannique –les sans-logis, la sécurité sociale, le chômage, le Brexit, la prolifération nucléaire, le changement climatique…–, l’antisémitisme occupe une place importante dans les affaires urgentes qui requièrent une attention immédiate ? Ou que les ressources limitées dont dispose la Grande-Bretagne pour lutter contre ces problèmes de vie et de mort devraient plutôt être réorientées vers la lutte contre de vagues futurs scénarios apocalyptiques ? Mais la vérité est que les élites juives ne croient pas un seul instant que l’antisémitisme est une question brûlante. S’ils craignaient vraiment qu’il soit un danger clair et présent maintenant ou dans un avenir prévisible, ils ne crieraient pas sur les toits que Corbyn est un « putain d’antisémite ». Car si le Royaume-Uni regorgeait véritablement d’antisémites refoulés, en toute logique, la diffusion de cette accusation ferait de la publicité gratuite à Corbyn, car ce serait une douce musique aux oreilles des électeurs potentiels. Loin de l’endommager, sa diffusion ne pourrait que faciliter la victoire de Corbyn et ouvrir la voie à un second Holocauste. Au contraire, les organisations juives savent très bien que dénigrer Corbyn en tant qu’antisémite réduira considérablement son attrait, car l’antisémitisme ne résonne que parmi les antédiluviens, les troglodytes et les tarés. En d’autres termes, la preuve irréfutable que les lyncheurs de Corbyn ne croient pas un mot de ce qu’ils disent, c’est qu’en le qualifiant d’antisémite, ils espèrent et s’attendent à l’isoler. Cependant, étant donné que l’accusation est manifestement une manœuvre de diversion, il est également possible que l’hystérie actuelle passe complètement au-dessus de la plupart des gens, non pas parce qu’ils ne se préoccupent pas de l’antisémitisme, mais parce que sa prévalence leur parait inexistante. Si la controverse a un effet, elle se limitera à exacerber les divisions au sein de la direction du parti travailliste, et peut-être aussi une perception plus générale que les histoires promues par les médias grand public sont de « fausses informations ».
Norman Finkelstein
___________________
* L’auteur est très reconnaissant à Noam Chomsky, Maren Hackmann-Mahajan, Deborah Maccoby, Colin Robinson et Jamie Stern-Weiner pour plusieurs références et contributions critiques.
[1] L. Daniel Staetsky, Antisémitisme en Grande-Bretagne contemporaine : Une étude des attitudes à l’égard des Juifs et d’Israël, Institute for Jewish Policy Research, 2017.
[2] Ibid., p. 11.
[3] Ibid., p. 25.
[4] Ibid., p. 21.
[5] Norman G. Finkelstein et Ruth Bettina Birn, Une nation en procès : la thèse de Goldhagen et la vérité historique, New York, 1998, pp. 6-7.
[6] Charles Silberman, Un certain peuple : les Juifs américains et leur vie aujourd’hui, New York, 1985, pp. 78, 80, 81 (citant Roth).
[7] New York Magazine, 24 octobre 2005.
[8] Liam Hoare, « Short-Listed for the Booker, Jacobson’s New Book is Judenrein », Times of Israel, 21 septembre 2014.
[9] Norman G. Finkelstein, L’industrie de l’Holocauste: Réflexions sur l’exploitation de la souffrance des Juifs, New York et Londres, 2000.
[10] Jonathan Freedland, « Un ennemi du peuple », The Guardian, 13 juillet 2000.
[11] Avraham Burg, L’Holocauste est terminé. Nous devons renaître de ses cendres, New York, 2008, pp. 5, 17, 41, 78.
[12] « Jewish Brothers Top Britain’s 2016 Rich List », Times of Israel, 24 avril 2016.
[13] Sandy Rashty, « Les Juifs les plus riches de Grande-Bretagne sont nés à l’étranger, révèle une liste des hommes les plus riches », Jewish Chronicle, 15 mai 2014.
[14] David Graham et al., « Les Juifs en Grande-Bretagne: un aperçu du recensement de 2001 », RPJ, 2007, pp. 5-7, 75, 100. Cf. Simonetta Longhi et Lucinda Platt, « Écarts de rémunération entre les domaines de l’égalité : une analyse des écarts de salaires et des pénalités salariales selon le sexe, l’ethnicité, la religion, le handicap, l’orientation sexuelle et l’âge », Rapport de recherche 9 de la CEDH, Hiver 2008 ; Panel national sur l’égalité, Anatomie de l’inégalité économique au Royaume-Uni: Rapport du Panel sur l’égalité nationale, 2010, pp. 102, 132, 149, 227-29, 390 ; Karen Rowlingson, « Inégalité de la richesse : faits essentiels », Commission de la politique de distribution de la richesse de l’Université de Birmingham , 2012, p. 19.
[15] Hamilton Nolan, « The Forbes 400: A Demographic Breakdown », Gawker, 23 septembre 2010 ; David Masci, « Comment le revenu varie parmi les groupes religieux américains », Pew Research Center, 2016.
[16] « Les Juifs représentent 19% de la liste des 200 personnes les plus riches au monde de Forbes », Jewish Business News, 7 mars 2018.
[17] Anshel Pfeffer, « Le rapport sur l’antisémitisme au Royaume-Uni met en lumière une tendance troublante chez les Juifs britanniques », Haaretz, 14 janvier 2015.
[18] Institut de planification de la politique du peuple juif, 2030 : Futurs alternatifs pour le peuple juif, Jérusalem, 2010, pp. 18, 19.
[19] Norman G. Finkelstein, Trop en savoir : Pourquoi la romance juive américaine avec Israël touche à sa fin, New York, 2012, pp. 45-84.
[20] « Le discours de Benjamin Netanyahu au Congrès interrompu par des standing ovations », Telegraph, 3 mars 2015 ; https://www.youtube.com/watch?v=0KMVhb57RqI.
[21] David Rosenberg, « Un plaidoyer adressé à Jeremy Corbyn par un socialiste juif qui partage le même désir de justice sociale », Public Reading Rooms, août 2018 ; https://prruk.org/a-plea-to-jeremy-corbyn-from-a-jewish-socialist-who-shares-the-same-desire-for-social-justice-and-human-rights/).
[22] Len McCluskey, « Corbyn a répondu aux préoccupations concernant l’antisémitisme, mais les dirigeants de la communauté juive refusent de considérer « oui » comme une réponse», HuffPost, 16 août 2018.
Source : http://normanfinkelstein.com/2018/08/25/finkelstein-on-corbyn-mania/
 Traduction : sayed7asan.blogspot.fr
 via:http://sayed7asan.blogspot.com/2018/10/norman-finkelstein-denonce-limposture.html
 
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