Par Mounadiloune
Mehdi Nemmouche a moins de succès médiatique que Mohamed Merah.
Il faut dire qu'alors que Mohamed Merah avait été tué au terme d'une
opération policière spectaculaire et retransmise en quasi direct,
l'auteur présumé de la fusillade meurtrière du musée juif de Bruxelles a
été interpellé en douceur au cours d'un contrôle de routine effectué
par la police de l'air et des frontières au terminus de la ligne de bus
Amsterdam - Bruxelles -Marseille.
Si Mohamed
Merah avait eu le bon goût de se planquer dans son propre appartement
(en effet quel meilleur refuge que son chez-soi quand on est activement
recherché par la police?) Mehdi Nemmouche a eu de son côté la
délicatesse de prendre une ligne de bus internationale au départ de la
ville où il aurait commis son crime, non sans emporter avec lui les
armes utilisées au musée juif: pistolet et fusil d'assaut de type
Kalashnikov, mais aussi la casquette qui est probablement l'élément le
plus distinctif sur les vidéos diffusées par la police belge ainsi
qu'une espèce de drap frappé de l'emblème de l'Etat Islamique en Irak et
au Levant, une des milices actives en Syrie et en Irak.
Malgré le
manque relatif de succès médiatique de Mehdi Nemmouche, la presse et les
autorités françaises, se sont empressées de faire le parallèle entre
les itinéraires des deux personnages: deux jeunes d'origine maghrébine
nés en France, un milieu familial désuni, un passé de petit délinquant
et enfin l'embrigadement dans la mouvance terroriste dite islamiste ou
djihadiste.
Dans les deux cas, nous dit-on, l'embrigadement a été l'aboutissement d'un processus d'auto-radicalisation de loups solitaires.
Pourtant, les
loups solitaires semblaient connaître du monde et j'ai personnellement
du mal à me figurer comment quelqu'un qui s'est auto-radicalisé peut
finir par s'intégrer rapidement au sortir de sa détention dans une
milice armée à des milliers de kilomètres de son dernier domicile connu.
Parce que c'est
ainsi que ça s'est passé pour Mehdi Nemmouche qui aurait effectivement
participé à la lutte armée contre le gouvernement syrien.
Ce qui le
différencie d'un Mohamed Merah qui, s'il s'est rendu en divers endroits
comme l'Afghanistan ou Tel Aviv n'a jamais été signalé comme ayant pris
part à des actions armées.
On peut nous
prendre pour des sots, mais je ne vois pas comment un quidam
auto-radicalisé et sans le sou peut se rendre en Syrie pour y rejoindre
un groupe armé qui ne va pas vous incorporer dans ses rangs sans avoir
une idée assez précise de qui vous êtes et de vos motivations. Ce Mehdi
Nemmouche, s'il a bien combattu en Syrie en tout cas, a nécessairement
été pris en charge par une filière qui a au minimum des correspondants
en France et l'a introduit auprès des cadres de l'Etat Islamique en Irak
et au Levant (EIIL).
Les gens de
l'EIIL sont peut-être des extrémistes mais ils sont organisés comme
n'importe quel groupe combattant dans une zone de guerre difficile et
complexe, avec ses luttes intestines et ses agents doubles. Et notez
bien que la fiche "parcours" de M. Nemmouche publiée par France [dés)Info l'affilie au Jabhat al Nosra, une organisation aux relations pour le moins tendues avec l'EIIL.
Alors qui a lancé cette thèse du loup solitaire et du jeune auto-radicalisé?
Ce n'est certes
pas un hasard si François Molins qui exerçait déjà à ce poste sous
Nicolas Sarkozy y a été maintenu par l'équipe de François Hollande. Ce
maintien est le signe de la continuité d'une politique judiciaire à
l'égard des jeunes Arabo-musulmans sur le plan intérieur et d'une
politiqué étrangère à l'égard des peuples arabo-musulmans sur le plan
extérieur.
- François Molins désigne le loup solitaire Abdelhakim Dekhar
François
Molins, c'est l'instrument indispensable du gouvernement par la
crédibilité associée à sa pseudo-expertise en matière judiciaire. Or, sa
fonction est moins technique que politique, et c'est donc bien la
politique du gouvernement qu'il met en oeuvre.
Cette thèse du loup solitaire, libre à chacun de la croire.
En tout cas, le Belge André Vandoren, patron de l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (OCAM) n'y croit pas.
- André Vandoren
M. Vandoren observe en effet:
"à mes yeux, il ne s'agissait pas de l'acte d'un loup solitaire:
un terroriste qui aurait tout fait tout seul. Il a voyagé vers la Syrie
et d'autres pays. L'enquête devra détailler tout son parcours. Comment
a-t-il été formé? Comment a-t-il pu échapper à tout contrôle pendant
plusieurs jours après l'attentat?"
C'est du simple bon sens. L'OCAM est
un organisme interministériel chargé d'analyser la menace terroriste
contre la Belgique en traitant des informations fournies par des
services comme les douanes, la police fédérale, le service public
fédéral mobilité et transport etc.
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