Pour ne plus revivre un autre Bordj Badji Mokhtar
par Moncef Wafi
La signature, ce lundi, de la «Déclaration d'Alger» par les
trois mouvements touaregs «reconnus» du Nord-Mali, signataires de l'accord de
cessez-le-feu du 23 mai 2014, sonne comme une victoire de la diplomatie
algérienne qui s'est démenée, ces derniers mois, pour essayer de mettre sur
pied les jalons d'un dialogue inter-malien «inclusif». Un cessez-le-feu avec
Bamako qui restait fragile tant les relations entre les trois organisations et
plus particulièrement entre le Mouvement national de libération de l'Azawad
(MNLA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) sont mouvementées, le troisième
mouvement dans le rapport des forces étant celui du Haut conseil pour l'unité
de l'Azawad (HCUA).
L'accord trouvé à Alger entre les frères ennemis tend à
réaffirmer la volonté des Touaregs maliens à justement conforter cette
«dynamique d'apaisement en cours» initiée après que le bruit des armes s'est tu
au nord du pays. Pour l'Algérie, la pacification de ses frontières avec le Mali
est une priorité et elle ne passera qu'à travers le retour de la paix dans la
région. Alger, qui n'a jamais cessé d'appeler au dialogue inter-malien, avant
même l'opération militaire française «Serval», est consciente des enjeux
sécuritaires qui pèsent sur son territoire et l'épisode du 14 août dernier à
Bordj Badji Mokhtar illustre parfaitement la contamination de la région par les
dissensions armées qui existent entre les Touaregs au nord du Mali.
On se rappelle qu'un conflit a éclaté entre Arabes
Barabiches et Touaregs Idnanes à Bordj Badji Mokhtar et des hommes du MAA et du
MNLA ont pris part à ces affrontements armés avec leur lot de tués. Quatre
jours plus tard, le MNLA, le HCUA et le MAA condamnent officiellement ces
violences, mais le mal est fait. Et c'est justement pour ne plus revivre ce
genre de situations qu'Alger a décidé de relancer ce dialogue inclusif aux
Maliens, réclamé en outre et par ces derniers et par la communauté internationale,
et de prévenir toute incursion sur son territoire. Cette «Déclaration d'Alger»
est perçue comme étant le premier pas en vue d'initier ce dialogue, mais la
diplomatie algérienne, selon un communiqué du département de Lamamra, s'attelle
à poursuivre dans cette dynamique par le truchement de rencontres régulières et
accompagner, ainsi, les mouvements du Nord pour trouver une plateforme commune
de négociations avant le lancement de ce fameux dialogue inter-malien.
Parmi les mécanismes «appropriés» dans la recherche de
l'équilibre entre les mouvements touaregs et entre ces derniers et le pouvoir
central à Bamako, la 4ème session du Comité bilatéral stratégique algéro-malien
sur le Nord-Mali et la 3ème réunion de concertation de haut niveau sur le
processus de dialogue inter-malien. Des rendez-vous importants pour définir la
feuille de route du processus de paix entre les différentes parties, mais
également l'occasion de rappeler l'importance de la médiation de l'Algérie dans
la région du Sahel. Le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, avait demandé,
lors de sa visite à Alger, en janvier dernier, à Abdelaziz Bouteflika l'aide de
l'Algérie pour trouver une solution à la crise malienne. Le Mali avait déjà
loué le rôle de l'Algérie dans le lancement et la réussite d'un dialogue
inter-malien inclusif. Un rôle également salué par la communauté internationale
et par la France à travers son ministre des Affaires étrangères, Laurent
Fabius, alors en visite à Alger. Son homologue algérien avait souligné l'urgence
de ce dialogue pour en finir avec une crise qui risque d'affecter toute la
région tout en ayant dans un coin de l'esprit que des diplomates algériens sont
toujours détenus quelque part dans la région par des groupes armés.
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