Il faut une guerre de libération contre le FLN
par Kamel Daoud
Obsédante
: la photo qui circule. Celle de cet homme gabarit videur, ceinture en cuir à
la main, marcel sur la peau, dans le hall de l'Aurassi, l'hôtel d'Alger.
C'était à l'occasion d'une réunion du FLN, entre ses deux ailes et ses dix
mille pieds. Affrontement par videurs et hommes de main interposés. A peine un
changement d'avec la vieille recette des dobermans à Mostaganem. C'est votre
parti unique. Le dépositaire de votre mémoire. Le gardien de votre souvenir.
L'artisan de votre guerre de libération. Le représentant de votre identité de
peuple à peine venu au monde. C'est le FLN niveau rats. A coups de bâton et de
pieds. A coups de malfrats. L'homme qui avait exilé en 79, inculpé pour détournement
et exposé dans El Moudjahid, doit bien se réjouir. «Mangez-vous entre vous !».
Assouvissement. Pour le reste, l'indignité nous frappe depuis si longtemps que
l'on peine à trouver en soi un semblant de réaction. De Larbi Ben M'hidi, assis
dans sa geôle souriant, à ce Saïdani, affalé sur un fauteuil en cuir, visage
gras, souriant de sa victoire contre le bon sens et la décence. On l'a déjà
dit.
Il
ne reste presque rien pour réagir. Si un jour, on nous montre une bataille de
proxénètes dans un hôtel, sous le sigle de ce vieux parti, personne ne trouvera
rien à dire. On n'a ni la peau, ni le sens, ni l'envie de sortir de la tombe.
Rien qui n'atteigne le mort. C'est sa solution. Se transformer en cadavre est
le seul moyen de survivre à la poubelle qui vous entoure. Ne pas respirer, ne
pas cligner des yeux. Se concentrer sur le ciel ou la dalle. Cela finira par
passer. Cela ne me concerne pas. Je ne suis pas vivant, donc pas responsable.
Je ne bouge pas et ils finiront par s'en aller. Je ne suis rien. Qu'ils
prennent tout. Ils finiront pas tomber dans un puits ou dans l'obésité et
mourir. Ou se lasser.
Sauf
que cela n'est pas vrai. Soit on meurt, soit on est concerné.
Il
faut qu'un jour neuf Algériens se réunissent en cachette dans une
arrière-boutique. Décident de front. Puis sortent dans la rue, aillent chez le
coiffeur pour se faire beau et prendre une photo historique. Puis déclenchent
la guerre de libération contre le FLN. Le traquer en national et en
international. Le cerner. Déclencher des grèves, des marches, des opérations
rideaux baissés. Mener une lutte implacable pour libérer le pays du FLN. Les
douars, les villes, juger les caïds et les indicateurs de ce parti. S'armer du
reste de l'alphabet et des évidences et des révélations. Créer une fédération
de France pour traquer les biens immobiliers, les enfants scolarisés, les
crédits et les comptes. Revoir les couplets de l'hymne. «Non FLN, je ne te fais
aucun serment». Poursuivre avec foi et hymne la Libération-bis jusqu'à ce que
ce parti soit dissous, rendu à la mémoire ou exilé ou jugé.
C'est
le seul moyen. Car si non, l'indépendance n'est qu'une délocalisation de
colons. Car autrement, on en finira pas avec ces histoire d'hôtels, d'agréments
de videurs, de chiens, de tamponné au front, de danseur Kabuki et de petits
malfrats.
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