Démonstration de force et d'intelligence politique
par Kharroubi Habib
Le
doute a subsisté jusqu'au bout quant à la possibilité pour les partis et
personnalités politiques regroupés dans la CNLTD d'obtenir l'accord des forces
ou figures de proue de l'opposition qu'ils ont invitées à prendre part à la
conférence nationale organisée par eux pour débatte de l'option d'une
transition démocratique comme issue consensuelle et pacifique de sortie de la
crise nationale multidimensionnelle. Ils y sont pourtant parvenus et au-delà
même de l'espérance qui a été la leur initialement. A quelques exceptions près,
tous les partis et personnalités nationales de l'opposition invités par la
CNLTD à cette conférence ont répondu présents. Rien que le fait inouï d'être parvenue
à réunir l'imposant aréopage d'opposants rassemblé hier au complexe Mazafran
autorise la CNLTD à se prévaloir d'un succès plein pour son initiative.
La
conférence n'a certes pas mis fin miraculeusement aux divergences idéologiques,
tactiques ou purement personnelles qui ont tenu jusque-là éloignés les uns des
autres les partis ou personnalités qui y ont pris part. Elle a néanmoins émis
le message qu'ils ont la sagesse de les dépasser quand la situation du pays
l'exige. Pour avoir administré cette preuve hier, l'opposition algérienne a
marqué sa volonté de reconquérir le respect de l'opinion publique qui s'était
détournée d'elle au constat que son émiettement, ses luttes intestines
l'empêchaient de jouer le rôle de contrepoids à la toute-puissance du pouvoir
et d'être un pôle politique d'où pouvait émaner une alternative crédible face à
ce pouvoir.
Elle
y parviendrait sans conteste si ayant brisé les murs qui les ont séparés, les
partis et les personnalités qu'elle a réunis conviennent de la création de
cadres prennes dans lesquels ils poursuivront le dialogue que la conférence
initiée par la CNLTD leur a permis d'engager et pourquoi pas parvenir à
s'entendre factuellement sur des actions à mener en commun à chaque séquence de
l'évolution de la situation politique du pays. Cette tendance a déjà pris forme
avant la tenue de la conférence d'hier. Des partis et des personnalités
politiques ont en effet scellé leurs regroupements qui dans la coordination
nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), qui dans le
pôle des forces du changement.
Le
succès de la conférence qu'a abritée le complexe Mazafran plaide pour tenter de
fédérer encore plus en avant l'opposition. L'idée n'en paraît pas utopique aux
partis et personnalités ayant participé aux consultations autour de
l'organisation de cette conférence. Ils en sont à peaufiner une proposition de
constitution d'un bloc réunissant les différents rassemblements qui se sont
fait jour au sein de l'opposition qui permettrait alors véritablement à
celle-ci de s'adresser au pouvoir en tant que force qui compte. Il ne faut pas
rêver, un tel bloc ne doit pas se concevoir basé sur un « programme commun »
qui se substituerait à ceux que défendent les partis et personnalités qui
l'intégreraient, mais en tant que construction tactique vouée à donner du liant
aux actions politiques que ses membres conviendront d'engager de concert.
Le
pouvoir feindra probablement d'ignorer la grande et spectaculaire avancée
opérée par l'opposition en vue de coordonner ses positions à son égard. Pour
peu que celle-ci persiste sur cette voie, il lui faudra inéluctablement réviser
son comportement à son égard et accepter la réalité qu'il n'aura plus un « vide
politique » en face de lui.
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