ELWATAN-ALHABIB
jeudi 2 octobre 2014
 

Critique méthodique de l’immonde tissu de mensonges de Joseph Fadelle

 

 

 

Sans titre-2S‘il est bien question de Prix à payer, c’est celui qu’ont payé les chrétiens pour accueillir plus que correctement cet escroc, depuis plus de 20 ans ! En d’autres termes, le fric qu’il a gagné contre le torrent de mensonges grossiers proférés sur l’islam. Bref, une belle arnaque qui fonctionne toujours parfaitement aussi bien chez les chrétiens que chez les musulmans dès qu’un néo-converti passe la porte du temple… Ce texte est très fouillé et présente les preuves factuelles des mensonges de M. Fadelle, puisqu’il donne les versets coraniques qui disent l’exact contraire que ce qu’affirme cet escroc.
Bref, l’image ci-dessous montre bien qui est l’ennemi des catholiques et de la chrétienté, il s’agit bien de la révolution maçonnique et son athéisme satanique militant. Est-il utile de citer les coupables commanditaires des lois anti-chrétiennes, comme l’avortement, le mariage pour tous, bientôt la PMA et GPA… ?
Je suis personnellement pour le débat critique sur tous les sujets possibles, mais seulement dans un cadre respectueux. Je demanderais juste à ces contradicteurs de ne pas… mentir, car lorsqu’on a raison pourquoi devrait-on recourir à ce péché ?

Massacre-ChrétiensCritique de l’ouvrage Le prix à payer* de Joseph Fadelle par Amélie Neuve-Eglise
Nouveau roman à succès en France avec 50 000 exemplaires vendus fin 2010 [1] et un succès non démenti depuis, Le prix à payer est un récit autobiographique de Joseph Fadelle, ancien musulman irakien converti au christianisme à la fin des années 1980.
Le but de cet article n’est pas d’émettre un quelconque jugement à propos d’un parcours personnel qui mérite en soi tolérance, mais de mettre en relief un ensemble de procédés et d’idées présentés comme faisant partie intégrante de l’islam pour justifier sa propre démarche, et contribuant à nourrir incompréhension et intolérance entre chrétiens et musulmans. Ce n’est donc pas en tant que démarche individuelle, mais dans la mesure où Joseph Fadelle semble vouloir déduire des lois universelles d’un vécu personnel que nous abordons la critique de cet ouvrage, comme il l’affirme sans ambages dans un entretien : « L’islam comme religion ou comme idée est la plus mauvaise chose que l’humanité ait pu produire » [2] tout en appelant à sa « destruction » [3].
Présentation de l’auteur et résumé de l’ouvrage
Mohammad al-Sayyid al-Moussaoui, devenu Joseph Fadelle après sa conversion, est né en 1964 dans une famille chiite irakienne renommée et influente. A la suite d’une rencontre avec un chrétien, Massoud, avec qui il partage sa chambre lors de son service militaire, il décide de se convertir au christianisme. Le prix à payer se présente au premier abord comme le récit d’un parcours personnel, où son auteur expose les raisons l’ayant conduit à se convertir au christianisme : une rencontre avec un chrétien, suivie d’un rêve, d’une relecture « critique » du Coran, puis de la découverte des Évangiles… Il va alors devoir affronter sa famille qui fait tout pour s’opposer à son choix : intimidations psychologiques et physiques puis la prison, des menaces de mort, conjointes à la grande réticence de l’Église d’Irak d’accueillir un nouveau converti. Il finira par fuir son pays pour aller en Jordanie accompagné de sa femme, elle aussi convertie, et de leurs deux enfants, avant de rejoindre la France où il réside depuis 2001.
Critique de l’ouvrage
Dès le début de l’ouvrage, qui s’ouvre sur une scène-choc et énigmatique, on ne peut que constater la présence d’une certaine mise en scène teintée de sensationnalisme digne d’un scénario hollywoodien : nous sommes dans le désert jordanien, un homme est face aux siens qui lui disent : « - Ta maladie, c’est le Christ, et il n’y a pas de remède. Tu ne pourras jamais en guérir… Mon oncle Karim sort un revolver et le tend vers ma poitrine. Je retiens mon souffle. Derrière lui, quatre de mes frères me défient du regard. Nous sommes seuls dans cette vallée désertique. » (p. 7) [4]
Dès ces premières lignes, nous trouvons exposées toutes les grandes thématiques qui seront distillées tout au long de l’ouvrage : intolérance absolue, violence, inhumanité. Loin de se confiner à ne décrire qu’une famille et un événement biographique particulier, ces réalités vont être identifiées à l’islam même et à ses adeptes. Ainsi, la volonté à peine voilée d’enfermer l’ensemble d’une religion dans de telles catégories fait de ce livre non pas une incitation à la compréhension mutuelle et à la tolérance, mais un écrit contribuant au contraire à dresser de nouvelles barrières, si besoin en était, nourrissant cette fois-ci en Occident ces mêmes sentiments d’intolérance, de violence et de haine que son auteur prétend dénoncer.
