Entre exigence nationaliste portée à son paroxysme, projet fédéraliste essoufflé et impuissance diplomatique et internationale, l'Europe tombe en lambeaux. Et ce ne sont pas les sourires convenus des multiples rencontres entre Présidents et Chefs de gouvernement européens qui y changeront grand- chose. La construction européenne est véritablement en panne, malmenée, il est vrai, par les égoïsmes nationaux, la boulimie des nouveaux venus notamment de l'Est et ces véritables boulets, ceux communément, appelés les mauvais élèves, ces pays endettés, devenus insolvables, laminés par la crise et qui risquent de faire s'écrouler tout l'édifice. Même le couple franco-allemand, jadis prétendu moteur de l'ambition européenne, n'a plus le même enthousiasme. Et le cœur n'y est déjà presque plus. Il n'y plus d'Europe! Mais de quoi parle-t-on? Cette sentence, sans appel, prononcée sur un plateau de télévision, par l'ancien Premier ministre français Michel Rocard, illustre, si besoin est, l'impasse dans laquelle se trouve la construction européenne qui n'arrive plus à dégager de consensus sur les grandes questions d'actualité internationale. L'Europe a disparu des écrans radars et contrairement aux Etats-Unis, à la Russie ou encore à la Chine, elle est, désormais, absente sur tous les terrains de conflits, dans le monde. Elle ne dégage même plus de conduite commune à tenir, vis-à-vis de la question des réfugiés qui déferlent par dizaines de milliers, sur le vieux continent, fuyant, souvent, la guerre mais aussi la misère et prêts à tous les sacrifices pour un rêve qui vire souvent au cauchemar.
Doublée par la Russie sur la question syrienne, absente au Proche-Orient, notamment sur la question palestinienne, malmenée par Obama, en personne, sur le rôle néfaste qu'elle a joué en Libye, notamment, à cause des initiatives françaises qui ont poussé à l'intervention militaire, n'ayant aucun rôle à jouer en Asie, notamment, dans l'apaisement des tensions inter-coréennes, elle n'est plus désormais, selon Michel Rocard, qu'une machine à produire des normes, de la réglementation et à gérer, de façon bureaucratique, les échanges économiques entre les pays qui la composent, après avoir aussi développé un espace frontalier commun, Schengen. L'Europe s'est recroquevillée sur elle-même et l'accueil, exceptionnellement généreux, de milliers de réfugiés ne lui pas, pour autant, donner plus d'envergure sur le plan international.
Conscients, sans doute, de cette dérive de l'Europe politique, contestée, par ailleurs, par l'exigence nationaliste et souverainiste qui se développent, d'année en année, les Anglais pensent, déjà, et majoritairement à s'en détacher. Ils le diront, sans doute, par référendum. Et l'Europe ne se remettra, sans doute, jamais de cette épreuve. Les Anglais, conscients du rôle qu'ils pourraient jouer sur le plan international, n'acceptent plus d'être bridés par l'inertie de la politique internationale conduite, dans le cadre des institutions européennes.
L'Europe manque, cruellement, de leadership. Si l'Allemagne constitue, incontestablement, l'attelage économique du continent, il reste qu'elle n'incarne pas, notamment, pour des raisons historiques, ce rôle sur le plan politique et encore moins international. Et les années à venir risquent d'être encore plus cruelles pour l'Europe. Les nationalistes se retrouveront, pratiquement, majoritaires dans de nombreux pays et la construction européenne sera, sans doute et pour longtemps, définitivement gelée.
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