ELWATAN-ALHABIB
lundi 25 novembre 2019
 

Campagne électorale sur fond de tension : Le calvaire des candidats









 
25 NOVEMBRE 2019 À 10 H 13 MIN
 
L’image renvoyée depuis le début de la campagne électorale est en noir et blanc. Il s’agit d’un concentré de pratiques révolues dans le domaine de la communication politique.
Slogans galvaudés, affiches mal conçues et mises en scène de mauvais goût… les candidats à la présidentielle contestée du 12 décembre prochain ont fait preuve d’un amateurisme sans précédent en matière de communication. Ce domaine semble complètement négligé. Une semaine après le début de la campagne électorale, aucun des prétendants à la magistrature suprême ne se distingue sur ce plan.
Rien à voir, sur tous les plans. L’image renvoyée depuis le début de cette course électorale est en noir et blanc. Il s’agit d’un concentré de pratiques révolues dans le domaine de la communication politique. Candidats par défaut pour la majorité d’entre eux, ils semblent résignés à jouer seulement un jeu où tout est faussé d’avance. Tel est le décor terne de la campagne.
Les «investissements» dans la communication ne sont visiblement pas importants. Les équipes de campagne ne se sont pas trop cassé la tête. A commencer par les slogans de campagne. Dans ce domaine, il n’y a point d’innovation.
Les directions de campagne des cinq candidats se sont contenté de formules vagues, galvaudées et très peu accrocheuses : «Engagés pour le changement et nous pouvons le réaliser» pour Abdelmadjid Tebboune, «Ensemble, nous construirons la nouvelle Algérie», estime Abdelkader Bengrina, «Je m’engage», précise Azzedine Mihoubi, «L’Algérie est notre patrie, son progrès est notre serment», soutient Ali Benflis et «Le peuple décide», se contente de dire Abdelaziz Belaïd.
Le choix des affiches, des couleurs et des portraits des candidats laisse aussi à désirer. Une catastrophe, pour les spécialistes en sémiologie. Pourtant, certains candidats ont de l’expérience et ont fait beaucoup mieux lors des précédentes élections auxquelles ils ont pris part. Pourquoi ont-ils choisi, cette fois-ci, de bâcler ?
«A vrai dire, les candidats se sont mis d’emblée dans une situation indéfendable vis-à-vis de l’opinion publique. Il est alors normal que chacun d’entre eux cherche à être le moins mauvais, c’est l’enjeu de cette campagne. Mais avant de parler d’efforts à faire en matière de communication, il faut parler de compétences qu’ils n’ont pas, car leur école est celle du régime.
De ce fait, ils leur est impossible de se détacher de la culture du Carnaval fi dachra», explique Mohamed Cherif Amokrane, stratège en communication et auteur de plusieurs livres, dont La communication démystifiée pour le manager algérien, publié en 2019. Selon lui, la création attendue en ce genre d’occasion dépend du contenu.
«La création ne peut avoir de sens que s’il y a une substance. Or, ils (les candidats, ndlr) n’ont rien à dire au peuple. Ils défendent plus la tenue de la présidentielle que leurs programmes. La continuité du régime est assurée sur tous les plans, même en ce qui concerne les pratiques de communication», explique-t-il.
Les réseaux sociaux et l’audiovisuel ignorés
Sur le plan de l’exploitation des nouvelles technologies, les candidats et leurs staffs respectifs sont aussi hors du temps. Leur présence sur le Net et sur les réseaux sociaux est très limitée. On se contente de la diffusion, parfois en direct, des meetings animés ici et là. En général, les pages des candidats et les sites internet, très peu nombreux, sont figés, comme cette campagne qui peine à démarrer.
«Les candidats sous-estiment l’effet boomerang causé par les réseaux sociaux. Ils continuent à communiquer comme si la bataille de l’opinion publique pouvait se gagner à travers les médias classiques. C’est pour ça qu’ils se permettent des mises en scène que les jeunes tournent en dérision sur les réseaux», souligne Mohamed Amokrane Cherif.
En effet, les gestes maladroits des candidats font plus de buzz sur les réseaux sociaux que leurs déclarations. Les larmes versées, on ne sait pour quelle raison, la prière sur les trottoirs, les tournées dans les zaouïas et les mausolées et autres mises en scène ont eu l’effet destructeur pour l’image, déjà peu reluisante, des candidats qui continuent de faire fuir même les électeurs potentiels qui étaient jusque-là convaincus par cette élection.
Cela confirme que les candidats au prochain scrutin présidentiel sont carrément à la peine. Faibles en communication, ils rament aussi péniblement sur le terrain miné de la campagne.