Le recours à des idées fausses et biaisées pour étayer un parcours personnel
Comme nous l’avons évoqué, la conversion de Joseph Fadelle se déroule à la suite d’une rencontre avec un chrétien avec qui il partagea sa chambre durant son service militaire. En filigrane d’une démarche personnelle que nous ne cherchons encore une fois aucunement à juger, nous découvrons tout au long de l’ouvrage de nombreuses incohérences et mêmes idées fausses sur l’islam, notamment concernant la question de la relation avec l’autre. A titre d’exemple, lorsqu’il comprend avec qui il va partager sa chambre, M. Fadelle évoque qu’il est pris d’un sentiment d’horreur soi-disant né de ce que sa religion lui aurait inculqué : « - Tu crois que moi, un Moussaoui, je vais dormir avec un chrétien ? La frayeur m’envahit et m’ôte toute raison. Chez moi, les chrétiens sont considérés comme des parias impurs, des moins que rien avec qui il faut éviter à tout prix de se mélanger. » (pp. 13-14). Après avoir passé quelques jours auprès de lui, il écrit : « Je suis même surpris de ne pas être incommodé par l’odeur car dans ma famille, c’est une chose acquise : un chrétien se reconnaît à ce qu’il sent mauvais. » (pp. 15-16). Cette position est de nouveau clairement exprimée dans l’un de ses entretiens où il affirme plus clairement que le Coran même (et non pas seulement des traditions familiales) est la source d’un tel comportement : « Avant de rencontrer le Christ, je voyais les chrétiens à travers le Coran, je les considérais comme on me demandait de les considérer. C’est-à-dire comme des impurs qu’il faut combattre et tuer. » [5]
L’idée que l’islam enjoindrait à ses adeptes de ne pas se mélanger avec les chrétiens, qu’ils seraient impurs, sentiraient mauvais ou, pire encore, qu’il faudrait les tuer, est absolument fausse et éminemment dangereuse. Concernant tout d’abord la supposée « impureté », l’écrasante majorité des autorités musulmanes actuelles rejette une telle position. En outre, le Coran souligne expressément que les musulmans peuvent consommer la nourriture des « Gens du livre » (c’est-à-dire notamment des juifs et des chrétiens) : « Vous est permise la nourriture des gens du Livre, et votre propre nourriture leur est permise. » (5:5). Comment donc serait-il permis de consommer la nourriture préparée et donc touchée par une personne en soi impure ? [6] En outre, si les chrétiens sont des « parias impurs », comment expliquer le désir de M. Fadelle de le convertir, et donc de le compter parmi les siens (pp. 16-17) ? Une conversion ferait-elle miraculeusement disparaître la supposée « mauvaise odeur » qu’il évoque ?!
Entre ces deux attitudes extrêmes – c’est-à-dire rejet absolu de l’autre ou volonté de le rendre identique à soi-même en lui niant le droit à toute altérité -, l’islam invite au contraire à cohabiter avec les « Gens du livre » dont font partie les chrétiens, et souligne que les croyants vertueux parmi eux seront sauvés : « Ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les Sabéens, et les Chrétiens, ceux parmi eux qui croient en Dieu, au Jour dernier et qui accomplissent les bonnes œuvres, pas de crainte sur eux, et ils ne seront point affligés » (5:69). [7] Le Coran pose également les bases d’un respect mutuel invitant à une coexistence [8] : « Que l’animosité pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété » (5:8) ; « Quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. » (5:32). Le Coran reconnaît aussi la valeur de la diversité des communautés religieuses, diversité voulue par Dieu afin qu’elles puissent rivaliser en charité et en bonnes actions : « Si Dieu avait voulu, certes Il aurait fait de vous tous une seule communauté. Mais Il veut vous éprouver en ce qu’Il vous donne. Concurrencez donc dans les bonnes œuvres. C’est vers Dieu qu’est votre retour à tous ; alors Il vous informera de ce en quoi vous divergiez. » (5:48). Au lieu de souligner les traits d’union et ce qui rassemble, l’auteur du Prix à payer semble vouloir attiser les antagonismes et rendre tout dialogue impossible.
En outre, lorsque Joseph Fadelle raconte la naissance de son intérêt pour le christianisme, il évoque qu’un jour où son compagnon de chambre chrétien s’était absenté, il découvrit un petit livre intitulé Les miracles de Jésus sur son étagère : « Sur la couverture, on y voit la photo d’un homme souriant, entouré d’un halo lumineux. Je ne connais pas ce Jésus, mais enhardi par les sirènes d’une bonne lecture distrayante, j’emporte l’ouvrage sur ma couche et entame la première page, oubliant au passage toutes mes préventions à l’égard de ce que Massoud représente. Jamais, dans mes précédents livres, je n’ai entendu parler de miracles, et encore moins d’un dénommé Jésus. Même dans le Coran et dans la vie de Mahomet, je ne me souviens d’aucune allusion à ce genre de manifestations. » (p. 22).
Pourtant, M. Fadelle évoque quelques pages plus haut qu’il « lit le Coran tous les jours » (p. 19) – or, le Coran évoque en des termes très clairs de nombreux miracles, dont ceux de Moïse (notamment la transformation de son bâton en serpent, l’ouverture de la mer Rouge…), mais aussi divers miracles de Jésus lui-même : « Et quand Dieu dira : « Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme en ton âge mûr. Je t’enseignais le Livre, la Sagesse, la Thora et l’évangile. Tu fabriquais de l’argile comme une forme d’oiseau par Ma permission ; puis tu soufflais dedans. Alors par Ma permission, elle devenait oiseau. Et tu guérissais par Ma permission, l’aveugle-né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. » (5:110). Point besoin d’être un grand commentateur pour comprendre le sens de ce verset. Comment Joseph Fadelle peut-il donc affirmer n’avoir jamais entendu parler de miracles « dans le Coran« , alors que nous y trouvons des dizaines d’exemples de ce genre de manifestations ? [9]
La soi-disant incompatibilité entre islam et réflexion personnelle
Autre idée fausse véhiculée par Joseph Fadelle dans son ouvrage, l’idée que l’islam prohiberait toute réflexion et recherche dans le domaine de la religion : « Les imams m’ont toujours enseigné que c’est la lecture du Coran de bout en bout qui sera récompensée au jour du jugement, beaucoup plus que la compréhension du texte. Ainsi, le déchiffrage d’une seule lettre permet d’avancer dans la piété, de gagner dix indulgences, même si on ne saisit pas le sens du mot entier (sic). » (p. 24). Lorsqu’il décide de relire le Coran, il écrit : « J’aurais dû me méfier, et écouter la recommandation, tirée d’un verset du Coran, de ne pas approfondir ce qui peut perturber la foi. » (p. 27). Il attribue donc cette idée directement à un « verset du Coran » qu’il s’abstient cependant de citer.
Au contraire, l’une des caractéristiques du Coran est justement son invitation continuelle à la réflexion et à la compréhension : « [Voici] un Livre béni que Nous avons fait descendre vers toi, afin qu’ils méditent sur ses versets et que les doués d’intelligence réfléchissent ! » (38:29) ; « Très certainement Nous avons exposé [tout ceci] dans ce Coran afin que [les gens] réfléchissent. » (17:41) ; « En effet, Nous avons rendu le Coran facile pour la méditation. Y a-t-il quelqu’un pour réfléchir ? » (54:17), etc.
