Syrie - Ukraine: La grande Russie de retour
par Kharroubi Habib
L'Union européenne et les Etats-Unis mènent une grande et
hypocrite compagne contre les référendums organisés dans l'est et le sud de
l'Ukraine par les activistes prorusses et déclarent ne pas en reconnaître les
résultats dénoncés par eux comme «illégaux» en vertu du droit ukrainien». Or ce
droit, ce sont précisément l'Union européenne et les Etats-unis qui ont été les
premiers à le fouler aux pieds. Par la reconnaissance et le soutien qu'ils ont
accordés à un mouvement insurrectionnel qui a jeté bas un pouvoir ukrainien à
la légitimité pourtant consacrée par lui, ils se prétendent les défenseurs de
l'unité de l'Ukraine alors qu'ils ont pris position de manière flagrante en
faveur d'une partie de la population contre l'autre et s'indignent que la
Russie en ait fait de même. Cette unité de l'Ukraine dont ils défendent le
maintien a bel et bien volé en éclats pour tenter d'exorciser cette issue
inéluctable, l'Union européenne et les Etats-Unis en appellent à une élection
présidentielle en Ukraine dont la tenue est censée conférer la légitimité à
l'autorité qui en sortira pour éviter au pays la partition qui est déjà à
l'œuvre. Mais, si les activistes pro-russes ayant organisé des référendums dans
l'est et le sud du pays sont «illégaux» en vertu du droit ukrainien, les
autorités de Kiev qu'ils encouragent à organiser l'élection présidentielle ne
le sont pas moins. Elles sont non seulement illégales mais sous influence de
formations et groupuscules nationalo-fascistes, ce qui apparemment ne pose pas
problème aux vertueuses démocraties que seraient les puissances européennes et
les Etats-Unis. Que l'Union européenne et l'Amérique le veuillent ou non,
l'unité de l'Ukraine telle qu'elle a été depuis la séparation du pays d'avec la
Fédération de Russie est bel et bien morte et enterrée. Ils auraient pu
l'empêcher en retenant leurs protégés et en leur faisant accepter d'entrer dans
une négociation pacifique ukraino-ukranienne sur de nouvelles modalités de son
maintien. Ce que la Russie n'a eu de cesse de préconiser dès les débuts de la
crise ukranienne. Au lieu de cela, l'Europe et l'Amérique n'ont eu cesse
d'attiser les antagonismes entre leurs protégés pro-européens et les
pro-russes. Ils n'ont même pas dissuadé les autorités usurpatrices de Kiev
d'envoyer l'armée contre leurs adversaires. Il en résulte un bain de sang qui
rend maintenant presque impossible l'option de construction d'un état ukrainien
fédéral pouvant préserver l'unité géographique du pays.
La crise ukrainienne n'était pas inéluctable. Elle aurait
été circonscrite puis réglée si les Occidentaux n'avaient pas cyniquement joué
aux pyromanes puis crié au feu en mettant la Russie en accusation. Cette crise
et avant elle celle de la Syrie ont permis à la Russie de démontrer son retour
dans le club des acteurs-clefs de la scène internationale. Une Russie qui, un
temps affaiblie, a dû faire le dos rond face à l'arrogance conquérante des
Etats-Unis et de ses alliés européens. Dans les deux cas elle a signifié à ces
puissances que ce temps est révolu. Poutine est déterminé à mettre un terme à
l'expansionnisme de l'Otan à l'est de l'Europe qui n'équivaut à rien d'autre
qu'à l'encerclement de la Russie et au rôle qu'elle a joué dans les
«révolutions» coloriées ou «printanière» qui ont eu pour cibles des états et
régimes auxquels Moscou était lié par ses intérêts stratégiques d'ordre
géopolitique et économique. Il y a que les médias occidentaux qui «s'effraient»
sur ce retour de puissance de la Russie et persistent à la présenter comme une
menace pour la paix mondiale alors qu'au contraire il en est une garantie
puisqu'il oblige l'Occident à comprendre que l'époque de faire cavalier seul
dans la gouvernance des affaires du monde est révolue.
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