ELWATAN-ALHABIB
lundi 16 février 2015
 
  • dimanche 15 février 2015

Economie rentière, faiblesse de la cotation du dinar algérien et processus inflationniste (opinion)

 

 


Le dinar ne cesse de se déprécier par rapport aux devises fortes comme l'euro. 
L’auteur* s’étend, dans ce texte, sur les multiples causes de la dépréciation continue du dinar: baisse de l’offre en devises, exportation de devises par les agences de voyages, la puissance de l’intermédiation financière informelle, le passage de la Remdoc au Crédoc, l’organisation par la Banque centrale du « dérapage » de la monnaie nationale et, enfin, le niveau élevé de l’inflation.

Créé en 1964, le dinar algérien était coté avec le franc jusqu’en 1973, un dinar pour un franc, et par rapport au dollar un dollar pour 5 dinars. Depuis 1974, la valeur du dinar a été fixée suivant l’évolution d’un panier de 14 monnaies, avec une dépréciation entre 1986 et 1990 de 4,82 à 12,191 (cours USD/DZD), suivie d’une seconde dépréciation, de l’ordre de 22%, en 1991. Avec la cessation de paiements, en 1994, et suite au rééchelonnement et aux conditionnalités imposées par le FMI, il y a eu une nouvelle dévaluation de plus de 40% par rapport au dollar américain suivie dès 1995-1996 d’une convertibilité commerciale de la monnaie algérienne.
En février 2015, le problème central, toujours posé, est le suivant : pourquoi la valeur du dinar est-elle si insignifiante (107,247 dinars pour un euro et 94, 123 dinars pour un dollar, selon le cours du Forex1, en date du 14 février 2015) en comparaison, par exemple, avec le dinar tunisien qui se cote 2,284 pour un euro et 1, 927 pour un dollar, ou avec la monnaie marocaine, qui est de 9,534 dirhams un dollar et 10,811 dirhams pour un euro ? Sur le marché parallèle, contrairement aux pays voisins, l’écart taux officiel-taux parallèle est important (il est passé de 140 DA un euro fin 2013 à 160 DA un euro, en février 2015) et les devises se vendent et s’achètent sur la place publique sans aucune intervention bancaire. C’est que le marché parallèle joue le rôle d’assouplisseur d’un contrôle de change trop rigide.
Bien que les données soient souvent contradictoires, certaines sources estiment à environ deux à trois milliards de dollars les montants échangés annuellement sur le marché parallèle algérien entre 2009 et 2014. Le montant est extrêmement faible en comparaison avec les sorties de devises. Pour preuve, en 2014, 60 milliards de dollars de biens, auxquels il faut ajouter 12 milliards de dollars de services, donc un total de 72 milliards, sorties de devises auquel il faut ajouter 7/8 milliards de dollars de transferts légaux de capitaux contre une recette de 58/59 milliards de dollars de Sonatrach , les exportations hors hydrocarbures étant insignifiantes (-2/3%), bien que le cours du baril moyenne de l’année 2014 de plus de 85 dollars (le prix du gaz étant indexé sur celui du pétrole).
Combiné à la baisse en volume constaté entre 2005/2014, à un cours de 60 dollars les recettes de Sonatrach s’établiront entre 35/40 milliards de dollars et à 70 entre 40/45 milliards de dollars. Combien l’Algérie peut-elle tenir avec une sortie de devises de 80 milliards de dollars et engranger entre 40/50 milliards de dollars ? Aussi, je recense six raisons du dérapage du dinar ayant un impact sur le processus inflationniste. 