Une simple étude de l’histoire de l’islam permet également de se rendre compte de la masse de commentaires écrits à propos du Coran et des différents aspects de la religion en vue d’en comprendre les différentes significations, et ce tant dans les milieux chiites que sunnites. L’immense littérature d’ouvrages religieux et de commentaires ne s’est pas tarie et continue de constituer le sujet de nombreux écrits jusqu’à aujourd’hui. La source principale de dissension en islam n’a donc pas été le caractère licite de la réflexion à propos de la religion ou du Coran, acceptée par tous sauf à de rares moments de l’histoire, mais bien la façon et la méthode utilisée pour commenter le Coran ou plus généralement pour mener une vraie réflexion religieuse. [10]
Conversion, conversions
Chaque changement de conviction peut être le fruit de divers facteurs : intellectuels, sentimentaux, psychologiques, historiques… Ainsi, changer de religion peut être le résultat de recherches intellectuelles approfondies mais aussi d’un rêve, d’une rencontre, d’un mariage, etc. Certains facteurs sociaux ou psychologiques peuvent également favoriser ce genre de décision comme par exemple la volonté de fuir sa famille, sa culture, une envie de changement… Sans porter un quelconque jugement de valeur, il apparaît nécessaire ici de mettre en relief certains faits clairement exposés par Joseph Fadelle l’auteur lui-même afin de mieux comprendre sa démarche. Ainsi, avant même sa conversion, nous sentons chez l’auteur du Prix à payer un certain rejet de sa famille et de ses coutumes, qui se manifeste dès les premières pages du livre à travers l’emploi de mots très durs concernant certains membres de sa famille. Le ton est donné dès le premier chapitre, où M. Fadelle explique qu’il vient d’une grande famille musulmane chiite, soulignant que dès son plus jeune âge, il a été destiné à prendre la suite de son père et que cela lui pèse : « Mais cette ascendance aristocratique a très tôt pesé sur mes épaules, dès lors que mon père m’a désigné pour lui succéder lorsqu’il serait trop vieux pour gouverner le clan [...] Je n’ai donc pas le souvenir d’avoir eu une enfance heureuse, insouciante, avec des jeux, des rires, des bêtises… Pour moi, ce fut plutôt le devoir, très vite la compagnie des adultes dans la grande salle de réunion à côté de la maison, et donc une certaine forme d’ennui. »(p. 18). Il y décrit un père au caractère dominateur non exempt d’une certaine duplicité (p. 18), des frères jaloux (p. 19), une mère violente et autoritaire (p. 20) et des sœurs réduites à l’état de bonnes qui n’ont même pas le droit de partager la tablée de leurs frères (p. 19).
Il semble souffrir de la tension entre des apparences à préserver et une pratique religieuse qu’il décrit dès le départ comme étant exempte de sens profond pour lui et sa famille : « Chez les Moussavi, on se doit de donner l’image d’une famille pieuse même si, en fait, on pratique la religion d’une manière assez formelle. Je lis certes le Coran tous les jours dans ma chambre, mais pour moi il s’agit surtout de « jouer à la prière » (sic), de faire semblant. Ma prière n’exige pas une réelle adhésion du cœur, même une compréhension profonde du texte« (p. 19). [11] Après sa conversion, il qualifie de même « la » (et non plus « sa ») prière musulmane à un acte purement formel : « Au lieu de préceptes et d’obligations formelles, comme celle de la prière cinq fois pas jour, les mots du Notre Père de l’Evangile résonnent dans ma tête et mon cœur comme un baume apaisant. » (p. 36).
Lorsque l’on parle de conversion, il faut ici établir une distinction entre le fait d’être né dans une communauté religieuse sans pour autant connaître vraiment les principes de sa religion ni y adhérer en toute conscience puis en choisir une autre à la suite d’un rêve par exemple, et le fait de se convertir sur la base d’une réflexion personnelle et d’une connaissance approfondie de la religion que l’on quitte et de celle que l’on embrasse. C’est seulement dans ce dernier cas que le mot « conversion » prend tout son sens. On peut donc ici douter de la justesse de l’emploi de ce terme au sujet de Joseph Fadelle qui semble, par ses propres aveux, ignorer ou plutôt découvrir pour la première fois la religion dans laquelle il a été élevé pour tout réduire à des « formalités ». La suite de l’ouvrage ne fait que confirmer une telle hypothèse, notamment le récit de sa « relecture » du Coran.
« Ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les sabéens, et les chrétiens, ceux parmi eux qui croient en Dieu, au Jour dernier et qui accomplissent les bonnes œuvres, pas de crainte sur eux, et ils ne seront point affligés » (5:69).
Une relecture biaisée du Coran
Pris de doute au sujet de sa foi et sur le conseil de Massoud, M. Fadelle décide de relire le Coran : « Ce faisant, je me retrouve aussi pour la première fois de ma vie seul, face à moi-même, sans échappatoire ni distraction, obligé de me confronter en vérité à ce qui constitue une grande part de mon identité : l’islam. Et c’est là que les ennuis ont commencé. » (p. 27). Pourtant, quelques pages plus haut, M. Fadelle affirmait : « Je lis certes le Coran tous les jours dans ma chambre » (p. 19). M. Fadelle continue de décrire son étonnement sur un livre qu’il a selon lui lu tous les jours, mais qu’il semble cependant découvrir : « Les premières lignes d’Al-Fâtiha, qui constitue le prologue du Coran, ne me posent pas de difficulté particulière. C’est la prière [12] la plus connue, celle que récitent chaque jour des milliers de musulmans. Mais dès que j’aborde la deuxième sourate, dite de la Vache, ou Al-Baqara, les choses se compliquent. Je bute sur quasiment tous les versets, plein de perplexité, et ma lecture en est rendue extrêmement difficile et lente. Ainsi je ne comprends pas pourquoi verset après verset, Allah s’abaisse à définir les règles de la répudiation, les délais, autant de détails très procéduriers et, à mon sens, sans aucune réelle valeur religieuse. » (pp. 27-28).
Nous pouvons ici constater deux points : tout d’abord, une vision réductrice du Coran, qui est loin de se limiter à la définition de règles religieuses. Ensuite, le jugement de M. Fadelle apparaît hâtif et péremptoire : comment une seule lecture peut-elle permettre de déclarer dénuées de valeur religieuse certaines règles qui ont constitué l’objet de profonds débats théologiques durant des siècles ? De manière générale, comment prétendre à la compréhension d’un livre sacré, quel qu’il soit, en une seule lecture ?
