ELWATAN-ALHABIB
jeudi 25 avril 2019
 
Un New Deal algérien est-il possible ?









par Kamal Guerroua


Ce n'est pas en changeant un haut responsable décrié par la rue par un autre, comme si l'on est dans un jeu de pions sur l'échiquier institutionnel ou politique, que l'on peut absorber la colère d'un peuple qui demande, pendant maintenant huit semaines consécutives, un vrai changement du régime de gouvernance. Les officiels du pays doivent comprendre que «Yetnhaw gâa» (qu'ils dégagent tous !), ce slogan-phare qu'on voit souvent sur les banderoles brandies par des millions de manifestants, est plus qu'un coup de gueule de circonstance. Il véhicule un message politique d'une rare lucidité, à décrypter et à acter rapidement par ceux d'en haut : l'Algérie a besoin d'un nouveau souffle. Pour cela, elle doit se reconstruire sur de nouvelles bases, avec une nouvelle génération de dirigeants, une nouvelle stratégie, des nouvelles idées, des nouveaux visages. Cela dit, les masses ne veulent pas seulement qu'on fasse tomber des têtes en les substituant par d'autres, pour leur vendre l'illusion qu'on est en train de faire bouger les choses dans le bon sens, mais de démanteler tout ce système de corruption au sein de la présidence, les ministères, le syndicat officiel, les universités, les consulats, les administrations et les compagnies publiques, tissé en réseaux informels de népotisme, de mâarifa, de prédation et de passe-droit. Elles veulent que le pouvoir leur revienne de fait et de droit. Elles s'attachent surtout à l'idée que la transparence soit la règle n° 1 qui régisse les rapports entre les institutions de l'Etat et que les décideurs de l'ombre sortent enfin de leurs bunkers pour affronter la réalité du terrain et rendre les comptes de leur gestion au petit-peuple. En gros, c'est à une opération de refonte institutionnelle radicale et profonde que les Algériens appellent, loin de «ces toilettages placebo» qui ne sont, d'ailleurs, qu'un cautère sur une jambe de bois. Cela est d'autant plus urgent que l'Algérie est, à l'heure présente, gravement malade et que tous les secteurs sont infestés par la crise. Cela se ressentait depuis longtemps, mais malheureusement, rien n'a été fait pour qu'elle guérisse et prenne le train du changement et de la démocratie. Si le départ in extremis de Bouteflika, puis maintenant du président du Conseil constitutionnel ouvre quelques nouveaux horizons pour le Hirak, il n'en demeure pas moins que la perspective de la répétition des mêmes vils scénarios, comme par le passé, pour pérenniser ce système poussif, soit la crainte de tous. Quoique tout le monde sait qu'aucun jeu de guignols ne puisse désormais détourner le mouvement citoyen de ses revendications démocratiques légitimes. Reste, enfin, la position de l'institution militaire, laquelle est à un rendez-vous avec l'histoire, en tant que garante de la Constitution. Celle-ci devrait ouvrir le passage à une transition démocratique en bonne et due forme, en prenant des mesures concrètes, en cohérence avec la volonté du peuple et ses missions constitutionnelles. C'est la seule voie pour concrétiser le New Deal algérien. 





 
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