Un accord a été conclu, hier à Ghaza, entre le Fatah
et le Hamas qui met fin à une cassure inter-palestinienne qui remonte à 2007.
Un gouvernement d'union nationale sera mis en place dans les prochaines semaines.
Et, c'est Ismaïl Haniyeh, le chef du gouvernement établi à Ghaza, qui a annoncé
que le prochain exécutif sera «dirigé par le président Mahmoud Abbas».
L'expérience a appris aux Palestiniens à ne pas donner le label «d'historique»
à des événements qui peuvent être balayés par des manœuvres de tout genre. Et
«l'unité palestinienne», précieuse car constituant dans la diversité des
courants l'atout majeur de ce peuple opprimé, a été et sera, on n'en doutera
pas, une cible centrale et permanente d'Israël et de ses soutiens occidentaux.
Certains
diront que cette unité retrouvée se fait en raison d'une situation de faiblesse
des deux grands mouvements palestiniens. Le Fatah, de Mahmoud Abbas, est englué
dans des négociations sans perspectives où, à défaut de tirer définitivement le
constat d'échec, il est condamné à une fuite en avant permanente. La
confrontation avec le Hamas a été très largement voulue par les dirigeants
palestiniens, à l'image du très controversé Mohamed Dahlane, plus homme de main
des Américains que militant palestinien. Elle a été le cul-de-sac dans lequel
les responsables palestiniens se sont enfermés. Le Hamas, de son côté, subit,
depuis le rétablissement de la dictature en Egypte, le plus grand des
encerclements. Ghaza, qu'il contrôle, étouffe littéralement, les militaires
égyptiens s'étant attaqués aux tunnels qui étaient le véritable poumon
économique.
Les deux parties semblent aller dans le sens de la
réconciliation en raison de leurs propres faiblesses. Mais si le Hamas concède
à Mahmoud Abbas une légitimité à diriger le gouvernement, il n'est pas certain
que les dirigeants de Ramallah, qui savent que l'unité palestinienne est
indésirable à Tel-Aviv comme à Washington, ne cèderont pas à des pressions pour
empêcher sa traduction réelle. C'est bien cette extrême dépendance des
dirigeants de l'Autorité palestinienne à l'égard de Washington, leur souci
obsessionnel de ne pas déplaire aux dirigeants américains, qui empêche de dire
que l'événement est «historique». Cela n'est qu'un petit pas dans la bonne
direction. Et les Palestiniens qui sont sortis, spontanément, pour exprimer
leur joie à Ghaza et ailleurs le montrent clairement.
Cette ébauche de réconciliation nationale a été
attendue trop longtemps. Les dirigeants politiques ont trop tardé à aller vers
ce qui était une évidence pour la majorité des Palestiniens : rétablir l'unité
autour de la défense des droits nationaux. S'il est évident qu'une négociation
sera nécessaire, à un moment ou un autre, il est non moins clair que la
division entre les Palestiniens affaiblit considérablement leur capacité de
traiter. Rétablir l'unité nationale est de ce fait un acte de résistance
primordial. Ce n'est pas encore acquis. Ce n'est qu'un petit pas qui a été fait
à Ghaza. Il faudra de la volonté et de la fermeté des deux grands mouvements
pour tenir et le transformer en acquis politique. «Les grandes métropoles
s'affligent quand un camp de réfugiés esquisse un sourire», disait Darwich.
Hier, les camps de réfugiés souriaient. Les grandes métropoles doivent préparer
la punition !
Enregistrer un commentaire