En outre, il est surprenant que M. Fadelle ne retienne de cette sourate que les règles du divorce qui n’apparaissent qu’à la moitié de la sourate, après plus de 200 versets ! Ainsi, si nous lisons la sourate « La vache », nous trouvons d’abord une description très claire des pieux et des incroyants (versets 2-21) puis un verset indiquant que tout ce qui a été créé par Dieu l’a été pour l’homme « C’est Lui qui vous a fait la terre pour lit, et le ciel pour toit ; qui précipite la pluie du ciel et par elle fait surgir toutes sortes de fruits pour vous nourrir » (verset 22) dont se fait l’écho ce verset « C’est Lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur la terre » (verset 29). Le début de cette sourate contient aussi l’annonce de la résurrection (verset 28), le récit de la création d’Adam comme « lieu-tenant de Dieu sur terre » (versets 30-35), celui du péché d’Adam et son pardon par Dieu (verset 37), la descente d’Adam et Eve sur terre et l’envoi par Dieu de « guides » (prophètes) permettant à l’homme d’être sauvé (versets 38-39), l’injonction à la prière et à l’aumône (verset 46), le récit de la délivrance du peuple d’Israël des mains de Pharaon (versets 47-61)… Tout cela exprimé dans une langue très claire. Si une personne ne comprend pas de tels versets, comment pourrait-elle donc comprendre la Genèse et les récits bibliques ?! Les versets suivants évoquent Salomon, Abraham, les relations entre juifs, chrétiens et musulmans, le sens profond de la création… Nous n’arrivons à la description de « règles » qu’à la moitié de la sourate, et la question du divorce qu’au verset 228 ! Nous ne pouvons donc que constater de la part de l’auteur une volonté de ne mettre en relief que certaines choses, et encore de manière biaisée, pour en passer d’autres totalement sous silence.
M. Fadelle évoque ensuite la question du statut de la femme en islam, point qui lui pose problème : « Autre point conflictuel pour moi, je ne saisis pas l’insistance du Coran à définir la supériorité et le pouvoir des hommes sur les femmes, considérées la plupart du temps comme des inférieures, possédant la moitié du cerveau d’un homme, et parfois impures, quand elles ont leurs règles. » (p. 28). Le type d’expression utilisée, c’est-à-dire ici, « la moitié d’un cerveau », confirme la tendance de l’auteur à utiliser un procédé de simplification tournant à la caricature comme base de son argumentaire contre l’islam. On pourrait aussi objecter à l’auteur que le christianisme même est exposé à sa critique. Dans la Première Epître de Paul aux Corinthiens, nous pouvons lire : « Je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l’homme est le chef de la femme […] Toute femme, au contraire, qui prie ou qui prophétise, la tête non voilée, déshonore son chef : c’est comme si elle était rasée. […]L’homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme ; et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme. C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend » (11:3-10) ou encore dans l’Epître de Paul aux Ephésiens : « Car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Eglise » (5:23), ou la Première Epître de Paul à Timothée : « Que la femme écoute l’instruction en silence, avec une entière soumission. Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence. Car Adam a été formé le premier, Eve ensuite ; et ce n’est pas Adam qui a été séduit, c’est la femme qui, séduite, s’est rendue coupable de transgression. Elle sera néanmoins sauvée en devenant mère, si elle persévère avec modestie dans la foi, dans la charité, et dans la sainteté » (2:11-15). Il n’est pas ici question d’établir la moindre comparaison entre islam et christianisme ni de nous lancer dans de l’exégèse comparée, mais simplement de souligner les incohérences, les raccourcis et le regard mutilé que porte l’auteur tant sur l’islam que sur le christianisme, en n’y puisant que ce qui lui permet d’agrémenter au mieux son réquisitoire sur l’islam.
Joseph Fadelle évoque en ces termes la suite de sa critique du statut de la femme en islam : « Je me rends compte que j’ai vécu pendant toutes ces années au milieu d’une ségrégation, en l’acceptant très bien d’ailleurs. Mais je n’avais pas pris conscience que cela venait tout droit du Coran et de ses prescriptions. » Il cite ensuite plusieurs versets, dont « Vos femmes sont comme un champ de labour pour vous, allez-y comme vous l’entendez » (2:223), et s’improvise soudain en commentateur en disant : « Ce qui signifie que les hommes peuvent faire d’elles ce qu’ils veulent, y compris sexuellement » (p. 28). Une telle interprétation est fausse et abusive. Si l’on s’en réfère aux grands commentateurs du Coran, notamment Allâmeh Tabâtabâ’i [13], ce verset doit être compris dans le cadre des versets évoquant les principes généraux fondant les rapports entre les hommes et les femmes sur l’affection, le respect mutuel et la miséricorde, que s’abstient de citer M. Fadelle : « Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l’affection et de la bonté. » (30:21). Dans ce sens, les versets décrivant les règles régissant les rapports entre les époux, l’expression « bima’rûf » pouvant être traduite par « de façon convenable » est constamment répétée : même en cas de divorce, le respect et la considération mutuelle ne doivent jamais être érodés. [14] D’autres versets, tels que « Elles [les femmes] sont un vêtement pour vous et vous un vêtement pour elles » (2:187) évoquent l’idée de réciprocité et de complémentarité entre l’homme et la femme. [15]
Autre idée fausse : celle que les femmes musulmanes seraient très attachées à leurs bijoux, étant donné que « c’est le seul bien qu’elles sont autorisées à posséder » (p. 130). Bien au contraire, le droit de propriété de la femme est un droit absolu en islam reconnu par toutes les écoles, et aucun homme n’a le droit de lui extorquer ses biens ni même son propre salaire si elle travaille. Le régime matrimonial de l’islam est basé sur le don d’une dot (mahr) qui est la propriété absolue de la femme (« Et donnez aux épouses leur dot, de bonne grâce. Si de bon gré elles vous en abandonnent quelque chose, disposez-en alors à votre aise et de bon cœur. » (4:4)) et sur le régime de la séparation des biens qui garantit à la femme la préservation de la propriété de ses biens et de tout ce que lui a donné son mari même en cas de divorce : « Et il ne vous est pas permis de reprendre quoi que ce soit de ce que vous leur aviez donné. » (2:229) ». La femme peut également être propriétaire de n’importe quel bien, et en disposer librement.
