LES BANQUES SUISSES ET LE BAS DE LAINE
par M. Abdou BENABBOU
Le
journal français «Le Monde» est revenu ces dernières heures sur une information
qui était déjà connue. Des centaines d'Algériens détiennent des comptes en
Suisse. Ce secret de polichinelle n'a rien d'étonnant et sans verser dans la
légitimation, il n'y a pas lieu de crier au scandale. S'il faudrait passer par
les armes les trafiquants de haut vol qui ont utilisé la rapine sans se fouler
les doigts pour sucer le sang de leurs concitoyens pour transférer des
fortunes, il en est d'autres sans doute pas nombreux auxquels on serait tenté
d'accorder des circonstances atténuantes. Ils n'ont rien de ressemblant avec
ceux qui se sont servis de leurs costumes pour faire main basse sur les coffres.
Dans
un pays où d'honorables petits entrepreneurs entament, de guerre lasse, une
grève de la faim pour se faire payer leurs travaux, il y a matière à justifier,
à contrecœur, les acrobaties de quelques écorchés pour se maintenir debout.
Quand l'absence des normes censées régir l'honnêteté est aussi criarde et quand
la majorité s'échine à inverser les règles universelles, le terrain est propice
aux manœuvres financières les plus incongrues. Face à une administration
grippée par la manie du passe-droit figé, les lois deviennent puériles,
incapables de circonscrire les humeurs du jour et la grande porte reste ouverte
aux magouilles les plus saugrenues.
Il
a existé et il existe des opérateurs forcés de recourir à l'illégale acrobatie
des devises pour maintenir leurs entreprises en marche et, comble de
l'inconstance pour certains, ils s'y initient non pas avec des crédits
bancaires mais avec leur propre argent. On le sait, la tentation de passer
outre la légalité n'a d'égale que le poids des tractations financières dans
l'ombre de la clandestinité, au rythme de la danse des sacs-poubelles où l'on
tasse avec frénésie des milliards d'effigies du grand Emir Abdelkader.
On
ne l'avoue pas encore. La mode aujourd'hui est au raclage des fonds. Ceux qui
disposent de petits ou de grands pécules gardés dans les banques sont en train
de les retirer. Flou politique et manque de confiance s'allient pour présager à
ceux qui vivent de leur sueur que les lendemains sont incertains. Du transfert
illégal des devises dans des banques suisses au retrait effréné des petites
épargnes des banques algériennes, il est malheureux de ne voir qu'un pas.
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