Premièrement, l’écart s’explique par la diminution de l’offre, du fait que la crise mondiale, combinée au décès de nombreux retraités algériens, a largement épongé l’épargne de l’émigration. Cette baisse de l’offre en devises a été contrebalancée par les fortunes acquises régulièrement ou irrégulièrement par la communauté algérienne, localement et à l’étranger, qui fait transiter irrégulièrement ou régulièrement des devises en Algérie. Les importations de biens et services ont été de plus de 570 milliards de dollars entre 2000/2014. Si l’on applique seulement 10% de surfacturation (mauvaises négociations des contrats- corruption), nous aurons 57 milliards de dollars. Que représente ce montant comparé aux révélations de The international Consortium of Inverstigative Journalists (ICIJ) et du quotidien français Le Monde selon lesquelles 400 clients algériens ou liés à l'Algérie possèdent des comptes dans la filiale suisse de la banque britannique HSBC d’un montant dépassant les 670 millions de dollars ?  
La reconvention de l’argent mal acquis, jouant sur la distorsion du taux de change en référence à l’officiel (vous me facturez 120/130 au lieu de 100, avec la complicité des fournisseurs, opérations plus faciles et plus rapides dans le commerce), montre clairement que le marché parallèle des devises est bien plus important que l’épargne de l’émigration.
Cette corruption à travers les surfacturations confirme les données internationales qui notent que pour la seule année 2013, plus d’un millier d’appartements ont été achetés par des Algériens non résidents dans la ville espagnole de Valence. Si on compte une moyenne de 100.000 euros par appartement, ce sont plus de 100 millions d’euros que les Algériens ont dépensé dans cette seule ville. Un chiffre auquel il faudra additionner les autres villes espagnoles mais aussi françaises (les Algériens sont dans le quatuor de tête des acquéreurs immobiliers à Paris et dans sa région, où l’immobilier est l’un des plus chers au monde). Cela explique également en Algérie la flambée des prix, notamment dans les grandes agglomérations et même en zone semi-urbaine, ces placements dans l’immobilier étant une valeur refuge contre la dépréciation du dinar. Ces montants fonctionnant comme des vases communicants entre l’étranger et l’Algérie renforcent l’offre. Il existe donc un lien dialectique entre ces sorties de devises dues à des surfacturations et l’offre ; autrement cette dernière serait fortement réduite et le cours sur le marché parallèle de devises serait plus élevé, jouant paradoxalement comme amortisseur pour la chute du dinar sur le marché parallèle.
Deuxièmement, la demande provient de simples citoyens qui voyagent : touristes, ceux qui se soignent à l’étranger et les hadjs) du fait de la faiblesse de l’allocation devises. Les agences de voyages, à défaut de bénéficier du droit au change, recourent aux devises du marché noir, étant importatrices de services. Majoritairement, elles exportent des devises au lieu d’en importer comme le voudrait la logique touristique, comme en Turquie, au Maroc ou en Tunisie.

