La psychose des warnings US
par Yazid Alilat
Un
warning général des Etats-Unis sur de potentiels actions terroristes qui viseraient
leurs intérêts dans certaines capitales arabes et africaines replonge des
régions entières dans une nouvelle psychose aux attentats à la bombe. L'alerte
de l'ambassade américaine à Alger porte spécifiquement sur un avertissement aux
ressortissants de ce pays de ne pas se rendre, en Algérie, dans certains grands
hôtels. Le message d'urgence de l'ambassade américaine ne concerne pas
seulement l'Algérie mais plusieurs pays africains, dont l'Ouganda.
Les
festivités du mardi gras (fête de l'indépendance US) et la célébration de la
fête de l'indépendance nationale seraient des motifs assez valables, selon le
communiqué américain, pour que des groupes terroristes organisent des attentats
qui cibleraient les grands hôtels où descendent en général les ressortissants
américains, mais également espagnols, français, algériens, etc. La raison de ce
warning ne semble cependant pas directement liée à une menace spécifique, mais
fait partie d'un ensemble de mesures de sécurité prises par le département
d'Etat et les services de sécurité US à l'approche de la fête de l'indépendance
américaine. D'autant que l'alerte concernant l'Algérie n'est pas isolée mais
fait partie d'une procédure habituelle de renforcement des mesures de sécurité
dès qu'un soupçon de menace pèse sur les intérêts américains.
Réelle
ou pas, cette menace a été assez franche pour que les entrées et les sorties
des aéroports US soient doublement renforcées avec des mesures de sécurité
draconiennes. Suffisant pour que tous les pays, y compris ceux membres de l'UE
dont la France, soient astreints à observer des mesures de prévention
extrêmement renforcées. La raison de toute cette psychose ? Les Etats-Unis
craignent en fait des coups d'éclat, même sur le sol américain, de membres de
l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), et ont imposé un renforcement de
la sécurité dans les aéroports européens. L'avancée de l'EIIL en Irak, la
nouvelle donne du terrorisme dans la péninsule arabique où l'EIIL est en train
de recruter les experts en explosifs d'Al-Qaïda, et les menaces potentielles ou
supposées contre les Etats-Unis ont provoqué depuis quelques jours une
mobilisation et un redéploiement des mesures de sécurité.
Pour
autant, le warning de l'ambassade US en Algérie est-il assez sérieux ou une
simple alerte comme elle en a souvent fait depuis des années, le dernier en
date remonte au début de l'année et levé en avril ? A moins que les Américains
aient des informations qu'ils ne veulent pas partager avec les autorités
sécuritaires algériennes. Le warning US stipule en effet que «l'ambassade des
Etats-Unis, quand les conditions le justifient, prend ce genre de mesures que ses
activités se fassent suivant les normes de sécurité. Au-delà de cette annonce,
nous ne discutons pas des détails liés aux menaces, ni les considérations et
mesures de sécurité, ou d'autres mesures que nous pouvons prendre».
Cette
alerte de sécurité qui évoque clairement un risque d'attentat potentiel visant
des intérêts américains à Alger, n'en définit pas pour autant les contours,
comme elle reste vague dans le niveau de la menace. Pour autant, le fait est
que les Etats-Unis ont aujourd'hui un nouveau souci sécuritaire à gérer :
l'éclatement progressif des cellules d'Al-Qaïda au Moyen-Orient et sa mutation
inquiétante en une nouvelle entité, plus dangereuse et plus menaçante, l'EIIL.
Ce que les stratèges en sécurité américains n'avaient pas vu venir. La menace
terroriste est en fait omniprésente tant qu'il y aura des terroristes. Et les
alertes ne font que propager la psychose et donner peut-être plus de crédit
qu'il n'en faut aux terroristes.
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