Nous observons le même recours à des idées fausses et des réductions abusives constituant parfois même une insulte aux fidèles de toute une communauté religieuse, notamment lorsque Joseph Fadelle évoque qu’il relit la biographie de Mohammad et en conclut qu’elle n’est qu’ « une accumulation d’adultères, de vols » (p. 30).
Un Dieu dénué d’amour ?
Dans la suite de l’explication de son passage progressif du christianisme à l’islam, Joseph Fadelle nous explique qu’il a « en tête tous les noms d’Allah donnés par le Coran. [16] Il y en a quatre-vingt-dix-neuf connus : Eternel, Inengendré, Unique, Inaccessible, Ferme, Invincible, Glorieux, Sage, Bienveillant, Miséricordieux mais aussi Vengeur… En revanche, il en existe un autre, le centième nom, que personne ne connaît. Ce nom d’Allah mystérieux et inconnu, j’ai l’impression de le découvrir aujourd’hui, c’est l’Amour. » (pp. 36-37). Nous avons ici une confirmation claire que Joseph Fadelle présente des idées totalement fausses à propos du Coran et de son contenu, qui regorge de versets évoquant Dieu comme amour ainsi que l’amour étant comme le fondement de Sa relation avec l’homme : « Mon Seigneur est vraiment Miséricordieux et plein d’amour » (11:90) ; « A ceux qui croient et font de bonnes œuvres, le Tout Miséricordieux accordera son amour. » (19:96) ; ou encore « Dis : “Si vous aimez vraiment Dieu, suivez-moi, Dieu vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés » (3:31) qui exprime l’idée d’une relation d’amour réciproque ; « Dieu aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance. » (3 :159) ; « Dieu aime, certes, les bienfaisants. » (5:13) ; « Dieu aime les pieux. » (9:4). Selon un hadith qodsî [17] bien connu en islam, la base de la création fut l’amour de Dieu : « J’étais un trésor inconnu, J’aimai (ahbabtu) à être connu ; J’ai donc créé les créatures, Je Me suis fait connaître d’elles et par Moi elles Me connurent » [18]. Outre le mot « amour », le Coran fait constamment référence à la miséricorde (rahma) de Dieu, inséparable de Son amour, de Son pardon, de Son affection… : « et Ma miséricorde embrasse toute chose. » (7:156) ; « C’est Lui le Pardonneur, le Tout Affectueux » (85:14).
Un concentré de l’ensemble des clichés sur l’islam
De façon générale, l’ouvrage semble avoir intentionnellement concentré, au travers de la description d’une famille, toutes les images négatives possibles et imaginables que l’Occident peut avoir sur l’islam : domination masculine absolue (pp. 18-20) [19], concupiscence effrénée à travers l’exemple du grand-père demandant à prendre une quatrième femme à 109 ans alors qu’il est mourant (p. 19) [20], duplicité dans la pratique religieuse (pp. 18-19), père qui répudie ses trois femmes ne pouvant lui donner d’enfant (p. 19), importance du clan (p. 20), relégation absolue de la femme aux tâches ménagères et son absence de la société (p. 20), violence omniprésente, même chez les femmes (p. 20) [21], mensonge et corruption à travers l’exemple de « l’achat » indirect des bulletins de note (p. 20) et, de manière générale, absence totale d’amour dans des relations familiales basées sur la domination et la violence. Nous trouvons donc résumées en trois pages l’ensemble des supposées « tares » assimilées à l’islam. Car c’est bien d’une critique de l’islam dans son ensemble qu’il s’agit, et non seulement d’une famille : « Elle [la mère de Joseph Fadelle] a su asseoir à l’intérieur le pouvoir qu’elle ne possède pas à l’extérieur, dans la société musulmane. » (p. 20). La relégation de la mère de Joseph Fadelle à la sphère privée n’est pas liée à son père ou à des coutumes particulières, mais bien à « la société musulmane » dans son ensemble.
Tout au long de l’ouvrage, nous constatons donc un glissement permanent du particulier (certaines croyances et pratiques de la famille de Joseph Fadelle) à l’universel (l’islam comme religion), et à une identification des deux domaines. Transposée à un autre contexte, une telle logique reviendrait à identifier l’Inquisition ou les tortures pratiquées au Moyen Age contre certains penseurs par l’Église au christianisme même ! M. Fadelle identifie des pratiques particulières à une religion dans son ensemble, ce qui est évidemment biaisé. Son livre ne contient aucune analyse, aucune référence hormis quelques versets sur la femme. Loin d’inciter à la réflexion et au discernement, il ne fait qu’entraîner son lecteur dans un manichéisme abusif.
Nous retrouvons le même ton à la fin de l’ouvrage : « Je pense chaque jour à lui [l’un de ses frères devenu athée], ainsi qu’à tous les miens qui continuent de vivre dans l’obscurité de l’islam » (p. 219), et exprime ses désirs en ces termes : « Je rêve qu’un jour le clan Moussaoui tout entier puisse se convertir… Pour cela il faudrait que la société elle-même change, avec ses lois, mais hélas, le verrou de l’islam l’en empêche » (p. 219). Il n’est pas ici question de traditions particulières, mais bien d’une religion dans son ensemble qui se voit ici réduite à un simple « verrou » empêchant le changement de la société et qu’il suffirait de faire « sauter » pour que tout le monde puisse se convertir au christianisme ! Tout se passe comme si les gens n’étaient musulmans que par défaut, victimes d’une « obscurité » ou pour sauver les apparences, tandis qu’un simple changement des codes sociaux suffirait à tout remettre en cause : singulière conception de la religion… Cette idée est également sous-entendue dans ce passage : « Ce n’est pas à cause du Christ que j’ai souffert, mais du fait de l’absence de liberté qu’impose la société musulmane, dont ma famille n’a pas osé se défaire, par orgueil et par souci de respectabilité. » (p. 219). Cette conception se trouve confirmée par les propos tenus par M. Fadelle dans un entretien présentant les musulmans en des sortes de « victimes » de l’islam. [22] Loin d’être le simple récit d’une conversion, cet ouvrage est avant tout un réquisitoire, une longue et sombre critique d’une famille et, à travers elle, de l’ensemble d’une religion.
