La contestation populaire entre dans son septième mois et aucune initiative des deux côtés des tranchées ne semble converger vers un minimum syndical pour essayer de sortir de la crise actuelle que vit le pays. Le fossé existant entre le pouvoir réel et la rue donne cette vertigineuse impression d'un cercle vicieux politique qui menacerait même la stabilité de l'Algérie.
En effet, nul bilan de ces six mois du mouvement populaire ne peut être établi sans deviner en amont les intentions d'un pouvoir résolu à maintenir en vie le système dont il est lui-même issu. L'opération mains propres lancée par la justice, sur ordre du chef d'état-major de l'ANP, n'est ni plus ni moins qu'une tentative de se débarrasser avant tout des «têtes de file» d'une aile, parmi d'autres, du clan Bouteflika.
Cette faction n'était qu'une facette du pouvoir en place et l'emprisonnement de ses hommes les plus notoires ne veut absolument pas signifier la chute du système alors en place mais juste son remplacement par des noms jugés parmi les fidèles des tenants du pouvoir réel. L'exemple le plus édifiant de cet état de fait reste le très emblématique département de l'industrie et des mines qui représente, apparemment, l'épicentre de cette gestion brigande des deniers de l'Etat, puisqu'on retrouve à sa tête des noms proches de l'ancien ministre Bouchouareb, repêchés par Bedoui. La justice étant actionnée, il est clair que les procès ne peuvent pas échapper à leur dimension politique parce qu'il s'agit de la mise au ban d'un système politique basé sur la prédation, le clientélisme et la corruption au plus haut degré de responsabilité.
Si les ministres se défaussent sur la garde rapprochée du clan Bouteflika, alors qu'ils sont théoriquement les premiers responsables de leurs départements avec le pouvoir décisionnel décrété, que dire alors des cadres subalternes, des lampistes qu'on a sacrifiés sur l'autel des statistiques judiciaires ? Il faut comprendre que des gens qui n'ont fait que répondre aux injonctions de leurs ministres et hauts responsables respectifs se retrouvent derrière les barreaux, poursuivis pour les mêmes chefs d'accusation que les donneurs d'ordres. Aller au plus vite à la présidentielle charrie le risque de pérenniser un système politique qui a avantagé à outrance une caste de prédateurs laissant le pays exsangue, à la limite du dépôt de bilan. Si d'aventure l'option d'une présidentielle anticipée et imposée passe, il est fort à craindre la reconduction tacite de ce même système contre lequel des millions d'Algériens protestent depuis le 22 février.
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