La sphère informelle : une évasion fiscale de 3 milliards de dollars par an

Troisièmement, la forte demande provient de la sphère informelle, qui contrôle 40-50% de la masse monétaire en circulation (les calculs pour 2012 uniquement donnent plus de 62 milliards de dollars) avec une concentration au profit d’une minorité et 65% des segments de différents marchés: fruits et légumes, viande rouge/blanche, poisson et, à travers l’importation en utilisant de petits revendeurs, le textile-cuir. Il existe une intermédiation financière informelle, loin des circuits étatiques. Au niveau de cette sphère, qui est le produit de la bureaucratie, tout se traite en cash favorisant des liens dialectiques avec certains segments rentiers du pouvoir et donc la corruption. L’union nationale des commerçants algériens estime l’évasion fiscale due à cette sphère d’environ 3 milliards de dollars par an.
La cause essentielle de cette situation réside dans les dysfonctionnements des différentes structures de l’Etat, du fait de l’interventionnisme excessif de ce dernier qui fausse les règles du marché, ce qui contraint les ménages et les opérateurs à contourner les lois et les règlements. Ainsi, lorsque les autorités publiques taxent (fiscalité excessive) et réglementent à outrance ou en déclarant illégales les activités du libre marché, elles biaisent les relations normales entre acheteurs et vendeurs. En réaction, les acheteurs et les vendeurs cherchent naturellement les moyens de contourner les embûches imposées par les gouvernements.
Lorsqu’un gouvernement veut imposer des règles et des lois qui ne correspondent pas à l’état réel de la société, cette dernière enfante ses propres lois lui permettant de fonctionner. Le fondement d’un contrat doit reposer sur la confiance. Au niveau de la sphère informelle, il existe des contrats informels plus crédibles que ceux de l’Etat, car reposant sur la confiance entre l’offreur et le demandeur. Qu’on visite l’Algérie profonde et on verra des milliers de contrats établis par des notables crédibles au niveau de différentes régions du pays, en présence de témoins. Devant le fait accompli, l’État a souvent régularisé ces contrats (notamment dans le domaine du foncier et de l’immobilier). Il doit se cantonner dans son rôle de régulateur stratégique et non fausser les règles de la libre concurrence. Dans les pays à économie administrée, on délivre des autorisations (comme, autrefois, les licences d’importation, que certains nostalgiques voudraient rétablir) qui permettent à ceux qui ont des relations de les vendre, mais au cours du marché, s’alignant sur les cours du marché parallèle donnant à ces personnes ayant des relations des rentes sans contreparties productives.
Quatrièmement, l’écart s’explique par le passage de la Remdoc au Crédoc, crédit documentaire (expliquant les mesures d’assouplissement), en 2013, ce qui a largement pénalisé les petites et moyennes entreprises représentant plus de 90% du tissu industriel en déclin (5% du PIB). Le Crédoc n’a pas permis de juguler, comme cela était prévu, la hausse des importations, mais a renforcé les tendances des monopoles importateurs, où, selon l’officiel, 83% du tissu économique global est constitué du commerce et de petits services à faible valeur ajoutée. Nombreuses sont les PME/PMI qui, pour éviter les ruptures d’approvisionnement, ont dû recourir au marché parallèle de devises. Le gouvernement a, certes, relevé à 4 millions de dinars la possibilité du recours au paiement libre pour les importations urgentes de matières premières ou de pièces de rechange mais cela reste insuffisant. Par ailleurs, beaucoup d’opérateurs étrangers utilisent le marché parallèle pour le transfert de devises, puisque chaque Algérien a droit à 7.200 euros par voyage transféré, utilisant leurs employés algériens pour augmenter le montant.

