Roger Saïd
La
réponse ne fait plus de doute. Le président sortant Abdelaziz
Bouteflika sera élu pour un quatrième mandat dès le premier tour. La
confirmation de ce qui n’était qu’une hypothèse il y a quelques semaines
a été obtenue de sources proches du palais d’El Mouradia. C’est le
frère cadet du président, le nouvel homme fort du pays qui aurait
négocié le résultat avec les hauts gradés. « L’Algérie ne peut supporter
un deuxième tour. Sur le plan sécuritaire, cela serait désastreux »,
affirme un ministre en exercice. Il faut dire que cela fait plus de six
mois que plusieurs régions du pays sont traversées par un vent de
fronde. La population- bien qu’habituellement indifférente à la
politique – se montre ouvertement hostile à la campagne électorale
d’Abdelaziz Bouteflika.
A
ce titre, les diplomates étrangers accrédités à Alger ont été étonnés
de voir des erreurs à répétition commises par le staff présidentiel.
Certaines chancelleries n’en revenaient pas, envoyant des notes
alarmantes sur la situation politique du pays. « A voir l’acharnement de
Bouteflika et de son clan à se représenter, on pensait qu’ils avaient
bien ficelés leur stratégie, mais à voir la cacophonie qui règne, je
crois que tout le monde joue le pourrissement », explique un diplomate
français. Du
côté des services de renseignement-DRS- on croit savoir que l’appareil
du général Mediène veulent laisser le clan de Bouteflika aller jusqu’au
bout de sa logique. Avec un président affaibli et à moitié conscient,
certes l’Algérie perdra de son aura, mais le DRS sera toujours
incontournable en interne et le seul interlocuteur crédible à
l’international. Le général Mohamed Mediène « Toufik » a décidé de jouer
à « qui perd gagne », afin de rester au cœur du jeu. Une manière très
algérienne de faire la politique. Et Bouteflika, bien que malade,
demeure encore rusé dans le domaine, et fait encore parti de l’un des
derniers membres fondateurs du système algérien bâti par le clan
d’Oujda.
D’ailleurs,
pour faire observer à « Toufik » qu’il avait bien compris ses
intentions, Bouteflika et son clan ont démontré qu’ils entendent bien
reprendre les renseignements en main. On le constate dans une vidéo qui a
fait le tour d’internet, on y voit un Abdelaziz Bouteflika debout
pendant un bref instant, puis soutenant une conversation à peine audible
avec le secrétaire d’état US John Kerry. Curieusement, le propos du
Président algérien n’est pas centré sur la diplomatie, mais sur le
renseignement et la coopération sécuritaire. Bouteflika se plaint ainsi
du manque de « concrétisation » au niveau du partage de renseignement.
Kerry lui demande alors comment les deux pays peuvent avancer vers une
meilleure coordination. Tout de go, Bouteflika lui demande d’obtenir les
informations sur« le Sahara et sahel » de manière très rapide, « en
moins d’une heure », afin que l’Algérie soit en mesure de les exploiter
de manière rapide.
De
nombreux experts en sécurité et en intelligence se sont demandé quelle
était la raison de l’insistante du Président à obtenir ces moyens
techniques, car le Département renseignement et sécurité (DRS) ; dirigé
par le général Mohamed Médiène «Toufik », est réputé disposer de
capacité d’imagerie satellitaire et d’interception électromagnétique de
toute dernière génération. Il ne serait donc pas dépendant des
américains. Selon ces mêmes sources, Bouteflika chercherait à créer une
seconde entité de renseignement, dépendant directement du général Gaïd
Salah, fidèle d’entre les fidèles, qui serait chargée de coordonner avec
les américains. Le très puissant général « Toufik » est en effet réputé
« peu fiable » au sein du palais d’El-Mouradia et est suspecté d’avoir
organisé les cabales contre les proches du Président, dont notamment son
frère Saïd. L’après 17 Avril s’annoncerait pire que les trois mandats
présidentiels passés. L’Algérie demeurera dans l’impasse jusqu’à 2019.
Même si Bouteflika décède entre temps. Le prochain vice président finira
le mandat.
Roger Saïd
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