ELWATAN-ALHABIB
dimanche 25 février 2018
 

LA SUBSTITUTION DESASTREUSE DU

 POLITIQUE A L’ECONOMIQUE








Deux grandes mesures académiques sont utilisées pour lutter contre le ‘‘volume des importations’’ et éviter ce faisant de recourir purement et simplement à la mesure d’interdiction de produits, une mesure tout à fait exceptionnelle utilisée principalement dans les économies dirigées.
  • La dévaluation de la monnaie
  • Le tarif douanier
La dévaluation de la monnaie au sein d’une économie forte est destinée à doper les exportations, ce que vient de faire la Chine en dévaluant le yuan. La valeur du dollar vient également de baisser par rapport à L’euro et autres monnaies occidentales. Une baisse administrative en référence à la santé de l’économie américaine et          qui fait probablement suite à l’augmentation du prix du pétrole sur les marchés mondiaux avec pour but d’amortir quelque peu la facture hydrocarbure des pays européens. Cette mesure politique de solidarité avec l’Europe et fortement contraignante pour l’Algérie entre autres, prête aussi à penser qu’une stabilité des cours pétroliers à une moyenne du niveau actuel des couts peut être envisagée.
En Algérie et depuis Aout 2017 date de l’arrivée aux affaires du gouvernement en exercice, le  dinar a perdu environ 8% de sa valeur sur le marché parallèle. Dans le cadre du marché interbancaire, pour considérer la cotation de la banque d’Algérie, le dinar a grossièrement baissé de la même valeur dans la même période. On est plus loin ‘‘dune simple dépréciation’’, qu’à une indexation de la valeur du dinar sur celle du marché parallèle, confortant certes l’affirmation du ministre du commerce qui estimait que « la valeur du dinar était plus proche de celle du marché parallèle… », mais aussi désignant du doigt l’informel comme étant la véritable locomotive de l’économie algérienne. Dans le même cadre, l’instruction de la banque centrale entrée en vigueur le 22 octobre 2017, instruisant les banques commerciales d’effectuer à partir du compte client une provision égale à 120% de la valeur de toute transaction opérable sur le marché international, met en relief des prévisions permettant de conclure que le dinar restera très instable et nettement orienté vers la baisse.
Pour autant, et dans une économie n’existant qu’à travers les importations (aux environs de 38 mds de dollars en 2017) la baisse de la valeur de la monnaie possède un impact direct et important sur l’inflation et donc sur le pouvoir d’achat du citoyen. Il existe à cet effet un seuil en dessous duquel cette mesure économique se transformerait en détonateur qui pourrait faire exploser la société algérienne partant que cette limite incompressible reste une équation complexe à plusieurs variables qui pourrait se jouer des plus fins apprentis sorciers.

D’un autre coté, la douane, une arme puissante, est retirée du champ de bataille. La situation économique actuelle du pays aurait dû fournir à l’institution douanière un rôle central dans la régulation des flux d’importation. En effet, en manœuvrant sur les taux des tarifs et taxes douaniers, l’institution pourrait peser d’une manière draconienne sur le volume, et qui plus est, d’une manière sélective sur les produits fournissant ce faisant au budget de l’état une bouffée d’oxygène salvatrice. A l’instar de l’institution fiscale et toujours à travers les droits et taxes la douane aurait également pu, fortement aider à orienter l’investissement public et privé vers les secteurs structurants. Pourtant, dans cette grande bataille économique dont l’issue vitale commandait au pays d’utiliser tout son potentiel défensif et offensif, la douane, cette arme fortement efficace dans le cas d’espèce est tenue à l’écart de cette bataille décisive des suites d’un accord d’association conclu entre l’Algérie et l’Union Européenne. Ce deal motivé par des considérations hautement plus politiques qu’économiques a offert en offrande à l’Europe un marché algérien sans aucune défense et par suite, les intérêts économiques d’une nation orpheline de son élite.
Signé à Valence le 22 avril 2002, l’accord d’association entre l’union européenne et l’Algérie est entré en vigueur le 01 septembre 2005.
En son article premier item 2 alinéa 2, il stipule :
  • Développer les échanges, assurer l’essor de relations économiques et sociales équilibrées entre les parties, et fixer les conditions de la libéralisation progressive des échanges de biens, de services et de capitaux.
En son article 6 il précise :
  • La Communauté et l’Algérie établissent progressivement une zone de libre échange pendant une période de transition de douze années au maximum à compter de la date d’entrée en vigueur du présent accord selon les modalités indiquées ci-après et en conformité avec les dispositions de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994 et des autres accords multilatéraux sur le commerce de marchandises annexés à l’accord instituant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dénommés ci-après « GATT »
En son article 9 alinéa1il supprime
  • l’ensemble des droits de douanes et taxes à une liste de produits (2076 lignes tarifaires) consignés dans l’annexe 2 de l’accord, et supprime progressivement dans l’alinéa 2 du même article une autre liste de produits(1100 lignes tarifaires) dès la 7ème année de l’entrée en vigueur de l’accort soit à partir de septembre 2012. Cette deuxième liste constitue l’annexe 3 de l’accord.
  • Dans son alinéa 3 du même article (9) il ajoute«   Les droits de douane et taxes d’effet équivalent applicables à l’importation en Algérie aux produits originaires de la Communauté autres que ceux dont la liste figure aux annexes 2 et 3 (1964 lignes tarifaires)sont éliminés progressivement selon le calendrier suivant ….. » pour être éliminés à partir de la douzième année. (conformément à l’article 6 et 18).

