La lapidation moderne au pays des Droits de l’homme

arton32868-ba967Pascal Boniface est le fondateur (en 1990) et le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) reconnu d’utilité publique depuis 2009. Ce Think Tank est mondialement connu et reconnu.
Pascal Boniface a milité au PSU de Michel Rocard, au Parti socialiste. Il a travaillé auprès du groupe parlementaire socialiste à l’Assemblée nationale. Il a été conseiller dans les cabinets ministériels de Jean-Pierre Chevènement, puis de Pierre Joxe. Il a quitté le PS en 2003.
Il est ou a été éditorialiste pour les quotidiens La Croix, La Voix du Nord, Nice matin, La Vanguardia (Espagne), Réalités (Tunisie), Al-Ittihad (Émirats Arabes Unis). On a pu le voir souvent à la télé, notamment sur France 5 et dans C dans l’air.
Hélas, Pascal Boniface, cet intellectuel modéré et naguère apprécié, a fait un faux pas. En 2001, dans une note interne au PS, il a préconisé une modification de la politique du PS à l’égard du conflit israélo-palestinien. Pour lui, en matière de politique internationale, il serait «  préférable, pour chacun, de faire respecter des principes universels et non pas le poids de chaque communauté ».
C’était trop ! Dès lors, il va subir un déluge de critiques, de menaces contre lui et les siens. Des amis vont lui tourner le dos, d’autres participer à la cabale, quelques-uns se tenir prudemment à l’écart. Il va voir des portes de médias se fermer, des conférences se raréfier, des pressions s’exercer en catimini pour que des financements de l’IRIS soient coupés, mettant en péril cet Institut dont l’utilité n’est pas contestée.
Puis vient l’estocade : il serait antisémite. Plusieurs camarades du PS, qui louaient auparavant ses talents, des amis même, vont faire un choix radical entre lui et la politique du gouvernement d’Israël.
Les médias répètent en boucle l’accusation.
Pour s’en défendre, ne pas recevoir des coups sans contre-attaquer, il va écrire un ouvrage crânement intitulé « Antisémite ».
« A force de le marteler sur les radios et les journaux communautaires, il ne faut pas s’étonner que de nombreuses personnes soient -même un peu- persuadées de mon antisémitisme. Pourtant, ce qu’ils ont entendu, à défaut d’avoir lu, ne correspond ni à ce que j’ai écrit, ni à ce que j’ai dit » déplore-t-il (p 142). Et de faire ce constat frappé au sceau du bon sens : « Le lien entre la lutte contre l’antisémitisme et la défense à tout prix d’Israël tourne court, et peut même s’avérer contre-productif. On ne luttera pas contre l’antisémitisme en légitiment l’actuelle répression des Palestiniens par Israël. On peut au contraire et malheureusement le développer en agissant ainsi » (P 192).
Le site Le Grand Soir, ses administrateurs pourraient lui dire : on sort d’en prendre.
Nous avons maintes fois fait appel en renfort à Beaumarchais : 
« La calomnie, monsieur ! Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j’ai vu les plus honnêtes gens près d’en être accablés. Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville en s’y prenant bien : et nous avons ici des gens d’une adresse !… D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et, rinforzando de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’oeil. Elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ? » (Le Barbier de Séville).
Beaumarchais, oui. Haski, hum !
A l’occasion de la parution du livre, l’IRIS a organisé une conférence-débat le 16 janvier à l’Espace de conférences de l’IRIS. Fort bien.
Hélas, un des orateurs annoncé a pour nom Pierre Haski, co-fondateur et président du site Rue 89 où je fus nommément désigné comme« administrateur du site rouge-brun Le Grand Soir » (1). Haski était un des directeurs de Libération quand son journaliste Jean-Hébert Armengaud tronqua une phrase de Chavez pour justifier le titre de son article « Le credo antisémite de Hugo Chavez ».
Jusqu’au bout, le faussaire Armengaud a été défendu par Pierre Haski qui avait conclu la discussion sur l’amputation des mots de Chavez par un inoubliable : « Pas un mot n’a été mis dans sa bouche qu’il n’aurait pas prononcé ».
