ELWATAN-ALHABIB
lundi 26 août 2019
 

LE “YETNAHAW GAA” DOIT ÉGALEMENT TOUCHER LES DIRECTIONS PARTISANES










  • Redouane Boudjema
    26 août 2019
    huffpostmaghreb.com
Le “Yetnahaw Gaa” doit également toucher les directions
De vrais partis politiques naîtront en Algérie lorsqu’une rupture épistémologique sera faite avec les directions partisans actuelles dont on peut dire qu’elles sont, dans leur écrasante majorité, compromises jusqu’à la moelle par leurs relations avec les différents clans, réseaux et “açabiyates” du pouvoir. 
La plus faible de ces compromissions est le soutien aux politiques imposées par le pouvoir depuis l’instauration du multipartisme. Il y a également le phénomène du mélange de l’argent avec le parcours de ces dirigeants dont beaucoup sont entrés dans la capitale à travers ses “salons” et qui, en des temps records, se retrouvent à vivre dans une richesse ostentatoire.
 Ces directions qui ont trahi leurs bases et leurs militants ont soutenu des politiques catastrophiques. A telle enseigne que le chef d’état-major de l’armée s’est retrouvé contraint de parler de l’existence d’une 3issaba (une bande) qui dirigeait les palais d’el Mouradia et du Dr Saadane et de nombreux ministères et institutions. 
Une bipolarisation qui sert le régime
Depuis la reconnaissance du multipartisme à la fin des années 80 du siècle dernier, la gestion administrative et sécuritaire des directions partisans a permis d’imposer une bipolarisation entre ce qu’on appelle islamistes et laïcs. 
A travers cette tension entretenue, le pouvoir réel se présente comme un protecteur de la nation de la folie des islamistes et des laïcs. Les directions partisanes des deux courants ont joué un rôle essentiel dans la division des Algériennes et Algériennes. Elles ont oeuvrer  à entraver tout compromis historique et politique au sein de la société. 
Cette sur-idéologisation a servi le pouvoir et les directions partisanes. De  nombreuses boutiques politiques y ont trouvé leur intérêt à travers la politique des quotas électoraux alors que les Algériens boycottent largement les urnes depuis l’interruption du processus démocratique en janvier 1992. 
Depuis le déclenchement de la révolution du 22 février, au lieu d’ouvrir un débat interne et de faire une autocritique au sujet de leurs politiques et de leurs positions catastrophiques, beaucoup de ces directions partisanes, chacune de son côté, pleurnichent en se présentant comme des victimes et non pas des parties prenantes de ce qui s’est passé. 
Abderrezak Mokri, à titre d’exemple, a déclaré hier sans pudeur, que son mouvement subit une campagne de dénigrement car ses adversaires laïcs, selon son propos, connaissent son poids électoral. Pourtant, il n’ignore pas, lui plus que quiconque, que la force électorale n’existe plus depuis l’arrêt du processus démocratique. Depuis 1995, la participation électorale ne dépasse pas les 15% des électeurs. Parler dans ces conditions de “force électorale”, relève de la mauvaise foi. Mokri aurait mieux fait de demander pardon à ses militants et aux Algériens pour leur position dans les années 90, quand leur cheikh a justifié l’arrêt du processus démocratique en 1992 en assurant que l’armée “est sortie pour protéger la démocratie de ses ennemis”. Mokri aurait mieux fait de demander pardon pour le soutien apporté à Bouteflika en 1999 et 2004 dans des élections truquées et l’approbation par ses députés de la suppression de la limitation des mandats (2008) et leur soutien à un troisième mandat. Sans compter la participation dans les gouvernements de Bouteflika avec des ministres dont beaucoup se sont vautrés dans la corruption. 
N’aurait-il pas mieux valu que Mokri s’excuse auprès de ses militants et des Algériens pour les négociations menées avec Saïd Bouteflika pour prolonger le mandat de son frère. Lui qui, après l’échec de la démarche, s’est adressé aux Algériens sur le mode de tant pis vous: “vous n’avez pas accepté la prolongation, mabrouk pour vous le cinquième mandat!”. 
Au lieu de cela, il fait une sortie pour affirmer que les laïcs veulent s’accaparer du Hirak alors que tout le monde sait que ces “laïcs” ont été ses voisins et les voisins des dirigeants de son mouvement au Club des pins et qu’ils étaient dans le même camp avec Nezzar, Touati, Toufik, Belkheir et Smail Lamari et ils ont appuyé toutes les politiques qui ont donné 200.000 morts, 12000 disparus et un traumatisme qui a touché toute la société. 
Des partis qui font partie du problème
Quelques semaines auparavant, les appareils partisans qui font commerce de modernité ont créé un ghetto qu’ils ont surnommé “l’alternative démocratique” porteur de beaucoup de rhétorique et d’alignement idéologique qui nous ramène vers les dédales des années 90. L’un de ces dirigeants n’a pas hésité à dire qu’il ne regrette pas d’avoir applaudi à ce qui s’est passé en 1992… 
Tous les appareils politiques, sans exception, parmi ceux qui ont soutenu Bouteflika ou se sont opposées à lui, font partie du problème qui nous vivons. Ces appareils donnent des signes clairs qu’ils ne connaissent pas la société et qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe dans la rue depuis près de 7 mois. 
Cela montre que la révolution populaire doit pénétrer les appareils partisans à travers une rébellion générale menée par la génération de jeunes éclairés. Il s’agit d’aller vers un changement général de toutes les directions partisanes liées aux clans et aux réseaux du régime qui réagissent aujourd’hui dans les salons du pouvoir et en dehors. 
Ces jeunes générations pourraient l’appeler projet “Yetnahaw Gaa”, car ces directions sont un obstacle à la construction d’un consensus historique entre les Algériens. Il n’est pas possible de construire une Algérie nouvelle avec des directions qui vivent dans une richesse indécente et qui sont toutes impliquées dans la prolongation d’un système qui a failli casser l’Etat, la nation et le tissu social. 
La révolution va générer une nouvelle élite politique avec de  nouveaux dirigeants et de nouvelles idées qui feront la rupture avec des directions partisanes abreuvées à la rente du Sultan et des labos obscurs du régime et qui sont devenues un  véritable obstacle à la construction politique de l’Etat de droit.
 
Commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]





<< Accueil
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

Archives
février 2007 / mars 2007 / avril 2007 / mai 2007 / juin 2007 / juillet 2007 / août 2007 / septembre 2007 / octobre 2007 / novembre 2007 / décembre 2007 / janvier 2008 / février 2008 / mars 2008 / avril 2008 / mai 2008 / juin 2008 / septembre 2008 / octobre 2008 / novembre 2008 / décembre 2008 / janvier 2009 / février 2009 / mars 2009 / avril 2009 / mai 2009 / juin 2009 / juillet 2009 / août 2009 / septembre 2009 / octobre 2009 / novembre 2009 / décembre 2009 / janvier 2010 / février 2010 / mars 2010 / avril 2010 / mai 2010 / juin 2010 / juillet 2010 / août 2010 / septembre 2010 / octobre 2010 / novembre 2010 / décembre 2010 / janvier 2011 / février 2011 / mars 2011 / avril 2011 / mai 2011 / juin 2011 / juillet 2011 / août 2011 / septembre 2011 / octobre 2011 / novembre 2011 / décembre 2011 / janvier 2012 / février 2012 / mars 2012 / avril 2012 / mai 2012 / juin 2012 / juillet 2012 / août 2012 / septembre 2012 / octobre 2012 / novembre 2012 / décembre 2012 / janvier 2013 / février 2013 / mars 2013 / avril 2013 / mai 2013 / juin 2013 / juillet 2013 / août 2013 / septembre 2013 / octobre 2013 / novembre 2013 / décembre 2013 / janvier 2014 / février 2014 / mars 2014 / avril 2014 / mai 2014 / juin 2014 / juillet 2014 / août 2014 / septembre 2014 / octobre 2014 / novembre 2014 / décembre 2014 / janvier 2015 / février 2015 / mars 2015 / avril 2015 / mai 2015 / juin 2015 / juillet 2015 / août 2015 / septembre 2015 / octobre 2015 / novembre 2015 / décembre 2015 / janvier 2016 / février 2016 / mars 2016 / avril 2016 / mai 2016 / juin 2016 / juillet 2016 / août 2016 / septembre 2016 / octobre 2016 / novembre 2016 / décembre 2016 / janvier 2017 / février 2017 / mars 2017 / avril 2017 / mai 2017 / juin 2017 / juillet 2017 / août 2017 / septembre 2017 / octobre 2017 / novembre 2017 / décembre 2017 / janvier 2018 / février 2018 / mars 2018 / avril 2018 / mai 2018 / juin 2018 / juillet 2018 / août 2018 / septembre 2018 / octobre 2018 / novembre 2018 / décembre 2018 / janvier 2019 / février 2019 / mars 2019 / avril 2019 / mai 2019 / juin 2019 / juillet 2019 / août 2019 / septembre 2019 / octobre 2019 / novembre 2019 / décembre 2019 / janvier 2020 / février 2020 / mai 2020 /


Powered by Blogger

Abonnement
Articles [Atom]