Le manque d’inspiration ne concerne pas uniquement les candidats. Le pouvoir, organisateur de cette joute, fait aussi feu de tout bois. Ainsi, pour tenter de vendre cette élection, il n’a pas trouvé mieux que de détourner une photo du hirak. Prise de manière à cacher toutes les transcriptions sur les pancartes des manifestants qui rejette ce scrutin, cette image est utilisée dans l’affiche officielle portant le slogan de : «Je choisis l’Algérie, je vote !»
 
vendredi 22 novembre 2019
 

De l’antisémitisme des années 30 à


 l’islamophobie d’aujourd’hui















Par Pierre Stambul.
Il n’est plus possible de faire semblant de ne pas voir. Tous les jours des politiciens injurient ou stigmatisent les musulman.es. Toutes les semaines les « unes » de Valeurs actuelles, le Point, Marianne et bien d’autres insistent sur l’incompatibilité entre la « République » (laquelle ?) et l’Islam. Les violences, les attaques meurtrières se multiplient et pas seulement en France. Enlevez le mot « musulman » et mettez le mot « juif » dans ces diatribes incessantes : la similitude avec ce qui s’est passé dans les années 30 est flagrante. Et ce conditionnement idéologique a permis Auschwitz.
Des termes impropres, mais qui se sont imposés
Le terme « antisémitisme » est totalement impropre. Il n’y a bien sûr pas de race sémite, pas plus que de race aryenne. Il n’y a pas de race. Cette tentative d’essentialiser et de hiérarchiser « scientifiquement » les humains selon leur origine réelle ou supposée et selon leur culture est une de ces abominations que nous a léguée la fin du XIXème siècle. Le mot « antisémite » a été inventé par l’Allemand Willelm Marr (1819-1904), un des théoriciens du racisme biologique, précurseur du nazisme. Parfois des amis arabes me disent : « comment peut-on nous traiter d’antisémites puisque nous sommes sémites ? » Eh bien non, les races n’existent pas et il n’y a pas d’homogénéité dans ce qu’on appelle juif ou arabe : les Juives et les Juifs sont largement descendant.es de converti.es de différentes époques et de différentes régions et dans ce qu’on appelle « Arabes », il y a des Berbères ou des Égyptien.nes qui n’ont rien à voir avec ceux qu’on a la mauvaise habitude d’appeler des Sémites.
Ce terme est une invention de l’ennemi et pourtant le terme « antisémite » s’est imposé. Les antisémites veulent, dans le meilleur des cas chasser les Juives et les Juifs et cette haine paroxystique a pu aller jusqu’à l’extermination au moment du génocide nazi.
Et le terme « islamophobie » ? Certains pensent que c’est une invention de Tariq Ramadan, des ayatollahs ou de je ne sais quel barbu. Il n’est pas difficile de voir que le terme existait dès le début du XXème siècle. Plus sérieusement, beaucoup rejettent le terme en disant qu’il fait l’apologie de l’Islam et interdit la critique de cette religion. C’est bien sûr faux. L’auteur de ces lignes reste farouchement attaché à « Ni Dieu, ni maître » et au droit d’attaquer les religions. Sauf que … Dreyfus avait une religion dont le corpus est largement archaïque, patriarcal et comprenant des textes qui sont des apologies du meurtre de masse. Il était militaire dans une armée coloniale et ultranationaliste. Et pourtant, ceux qui, dans le mouvement ouvrier, n’ont pas compris qu’il était fondamental de le défendre, se sont lourdement trompés.
Lutter contre l’islamophobie, c’est pareil. Les « musulman.es » ou, pour parodier Sarkozy, les « musulmans d’apparence » sont aujourd’hui massivement des « dominé.es » qui servent de boucs émissaires dans un monde capitaliste de plus en plus féroce. À ce titre, les défendre est une obligation, quoi qu’on puisse penser ou ne pas penser de leur religion comme de toute autre religion. Avant tout, respect, solidarité, égalité des droits, fraternité, droit à la différence, enrichissement mutuel avec eux.
Le retour du refoulé raciste
Parmi les moteurs de l’explosion du racisme biologique en Europe après 1850, il y a une forme de « nationalisme identitaire », un rêve meurtrier de pureté, l’idée que le Noir, le Rom, le Juif, l’Arabe, le Musulman souillent notre société.
Dans « l’actualité d’un archaïsme. La pensée d’extrême droite et la crise de la modernité » (1999), Alain Bihr analyse dans les textes d’écrivains antisémites (Barrès, Drieu la Rochelle, Brasillach) cette quête de pureté.
Aux États-Unis, le Ku-Klux-Klan utilise les flammes pour purifier l’Amérique. Les Nazis reprendront cette symbolique, ils défileront aux flambeaux, brûleront des livres et finiront par brûler ceux qu’ils ont exterminés.
Rien de nouveau avec ce qui se dit sur les Musulmans. Quand Zemmour parle d’invasion et demande aux Musulmans de « choisir entre l’Islam et la France », il y a cette idée de souillure, d’obstacle à la pureté et d’obligation d’allégeance.
Quand le « journaliste » de LCI Olivier Galzi compare le « voile islamique » à l’uniforme SS, il y a avant tout une obscénité, les SS évoquent les pires dominants, la pire intolérance meurtrière. Comme si les femmes issues de l’immigration post-coloniale appartenaient à cette catégorie ! Mais il y a cette constante du racisme : déshumaniser l’autre, annoncer par la parole que tout est permis. Cette stratégie a été utilisée contre les Juifs dans les années 30 et elle a ouvert la voie à l’extermination. Quand, à chaque numéro, des journaux (Marianne, le Point, Valeurs Actuelles) font l’amalgame islam = islamistes = terroristes, il s’agit d’expliquer que les musulman.es sont un corps étranger en France comme on l’a fait dans la France de Vichy contre les Juives et les Juifs en les chassant de la fonction publique dès 1940.
Certains peuvent penser que l’islamophobie n’existe pas et qu’il ne s’agit que d’un classique « racisme anti-arabe ». Bien sûr, après Auschwitz, il est moins « politiquement correct » de pratiquer le racisme biologique. Mais on se trompe en pensant que cette sinistre explosion raciste ne serait qu’une revanche coloniale après la perte de l’Algérie même si cet aspect est très important (voir plus loin). Ce n’est pas seulement cela. Une telle interprétation n’explique pas les massacres dans des mosquées au Québec ou en Nouvelle-Zélande, ni le fait qu’un politicien néerlandais (Gert Wilders) a construit sa popularité sur la proposition d’interdire le Coran aux Pays-Bas. Encore moins qu’un « ancien » du Front National s’imagine venger Notre-Dame de Paris en attaquant la mosquée de Bayonne.
L’islamophobie, comme l’antisémitisme autrefois, est devenue le dénominateur commun de tout ce que le monde compte de partis et d’idéologies racistes et xénophobes. Ne pas le comprendre rend inopérant le combat antifasciste. Les deux racismes ont aussi en commun d’être des racismes d’État qui édictent des lois discriminatoires sur fond de stigmatisation au plus haut niveau.
La question coloniale