Enfin, dans plusieurs passages de son ouvrage et dans les entretiens qu’il a pu donner ces derniers mois, Joseph Fadelle affirme que selon le Coran, toute personne ayant quitté l’islam doit être tuée : « Tout musulman qui suit la règle coranique a le devoir de me tuer puisque j’ai quitté l’islam pour embrasser la religion chrétienne. » [23] Il faut encore et toujours souligner avec insistance que l’islam reconnaît la liberté de conscience comme un principe absolu, comme l’exprime ce verset : « Nulle contrainte en religion » (2:256). C’est sur cette base que des communautés chrétiennes ou juives existent et cohabitent depuis des siècles dans différents pays musulmans. Si des affrontements ont parfois lieu, ils sont le fait de personnes, et non de l’islam en lui-même qui promeut une coexistence pacifique avec les « Gens du livre », et non une conversion forcée qui n’a aucun sens ni valeur. En outre, un musulman qui se convertit au christianisme et pratique chez lui n’est en aucun cas menacé de mort par l’islam tant qu’il limite sa décision à une sphère individuelle au sein de laquelle la liberté de conscience est absolue ; le problème se pose lorsqu’il donne une dimension sociale à sa décision et décide de faire du prosélytisme ou de s’employer à détruire son ancienne religion dans la société – principe qui n’est d’ailleurs pas étranger dans un sens à la logique laïque ! Comme le soulignent Michel Cuypers et Geneviève Gobillot, « la croyance religieuse seule ne fait de personne la cible potentielle d’une attaque […] Le simple fait qu’une personne ne soit pas musulmane n’a jamais été un légitime casus belli dans la loi ou la foi islamique conformément au Coran : « Nulle contrainte en religion » (2:256). Les musulmans peuvent et doivent vivre paisiblement avec leurs voisins, sans que cela exclue l’autodéfense légitime et le maintien de la souveraineté : « Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Dieu. » (8:61) ». [24]
Conclusion
Pour conclure, nous souhaitions de nouveau insister sur ce point essentiel : ceux qui prétendent dénoncer l’intolérance et la violence ne font souvent que l’alimenter et la renforcer. Qu’apporte un tel ouvrage à part un renforcement de l’incompréhension et des pires préjugés pouvant exister sur une religion ? L’acharnement dont Joseph Fadelle fait preuve contre l’islam n’est-il pas à comparer avec ce qu’il prétend dénoncer ? Prouve-t-on le bien-fondé de sa religion en détruisant celle de l’autre ? Car c’est bien à cela qu’aspire l’auteur du Prix à payer : « Je veux détruire l’islam, d’abord pour sauver les musulmans. La distinction entre les deux est encore une fois primordiale. C’est le salut des musulmans qui m’importe. » [25] Plus insidieux, Joseph Fadelle identifie totalement islam et islamisme ; la source de toute violence se trouvant selon lui dans le Coran même, venant corrompre l’humanité des musulmans : « Certains musulmans ignorent ce que dit l’islam (sic) et sont bons car leur humanité leur dicte de faire des choses bonnes […] Les musulmans « mauvais » ou extrémistes sont justement ceux qui lisent et appliquent le Coran« . [26] Outre ces propos d’une incohérence patente, que signifie « musulman qui ignore l’islam » ? Ou encore le fait de qualifier de « mauvais musulman » celui qui lit son livre sacré ? Aurait-on l’idée de qualifier de « mauvais chrétien » celui qui lit la Bible ?
De par son ouvrage ainsi que ses multiples interventions dans les médias et institutions diverses, Joseph Fadelle contribue également à cristalliser la méfiance et la haine contre les musulmans non plus seulement d’Irak, mais de France, en présentant chaque croyant comme un individu potentiellement criminel : « En France, les autres sont des musulmans qui connaissent le Coran. Ils semblent modérés parce qu’ils sont pour l’instant en minorité et ne peuvent donc pas appliquer le Coran. Mais ceux que l’on appelle « bons musulmans » seront poussés à tuer comme les autres lorsqu’ils liront le Coran, ou ils quitteront l’islam comme je l’ai fait. » [27] Il pousse également la psychose jusqu’à entrevoir la création d’un gouvernement islamique en France : « Il y a en plus le danger de la démocratie en France. Les musulmans cherchent une identité qui ne soit pas la France et se réfugient donc dans l’islam. Le jour où ils seront majoritaires au Parlement, ils voteront la charia ! » [28]
La personnalité et l’histoire de Joseph Fadelle, qui, rappelons-le, s’est converti en 1987, soit il y a plus de 20 ans, semble venir à point nommé pour renforcer certains préjugés et servir un processus de deshumanisation de l’autre parfaitement en accord avec les intérêts d’une certaine classe politique, comme ce fut le cas un temps du Jamais sans ma fille de Betty Mahmoody. Les procédés sont les mêmes : choix du genre romanesque permettant de rendre une histoire attractive au plus grand nombre en ayant recours à des procédés de dramatisation et d’exagération en s’aidant bien souvent d’idées ostensiblement fausses permettant de réduire une réalité complexe aux notions de « bien » et de « mal ».
Ce manichéisme à outrance a même entraîné certaines réactions au sein même de la communauté chrétienne, notamment de la part du père Christophe Roucou, responsable du Secrétariat pour les Relations avec l’Islam (SRI) à la Conférence des évêques de France, qui a évoqué le risque que fait peser un tel ouvrage sur le dialogue islamo-chrétien : « Les prêtres conseillent ce livre à leurs paroissiens. Fadelle lui-même est invité à donner des conférences partout. Et pas simplement pour parler de son itinéraire qui est tout à fait respectable, mais pour dire que l’islam est l’œuvre du diable. On sent se renforcer chez les catholiques – comme chez l’ensemble des Français – un courant d’hostilité à l’islam. Nous sommes attaqués comme naïfs vis-à-vis des musulmans parce que nous discutons avec eux, alors que c’est notre mission. Ma position, en tant que SRI, c’est de dire que je n’ai pas à choisir entre ma solidarité avec les chrétiens du Proche-Orient et l’amitié avec les musulmans d’ici. » [29] Dans un contexte où la préservation de ce dialogue, de cette amitié ou du moins de ce respect mutuel entre chrétiens et musulmans est une nécessité vitale, ce genre d’ouvrage ne fait que renforcer les pires clichés sur l’islam et contribue dangereusement à la diabolisation de l’autre, prélude à toutes sortes de haines et dérives dont nous ne pouvons malheureusement que constater l’augmentation. Est-ce ainsi que l’amour et la tolérance envers le prochain peuvent triompher ?
