ELWATAN-ALHABIB
lundi 17 juin 2019
 
La crise, c'est eux!







par Kamal Guerroua



Récemment, dans une autoroute berlinoise, où souvent de terribles embouteillages se produisent, un tagueur de génie avait inscrit sur un pont la formule suivante : «Détrompe-toi, tu n'es pas dans un embouteillage, l'embouteillage c'est toi.» Quiconque parmi mes compatriotes lira un pareil tag, sera rapidement tenté de le calquer sur cette élite, la nôtre, qui se plaint tout le temps d'un peuple qui, prétendument, veut la mener droit vers la crise, alors qu'elle est la crise elle-même. Le nœud de nos problèmes n'est-il pas, au demeurant, la conséquence de ses négligences, de sa corruption et de son irresponsabilité dans la gestion des affaires du pays? Dans un fameux discours à Guelma, Bouteflika, titillant comme à son accoutumée la dignité et l'honneur des Algériens, aurait répété plusieurs fois à un vieux qui l'avait interpellé sur la dégradation des conditions de vie au pays : «arfâa rassek ya bâ» (relève ta tête mon père), pour signifier que l'Algérie sortira, coûte que coûte, victorieuse de la période du terrorisme et qu'elle redorera son blason au concert des nations. Au bout de vingt ans de règne sans partage, le concerné a emprunté le chemin inverse. Autrement dit, il a fait baisser la tête à tous les Algériens, au point que certains d'entre eux n'ont pas hésité, par désespoir sans doute, à comparer l'Algérie à un géant fauteuil roulant. Sorte de patrie abandonnée, sans pieds, sans tête, sans boussole, jetée en offrande aux rapaces sans scrupules. Un pays immobile, voire en agonie, où la loi de «tag ala men tag» sert de ligne de conduite, en haut comme en bas de la pyramide, où le clanisme, le clientélisme et le régionalisme se tiennent la main, où rien ne marche comme il le faut. C'est de toutes ces bavures que l'ancien clan au pouvoir devrait répondre aujourd'hui devant les quarante millions d'Algériens en colère. Le pourrissement de la situation dans les administrations publiques, les institutions d'État, les écoles et les universités, c'est son fait. Ce pourrissement est tel que toute refonte sérieuse risque de prendre des années, voire des décennies entières. L'urgence c'est d'agir, mais comment le faire quand on sait que les décideurs ne semblent pas convaincus de la nécessité de passer le flambeau au peuple, à la jeunesse ? Voilà le gros problème! L'institution militaire devrait lâcher du lest et céder le pouvoir au mouvement populaire afin de pouvoir combler ces failles à temps. Le diagnostic du corps malade est déjà fait, il va falloir maintenant administrer le traitement et commencer à panser les blessures du peuple. Le besoin pressant d'institutions valides qui ne souscrivent qu'à la logique d'un État de droit fort se fait sentir dans les clameurs et les cris de détresse que lancent les Algériens pendant les manifestations. 


 
Commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]





<< Accueil
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

Archives
février 2007 / mars 2007 / avril 2007 / mai 2007 / juin 2007 / juillet 2007 / août 2007 / septembre 2007 / octobre 2007 / novembre 2007 / décembre 2007 / janvier 2008 / février 2008 / mars 2008 / avril 2008 / mai 2008 / juin 2008 / septembre 2008 / octobre 2008 / novembre 2008 / décembre 2008 / janvier 2009 / février 2009 / mars 2009 / avril 2009 / mai 2009 / juin 2009 / juillet 2009 / août 2009 / septembre 2009 / octobre 2009 / novembre 2009 / décembre 2009 / janvier 2010 / février 2010 / mars 2010 / avril 2010 / mai 2010 / juin 2010 / juillet 2010 / août 2010 / septembre 2010 / octobre 2010 / novembre 2010 / décembre 2010 / janvier 2011 / février 2011 / mars 2011 / avril 2011 / mai 2011 / juin 2011 / juillet 2011 / août 2011 / septembre 2011 / octobre 2011 / novembre 2011 / décembre 2011 / janvier 2012 / février 2012 / mars 2012 / avril 2012 / mai 2012 / juin 2012 / juillet 2012 / août 2012 / septembre 2012 / octobre 2012 / novembre 2012 / décembre 2012 / janvier 2013 / février 2013 / mars 2013 / avril 2013 / mai 2013 / juin 2013 / juillet 2013 / août 2013 / septembre 2013 / octobre 2013 / novembre 2013 / décembre 2013 / janvier 2014 / février 2014 / mars 2014 / avril 2014 / mai 2014 / juin 2014 / juillet 2014 / août 2014 / septembre 2014 / octobre 2014 / novembre 2014 / décembre 2014 / janvier 2015 / février 2015 / mars 2015 / avril 2015 / mai 2015 / juin 2015 / juillet 2015 / août 2015 / septembre 2015 / octobre 2015 / novembre 2015 / décembre 2015 / janvier 2016 / février 2016 / mars 2016 / avril 2016 / mai 2016 / juin 2016 / juillet 2016 / août 2016 / septembre 2016 / octobre 2016 / novembre 2016 / décembre 2016 / janvier 2017 / février 2017 / mars 2017 / avril 2017 / mai 2017 / juin 2017 / juillet 2017 / août 2017 / septembre 2017 / octobre 2017 / novembre 2017 / décembre 2017 / janvier 2018 / février 2018 / mars 2018 / avril 2018 / mai 2018 / juin 2018 / juillet 2018 / août 2018 / septembre 2018 / octobre 2018 / novembre 2018 / décembre 2018 / janvier 2019 / février 2019 / mars 2019 / avril 2019 / mai 2019 / juin 2019 / juillet 2019 / août 2019 / septembre 2019 / octobre 2019 / novembre 2019 / décembre 2019 / janvier 2020 / février 2020 / mai 2020 /


Powered by Blogger

Abonnement
Articles [Atom]