Un lecteur m’a interpellé, non pas au sujet des gesticulations marocaines, mais à propos des forces spéciales américaines dans le Sahel, à proximité de l’Algérie, dont les effectifs sont passés de 400 hommes en 2012 à 1 300 en 2017. Discrète en raison d’une information extrêmement verrouillée, cette présence militaire américaine est, depuis la mort de quatre soldats US le 4 octobre dernier au Niger, devenue plus que visible. Ce jour-là, l’opinion américaine découvre qu’en plus de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Syrie, le Sahel est devenu un nouveau terrain d’intervention «antiterroriste» des Etats-Unis.
Ces militaires, jurent la main sur le cœur les officiels américains, ne sont pas en mission de combat, ils sont là, expliquait Jim Mattis, le chef de la diplomatie américaine, pour «aider les peuples de la région à se défendre eux-mêmes» contre les «terroristes qui sèment instabilité, meurtres et pagaille depuis cette région» (dixit le Monde du 20 octobre dernier). Et les naïfs que nous sommes ont été priés de croire sur parole ce monsieur.
En vérité, ces braves soldats opèrent dans le cadre d'un dispositif dit «Juniper Shield», lequel s’ajoute aux dispositifs précédents, le «Pan-Sahel Initiative», «le Trans-Saharian Counter Terrorism Partnership» ou encore la «Security Governance Initiative»… des dispositifs qui font de plus en plus appel à des sociétés de sécurité privées majoritairement anglo-saxonnes, composées d’anciens Marines ou des ex-SAS (Special Air Service) britanniques, ayant déjà fait leurs preuves (dans le mauvais sens du terme) en Irak, et dont le rayon d’intervention peut embrasser l’Algérie. Et nul doute que tout ce beau monde soit appelé en juillet prochain à épauler les forces françaises et celles du G5 qui, à la demande de Macron (dixit le Canard Enchaîné du 23 mai), vont lancer une opération militaire d’envergure afin de sécuriser le déroulement de l’élection présidentielle malienne du 28 juillet.
Il est vrai que l’Aqmi et divers groupes djihadistes, qui ont formé en 2017 une alliance dénommée «Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans», ainsi que Boko Haram font peser une sérieuse menace sur les pays de la région, des pays dont la gouvernance laisse à désirer, rongés par une corruption endémique, minés par des tensions ethnico-religieuses, avec, en toile de fond, une aggravation de la misère et une migration vers le Nord devenu un marché lucratif pour les marchands d’esclaves modernes.
Sur ce plan, bien que la Conférence internationale de Bruxelles du 23 février dernier a estimé les besoins de financement de quelque 500 projets socio-économiques à 6 milliards d’euros afin d’améliorer le sort des populations sahéliennes, peu de choses ont été faites : le développement attendra. Priorité, pour l’heure, à la lutte antiterroriste pour laquelle la France et ses alliés européens ont reçu des promesses de dons de plus de 450 milliards d’euros pour financer et équiper, dans le cadre du G-5 – Mali, Niger, Mauritanie, Tchad, Burkina Fasso – cette force de 5 000 hommes, chargée avec l’aide des forces françaises de sécuriser une région de plus de 5 millions de km² et quelque 28 000 km de frontières.
Devant l’immensité de la tâche, le 23 mai, le Niger, qui a cru bon demander au Conseil de sécurité «mandat renforcé» de l’ONU à la force militaire du G5 et les ressources qui vont avec, s’est vu opposer un «niet» catégorique. En guise de consolation, Washington, opposé à la demande nigérienne, a conseillé aux braves Nigériens de s’en tenir à l’accord d’Alger signé en juin 2015, resté pour l’heure lettre morte…
Pour terminer, à l’instar du Moyen-Orient, le Sahel est aujourd’hui le théâtre d’une militarisation croissante. En plus des forces militaires françaises et américaines, l’Allemagne – un millier de soldats – s’apprête à renforcer sa présence militaire. L’Italie n’est pas en reste, elle a décidé de voir de plus près ce qui se passe.
