Netanyahu ne fait plus semblant de soutenir l'option de
«deux Etats». Il n'en veut pas et n'en voudra jamais. Il veut continuer à
contrôler l'espace aérien et les frontières des bantoustans qu'il «concèderait»
aux Palestiniens en Cisjordanie. Ce ne sont pas des militants palestiniens qui
le disent mais des médias israéliens qui s'étonnent de voir que les
correspondants étrangers, par méconnaissance de l'hébreu sans doute, n'aient
pas entendu le Premier ministre israélien le clamer haut et fort le 11 juillet
dernier. Il est hors de question, avait-il dit, qu'en vertu d'un accord, Israël
abandonne le «contrôle de la sécurité du territoire à l'ouest du Jourdain».
En clair et sans détour, Mahmoud Abbas peut continuer à être
le chef de «l'Autorité palestinienne», il ne sera jamais le chef d'un Etat
souverain. Rien de bien nouveau. Le seul décryptage à faire dans ces propos est
que le Premier ministre israélien le dit ouvertement car il a l'assurance
totale que l'équipe de Barack Obama ne fera rien et assumera le rôle classique
de défenseur d'Israël. Et ils l'ont déjà démontré en faisant savoir à Mahmoud
Abbas qu'ils opposeront leur veto à une résolution du Conseil de sécurité
enjoignant à Israël de se retirer de Cisjordanie. Mahmoud Abbas qui découvre,
très tardivement, que le processus d'Oslo et les négociations bilatérales sous
«parrainage» américain ne mènent nulle part, continue de se bercer d'illusions.
Le veto américain qui a fonctionné des dizaines de fois sera
encore une fois de mise pour neutraliser ce qu'il croit être une «offensive
diplomatique» alors qu'il s'est complètement désarmé politiquement.
Aujourd'hui, les Etats arabes «modérés» sur lesquels il s'est appuyé - sans
aucun résultat d'ailleurs - sont «occupés» par le monstrueux Daech à la montée
duquel ils ont largement contribué. Et ce n'est pas l'Europe très «contrainte
dans l'expression» sur Israël, pour reprendre l'indémodable formule de Lionel
Jospin, qui l'aidera dans sa volonté, tardive, de s'extirper du carcan d'Oslo
et du faux parrainage américain. Mahmoud Abbas n'ose pas, non plus, de crainte
d'une réaction américaine, aller vers l'adhésion à la Cour pénale
internationale afin de disposer d'une «arme» contre les dirigeants israéliens
ou rompre la collaboration avec les services de sécurité israéliens.
Il faut dire qu'à 80 ans, il n'a pas l'âge de prendre les
décisions élémentaires qu'impose une juste évaluation du contexte et du rapport
de forces. La seule option d'avenir est de ressouder l'unité des Palestiniens
pour changer un rapport de forces très défavorable. Or, depuis la fin de
l'agression israélienne sur Ghaza, Mahmoud Abbas est en campagne contre le
Hamas, reprenant à son compte les accusations, grossières selon la plupart des
observateurs, de services israéliens selon lesquelles le mouvement islamiste
préparait un «coup d'Etat» contre lui à Ramallah. Comment en effet croire que
le Hamas ait pu croire à la viabilité d'un «coup d'Etat» dans une Cisjordanie
très fortement surveillée par Israël ? Mahmoud Abbas a choisi d'y croire
Chaque jour apporte un nouvel élément dans une démarche de
discorde à laquelle le Hamas contribue également en maltraitant et en usant de
violences contre les éléments du Fatah à Ghaza.
Comment Mahmoud Abbas peut-il espérer changer la donne s'il
ne parvient pas, lui le «sage», à sortir de l'illusion qu'on l'entendra mieux
s'il affiche une hostilité permanente au Hamas ? Ni le Fatah ni le Hamas ne
gagnent à entretenir une hostilité néfaste qui permet à Netanyahu de dire tout
haut qu'il n'y aura jamais d'Etat palestinien souverain. Nul besoin de
connaître l'hébreu pour le comprendre. Pour se faire entendre, les Palestiniens
doivent d'abord s'entendre. C'est leur seul et unique source de force
actuellement. Que cela soit dit en arabe, en hébreu ou en chinois. Sérieusement
et non dans les simulacres de réconciliation où chacun garde le couteau en
main.
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