-
Lidia Slimani
- mardi 22 avril 2014
Les ventes de gaz algérien vers l’Italie
s’effondrent dans un contexte de guerre des prix
La
saturation du marché Italien et la guerre des prix menacent les revenus
extérieurs de l'Algérie, tirés exclusivement des hydrocarbures 'DR)
La récession en
Europe et le développement des énergies renouvelables commencent à avoir
un sérieux impact sur les livraisons de gaz de l’Algérie vers l’Italie.
Selon les dernières données du GME, le gestionnaire italien des marchés
énergétiques, les exportations algériennes vers ce pays ont baissé de
66% à 557 millions de M3 en mars 2014.
Le GME, qui gère également le marché des
énergies renouvelables en Italie, indique que les importations en
provenance d’Algérie, à travers le point d’entrée Mazara d’El Valo du
gazoduc Transmed, a enregistré la plus importante baisse, comparé aux
reste des importations provenant des autres pays fournisseurs.
Les
chiffres rendus publics cette semaine par le GME restent inquiétants
pour l’Algérie, reliée à l’Italie par un gazoduc, dont la capacité de
transit a été augmentée en 2012 à 33 milliards de M3, alors que les
prélèvements dépassent à peine un demi-milliard de M3 le mois. Si ce
volume de transitde gaz naturel est maintenu à ce rythme pour toute
l’année 2014, le Transmed construit en 1983, risque d’acheminer la
moitié seulement de ses capacités de transit de gaz.
La situation est
d’autant plus aggravée par le fait que l’Algérie n’est pas parvenue,ces
derniers mois,à placer ses quantités de gaz habituelles sur le marché
italien, pourtant revues à la baisse après l’accord conclu entre
Sonatrach et ENI en 2013. D’ailleurs, la baisse des livraisons
algériennes de gaz se sont fait ressentir dans le portefeuille global
des importations de l’Italie en gaz, qui ont chuté de 17% à 4,45
milliards de M3 en mars. L’organisme italien précise que ce recul
important est dû à une baisse historique de la demande en Italie, qui
s’est contractée d’un tiers à 1,27 milliard de M3 durant le mois passé.
Le
marché Italien du gaz connait une sérieuse saturation, sous l’effet
combiné de la récession économique et du développement des énergies
renouvelables.
Russie et Libye en concurrents
Toutefois,
cette saturation n’a pas pour autant empêché des pays comme la Russie,
la Libye et certains producteurs d‘Europe du nord, d’augmenter leurs
livraisons vers l’Italie. Une hausse qui s’est faite au détriment des
exportations algériennes.En effet et inversement à l’Algérie, la Russie a
réussi à augmenter ses exportations de gaz vers l’Italie de 5,8 % dans
un contexte de crise économique, caractérisé par un resserrement de la
demande et une abondance de l’offre.
Les livraisons de gaz russes ont
progressé à 2,75 milliards de m3 en mars, représentant quatre fois les
exportations algériennes vers le marché italien, le plus important
débouché de gaz pour le pays.
L’Europe du nord commence elle aussi à
se frayer un chemin sur le marché italien, dominé jusqu’ici par
l’Algérie et la Russie. Les exportations de gaz vers ce pays qui étaient
presque insignifiantes, ont doublé durant le mois dernier à 386millions
de M3.
La Libye qui dispose aussi d’importantes ressources gazières,
a été en mars au coude à coude avec l’Algérie avec des livraisons de
527 millions de M3. Ses exportations ont augmenté, selon les données de
GME, de 20% durant le mois dernier
Guerre des prix
Le
GME ne fournit pas d’explications sur les raisons ayant favorisé le
foisonnement de fournisseurs sur son marché, mais des experts
considèrent que le facteur prix a beaucoup joué dans la perte de parts
pour le gaz algérien.
La Russie, qui a toujours affiché dans le cadre
du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) son attachement à un prix
juste de cette énergie, a refusé de collaborer sur l’échange
d’informations sur les prix et les marchés gaziers, pourtant prévu par
l’organisation, confie à Maghreb Emergent, une source au ministère de
l’Energie et des Mines. « La Russie, tout comme le Qatar, sont en train
de casser les prix pour grignoter des parts à l’Algérie c’est pour cette
raison qu’ils refusent de jouer le jeu de la transparence en matière de
prix, initié par le FPEG, » affirme la même source.
Marge de manœuvre étroite pour Sonatrach
La
marge de manœuvre algérienne pour éviter le dévissement des prix du gaz
reste difficile dans un contexte de crise, avait reconnu le patron de
Sonatrach Abdelhamid Zerguine, dont le groupe avait été débouté en 2013
par l’arbitrage international dans son contentieux sur le prix du gaz
l’opposant à l’italien Edison. Le groupe algérien se bat actuellement
pour ne pas avoir à accorder de réductions de prix pour quelques
contrats gaziers sur lesquels la clause de bouleversement ne s’applique
pas.
Sonatrach qui a accepté en 2013 de réduire ses livraisons de gaz
à l’Italie, a cependant refusé de baisser les prix à ENI, jugeant que
la clause de bouleversement qui permet aux acheteurs de demander une
baisse des prix en cas de changement des conditions économiques, ne
pouvait s’appliquer sur le contrat avec le groupe italien.
Mais
Sonatrach est-elle en mesure d’arrêter l’effet domino engendré par
l’affaire Edison.Selon son PDG, « l’effet domino est déjà là » car il
n’y avait pas qu’Edisson, qui a demandé une baisse des prix. L’ENI et
Gaz Natural Fenosa pointent aussi le nez pour demander une baisse des
prix.
Enregistrer un commentaire