Alors que le gouvernement Bedoui est au plus mal, ses ministres sont littéralement interdits de sortie inauguratrice, le bureau de l'Assemblée populaire nationale (APN) vient de programmer la première séance de questions au gouvernement pour le jeudi 2 mai. Une perche de salut offerte par un parlement décrié et voué aux gémonies à un gouvernement dont personne ne reconnaît la légitimité. La rue a acté le divorce avec ses deux entités en appelant au départ des 2 B, Bouchareb pour l'APN et Bedoui pour le gouvernement, chassant les ministres là où ils se trouvent, obligeant même le chef d'état-major de l'ANP à intervenir.
Cette bouée de sauvetage lancée par le FLN et le RND pose la question de la présence, l'existence même, de ces deux partis dans le paysage politique algérien, eux qui ont été les responsables organisationnels idéaux pour permettre à l'oligarchie d'entrer, par la grande porte, au cœur des institutions républicaines et souveraines. Ces casquettes politiques distribuées à des hommes d'affaires et à des industriels, aujourd'hui inquiétés par la justice, sont le fait de ces deux partis qui ont sacrifié leurs véritables militants et leurs chartes d'éthique au profit de «shab chkara» qui ont payé, au prix fort, leur carte partisane. C'est à travers le FLN et le RND que ces oligarques ont noyauté le Parlement, ont eu accès au Sénat et ont essaimé les structures politiques s'offrant des tribunes parfaites pour mener leurs affaires.
En entrecroisant politique et argent, les chefs de parti ont tout simplement balisé la route à la corruption, aux passe-droits et ont permis la mainmise de ces hommes sur les appareils de l'Etat. Ce n'est pas pour rien que le mouvement populaire a focalisé sur l'ex-parti unique, appelant à ce qu'il se retrouve au musée, parce que personne n'ignore son degré de nuisance et la propension de ses cadres dirigeants à privilégier l'intérêt personnel et clanique au détriment de l'intérêt national. Ses manœuvres délétères pour casser le hirak sont aussi montrées du doigt. Cette défiance envers les deux partis frères trouve également son prolongement dans l'action parlementaire puisque leurs députés, majoritaires grâce au jeu des scrutins, ont toujours avalisé les décisions du gouvernement aussi impopulaires et antisociales qu'elles sont. Les Algériens ont d'ores et déjà acté l'avenir de ces deux partis qui n'ont que trop pollué le ciel de l'Algérie.
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