empires coloniaux européens

Les empires coloniaux européens vont soumettre de nombreuses populations musulmanes. Aujourd’hui, le sinistre Zemmour, après avoir fait l’éloge de Pétain, fait celui du criminel de guerre Bugeaud (« Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence par massacrer les musulmans, et même certains juifs. Eh bien moi, je suis du côté du général Bugeaud, c’est ça être français »).
Le colonialisme, et avant lui l’esclavage ou le code noir, sont des périodes fondamentales de l’histoire humaine. Il y aura une croyance majoritaire chez les peuples colonisateurs que « nos » civilisations, « nos » valeurs, « notre » religion sont « évidemment » supérieures à celles des populations colonisées.
Et celles-ci, dans une situation d’exploitation et de domination, conserveront ce qu’elles peuvent de leur mémoire et de leur identité, en particulier l’Islam pour les peuples du Maghreb et du Sahel.
Le colonisateur essaiera de domestiquer l’Islam et d’en faire un relai. Mais il n’y a pas vraiment de clergé sunnite. Cette domestication ne réussira que dans les pays du Golfe. Les colonisateurs s’allieront dès 1920 avec le courant le plus obscurantiste de l’Islam, le Wahhabisme. Le deal est simple : « on vous aide à vaincre le courant nationaliste et à conserver le contrôle des lieux saints et vous nous garantissez le pétrole à bas prix et à volonté ». Cet Islam toléré et complice de la colonisation est celui qui a engendré Al Qaïda ou Daesh. Cet islam féodal, esclavagiste, patriarcal et meurtrier est l’ami de l’Occident qui lui fournit armes et protection. L’islamophobie ne le concerne pas.
Le colonialisme français en Algérie n’est pas seulement une histoire d’enfumades de Bugeaud, de confiscation des terres et des richesses ou de surexploitation de la main d’œuvre autochtone. Royaliste, impérial ou républicain laïque, le colonialisme français va séparer les « musulmans » des « européens » et des « juifs » avec « le code de l’indigénat » qui durera de 1865 à 1946. Pendant toute la durée de la colonisation, seuls 7 000 « indigènes musulmans » seront naturalisés français. Et en 1954, quand l’insurrection éclate, à peine 10 % des « musulmans » savent lire et écrire. Moins qu’en 1830 quand la colonisation a commencé.
Jusqu’à 1961, période où l’opinion française bascule, traumatisée par les nombreux conscrits qui trouvent la mort contre le FLN, il y aura un assez large consensus en France pour dire que l’Algérie, c’est la France et que « nous » apportons la civilisation à une population arriérée. C’est ainsi que, le 13 mai 1958, date du coup d’État qui installe la Cinquième République, des Pieds Noirs en liesse manifestent à Alger en dévoilant de force toutes les femmes algériennes rencontrées sur leur passage.

