L’islamophobie progresse et « s’installe » dans la société française, a affirmé le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), mercredi 11 février, en présentant un résumé de son « état des lieux » annuel. Le CCIF, qui collecte les faits délictueux commis contre des musulmans – ou présumés tels – en raison de leur religion, a recensé 764 actes islamophobes en 2014, soit 10,6 % de plus qu’en 2013.
Contrairement au ministère de l’intérieur, qui ne comptabilise que les agressions verbales ou physiques et les menaces, le CCIF inclut dans son décompte les faits de discrimination, qu’ils soient commis par des institutions publiques, des entreprises ou des particuliers. Ce sont ces faits de discrimination qui constituent la très grande majorité (77 %, soit 586 cas) des affaires dont l’association a été saisie par les victimes ou dont elle a eu connaissance par la presse. Les discours ou propos islamophobes (103), agressions verbales (28), agressions physiques (22) et dégradations-profanations (25) arrivent loin derrière.Quatre victimes sur cinq sont des femmes
Les femmes sont de loin des victimes les plus nombreuses (81,5 %). « Une musulmane, surtout si elle porte le foulard, peut potentiellement rencontrer à chaque étape de sa vie des discriminations », a déclaré la porte-parole du CCIF, Elsa Ray. L’association souligne qu’une majorité des discriminations (420) sont relevées dans des institutions publiques (établissements de l’enseignement public, mairies, préfectures, commissariats), ce qui traduirait le fait, selon le CCIF, que « l’islamophobie se développe et s’enracine au sein même des institutions ».Dans le mois qui a suivi les attentats des 7, 8 et 9 janvier, l’association a enregistré un bond de 70 % des actes islamophobes par rapport à la même période de 2014. Elle a en particulier relevé 33 attaques contre des lieux de culte, soit davantage que pour toute l’année 2014. Lila Charef, responsable du service juridique du CCIF, a souligné l’impact des cas concernant des élèves, dont au moins deux écoliers ont été conduits au commissariat, comme Ahmed, 8 ans, à Nice, en raison de propos tenus après l’attentat contre Charlie Hebdo. Elle a déploré que les ministères de l’éducation nationale et de la justice n’aient pas au moins questionné les méthodes employées envers ces enfants, méthodes que le directeur de la police avait défendues.
Le CCIF a enfin comptabilisé comme crime islamophobe l’assassinat, dans la nuit du 13 au 14 janvier, de Mohamed El Makouli, 48 ans, tué de dix-sept coups de couteau par l’un de ses voisins au Beaucet, dans le Vaucluse.
Lire aussi : Mohamed El Makouli, tué de 17 coups de couteau, a-t-il été victime d’un crime raciste ?
Enregistrer un commentaire