Comment capitaliser l'impact de la conférence du 10 juin ?
par Kharroubi Habib
Il
faut reconnaître aux organisateurs de la conférence nationale de transition
tenue le 10 juin dernier à l'hôtel Mazafran de Zeralda d'avoir gagné leur pari
qui a consisté en la participation massive et relevée à ses assises de partis,
personnalités politiques et représentants de la société civile opposés au statu
quo politique reconduit par l'élection présidentielle contestée d'avril.
A
l'occasion de la tenue de cette conférence, nous avions écrit que la
démonstration d'unité et de convergence entre les segments de l'opposition
appelle d'autres initiatives de leur part visant d'une part à clarifier ce sur
quoi ils sont susceptibles de s'entendre pour rester solidaires et donner
d'autre part une configuration organique à leur rassemblement. La Coordination
pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) à l'origine de la
conférence du 10 juin est parvenue à la même conclusion. Ses membres ont tenu
hier une réunion bilan sur les résultats de la conférence devant leur permettre
de cerner les perspectives ouvertes à l'opposition par la portée qu'elle a eue.
Il leur faudra en premier lieu procéder aux amendements à apporter à la
plateforme politique soumise par la CNLTD aux participants de la rencontre du
10 juin dans le respect des remarques et propositions formulées par eux.
Exercice
qui s'annonce difficile et délicat tant il est apparu que si les partis et
personnalités ayant pris part à la conférence ont convergé sur la nécessité
qu'il y a urgence pour le pays d'aller au changement politique, ils ne semblent
pas être totalement en accord sur la démarche à suivre pour y parvenir. Il
s'ajoute à cette divergence que la méfiance réciproque a été de mise entre
certains participants à la conférence qui se soupçonnent mutuellement de
vouloir instrumentaliser à des desseins partisans ou personnels le
rassemblement de l'opposition. Certaines déclarations de participants à la
conférence à l'issue de celle-ci ont clairement établi que l'opposition est
loin d'avoir surmonté les clivages qui ont émietté ses rangs. Des clivages dont
aucun des courants auxquels se rattachent les partis et personnalités ayant été
présents à l'hôtel Mazafran n'est indemne. Si cet écueil parvient à être surmonté,
il faudra ensuite à l'opposition unie s'entendre sur les types d'actions à
entreprendre pour construire un rapport de force pour emmener le pouvoir à
s'asseoir à la table des négociations avec elle pour discuter de la faisabilité
d'une transition démocratique.
Synthétiser
et clarifier les teneurs des remarques et propositions ayant été faites lors de
la conférence du 10 juin sans susciter de réactions discordantes de la part de
leurs auteurs est la tâche donc que la CNLTD doit réussir si elle veut que la
seconde conférence nationale qu'elle se propose de tenir à court terme ne
tournera pas court mais contribuera à amplifier l'impact positif qu'a eu la
première au sein de l'opinion publique. Laquelle tout en ayant été réceptive à
l'élan unitaire de l'opposition demeure malgré tout peu convaincue des
capacités de cette opposition à combler le fossé qui s'est creusé entre elle et
les citoyens et à construire de ce fait le rapport de force qui obligerait le
pouvoir à l'entendre.
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