S’ajoutant aux
voix opposées au gaz de schiste en écho aux protestataires d’In Salah,
Ali Benouari pense dans une tribune parue ce jeudi dans le quotidien
Liberté, que le problème de l’Algérie est qu'elle
n'exporte rien d'autre « que son pétrole et son gaz, qui font vivre tout
le pays, d'où l'exploitation effrénée des gisements à laquelle nous
assistons, qui ne fait que retarder le moment où il faudra s'attaquer
aux vraies difficultés ». Pour l’ancien ministre, l'exploitation du gaz
de schiste comporte un grand risque de pollution pour les nappes
albiennes du Sahara. Des nappes qui, dit-il, sont un vrai trésor à
protéger, car « mieux que le pétrole et le gaz, elles sont à même de
nous prémunir des effets néfastes du changement climatique,
l'augmentation du stress hydrique et la réduction des surfaces
agricoles pouvant entraîner des famines éventuelles ». Pour Ali
Benouari, polluer ces réserves revient à commettre un « crime »
semblable à un empoisonnement de puits. L’ancien ministre délégué au
budget des années 1990 vilipende les pouvoirs publics qui, selon lui,
ont caché au peuple que la décision d'exploiter le gaz de schiste a été
prise « il y a déjà plusieurs années », leur reprochant au passage de
refuser, une fois démasqués, de faire la seule chose qui soit
raisonnable selon lui : entamer le dialogue avec les populations du Sud
« légitimement inquiètes et traumatisées par les radiations provoquées
par les explosions atomiques françaises de 1960 ».
Sortir de la dépendance excessive des hydrocarbures conventionnels
Le
gouvernement aux yeux de Benouari ne voit dans la contestation
grandissante des populations qu' « un vulgaire trouble » à l'ordre
public, qu'il faut « réprimer sans état d'âme ». Mauvais calcul,
note-t-il, car il juge que ce refus de dialoguer ne fait qu'alimenter
les rumeurs sur « des contrats passés avec des multinationales, contrats
qu'il faut honorer coûte que coûte ».
L'exploration
comme l'exploitation du gaz de schiste doivent être rejetées, selon Ali
Benouari. Pour deux raisons. « Non seulement en vertu du principe de
précaution (dangers environnementaux non maîtrisés au vu
des technologies actuelles), mais aussi pour sortir de la dépendance
excessive vis-à-vis des hydrocarbures conventionnels ». Il préconise
comme d’autres l’ont fait de diversifier notre économie et nos sources
d'énergie. « Le Sahara, dit-il, nous offre justement la plus grande et
la plus inépuisable d'entre elles, l'énergie solaire ». « L'alternative
au pétrole et au gaz conventionnels, ce n'est pas le gaz de schiste,
c'est le soleil ! », clame Ali Benouari pour qui le gaz de schiste, non
seulement, pollue les nappes d'eau souterraines, mais renforce la
dépendance du pays, le soleil les valorise au contraire.
Une fuite en avant
Poursuivant son réquisitoire, Ali Benouari
pense que l’idée d'exploiter le gaz de schiste, envers et contre tous,
« est une sorte de fuite en avant ». Une manière « pour le pouvoir de
rassurer une population rendue inquiète par la baisse des prix du
pétrole, de lui faire croire que nous avons une autre source d'énergie,
quasi inépuisable ». Cette fuite en avant, soutient-il, le dispensant
d'affronter la dure réalité et de devoir entamer des réformes qui seront
la négation de tout ce qu'il a fait depuis 15 ans.
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