ELWATAN-ALHABIB
jeudi 10 novembre 2016
 

DE QUOI DONALD TRUMP EST-IL LE NOM ? DE LA FAILLITE DES ÉLITES POLITIQUES QUI «SE SONT TROMPÉES DE SOCIÉTÉ »




AutruchePar Saad Ziane
 le 09 novembre 2016

Donald Trump et Hillary Clinton Photo DR
Donald Trump et Hillary Clinton Photo DR
«L’Amérique, un Etat et une société faillis ? » s’interroge Paul Krugman prix de la Banque de Suède en sciences économiques 2008 (Le Nobel de l’économie) sur le mode du «on s’est trompé de société », l’appel au coup d’Etat en moins.
Lui et la plupart des lecteurs du New York Time, écrit-il, n’ont jamais cru qu’au final une majorité d’américains choisiraient un homme si « « manifestement peu qualifié » que Donald Trump pour occuper la fonction de président, un homme si «psychologiquement fragile, si effrayant, si risible ».
Nous avons cru que la nation avait dépassé les « préjugés raciaux et la misogynie », que la majorité des américains ont intégré les « valeurs démocratiques et le règne de la loi », mais nous «avions tort » ajoute Krugman en notant que pour un grand nombre de gens, blancs et vivant dans les zones rurales, c’est «une question de sang et de terre, de préservation du patriarcat traditionnel et des hiérarchies raciales ».
Les élites, même quand elles avouent se tromper de société, ne se remettent pas fondamentalement en cause. Donald Trump est un homme scandaleux, raciste, islamophobe, qui joue sur les peurs, cela est évident. Il a mobilisé un électorat réactionnaire, suprématiste, raciste, cela est indéniable.  Mais il n’a pas mobilisé que cela. Ce n’est pas cet électorat réactionnaire qui a fait la différence même si les élites acquises au consensus néolibéral du marché roi préfèrent ne voir que lui.
Les électeurs de Bernie Saunders ne sont pas allés à Clinton
Il y a eu au cours de la campagne des primaires un vrai mouvement derrière Bernie Saunders contre Wall-Street, contre les politiques élitistes et la suprématie des forces de l’argent. Ce mouvement a «enchanté » une partie de la jeunesse américaine et faisait écho à une Amérique réelle, lâchée par les forces du fric, ceux qui ont causé la crise des subprimes mais qui en ont tiré profit.
Cette partie de l’Amérique qui s’est reconnue en Bernie Saunders ne s’est pas reportée sur Hillary Clinton qui incarne parfaitement cette imbrication entre les élites politiques et Wall-Street. Cette Amérique-là n’a pas voté ou pire, elle s’est reportée sur Donald Trump qui a agité, en partie, les mêmes thèmes de Bernie Saunders en leur donnant une tonalité populiste et xénophobe.
Le vote pour Trump est, en partie, un vote de défiance contre les élites totalement acquise à la religion du marché codifiée par le consensus de Washington.
Dans le bipartisme dominant aux Etats-Unis – et en crise – , les démocrates sont censés être plus sensibles aux classes moyennes et aux pauvres, les républicains plus proches des forces d’argent. Dans le casting des présidentielles, un Bernie Saunders contre Donald Trump aurait eu du sens.
Mais face à Hillary Clinton, dont la proximité avec les puissances d’argent n’est pas une fiction, c’est Donald Trump qui a tenu le discours d’un démocrate : défense de l’emploi, dénonciation de la fermeture d’usines ou de mines, rejet de la mondialisation et mise en cause de l’establishment.
Le seul argument «progressiste » qu’avait Hillary Clinton est d’incarner l’idée d’être la première femme présidente des Etats-Unis qui succéderait au premier noir. Argument démoli sans ménagement par l’actrice Susan Sarandon : « je ne vote pas avec mon vagin».
Plus que le Brexit, ce vote pour Trump, dans le pays qui dirige le mouvement de la mondialisation y compris par des moyens militaires, reflète le paradoxe politique des démocraties où la gauche comme la droite sont au service de la finance, une sorte de totalitarisme néolibéral agréé par un consensus entre médias et politique et contre lequel les citoyens ont peu de prise.
L’avertissement de Noam Chomsky
Et sans surprise, ces populations abandonnées par des politiciens présumés de gauche – les plus honnêtes avouent leur impuissance- sont aujourd’hui prises en charge par les droites extrêmes celles qui donnent une explication xénophobe et raciste aux problèmes économiques et sociaux.
Le reste est une affaire de surenchère démagogique et sur ce terrain Donald Trump, en homme qui a fait de la télévision, connait les ingrédients. Il faut faire le buzz constamment et il sait le faire avec les outrances qui flattent la bête, qui alimentent la haine.
En février dernier, Noam Chomsky signalait cette montée de la colère et du désespoir chez les blancs pauvres où le taux de mortalité atteint un pic inquiétant qui explique la montée en puissance de Donald Trump.
“[Ils] sont en train de sombrer dans le désespoir et la colère, pas vraiment orientés contre les institutions qui sont les agents de la dissolution de leurs vies et du monde, mais contre ceux qui sont encore plus sévèrement pris pour cible”, a-t-il déclaré. “Les signes sont familiers, et ils évoquent ici certains souvenirs de l’émergence du fascisme européen”, a-t-il conclu.
Le jeu trouble du « DRS local »
On pourrait ajouter qu’il y a eu aussi un étrange jeu du FBI qui a mené une partie surprenante autour des mails de Hillary Clinton au moment où Donald Trump, en perte de vitesse dans les sondages, semblait au plus mal. Comme si James Comey, le chef du « DRS local», pourtant nommé par Barack Obama, décidait de rebattre les cartes pour casser un consensus politico-médiatique très large contre Trump.
On ne saura probablement jamais si ce coup de la comète James Comey a changé radicalement la donne mais il est difficile d’y voir une chose anodine. Son message sibyllin a causé le plus grand mal à la candidate démocrate et quand à deux jours du scrutin il annonce qu’il n’y a rien, cela dessert toujours Hillary Clinton, le camp Trump se faisant un plaisir d’affirmer que l’establishment protégeait la femme la «plus corrompue » de l’histoire des Etats-Unis…
Faut-il s’inquiéter de l’arrivée de Trump au pouvoir ? On ne sait pas vraiment. Pas plus que celle de Hillary Clinton sans doute. Même s’il fait mine de ne s’occuper que de l’Amérique, rien n’indique qu’il ne fera pas les guerres de l’empire. Les bourses s’inquiètent, mais elles s’y feront.
A Israël, on se réjouit, Trump a promis de reconnaitre Jérusalem comme capitale d’Israël. Un ministre en a tiré la conclusion que c’en est fini de l’Etat palestinien. En réalité, cela n’aurait rien changé, non plus si c’est Mme Clinton.
Peut-être que la «clarté » de Trump permettra, enfin, aux dirigeants palestiniens de Ramallah de cesser de faire semblant qu’il existe une perspective. Barack Obama a fait le «mieux » que pourrait un président américain le mieux disposé : cesser de s’occuper du dossier tout en continuant à verser des milliards à Israël.
Trump est une caricature. Mais une caricature n’est qu’un grossissement des traits. Cette caricature-là a un nom : la faillite des élites politiques soumises au fric. Que ce soit un milliardaire qui incarne cette faillite relève du tragicomique.
– See more at: http://www.libre-algerie.com/de-quoi-donald-trump-est-il-le-nom-de-la-faillite-des-elites-politiques-qui-se-sont-trompees-de-societe-par-saad-ziane/09/11/2016/#sthash.y0VPdTKj.dpuf
 
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