Ces « soldats indigènes » qui ont sauvé Marseille

Le colonialisme, ça aura été aussi l’utilisation massive des colonisés à la fois comme main d’œuvre bon marché et comme chair à canon. Qui sait dans ce sud de la France qui vote fortement pour la famille Le Pen que le Général de Montsabert, censé avoir libéré Marseille, était un des très rares blancs d’une armée essentiellement musulmane ?
Certains regretteront que l’Algérie indépendante soit un pays où la majorité de la population est croyante. Pourquoi en aurait-il été autrement ? Ce pays n’a pas connu l’équivalent des luttes anticléricales du pays colonisateur. Il y a eu des oulémas aux côtés de marxistes et de nationalistes dans la lutte pour l’indépendance. Et des partis laïques français (à l’instar de la SFIO) ont montré qu’on pouvait être laïque et colonialiste, voire soutien des tortionnaires.
Pour les colonialistes, l’utilisation de la religion ne posait aucun problème. C’est ainsi qu’on aura en France un Jules Ferry voulant limiter l’influence de l’Église en France et envoyant en même temps les missionnaires sur les pas des soldats dans la conquête de l’Indochine. Le même Ferry aura des discours sur les races supérieures et les races inférieures révélant un suprématisme décomplexé.
Il serait faux de croire que le colonialisme, c’est du passé. C’est totalement du présent dans les DOM-TOM français et avec la Françafrique. Comme le chantait si bien le regretté François Béranger en 1979 dans « Mamadou m’a dit » : Les colons sont partis. Ils ont mis à leur place une nouvelle élite de noirs bien blanchis.
L’Occident, l’Islam et les Juifs
La diabolisation du « mahométan » remonte au haut Moyen-Âge. La Chanson de Roland attribue aux Sarrasins une embuscade clairement faite par des Basques. La Première Croisade commence par un massacre de Juifs dans la vallée du Rhin et s’achève par celui des « Infidèles » de Konya ou de Jérusalem.
Le Moyen-Âge est une période où on « construit » l’ennemi : le lépreux, la prostituée, l’hérétique, la sorcière, le Juif, le nomade, le Musulman.
Quand l’Espagne devient un État moderne, elle massacre ou expulse simultanément ses Juifs et ses Musulmans. Elle poursuivra même les descendants des convertis. La « Reconquista » en Espagne s’accompagnera d’une tentative d’effacer la mémoire et la trace de l’Espagne juive ou musulmane. Les synagogues deviennent des églises (Tolède) et les mosquées des cathédrales (Séville, Cordoue).
L’antisémitisme et l’islamophobie modernes puisent leurs racines dans cette histoire.
Quand le colonialisme s’emparera de pays musulmans, ce sera avec un immense sentiment de revanche et de supériorité de l’Europe chrétienne face à des pays qui restent archaïques.
Ce sentiment est écrit noir sur blanc par la Société des Nations après la guerre de 14-18. Alors que les Occidentaux avaient promis l’indépendance aux peuples arabes vivant sous le joug de l’empire ottoman, cette noble institution va créer les « mandats » permettant à la Grande-Bretagne et à la France de dominer la quasi-totalité de la région. Prétexte invoqué par la Société des Nations : « ces peuples ne sont pas assez mûrs et développés pour pouvoir s’administrer ».
Cet incroyable sentiment de supériorité par rapport à un Islam forcément archaïque et obscurantiste est hélas largement répandu dans l’Europe aujourd’hui.
Racisme, religions et instrumentalisation de la laïcité
A-t-on le droit de critiquer les religions ? Oui, mille fois oui ! Une des pancartes en tête de la manifestation contre l’Islamophobie à Paris le 10 novembre disait : « oui à la critique des religions, non à la haine des croyants ».
Dans tous les textes religieux, on va trouver des horreurs sans nom. Mais on va trouver aussi des messages d’égalité ou de justice. Dans la religion juive orthodoxe, on prie en remerciant Dieu de « n’être né ni goy ni femme ». On comprend pourtant que dénoncer ce genre d’horreur vers 1940 n’avait rien d’une légitime critique rationaliste, et ne pouvait qu’apparaître comme un appui à l’extermination qui se préparait.
Il y a clairement dans l’Islam des idées inacceptables et pas seulement sur les femmes, il y en a aussi sur la liberté de conscience. Il y a des conceptions insupportables dans le christianisme, la femme ayant pour seul « choix » celui d’être putain ou mère.
Remarquons quand même que les religions ne sont pas les seules à véhiculer l’ignoble. Le nazisme n’a pas eu besoin de la religion et celle-ci n’a pas joué de rôle fondamental dans les génocides de la fin du XXème siècle.
Critiquer les religions, dénoncer la place qu’elles prétendent prendre pour gérer l’enseignement, la santé, l’espace public est plus que légitime. Défendre les droits des athées et de toutes les croyances minoritaires est un devoir. Il faut rappeler que l’obligation de porter le tchador dans l’espace public iranien est une ignominie qui démontre le caractère dictatorial de la République Islamique ou que la quasi interdiction de l’avortement dans une Pologne dominée par l’Église est une atteinte inacceptable aux droits des femmes de choisir.
Mais l’interdiction du voile voulue par Estrosi et Blanquer ou l’expulsion d’élèves portant le turban sikh dans des lycées de Seine-Saint-Denis, sont aussi inacceptables.
« Vivre ensemble dans l’égalité des droits », c’est accepter l’autre. C’est considérer qu’on peut s’enrichir mutuellement dans la rencontre des différences. C’est refuser l’idée absurde et terriblement dangereuse que le seul choix possible, c’est soit de s’assimiler et de faire disparaître sa différence, soit de se séparer. Il y aujourd’hui un certain consensus en France pour penser que l’époque du « il est interdit de cracher et de parler breton » fut une profonde erreur. L’injonction que les musulman.es deviennent invisibles est du même ordre.
Quant à la volonté d’interdire à des mamans voilées d’accompagner les sorties scolaires, c’est un mépris de classe. C’est une société néocolonialiste et inégalitaire qui veut imposer ses « normes » à une population dominée. Celles et ceux qui hurlent avec les loups sur cette question ne peuvent pas prétendre « aider des femmes dominées ». La première domination, c’est celle d’un colonialisme et d’une société capitaliste raciste.
Si un jour on fait la révolution, on n’interdira pas la cravate, même si elle peut être considérée à juste titre comme un symbole du capitalisme et du patriarcat.
La laïcité est un outil fantastique pour s’opposer aux tentatives des cléricaux d’imposer leur pouvoir et leurs normes. En France, elle a permis de contenir les velléités d’une Église catholique dont la hiérarchie a été systématiquement dans le mauvais camp (contre-révolutionnaire, contre le socialisme, contre les droits des femmes, dans l’Union sacrée, avec Pétain). La laïcité, c’est le libre débat, c’est un outil fondamental pour le « vivre ensemble » dans nos différences.
Mais la laïcité, ce n’est pas l’obligation d’être athée. C’est certes la défense de la mixité, ou celle d’un enseignement qui combat l’obscurantisme, mais ce n’est pas le fait d’attaquer ou de stigmatiser les croyant.es.