Une grosse dépense publique à très faible impact

Cinquièmement, l’Etat fait déraper (la Banque d’Algérie parle de glissement) le dinar pour voiler l’importance du déficit budgétaire, biaisant les comptes publics. On a vu, par le passé, que lorsque le cours du dollar baissait et celui de l’euro augmentait, la Banque centrale dévaluait le dinar, pour des raisons politiques, tant par rapport au dollar que de l’euro alors que le dinar, dans une véritable économie de marché, devrait s’apprécier par rapport au dollar.
Pourquoi cet artifice comptable ? Les recettes des hydrocarbures, estimées selon les bilans de Sonatrach à plus de 760 milliards de dollars entre 2000 et 2014, sont reconverties en dinars, passant, par exemple, de 70 à 90 DA un dollar, les taxes douanières se calculant sur la partie en dinars et cette dévaluation accélérant l’inflation intérieure. Tout cela voile l’inefficacité du budget de l’Etat à travers la dépense publique (gonflement de la fiscalité hydrocarbures) et gonfle artificiellement le Fonds de régulation des recettes calculé en dinars. L’inflation étant la résultante, cela renforce la défiance vis-à-vis du dinar où le cours officiel se trouve déconnecté par rapport au cours du marché parallèle traduisant le cours du marché.
Sixièmement, l’écart s’explique par le niveau d’inflation qui ne peut être compris qu’en analysant d’abord la productivité du travail et les liens dialectiques entre le développement, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couche sociale. Celui qui perçoit 200 euros par mois n’a pas la même perception de l’inflation que celui qui en perçoit 30.000. La non-proportionnalité est réelle entre la dépense publique programmée (plus de 630 milliards de dollars entre budget d’équipement et de fonctionnement entre 2000 et 2013 mais aucun bilan physico-financier à ce jour) et son faible impact : le taux de croissance moyen n’a pas dépassé 3% entre 2000 et 2014 (il aurait dû dépasser les 10%). Cela est source d’inflation et explique la détérioration de la cotation du dinar sur le marché libre par rapport aux devises que la Banque d’Algérie soutient artificiellement grâce aux recettes d’hydrocarbures.
La faiblesse de la productivité du travail aggravée par le versement de salaires sans contrepartie productive accroît l’inflation et l’importation ; du fait que l’Algérie a une capacité productive très faible, 70% des besoins des entreprises publiques et privées, dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%, sont couverts par l’importation. Selon un rapport de l’OCDE, la productivité du travail en Algérie est une des plus faibles dans le Bassin méditerranéen. Pour se prémunir contre l’inflation, et, donc, la détérioration du dinar, non seulement l’Algérien place ses actifs dans le foncier, l’immobilier ou l’or mais aussi place une partie de l’épargne dans les devises. C’est un choix de sécurité dans un pays où l’évolution des prix pétroliers est décisive.
Ce sont les réserves de change actuels d’environ 190 milliards de dollars (y compris les 173 tonnes d’or) qui permettent de soutenir la valeur officielle du dinar, entre 8 et 10 milliards de dollars ayant été consommés en 2014 en raison de la chute du cours des hydrocarbures. Si les réserves de change tombent en dessous de 20/30 milliards de dollars, l’euro s’échangera sur le marché parallèle entre 300/350 dinars connecté à plus de 70% à la valeur des hydrocarbures autant que le pouvoir d’achat des Algériens.
L’Algérie ne peut continuer à fonctionner sur la base d’un baril à 120/130, avec cette envolée des dépenses improductives qui ont des conséquences néfaste sur la valeur du dinar algérien, coté administrativement et déconnecté de la situation économique réelle. La valeur de la monnaie dépend de la confiance, de la production et de la productivité, comme nous l’ont montré les analyses des classiques de l’économie sur la valeur. Face à une économie totalement rentière, au risque du retour de l’inflation,  à l’incertitude politique et la psychose créée par les scandales financiers, beaucoup de responsables et ménages achètent à l’étranger, se mettant dans la perspective d’une chute des revenus pétroliers, et vu les fluctuations erratiques des cours d’or, à la baisse, ils achètent des devises. Cela explique que le dérapage du dinar, au lieu de dynamiser les exportations hors hydrocarbures, a produit l’effet contraire, montrant que le blocage est d’ordre systémique.
Cela rend urgent l’approfondissement de la réforme globale, de profondes réformes structurelles, par une nette volonté politique qui rencontreront de fortes résistances de la part des tenants de la rente sous le couvert fallacieux d’un nationalisme populiste, alors que le véritable nationalisme se mesure par la création de la valeur ajoutée interne. Cela implique  de lever touts les obstacles bureaucratiques, de réhabiliter l’entreprise publique et privée créatrice de richesses, le savoir, la réforme du système financier, lieu de distribution de la rente (les banques publiques contrôlent en 2015 plus de 80% du crédit octroyé et les banques privées, malgré leur nombre, sont marginales) ainsi que le règlement de l’épineux problème du foncier.
En cas de non-dynamisation des sections hors rente, le dinar algérien ne pourrait que se déprécier à l’avenir avec le retour à l’inflation que le gouvernement  comprime actuellement par des subventions généralisées et sans ciblage (subventions et transferts sociaux totalisent environ 60 milliards de dollars soit 27-28% du PIB). Cela est intenable dans le temps au vu de l’évolution prévisible du cours des hydrocarbures qui, entre 2015 et 2020, selon l’AIE, fluctueront entre 60 et 90 dollars le baril, le pic énergétique étant reporté 2025/2030.
Le retour à l'inflation  ne pourra que conduire à terme au relèvement des salaires, avec une spirale inflationniste, qui conduirait à son tour au relèvement des taux d’intérêts des banques primaires freinant l’investissement et favorisant les rentes spéculatives d’une minorité. D’où l’urgence de la transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures, fonction elle-même d’une transition énergétique dans le cadre d’avantages comparatifs mondiaux. 

(*) Abderrahmane Mebtoul est professeur des Universités et expert international en management stratégique.

 
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