Rompre l’isolement international de l’Algérie, et faire de ses dirigeants des personnes plus fréquentables fut la première mission du Président en exercice. Il s’y est consacré tout au long de son premier mandat avec détermination, et peut être même avec panache. Il déclarait dès le mois de juin 1999, « le forum de Crans Montana est pour moi une occasion de donner un cachet personnel à la politique extérieure de l’Algérie qui militera pour défendre tout d’abord les intérêts nationaux« , et d’ajouter, « l’Algérie est un des pays qui veulent avoir le droit de cité, faire entendre leur voix et qui entendent exister dans l’arène internationale« . Le Directeur des accords régionaux auprès du ministère du commerce exprimant le point de vue officiel algérien estimait que ‘’L’Accord d’Association n’a pas été mal négocié, car les négociations ont eu lieu dans un contexte où la priorité était d’ouvrir une fenêtre vers l’extérieur‘’.
Tout ce qu’il y a de plus légitime et de plus louable, juste que cette fenêtre vers l’extérieur avait un cout. Le prix de cette aération fut sollicité à la suite des accords de Barcelone. Le réussir c’était pour les concernés réellement sortir de l’isolement, c’est tout ce qui comptait vraiment. Ce deal avait-il un prix ? Quel qu’il aurait été, il ne pesait rien, il était tout compte fait négligeable en rapport à l’investissement (rompre l’isolement). Cependant et juste pour l’exemple, quel aurait été le montant des droits et taxes  prélevé par la douane en l’absence des dispositions de l’accord d’association sur les 22,18 mds de dollars, cout des importations algérienne depuis l’Europe en considérant uniquement l’année 2016 ? Quel en aurait été le montant si le pays avait décidé par suite de motivations économiques d’élever encore les droits et taxes de certains produits ? N’aurait ont pu approcher au moins le montant de ces 530 mds de dinars nécessaires au paiement des émoluments des uns et des autre et échapper pour autant à la planche à billet pour l’exercice ?
Plus d’une décennie après sa signature, l’accord d’association Algérie/UE se révéla être un puissant anesthésiant au pilotage de l’économie algérienne, neutralisant jusqu’à l’idée même de l’initiative pour confiner à la cacophonie, l’amateurisme et parfois à l’arbitraire. Un accord de dupes qui dans le contexte du jour se doit d’être dans les plus brefs délais être renégocié si ce n’est être purement et simplement dénoncé. L’Algérie n’aurait absolument rien à y perdre bien au contraire. Traiter l’économique par le politique continue pourtant à être de mise pour l’exécutif insensible ou incapable d’assimiler les leçons du réel. Une vision de court terme, ignorant superbement d’appliquer une approche systémique à la problématique algérienne, traitant dans la division et au venant au jour le jour les urgences, faisant qu’à l’instar de l’accord d’association, que ce qui semble être une solution confortable aujourd’hui pourrait dans quelques mois, voire quelques années se présenter comme une erreur au cout incommensurable. Le coup du sang.

ELISSA.D
 
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