Une semaine chargée, trop chargée
par Moncef Wafi
17 avril-24 avril. Une semaine est morte après l'élection
présidentielle et le pays s'installe dans une sorte d'euphorie ankylosante. Une
semaine caractérisée par les réactions post-résultats donnant Bouteflika large
vainqueur d'un scrutin que d'aucuns jugent faussé. Benflis a crié à la fraude
généralisée alors que les autres candidats-alibi ont continué à lire la
partition qu'on leur a distribuée. Chacun dans son rôle. La réaction des
chancelleries étrangères est à la hauteur de leur cynisme intéressé et les
capitales occidentales ont préféré tourner les yeux des urnes pour se consacrer
aux nouveaux contrats qui les attendent. Paris, Washington, Moscou, Londres,
l'Europe, chacun dans son rôle. Chacun pour ses intérêts. Puis l'attentat
meurtrier contre des soldats à Tizi-Ouzou et onze cercueils sur la route du
toujours terrorisme résiduel, cher à Ouyahia. Les répressions et la brutalité
policière à l'occasion de la marche du 20 Avril ont également émaillé la semaine
faisant craindre un dérapage et un musellement de plus de la liberté
d'expression.
Puis l'opposition. Pas celle de Hanoune, discréditée à tout
jamais, ou de Benflis qui appelle à la création d'un parti, un de plus, pour
encadrer son refus des résultats. L'autre opposition, celle consacrée par les
boycotteurs qui ont décidé de se baptiser pompeusement «Coordination pour les
libertés et la transition démocratique». Tout un programme. Ses animateurs ont
rencontré Ghozali et Hamrouche. Toujours les mêmes noms, les mêmes figures d'un
passé qui ne veut pas se conjuguer à l'imparfait qui revient telle une antienne
donnant l'impression d'un pays qui n'avance pas. Qui insiste à tourner le dos à
l'avenir, préférant mourir avec ses reliques du passé. La classe politique
parle encore et toujours de transition politique comme si cela pouvait suffire
en face d'un système qui vient de signer un nouveau bail de cinq ans pour le
pouvoir. Une autre manière pour ne pas mourir, s'accrocher en photocopiant des
illusions perdues.
Une semaine vient de perdre ses feuilles sans pour autant
les renouveler sinon les ramasser pour les recoller sur ses branches et donner
l'illusion d'un pays en marche. Mais vers où ? Un pays qui fait du surplace
politique, qui n'avance que pour reculer d'un millier d'années se faisant
surfacturer ses alliés. Un pays dont la jeunesse n'aspire qu'à vivre une autre
ère loin des intérêts des clans et des hommes du pouvoir qui l'ont rendue
assistée. Une génération Ansej perdue entre attendre un crédit bancaire et un
éventuel procès. Faut-il alors être grand analyste pour prétendre à une réalité
qui se décline chaque jour sous les traits de la misère et de l'impunité. Non,
je ne le pense pas.
Enregistrer un commentaire