Mais quand on sait que le Sahel regorge de ressources minières non exploitées ou insuffisamment, les pays capitalistes possèdent en la personne des djihadistes d’Aqmi, Boko Haram et autres des alliés naturels : après tout, c’est grâce à Iyad Ag-Ghali (Ansar Dine), Mokhtar Belmokhtar (Mourabitoune), Djamel Okacha dit Yahya Abu Al-Hammam (Aqmi), etc., que les pays occidentaux sont militairement présents au Sahel et ils ne sont pas près d’en partir.
H. Z
Ces militaires, jurent la main sur le cœur les officiels américains, ne sont pas en mission de combat, ils sont là, expliquait Jim Mattis, le chef de la diplomatie américaine, pour «aider les peuples de la région à se défendre eux-mêmes» contre les «terroristes qui sèment instabilité, meurtres et pagaille depuis cette région» (dixit le Monde du 20 octobre dernier). Et les naïfs que nous sommes ont été priés de croire sur parole ce monsieur.
En vérité, ces braves soldats opèrent dans le cadre d'un dispositif dit «Juniper Shield», lequel s’ajoute aux dispositifs précédents, le «Pan-Sahel Initiative», «le Trans-Saharian Counter Terrorism Partnership» ou encore la «Security Governance Initiative»… des dispositifs qui font de plus en plus appel à des sociétés de sécurité privées majoritairement anglo-saxonnes, composées d’anciens Marines ou des ex-SAS (Special Air Service) britanniques, ayant déjà fait leurs preuves (dans le mauvais sens du terme) en Irak, et dont le rayon d’intervention peut embrasser l’Algérie. Et nul doute que tout ce beau monde soit appelé en juillet prochain à épauler les forces françaises et celles du G5 qui, à la demande de Macron (dixit le Canard Enchaîné du 23 mai), vont lancer une opération militaire d’envergure afin de sécuriser le déroulement de l’élection présidentielle malienne du 28 juillet.
Il est vrai que l’Aqmi et divers groupes djihadistes, qui ont formé en 2017 une alliance dénommée «Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans», ainsi que Boko Haram font peser une sérieuse menace sur les pays de la région, des pays dont la gouvernance laisse à désirer, rongés par une corruption endémique, minés par des tensions ethnico-religieuses, avec, en toile de fond, une aggravation de la misère et une migration vers le Nord devenu un marché lucratif pour les marchands d’esclaves modernes.
Sur ce plan, bien que la Conférence internationale de Bruxelles du 23 février dernier a estimé les besoins de financement de quelque 500 projets socio-économiques à 6 milliards d’euros afin d’améliorer le sort des populations sahéliennes, peu de choses ont été faites : le développement attendra. Priorité, pour l’heure, à la lutte antiterroriste pour laquelle la France et ses alliés européens ont reçu des promesses de dons de plus de 450 milliards d’euros pour financer et équiper, dans le cadre du G-5 – Mali, Niger, Mauritanie, Tchad, Burkina Fasso – cette force de 5 000 hommes, chargée avec l’aide des forces françaises de sécuriser une région de plus de 5 millions de km² et quelque 28 000 km de frontières.
Devant l’immensité de la tâche, le 23 mai, le Niger, qui a cru bon demander au Conseil de sécurité «mandat renforcé» de l’ONU à la force militaire du G5 et les ressources qui vont avec, s’est vu opposer un «niet» catégorique. En guise de consolation, Washington, opposé à la demande nigérienne, a conseillé aux braves Nigériens de s’en tenir à l’accord d’Alger signé en juin 2015, resté pour l’heure lettre morte…
Pour terminer, à l’instar du Moyen-Orient, le Sahel est aujourd’hui le théâtre d’une militarisation croissante. En plus des forces militaires françaises et américaines, l’Allemagne – un millier de soldats – s’apprête à renforcer sa présence militaire. L’Italie n’est pas en reste, elle a décidé de voir de plus près ce qui se passe.
Mais quand on sait que le Sahel regorge de ressources minières non exploitées ou insuffisamment, les pays capitalistes possèdent en la personne des djihadistes d’Aqmi, Boko Haram et autres des alliés naturels : après tout, c’est grâce à Iyad Ag-Ghali (Ansar Dine), Mokhtar Belmokhtar (Mourabitoune), Djamel Okacha dit Yahya Abu Al-Hammam (Aqmi), etc., que les pays occidentaux sont militairement présents au Sahel et ils ne sont pas près d’en partir.
H. Z
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