L'Occident joue l'Autorité palestinienne contre le Hamas
par Kharroubi Habib
De fortes pressions occidentales, américaines et françaises
sont exercées sur le président de l'Autorité palestinienne Abou Mazen pour le
forcer à rompre l'alliance qu'il était parvenu à renouer avec le Hamas. Le
rapprochement intervenu entre le Hamas et l'OLP est, faut-il le préciser, l'une
des raisons qui a poussé le cabinet israélien à lancer l'agression militaire en
cours contre la bande de Ghaza sous contrôle du mouvement islamiste.
En poussant Mahmoud Abbas à la rupture avec Hamas, les
Occidentaux considèrent qu'un tel geste de sa part équivaudrait à une
reconnaissance par l'Autorité palestinienne que le Hamas porterait l'entière
responsabilité de la tragédie qui se déroule à Ghaza. En tombant dans leur jeu,
le président palestinien se rendrait coupable de haute et ignoble trahison à
l'égard de son peuple qui en ce moment crucial qu'est pour lui l'agression
barbare israélienne attend de ses leaders et chefs de faction l'unité des rangs
et l'affirmation de celle de tous les Palestiniens.
Après avoir semblé se démarquer du Hamas aux premiers jours
de l'agression en tentant d'engager des tractations indirectes avec l'Etat
sioniste par l'entremise d'Etats régionaux, l'Egypte et la Turquie et
Occidentaux sans consultations avec la direction du Hamas, Mahmoud Abbas a
apparemment pris conscience qu'il était en train de tomber dans le piège
consistant à saborder la réconciliation inter-palestinienne dont la conclusion
a désarçonné l'ennemi sioniste au point d'en faire le casus belli contre le
peuple palestinien. Il s'est rattrapé en rencontrant à Doha le chef en exil
Khaled Mechaal avec lequel il a exploré les voies d'une action unitaire
palestinienne s'agissant du contenu d'une trêve à accepter qui mettrait fin au
drame qui se joue à Ghaza. Leur rencontre en tout cas vaut message que les
Palestiniens sont unis en la tragique circonstance qui est pour eux l'agression
qu'ils subissent et nullement dupes du fait qu'on veut faire croire à l'opinion
internationale que celle-ci a été déclenchée uniquement contre les « mauvais »
et « terroristes » d'entre eux représentés par le Hamas et ceux qui le
soutiennent. Plus que jamais, les dirigeants palestiniens se doivent de
maintenir l'unité nationale qu'ils ont recimentée. Faute de quoi l'agression
israélienne atteindrait l'objectif politique que lui ont assigné Benyamin
Netanyahu et sa coalition gouvernementale. Celui de confirmer qu'Israël comme
ils le prétendent n'aurait pas d'interlocuteurs représentatifs du peuple
palestinien avec qui faire la paix. Abbas sait maintenant que même en prenant
ses distances avec le Hamas diabolisé à l'extrême par Israël et ses
propagandistes, il ne sera pas pour autant considéré comme interlocuteur représentatif.
Israël ne fait une différence que tactique entre le Hamas « terroriste » et
l'OLP « modérée » ayant renoncé à la violence pour faire valoir les droits du
peuple palestinien.
L'un comme l'autre sont pour lui revendicateurs de la
création d'un Etat palestinien, projet auquel il s'oppose y compris par la
force militaire comme le prouve l'agression sur Ghaza et le renforcement de la
répression coloniale en Cisjordanie. Le retour aux dissensions inter-palestiniennes
est pour l'Etat sioniste un but cyniquement poursuivi car favorable pour sa
stratégie du diviser pour maintenir son occupation. Ce que ses alliés
occidentaux cherchent à lui obtenir en tentant de jouer Abbas contre Mechaal et
la direction du Hamas.
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