*Le prix à payer, L’œuvre éditions, 2010, 224 p.
Notes
[3] Ibid.
[4] L’ensemble des citations suivies de « p. » sont issues de l’ouvrage Le Prix à Payer, sauf indication du contraire.
[5] Entretien avec Joseph Fadelle réalisé par Faustine des Lys.
[6] En islam, certains éléments ou aliments sont considérés comme impurs, comme l’alcool ou la viande de porc. C’est dans le sens où il ne faut pas entrer en contact avec ces éléments, dont la consommation ne rend cependant pas « en soi » une personne impure.
[7] Le catholicisme a au contraire mis beaucoup de temps avant de pouvoir envisager la question du salut des non chrétiens et des personnes non baptisées. L’exemple extrême est sans doute celui des sanctuaires à répit qui ont fonctionné jusqu’au début du XXe siècle en Europe et en France. Ils étaient destinés aux enfants morts-nés et n’ayant pu être baptisés. Selon la croyance, ils étaient donc destinés à errer dans les limbes, une sorte d’enfer, pendant l’éternité. On disposait les enfants dans ce sanctuaire en attendant le moindre signe d’un retour temporaire à la vie pour pouvoir les baptiser et leur éviter une errance éternelle. Le concept de limbes n’a été définitivement aboli que récemment par le Vatican. On voit donc que durant de nombreux siècles, le concept de salut allait jusqu’à exclure les nouveau-nés chrétiens ! La question du salut des non-chrétiens a reçu une réponse plus ouverte lors du concile Vatican II, qui envisage les autres religions comme des « semences de l’esprit saint » qui ne font cependant que « disposer » les âmes des non-chrétiens au salut, la voie ultime demeurant le Christ et celle de l’Eglise catholique.
[8] D’autres versets du Coran sont souvent cités hors de leur contexte pour dénoncer la soi-disant « intolérance » de l’islam, notamment « Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salat et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. » (9:5). Ce verset a été révélé à la suite de la conquête de La Mecque par Mohammad et les musulmans – ville dont les habitants s’étaient jurés d’anéantir Mohammad et ses partisans jusqu’au dernier. Nous sommes donc dans un contexte de guerre. Lorsque La Mecque est conquise, au lieu de tuer ou d’emprisonner les vaincus qui voulaient l’assassiner, le prophète Mohammad fait un discours devant les habitants de la ville, ceux-là même donc qui l’avait chassé et voulaient l’éliminer. Une partie de ce discours est évoquée par Martin Lings : « Le Prophète leur adressa alors les mêmes paroles de pardon que celles que Joseph avait prononcées lorsque, selon ce que rapporte le Coran, ses frères étaient venus le trouver en Egypte : « En Vérité, Je vous dirai ce qu’a dit mon frère Joseph : Il ne vous sera fait ce jour ni blâme ni reproche. Dieu vous pardonne, et Il est le plus Miséricordieux des miséricordieux » (Martin Lings (Le Prophète Muhammad, Sa vie d’après les sources les plus anciennes, Seuil, p. 493). Mohammad invite donc au pardon ceux-là même qui voulaient l’éliminer. C’est dans ce contexte qu’il donne ensuite quatre mois (les mois sacrés) à ces gens-là pour se convertir ou partir : ce qui est une tolérance énorme et rarement vue dans une guerre ! Ensuite, ceux qui restent et demeurent malgré tout sans avoir changé leurs desseins sont dès lors un réel danger, d’où l’injonction du verset de les éliminer : c’est un cas de réelle légitime défense, car lorsque l’on donne l’occasion à une personne qui veut nous tuer de partir, et si elle reste sans avoir changé d’idée, sa présence devient un réel danger. Il est cependant encore dit ensuite que ces mêmes personnes se repentent, la liberté doit leur être donnée. Ce verset fait référence à une situation historique particulière et, si l’on regarde son contexte, ne vient pas contredire les principes universels de tolérance et de respect mutuel tels que « Que l’animosité pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété » (5:8) ; « Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Dieu. » (8:61) » ; « Quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. » (5:32) ou encore d’autres versets évoquant encore une fois que la base des relations avec les personnes d’autres religions ou ayant des idées différentes est la tolérance et le dialogue respectueux : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. » (16:125).
[9] Il évoque de nouveau ce même aspect quelques lignes plus bas, lorsqu’il relate sa discussion avec son compagnon de chambre lorsque ce dernier revient :
« Qui est ce Jésus dont parle ton livre ?
-C’est Issa ibn Mariam, le fils de Marie…
Réponse totalement inattendue et incompréhensible pour moi. Issa je le connais, il figure fans le Coran, parmi d’autres prophètes venus avant Mahomet. Mais je n’ai jamais entendu dire qu’il portait un autre nom, ni que ce Jésus/Issa avait fait des miracles aussi extraordinaires » (p. 23).
Il faut ici distinguer plusieurs aspects de la question. Joseph Fadelle affirme : 1. Au départ, qu’il ne connaît pas ce « Jésus », ce qui peut être concevable si l’on prend en compte le fait que Jésus est parfois appelé différemment dans le Coran et par les chrétiens du Moyen Orient ; 2. Qu’il n’a jamais entendu parler de miracles au sens absolu (ce qui est impossible pour toute personne ayant tant soit peu lu le Coran ; 3. Même après avoir compris que le Issâ du Coran est le Jésus des chrétiens, il affirme ne jamais avoir entendu qu’il ait fait des miracles d’une telle ampleur, alors que le Coran évoque on ne peut plus clairement le fait que Jésus parlait alors qu’il n’était qu’un nouveau-né, qu’il guérissait les malades, ressuscitait les morts, etc. Nous pouvons donc ici formuler deux hypothèses : soit M. Fadelle n’a pas lu le Coran, ce qui serait surprenant pour un musulman, soit il fait clairement preuve de mauvaise foi.
[10] Lire notamment à ce propos Cuypers, Michel ; Gobillot, Geneviève, Le Coran, idées reçues, Le cavalier Bleu éditions, 2007, pp. 69-72.