Le camp laïque, tellement affaibli par l’amoncellement des lois anti-laïques n’a pas pu ou su dénoncer ce qui s’est fait en son nom : des racistes, des suprématistes et des politiciens ont prétendu défendre la laïcité en tapant sur une seule cible : l’Islam. Des féministes prétendent défendre les femmes voilées, surtout pas en leur donnant la parole, mais en parlant à leur place et en les stigmatisant. Ces attaques teintées de mépris postcolonial et de suprématisme n’ont rien à voir, ni avec la laïcité, ni avec le féminisme.
Universalisme, communautarisme … Sortir de l’injonction et de l’hypocrisie.
Il y a une croyance fréquente, celle que la notion d’universel est uniquement issue des « Lumières » en Europe.
Il y aurait un vrai travail à faire sur ce que les « Lumières » ont amené de fondamental et sur leurs limites. Cette période de l’histoire européenne met certes en question l’absolutisme et met au premier plan les idées de liberté ou d’égalité.
Elle est restée vague sur l’esclavage. Les premiers abolitionnistes se sont réclamés des « Lumières » mais avec des ambiguïtés certaines. Avec les « Lumières », la bourgeoisie a remplacé l’aristocratie comme classe dominante et le capitalisme a fait un saut qualitatif incroyable. Clairement les « Lumières » étaient nécessaires mais pas suffisantes pour l’émancipation.
Des périodes comme la révolte des esclaves de Haïti ou les révoltes anticolonialiste du Vietnam ou d’Algérie ne puisent pas leurs références dans ce cadre. On doit donc être modeste sur la notion « d’universel ».
La construction de ce qu’on considère comme « universel » reste donc liée à des choix politiques. Personnellement, le refus de toute forme d’inégalité (selon le sexe, la couleur de la peau, les choix sexuels, les origines, les croyances, la culture) fait partie de mon « universel ». Le droit à avoir les enfants qu’on désire et à ne pas avoir ceux qu’on ne désire pas, aussi bien sûr. Le droit à un niveau de vie décent, à l’éducation, à un travail épanouissant, à un logement digne est tout aussi fondamental. Le droit à une maîtrise collective des moyens de production fait également partie de mon « universel ».
L’obligation de s’assimiler à un modèle dominant n’a rien d’universel. L’idée qu’une société doit être « homogène » non plus.
On accuse la population postcoloniale d’être « communautariste », de ne pas adhérer aux « valeurs républicaines ». De quoi parle-t-on ?
Dans notre chère république laïque, des millions de personnes sont discriminées au travail, au logement, à l’éducation. Ils/elles sont stigmatisé.es en permanence, insulté.es et méprisé.es, soumis.es aux pires violences policières et à une justice complice. Il est impensable d’avoir un discours vis-à-vis de ces personnes du genre : « on va vous défendre, mais à condition que vous soyez invisibles, que vous nous ressembliez ». Cette assignation et ce discours paternaliste sont inaudibles. Des associations antiracistes professant ce que j’appellerais gentiment un antiracisme moral ont perdu le contact avec les victimes du racisme parce qu’elles refusent de leur donner la parole. L’idée qu’il est moralement inacceptable d’accepter la moindre idée ou le moindre comportement raciste ou suprématiste est fondamentale. Elle ne suffit pas.
La seule attitude à mes yeux acceptable c’est : « nous allons lutter tou.tes ensemble pour défendre les droits de tou.tes, la dignité et l’égalité ».
Sur l’islamophobie, même certain.es qui reconnaissent qu’il s’agit d’une forme majeure de racisme reculent sur le fait d’accepter que les musulman.es puissent s’organiser. On a pu constater de fortes réticences des partis, des syndicats et des associations défendant la Palestine quand les « musulman.es » sont descendu.es dans la rue.
En finir avec les faux prétextes.
Qu’entend-on souvent :
- « Soutenir les femmes voilées, c’est faire la promotion du voile » ! Ah bon ? Et soutenir Dreyfus, c’était promouvoir une religion archaïque et misogyne ou c’était soutenir une armée coloniale » ? Non, c’était soutenir une victime emblématique du racisme et de la haine.
- « La religion ne doit pas apparaître dans l’espace public, sinon on brade la laïcité ». Erreur : la religion n’a jamais disparu de l’espace public. Ce que la laïcité a combattu, c’est la prétention des religieux à vouloir gérer nos vies. La laïcité s’impose d’autant plus qu’elle apparaît comme la garantie du « vivre ensemble ». Si elle apparaît comme une idéologie coercitive voulant imposer un modèle unique, on tire contre notre camp.
- « Les femmes qui portent le voile sont soumises et font du prosélytisme ». J’invite celles et ceux qui croient en cette légende urbaine à discuter avec ces femmes, à identifier leur « domination » qui ne sera peut-être pas celle qu’on imagine.
- « On ne peut pas manifester avec des Islamistes, des Frères musulmans … ». De quoi parle-t-on ? Il existe en France des associations musulmanes. Certaines collectent de l’argent pour la Palestine. D’autres assurent la défense juridique des victimes de l’islamophobie. On accuse le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France) d’être une émanation des Frères Musulmans. D’où sort cette accusation (qui sent particulièrement mauvais quand on sait que notre cher pays soutient et arme la dictature de Sissi qui a multiplié contre les Frères Musulmans les pires atrocités) ? Elle vient de la presse pourrie raciste, celle pour qui Islam = Islamiste ou Hamas = terrorisme. Celle qui a approuvé dès le départ la « guerre du bien contre le mal » cher au président Bush, le mal étant évidemment l’Islam.
- « Quand on dialogue avec des organisations musulmanes, on leur donne une légitimité ». Les organisations musulmanes ont leur place dans notre société. Si on a des convictions, on ne doit pas avoir peur de confronter leur discours au nôtre. J’ai été invité au Bourget par l’UOIF (association pour laquelle je n’éprouve aucune sympathie particulière) à une table ronde sur le thème : « les Musulmans ne sont pas responsables de l’antisémitisme ». L’imam de Bordeaux a expliqué que rien dans le Coran ne poussait à la haine des Juifs et moi, j’ai développé mon discours : juif athée, défendant les droits du peuple palestinien et le vivre ensemble, expliquant que c’est le christianisme et l’Europe qui ont développé l’antijudaïsme. Beaucoup de gens ont découvert avec plaisir un discours non communautaire, antiraciste, laïque et à mon sens universaliste.
Alors il est peut-être temps pour tous les gens de « mon » camp de sortir d’un discours qui se croit progressiste mais qui stigmatise une bonne partie du prolétariat de notre pays. Continuer à s’aveugler ne mène nulle part, sauf à renforcer les fachos.
Le 10 novembre à Paris, beaucoup criaient « le problème, c’est pas le voile, c’est la misère sociale » avec la variante « c’est le grand capital ».
Ils/elles avaient raison.
Pierre Stambul
 
