Ghardaïa
encore et toujours. Le feuilleton interminable de la violence
communautaro-confessionnelle qui frappe la vallée du M'zab est en train de
tourner en boucle, avec son lot de morts, de blessés et d'arrestations. Les
différentes actions des pouvoirs publics, que ce soit au niveau local ou
national, n'ont pas réussi à solutionner un problème qui est en train de se
transformer en un véritable drame national. La mort suspecte d'un motocycliste mozabite
a encore enflammé la rue ghardaouie et, entre assassinat et malheureux accident
de la circulation, chaque incident peut déboucher sur un nouveau cycle de
violence.
Cette
situation sécuritaire précaire est le résultat d'un laxisme en amont des autorités
qui n'ont pas su réagir promptement aux premières étincelles et qui ont préféré
jouer la carte du tout sécuritaire avec toutes les conséquences vécues,
aujourd'hui, sur le terrain. La communauté mozabite, qui s'estime être la seule
victime du conflit, réitère ses appels à l'aide en demandant justice. La
suspicion pour ne pas dire la paranoïa semble s'installer parmi ses rangs à
cause justement de cette défiance par rapport aux services de sécurité perçus
comme des alliés de l'autre communauté en face. Et entre les promesses d'une
solution «définitive» de Sellal et les déclarations du ministre de l'Intérieur,
Tayeb Belaïz, à propos d'un plan clés en main pour restaurer la sécurité et
rétablir l'ordre public à Ghardaïa, une région de l'Algérie continue de
souffrir à cause de l'incapacité du gouvernement à solutionner un problème
pourtant localisé.
Des
mots, des projets de sortie de crise, des promesses et des menaces qui,
jusqu'ici, n'ont fait qu'entretenir un conflit qui dure depuis presque une année.
Alors qui détient les clés de la solution ? Tous les acteurs de la crise se
rejetant la responsabilité mutuelle du problème, le gouvernement et la fameuse
société civile adoubée par l'autorité locale ont montré toutes les limites d'un
système de gouvernance obsolète et souligné au sang rouge des morts
l'incompétence de certains à accompagner efficacement une crise qui aurait pu,
qui aurait dû être circonscrite dès le départ des flammes. L'on se rappelle
amèrement qu'en janvier dernier, le Premier ministre avait qualifié ces mêmes
événements de «petites altercations entre jeunes», et cette incapacité à lire
en temps réel les tenants et aboutissants d'une crise naissante a conduit toute
une région vers l'impasse.
Pourtant,
les seules bonnes intentions ne suffisent plus aujourd'hui pour affronter la
réalité et il est grand temps que le pragmatisme soit au rendez-vous des
affaires même s'il faut pour cela provoquer un électrochoc en limogeant un
ministre ou en appelant à la démission d'un gouvernement qui a montré toutes
ses limites dans la gestion de ce dossier. Mais tout le monde sait que cela
n'arrivera jamais en Algérie qu'on limoge un ministre pour incompétence, mais
de grâce qu'on nous épargne ces semblants de solutions qui n'ont d'autres
objectifs qu'une consommation médiatique stérile.
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