Un
complot médiatique est-il ourdi contre la compagnie Air Algérie com me l'affirme son PDG en raison de son
«dynamisme et de son agressivité commerciale» ? Les défenseurs du secteur
public - il en reste pas mal en Algérie - sont presque appelés à monter au
créneau contre une entreprise «antinationale » de l'étranger que relaieraient
des médias nationaux.
De
manière factuelle, on n'a cependant enregistré aucune déclaration ou action
particulière de la part de la «concurrence». Il y a eu par contre de nombreux
articles dans la presse algérienne sur Air Algérie aussi bien sur les
circonstances entourant le crash du vol AH 5017 que sur les retards subis par
les voyageurs. Sans oublier les dénonciations de la part des Algériens vivant à
l'étranger de tarifs des billets qui paraissent astronomiques en comparaison
avec ce qui est pratiqué par des compagnies étrangères et sur des destinations
plus lointaines. Le plus ennuyeux dans l'accusation de complot médiatique ourdi
par les compagnies étrangères est qu'elle n'explique rien. A moins de donner
des éléments précis pour étayer ces accusations, cela dessert celui qui les
émet. Un discours politique ou paranoïaque au sujet de problèmes de gestion qui
n'ont rien de nouveau n'est pas la meilleure des réponses.
Les
responsables d'Air Algérie n'ont pas tort de rétablir, à chaque fois que
nécessaire, les faits comme de rappeler que l'avion qui s'est crashé
n'appartient pas à la compagnie mais a été affrété par elle. Cela ne change
sans doute pas au fait que la responsabilité juridique d'Air Algérie est
engagée, mais cela compte pour l'image. Sur cet affrètement auprès de
l'espagnol Swiftair et les conditions dans lesquelles il a été conclu, la seule
manière de couper court aux spéculations est d'être totalement transparent.
Informer clairement, précisément, sans détour, est l'unique manière de contrer
les théories diverses, absolument inévitables, qui accompagnent un drame comme
l'écrasement d'un avion avec perte de vies humaines.
Y
a-t-il eu trop de «papiers» critiques sur Air Algérie après le crash ? A
priori, pas plus qu'on en a vu dans d'autres pays dont les compagnies se sont
retrouvées dans la même situation qu'Air Algérie. S'il est difficile voire
impossible de convaincre ceux qui sont «malintentionnés» ou des adeptes des
explications «complotistes», le plus grand nombre ne peut qu'être réceptif à
une information claire, complète et crédible.
Ceci
étant, l'univers «concurrentiel» dont fait état le patron d'Air Algérie est
très relatif. Ceux qui voyagent souvent ont pu constater qu'en matière de prix,
la concurrence n'existe pas et ils suspectent même une entente tacite entre les
compagnies. Quant aux retards, cette grosse plaie de la compagnie nationale, ce
ne sont ni les journaux ni la «concurrence» qui les inventent. C'est une
réalité malheureusement constante et c'est ce qui fait que l'objectif d'essayer
de respecter les délais est régulièrement affiché.
Il
est clair que les gestionnaires de la compagnie fonctionnent avec des handicaps
importants. Ils doivent accepter «l'héritage» d'une accumulation de passifs,
des astreintes de service imposées par l'Etat - les prix bas sur les vols
intérieurs - tout en essayant d'être performants. Air Algérie est dans une
situation bien «spécifique» qui dispense de chercher un complot ourdi pour
expliquer ses dysfonctionnements. Même les défenseurs du secteur public ont
fini par admettre que certaines compagnies «chargées» d'histoires sont les
victimes d'une situation qui dépasse leurs gestionnaires.
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