jeudi 21 novembre 2019
 


La Chine confirme son rôle de locomotive mondiale















par James ONeill.
Bien que le lecteur des médias grand public occidentaux n’en soit guère conscient, le «reste du monde» connaît des changements fondamentaux dans ses relations économiques et politiques. Cela n’est nulle part aussi évident que dans la grande région eurasienne. Cette zone terrestre englobe quatre des huit puissances nucléaires officiellement reconnues dans le monde, dont la huitième, Israël, est géographiquement de la région, mais par ses attitudes, ses politiques et son comportement, opère en marge du changement fondamental en train de se produire. Par contre, ce pays fait activement de son mieux, en Syrie comme en Iran, pour saboter activement ces changements politiques tectoniques.
L’évolution du monde géopolitique n’a jamais été aussi évidente que dans le développement rapide des groupements politiques et économiques civils qui ont émergé au cours des quinze dernières années, dont l’existence, et encore moins la connaissance, est largement inconnue des habitants de la plupart des pays occidentaux. En ce qui concerne leur existence, ou du moins les activités de deux des plus importants de ces nouveaux groupements, la Russie et la Chine, le discours des médias occidentaux, lorsqu’il existe, est le plus souvent dénigrant, inexact et hostile.
Un bref survol de ces ensembles révèle l’étendue géographique et leur influence politique et économique croissante. Bien qu’elle ne soit pas limitée géographiquement à la grande région asiatique, cette entité géopolitique est économiquement, et de plus en plus politiquement, le moteur central du changement géopolitique mondial.
Sur le plan chronologique, le premier des grands groupes a été l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), fondée en 1961, lorsque les pays concernés étaient, en termes comparatifs, des bébés économiques. Les 10 pays d’origine avaient une population d’environ 650 millions d’habitants, mais avec l’ajout des États associés de l’Inde et de la Chine, plus l’Association de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, elle représente maintenant environ 40% de la population mondiale. L’une de ses caractéristiques inhabituelles est l’inclusion de deux nations plus communément recensées dans le bloc politique américano-européen, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, bien que ce dernier pays se soit montré plus sensible et conscient de ses réalités géographiques et géopolitiques que l’Australie.
Le deuxième grand groupement digne de mention est l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) qui a été fondée en 2001 avec cinq membres fondateurs, dont la Russie et la Chine, et trois anciens États membres de l’URSS. C’est sans doute aujourd’hui l’organisation régionale la plus importante du monde en termes de population (avec l’Inde et la Chine), de puissance militaire (avec quatre des huit puissances nucléaires mondiales connues) et d’agenda qui englobe une coopération économique, sociale, technique, culturelle et sécuritaire.
Les médias occidentaux, qui se plaisent à accentuer la rivalité entre certains de leurs membres, notamment l’Inde et le Pakistan, qui ont néanmoins tous deux rejoint l’OCS en même temps, sous-estiment considérablement le rôle que joue de plus en plus cette organisation non seulement au niveau régional mais en termes d’impact global.
La volonté de pays comme la Chine, la Russie et l’Inde de ne pas soutenir l’hostilité économique et politique des États-Unis envers l’Iran en est une illustration. Le président chinois Xi a déclaré publiquement qu’il avait l’intention d’ignorer les sanctions illégales et l’hostilité des États-Unis et de leurs alliés envers l’Iran.
Je pense que les fanfaronnades militaires américaines et les représailles militaires planifiées contre l’Iran à la suite de l’abattage par ce dernier d’un avion espion américain sans pilote ont été interrompues par des avertissements opportuns des présidents Poutine et Xi.
L’Iran est également un participant clé de la route économique nord-sud indienne, qui assurait à l’origine les liens économiques entre l’Inde et l’Europe via l’Iran et la Russie, mais qui est maintenant étendue à d’autres pays régionaux clés, dont l’Afghanistan. Ce dernier pays a subi 18 ans d’invasion et d’occupations menées par les États-Unis, mais grâce aux récentes mesures économiques importantes prises par la Chine, il est sur le point d’échapper enfin à l’attention et à l’occupation non désirées des États-Unis et de ses alliés.
Il est maintenant bien établi que l’invasion de l’Afghanistan a été décidée en juin 2001 et qu’elle était étroitement liée à la décision de l’Afghanistan de favoriser BRIDAS Corporation pour la construction de l’oléoduc à partir de la région du Caucase, et de rétablir la production d’héroïne pratiquement abolie par les Taliban, plutôt que sous prétexte des événements du 11 septembre 2001. Le fait que les puissances occupantes, y compris les États-Unis et l’Australie, soient toujours là plus de 18 ans plus tard en dit long sur la véritable motivation.