Ainsi, par deux fois mouillé avec ceux qui ont injustement désigné LGS, ses administrateurs et Chavez comme antisémites, Haski est invité à un débat pour défendre quelqu’un injustement accusé d’antisémitisme… par d’autres que lui !

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J’ajoute que, sur l’invitation aux débats de l’IRIS, la présentation de Pierre Haski est une nouvelle troncature. Il n’est pas seulement « chroniqueur sur les relations internationales » (où ?) mais surtout président de Reporters sans frontières, fausse ONG qui empoche des dollars de la NED (National endowment for democracy), une officine écran de la CIA (2) et ennemie jurée des pays en lutte (comme le Venezuela, tiens donc) et de ceux qui les soutiennent (comme moi que l’ancien patron de RSF, aujourd’hui maire apparenté FN, menaça quatre fois d’un procès).
Cela dit, il faut lire le livre de Pascal Boniface « Antisémite » avec une préface de Michel Wieviorka (Editions Max Milo, 2018. 201 pages, 18 €). C’est le plaidoyer argumenté et irréfutable d’un honnête homme qui agit et parle en conscience et qui en paie le prix. « Donne un cheval à l’homme qui a dit la vérité, il en aura besoin pour s’enfuir », dit un proverbe arabe. Objection : sur un cheval, on peut aussi pourfendre la piétaille qui grouille, grenouille et piaille. A hauteur des éperons.
Maxime VIVAS
Aux éditions Golias (2014) : « Marine Le Pen amène le pire. » (M. et F. Vivas. 240 p. 12€).
Aux éditions Arcane 17 (2013) : « L’irrésistible déchéance de Robert Ménard, candidat du Front National. » (M. Vivas. 79 p. 7€).
Notes. 
(1) L’auteure de l’article diffamatoire était une journaliste que j’avais éconduite quelques mois plus tôt alors qu’elle était venue me voir à Toulouse avec l’espoir d’être embauchée par LGS. Dans un premier article publié sous pseudo (car elle se disait mon amie) sur un petit site (où me furent promis des « coups de manche de pioche »), elle prétendit que LGS publiait, depuis 3 ou 4 ans (!), de plus en plus d’articles ou d’auteurs fascisants. Elle fut exclue d’Acrimed pour cet article. Puis, elle « informa » un journaliste qui en remit une couche méphitique dans Charlie Hebdo, sous le titre : « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel Le Grand Soir et deux de ses administrateurs (Viktor Dedaj et moi) étions qualifiés de «  bruns » et « rouges bruns ». L’auteur me confessa au téléphone que je n’étais pas « rouge-brun » mais « confusionniste », que « Les anti-impérialistes [l]e font gerber » et il m’avertit que, n’ayant rien trouvé « sur moi » (il voulait dire « contre moi ») il allait chercher plus avant avec une équipe de Charlie Hebdo, avec d’autres journalistes d’autres médias et même « avec des journalistes étrangers ». C’était le 14 août 2012. Un si long suspense !
(2) Ont siégé au C.A. de la NED qui subventionne RSF :
•John Negroponte, qui fut chef de tous les services de renseignements US (il supervisa la CIA). 
•Otto Reich, qui travailla pour la CIA et qui a été un des dirigeants d’un autre sponsor de RSF, le Center for a free Cuba (CFC) dont le but est de renverser le gouvernement cubain.
La NED intervient dans plus de 70 pays. En Amérique latine, elle finance des groupes séparatistes dans les régions riches en matières premières (Venezuela, Bolivie…).
Ecoutons Carl Gershman, premier président de la NED : « Il serait terrible pour les groupes démocratiques du monde entier d’être vus comme subventionnés par la CIA [….]. C’est parce que nous n’avons pas pu continuer à le faire que la fondation (la NED) a été créée ».
Et Allen Weinstein, co-rédacteur des statuts de la NED : « Beaucoup de ce que nous faisons maintenant a été fait en secret par la CIA il y a 25 ans ».