[11] Un peu plus loin, il écrit à propos que la prière en islam : « l’essentiel de ce que j’en ai retenu était dans le respect des ablutions, très extérieures » (p. 40).
[12] Ici le langage utilisé est plus qu’approximatif : Al-Fâtiha ou « L’ouverture » est la première sourate du Coran qui est récitée pendant la prière, mais elle n’est pas une prière en soi.
[13] Si l’on se réfère au plus grand commentateur chiite du Coran contemporain, ’Allâmeh Tabâtabâ’i, s’inspirant lui-même de nombreux commentateurs, souligne que le champ est une image symbolisant la vie et la permanence de l’espèce humaine, grâce auquel la graine prend vie et la vie demeure. L’importance centrale de la femme comme « mère de l’homme » et permettant la survie de l’espèce humaine est ici soulignée. Concernant la seconde partie du verset, ’Allâmeh Tabâtabâ’i souligne que l’homme peut avoir des rapports sexuels avec sa femme quand il le souhaite (sauf exception par exemple lors du jeûne du Ramadan), cependant, ces rapports s’inscrivent dans le cadre de l’amour, du respect mutuel et de la miséricorde que Dieu a créée entre les époux (et non dans le sens où l’homme pourrait disposer librement de sa femme comme il l’entendrait, sans aucune considération à son égard). Tabâtabâ’i, Mohammad-Hossein, Al-Mizân, Vol. 2, Traduction persane, p. 319.
[14] Comme l’atteste ce verset : « Le divorce est permis pour seulement deux fois [avec la même personne]. Alors, c’est soit la reprise conformément à la bienséance, d’une belle manière ou la libération avec gentillesse. Et il ne vous est pas permis de reprendre quoi que ce soit de ce que vous leur aviez donné. » (2:229) ». L’expression bima’rouf est également utilisée dans ce verset, qui nous apprend aussi qu’il est interdit au mari de retenir sa femme contre son gré si elle veut divorcer : « Et quand vous divorcez d’avec vos épouses, et que leur délai expire, alors, reprenez-les conformément à la bienséance (bima’rouf), ou libérez-les conformément à la bienséance (bima’rouf). Mais ne les retenez pas pour leur faire du tort : vous transgresseriez alors et quiconque agit ainsi se fait du tort à lui-même. Ne prenez pas en moquerie les versets de Dieu. » (2:231)
[15] Il faut également rappeler que selon le Coran, c’est à la fois Adam et Eve qui ont péchés, contrairement au récit de la Genèse où seule Eve est à l’origine du péché et induit son mari en erreur : « La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence ; elle prit de son fruit, et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea. […] L’Eternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? L’homme répondit : La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé. » (Genèse, 3:6-13). Les conséquences d’un tel péché sont notamment perceptibles dans la Première Epître de Paul à Timothée (2:11-15) citée plus haut.
Dans le Coran, il n’y a aucune différence entre l’homme et la femme concernant le péché originel : ils en sont tous les deux également responsables : « Puis le Diable, afin de leur rendre visible ce qui leur était caché – leurs nudités – leur chuchota, disant : “Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre que pour vous empêcher de devenir des Anges ou d’être immortels !”. Et il leur jura : “Vraiment, je suis pour vous deux un bon conseiller”. Alors il les fit tomber par tromperie. Puis, lorsqu’ils eurent goûté de l’arbre, leurs nudités leur devinrent visibles ; et ils commencèrent tous deux à y attacher des feuilles du Paradis. Et leur Seigneur les appela : “Ne vous avais-Je pas interdit cet arbre ? Et ne vous avais-Je pas dit que le Diable était pour vous un ennemi déclaré ?” » (7:20-22).
[16] Ce qui semble ici attester sa connaissance du Coran… et vient renforcer les contradictions sur le fait qu’il ignorait la présence de versets sur des miracles, ou encore sa relecture du Coran qui semble presque être une découverte…
[17] Un hadith qodsi est une parole de Dieu exprimée selon les mots du prophète Mohammad.
[18] Nous reprenons ici la traduction de Christian (Yahyâ) Bonaud, Le soufisme, Maisonneuve et Larose, 2002, p. 23.
[19] Un exemple parmi d’autres : « Les hommes, mes frères, échappent à cette autorité [de la mère] grâce à leur sexe, qui leur donne pouvoir sur toutes les femmes, mère comprise » (p. 20). M. Fadelle ne semble cependant pas outre mesure souffrir de cette situation, mais plutôt en profiter : « Avec elle [sa mère] je profite sans vergogne de ma situation privilégiée. Je salive encore au souvenir des cinq délicieux pains cuits spécialement par ma mère, à ma demande« . (p. 20).
[20] Ce passage mérite d’être cité : « Mon grand-père paternel certes avait le même caractère dominateur, mais c’était aussi un jouisseur, aimant mordre la vie à pleines dents. Il est mort à 109 ans, en demandant qu’on le marie une quatrième fois, pendant qu’on lui versait des gouttes d’eau dans la bouche et que son fils lui faisait la lecture du Coran ! » (pp. 18-19). Se trouvent ici associées les idées de religion, de sensualité et de domination dans un mélange virant à l’absurde. En partant de l’opinion que cet exemple soit vrai, il ne fait que confirmer l’existence d’une volonté de caricaturer en permanence un milieu que Joseph Fadelle semble dès le départ rejeter.
[21] Il écrit ainsi à propos de sa mère : « Elle supervise la cuisine, le linge, donne ses ordres à ses sept belles-filles et à mes sœurs non mariées, parfois même violemment, jusqu’à les frapper. » (p. 20).
[22] « Je veux détruire l’islam, d’abord pour sauver les musulmans. La distinction entre les deux est encore une fois primordiale. C’est le salut des musulmans qui m’importe. » Entretien avec Joseph Fadelle réalisé par Faustine des Lys, www.citeetculture.com/article-interview-de-joseph-fadelle-chretiens-francais-reveillez-vous-61708795.html
[23] Ibid.
[24] Cuypers, Michel ; Gobillot, Geneviève, Le Coran, idées reçues, Le cavalier Bleu éditions, 2007, p. 104.
[26] Ibid.
[27] Ibid.
[28] Ibid.
Fin_de_Chapitre

 
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