Le développement le plus vaste et le plus important sur le plan géopolitique au cours des dernières années a peut-être été l’initiative chinoise des Nouvelles routes de la soie, présentée pour la première fois par le président Xi en 2014, un programme qui englobe maintenant 150 pays et organisations en Asie, en Afrique, en Europe et en Amérique du sud. L’ampleur, la portée et l’étendue géographique de cette association volontaire de tant de nations sont sans précédent, sans parler de la rapidité avec laquelle les relations se sont établies.
La Nouvelle-Zélande a été le premier pays non asiatique à signer un protocole d’accord avec la Chine, un autre signal qui la différencie de son voisin australien dont l’attitude envers la Nouvelle route de la soie oscille entre indifférence et hostilité. Il convient de noter que l’État australien de Victoria et le Territoire de la capitale australienne ont tous deux signé un protocole d’entente avec la Chine contre, il faut le noter, l’hostilité du gouvernement fédéral.
Cette ambivalence du gouvernement fédéral reflète une attitude sociopolitique plus large qui caractérise les relations de l’Australie avec la Chine, nonobstant le rôle de cette dernière en tant que premier partenaire commercial de l’Australie. Le commerce de l’Australie avec la Chine, à titre d’exemple simple, est presque trois fois plus important que celui de son prochain partenaire commercial, le Japon. Les échanges commerciaux de l’Australie avec la Chine représentent environ dix fois la valeur de ses relations commerciales avec les États-Unis.
La Chine est aussi la plus importante source d’étudiants et de touristes étrangers et la troisième source d’investissements étrangers en Australie. Il serait difficile de proposer une politique plus potentiellement autodestructrice que celle de l’Australie qui risquerait de briser ses relations avec la Chine au nom de l’engagement douteux des États-Unis d’agir comme garant de sa sécurité. Il suffit de demander aux Kurdes à quel point les engagements américains sont fiables !
Ironiquement, l’Australie travaille en coopération avec la Chine au sein de l’ANASE et du partenariat économique collectif régional (RCEP), mais elle maintient un degré d’hostilité et de suspicion envers la Route de la soie qui ne correspond tout simplement pas à la réalité géopolitique. L’hostilité et la suspicion exprimées au niveau officiel trouvent sans aucun doute leur origine dans l’adhésion constante à la vision étasunienne du monde, illustrée ces dernières semaines par le comportement embarrassant du Premier Ministre australien, Morrison, lors de sa visite aux États-Unis.
Il n’y a jamais eu, selon moi, d’argument rationnel avancé dans les médias australiens pour expliquer pourquoi 150 pays et organisations internationales devraient accueillir et adopter avec enthousiasme la Route de la soie et les opportunités qu’elle représente, sans qu’aucun d’eux ne partage la paranoïa australienne au sujet des prétendues machinations chinoises pour dominer le monde.
La réalité est que la Chine ne domine pas, n’intimide pas et n’exploite pas ses relations avec ses partenaires de la Route de la soie. Cela n’est jamais plus évident que dans ses relations avec la Russie, dont le développement est l’une des caractéristiques géopolitiques marquantes de ces dernières années.
Le concept d’une relation mutuellement bénéfique avec d’autres pays, qui ne repose pas sur l’exploitation ou l’intimidation, est clairement un concept étranger à la psyché de nombreux pays occidentaux. Comme il est bien documenté, les relations des pays occidentaux avec le monde en développement au cours des 300 dernières années ont été marquées par l’exploitation, qui touche maintenant rapidement à sa fin, notamment grâce au rôle des organisations internationales mentionnées ci-dessus. L’un des concepts les plus difficiles à comprendre pour les dirigeants politiques occidentaux est que l’ère de leur domination touche à sa fin. L’empressement avec lequel des dizaines de nations ont littéralement saisi les modèles alternatifs représentés par les organisations multilatérales mentionnées ci-dessus (et cette liste est loin d’être exhaustive) est une preuve convaincante que ces nations sont fatiguées de l’exploitation de leurs ressources, et cherchent manifestement une meilleure alternative.
Cette transition ne sera pas facile car il serait naïf de supposer que les grandes puissances occidentales céderont facilement la domination dont elles ont bénéficié ces derniers siècles. C’est là qu’il y a un énorme danger potentiel.
Le modèle chinois dit « gagnant-gagnant » a montré qu’il existe des alternatives viables aux versions occidentales exploitantes et destructrices. Les données, largement ignorées par les grands médias occidentaux, montrent clairement que le modèle asiatique est une alternative viable. C’est un modèle qui a transformé et transforme la vie de milliards de personnes.
Il est loin le temps où les nations occidentales reconnaîtront cette réalité et adapteront leur comportement en conséquence.
Traduit par Wayan, relu par Camille pour le Saker Francophone
 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

