ELWATAN-ALHABIB
dimanche 11 mai 2014
 
TRANSGRESSION OU RETOUR DU POLITIQUE ?
 
 
 
 
par M. Saadoune
Les membres de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) ont rencontré deux dirigeants du FIS (Kamel Guemazi et Ali Djeddi) dans le cadre du projet d'organisation d'une conférence nationale pour la transition. Quand on connaît le parcours de certains partis acteurs de cette coordination - comme le RCD -, on peut y voir un signe d'une évolution des esprits. Et il faut s'attendre sans doute à des accusations, déjà entendues par le passé, de «collusion» avec les islamistes.

Pendant longtemps cette «transgression» était réservée aux partis dits réconciliateurs comme les signataires du contrat national à Rome. Et cette transgression du «tabou» était constamment dénoncée et vilipendée par ceux qui, aujourd'hui, font le chemin dans cette direction et discutent avec des anciens dirigeants du FIS. C'est un progrès même s'il faut s'attendre à un tir de barrage de la part du pouvoir. L'idée de transgression avec sa connotation quasi religieuse a été le cœur du thème sécuritaire sur lequel s'est structurée une entreprise de bannissement «général» de la vie politique. La seule politique autorisée étant celle que le pouvoir contrôle. Le FIS a été constamment - et il le demeurera encore - agité comme le croquemitaine qui permet de geler la vie politique. C'est ce qui est imposé depuis les années 90.

Le «retour du FIS» a servi de repoussoir pour empêcher de discuter des libertés publiques et des droits politiques. Une stratégie de la peur a globalement fonctionné en jouant sur les mots. Et on peut s'attendre à ce que cela soit encore le cas. Les leviers qui ont fonctionné au cours des deux dernières décennies peuvent encore jouer pour entraver un retour, nécessaire, du politique. On fausse le débat en réveillant la phobie d'un retour aux années 90 alors qu'il s'agit d'en faire l'inventaire et de tirer les leçons. Le «retour du FIS» est une fausse question qui sert à empêcher de parler du rétablissement des libertés «pour tous». La gestion sécuritaire de la vie politique a entraîné un bannissement civique de tous ceux qui ont été membres du FIS. Ils sont interdits de politique et ne peuvent créer des partis. Et cela se fait par ukase et non à la suite d'une décision de justice.

Le système organise régulièrement une diversion sur le thème de la menace islamiste tout en ne se privant pas cependant d'utiliser les islamistes. C'est une carte commode pour maintenir un contrôle policier du champ politique. Les libertés ne se saucissonnent pas, elles doivent être défendues pour tous. Feu Abdelhamid Mehri qui est constamment resté un politique n'hésitait pas à qualifier cette exclusion contre les Algériens qui ont été à un moment ou un autre membre du FIS de retour au code de l'indigénat. Sofiane Djilali, président de Jil Jadid et membres de la coordination, a touché du doigt le fond de la question en estimant qu'il est nécessaire de régler le problème posé par «l'exclusion d'une partie de la population». Et c'est bien de cela qu'il s'agit, d'une partie de la population et non d'un sigle. Il ne faut pas revenir au passé, certes. Mais il ne faut pas non plus que le pays reste enfermé dans la manière, contestable, dont a été géré ce passé.


 
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