La routine de la langue de bois diplomatique a été
respectée : un énième Conseil des ministres des Affaires étrangères des pays de
l'Union du Maghreb arabe tenu à Rabat a donné, une nouvelle fois, un accord de
«principe» pour la tenue d'un sommet des chefs d'Etat avant la fin de l'année
en Tunisie. Rien n'a manqué à ce Conseil des ministres, pas même la
traditionnelle mésentente entre le Maroc et l'Algérie qui n'était pas
représentée par Ramtane Lamamra mais par le secrétaire général du ministère des
Affaires étrangères, Abdelhamid Senouci Bereksi.
Moncef Marzouki, dans la foulée des changements en
Tunisie, avait essayé de faire bouger les lignes en obtenant des «accords de
principe» pour la tenue d'un sommet maghrébin en octobre 2012 à Tabarka, en
Tunisie. Il est aujourd'hui vaguement question, dans la nouvelle annonce et
dans une sortie de clin d'œil involontaire au rendez-vous raté, de la
possibilité de tenir le sommet en octobre 2014. Les bureaucrates de l'UMA - il
y en a même si l'Union est une coquille vide - n'ayant pas beaucoup de choses à
faire n'ont pas oublié, une fois de plus, de reparler du projet de création de
la Banque du Maghreb pour l'investissement et le commerce extérieur (BMICE). Et
le Conseil des ministres tenu à Rabat, indique-t-on, a adopté le «projet
définitif» d'une banque en chantier depuis 1991 !
Dans les propos les plus récents sur la banque, les
ministres des Finances des pays de l'UMA l'annonçaient fièrement et
«définitivement» pour la fin 2013 ! Ceux qui désespèrent d'un Maghreb resté la
seule entité régionale viable au monde qui n'a pas démarré voient dans ce
modeste projet de banque maghrébine l'illustration même de l'absence d'une
volonté politique minimale. Régulièrement, on annonce son lancement à
l'occasion d'un sommet maghrébin qui n'a pas lieu. Ce devait être le cas en
octobre 2012 à Tabarka Et, pour rester dans la tradition, ce vendredi on a
annoncé son lancement pour le prochain sommet d'octobre dont personne ne peut
certifier qu'il aura bien lieu ! La très modeste Banque du Maghreb - son
capital prévu est de 500 millions de dollars - qui relève normalement d'une
décision subalterne est devenue, au fil des années, le grand symbole de ce
Maghreb qui recule.
LIER CE VIEUX PROJET DE BANQUE A LA TENUE D'UN SOMMET
DE L'UNION DU MAGHREB - IL NE SE TIENT PLUS DEPUIS 1994 - EST LE MOYEN LE PLUS
SUR DE L'EMPECHER DE NAITRE. PERSONNE N'EST SUR QUE LE SOMMET MAGHREBIN AIT
LIEU. LA PROBABILITE QU'IL N'AIT PAS LIEU EST MEME BEAUCOUP PLUS FORTE, LES
RELATIONS ALGERO-MAROCAINES POUVANT PASSER, A TOUT MOMENT ET PARFOIS DE MANIERE
BIEN MYSTERIEUSE, A DES NIVEAUX PLUS EXECRABLES QU'ELLES NE LE SONT
D'ORDINAIRE. IL SUFFIRA PAR EXEMPLE, COMME CELA S'EST FAIT POUR 2012, QUE LE
MAROC EXIGE AU «PREALABLE» LA REOUVERTURE DES FRONTIERES POUR REFUSER LA TENUE
D'UN SOMMET. ET SI LE SOMMET NE SE TIENDRA PAS EN 2014, CELA N'EMPECHERA PAS
LES BUREAUCRATES DE PREPARER LES «DOSSIERS» POUR LES MINISTRES QUI ANNONCERONT
LE LANCEMENT DE LA BANQUE POUR LE PROCHAIN SOMMET. IL EN SERA AINSI TANT QUE
LA QUESTION MAGHREBINE NE DEVIENDRA PAS, EN ALGERIE COMME AU MAROC OU EN
TUNISIE, UN ELEMENT DU DEBAT POLITIQUE INTERIEUR. CE N'EST PAS LE CAS POUR LE
MOMENT. ON RESTE STRICTEMENT DANS LA ROUTINE BUREAUCRATIQUE QUI CONSISTE A
FAIRE SEMBLANT DE DEPOUSSIERER DES PROJETS POLITIQUEMENT SANS VIE. COMME CELUI
DE LA BANQUE MAGHREBINE DES ILLUSIONS.
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