Archives
février 2007 / mars 2007 / avril 2007 / mai 2007 / juin 2007 / juillet 2007 / août 2007 / septembre 2007 / octobre 2007 / novembre 2007 / décembre 2007 / janvier 2008 / février 2008 / mars 2008 / avril 2008 / mai 2008 / juin 2008 / septembre 2008 / octobre 2008 / novembre 2008 / décembre 2008 / janvier 2009 / février 2009 / mars 2009 / avril 2009 / mai 2009 / juin 2009 / juillet 2009 / août 2009 / septembre 2009 / octobre 2009 / novembre 2009 / décembre 2009 / janvier 2010 / février 2010 / mars 2010 / avril 2010 / mai 2010 / juin 2010 / juillet 2010 / août 2010 / septembre 2010 / octobre 2010 / novembre 2010 / décembre 2010 / janvier 2011 / février 2011 / mars 2011 / avril 2011 / mai 2011 / juin 2011 / juillet 2011 / août 2011 / septembre 2011 / octobre 2011 / novembre 2011 / décembre 2011 / janvier 2012 / février 2012 / mars 2012 / avril 2012 / mai 2012 / juin 2012 / juillet 2012 / août 2012 / septembre 2012 / octobre 2012 / novembre 2012 / décembre 2012 / janvier 2013 / février 2013 / mars 2013 / avril 2013 / mai 2013 / juin 2013 / juillet 2013 / août 2013 / septembre 2013 / octobre 2013 / novembre 2013 / décembre 2013 / janvier 2014 / février 2014 / mars 2014 / avril 2014 / mai 2014 / juin 2014 / juillet 2014 / août 2014 / septembre 2014 / octobre 2014 / novembre 2014 / décembre 2014 / janvier 2015 / février 2015 / mars 2015 / avril 2015 / mai 2015 / juin 2015 / juillet 2015 / août 2015 / septembre 2015 / octobre 2015 / novembre 2015 / décembre 2015 / janvier 2016 / février 2016 / mars 2016 / avril 2016 / mai 2016 / juin 2016 / juillet 2016 / août 2016 / septembre 2016 / octobre 2016 / novembre 2016 / décembre 2016 / janvier 2017 / février 2017 / mars 2017 / avril 2017 / mai 2017 / juin 2017 / juillet 2017 / août 2017 / septembre 2017 / octobre 2017 / novembre 2017 / décembre 2017 / janvier 2018 / février 2018 / mars 2018 / avril 2018 / mai 2018 / juin 2018 / juillet 2018 / août 2018 / septembre 2018 / octobre 2018 / novembre 2018 / décembre 2018 / janvier 2019 / février 2019 / mars 2019 / avril 2019 / mai 2019 / juin 2019 / juillet 2019 / août 2019 / septembre 2019 / octobre 2019 / novembre 2019 / décembre 2019 / janvier 2020 / février 2020 / mai 2020 /


Powered by Blogger

Abonnement
Articles [Atom]