Quand la justice militaire a fixé la date du procès de Saïd Bouteflika frère et conseiller du président déchu et de ses coinculpés les ex-directeurs des services secrets, Mohamed Mediene et Athmane Tartag ainsi que la cheffe du Parti des Travailleurs Louiza Hanoune, il a été laissé entendre que l'évènement bénéficierait d'une couverture médiatique permettant aux citoyens d'en suivre les débats. L'homme fort du Haut commandement de l'armée qui a ordonné l'arrestation et l'inculpation de ces personnalités paraissait si sûr de détenir contre eux des preuves accablantes quant à la réalité des crimes dont elles sont censées être coupables que l'opinion publique a fini par croire que ce procès hors norme se déroulerait sous les feux médiatiques qui lui permettront d'en connaître les tenants et aboutissants. Il n'en fut rien et le procès a eu lieu à huis clos que d'aucuns justifient en invoquant le secret d'Etat qui serait de mise au vu qu'il serait question d'affaires ayant mis en cause la souveraineté de l'Etat, trop sensibles pour être publiquement étalées. En fait le huis clos à été décidé pour garder le secret sur le «déballage» auquel le procès pouvait donner lieu à charge contre l'homme fort actuel du Haut commandement militaire. Si cela s'est réellement produit les Algériens n'en savent rien et n'ont pour explication des raisons qui ont fait des quatre personnalités des inculpés que celles qu'ont données leur accusateurs.
Si les Algériens sont intimement convaincus que Said Bouteflika, Mohamed Mediene, Athmane Tartag et Louiza Hanoun ont concerté une solution en réponse à la crise provoquée par l'inepte projet du cinquième mandat et à la révolte populaire qu'il a occasionnée, ils le sont moins sur l'accusation formulée contre eux de l'avoir fait en présence de représentants d'une puissance étrangère ainsi que l'a prétendu leur pourfendeur chef d'état-major de l'armée.
Le procès de Blida clôt en fait la guerre de clans autour de la succession du président déchu. Les perdants se sont retrouvés devant le tribunal militaire, déférés par leurs tout puissants rivaux. Ceux-ci ont certes gagné la bataille mais sans convaincre qu'ils ont sauvé l'Algérie d'un complot ourdi contre son peuple et sa souveraineté. Derrière les manigances qu'ont été les rencontres et conciliabules des quatres inculpés et désormais condamnés, il y avait l'intention de détourner à leur profit le fleuve de l'insurrection citoyenne, ce qui justifie amplement un procès contre eux.
Mais leurs «tombeurs» ne sont pas plus propres qu'eux tant il apparaît clairement qu'ayant accaparé le pouvoir de fait, ils sont mus par la même intention à l'égard de cette révolution. A défaut d'avoir été le «procès du siècle», celui de Blida n'a été en finalité que l'ultime estocade portée aux parrains d'un clan du régime en voie d'effondrement par ceux que sa déconfiture a mis en situation d'incarner le pouvoir de fait dans le pays. Mais c'est compter sans la révolution citoyenne qui a ses propres projets pour l'Algérie.
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