ELWATAN-ALHABIB
samedi 5 avril 2014
 

L’Algérie sur les traces du… Venezuela

 

 

 

 

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le 03.04.14 
diaporama | © D. R.

Une équipe de recherche en économie de la banque Natixis vient de publier un rapport spécial sur la crise économique et sociale qui prévaut au Venezuela, un pays qui dispose de l’une des plus importantes réserves de pétrole au monde et exporte pour près de 100 milliards de dollars d’or noir chaque année.

Les indicateurs économiques du pays, tous au rouge, poussent l’équipe de recherche à prédire une explosion de la situation. Le rapport souligne, en effet, qu’au Venezuela, la société est aujourd’hui «polarisée, les supermarchés sont vides, alors que la violence et l’inflation montent en flèche». Le quotidien des Vénézuéliens «est difficile» et «le credit default swaps (CDS) du pays suggère une probabilité de défaut sur la dette d’environ 60% d’ici les trois prochaines années», ajoute le même rapport. «La bombe à retardement pourrait exploser», conclut l’équipe de recherche.
Expliquant l’origine de la crise, le rapport note que le Venezuela a certes réussi à réduire les inégalités et a connu la plus forte baisse du taux de pauvreté et de pauvreté extrême, mais cette réussite n’est que le fruit de la multiplication par 5 du prix du pétrole entre 2003 et 2008. Le président Hugo Chavez, mort en mars 2013 et auquel a succédé Nicolas Maduro, «a amélioré les conditions de vie de sa base électorale, mais a anéanti l’économie et les institutions en détruisant le climat des affaires et aggravant la dépendance du pays vis-à-vis du pétrole», souligne le rapport.
Aujourd’hui, «le pétrole représente 94% des exportations totales du Venezuela et le poids du secteur manufacturier s’est considérablement réduit depuis 2005. L’économie souffre des séquelles d’un syndrome hollandais aigu : pénurie de produits de base, inflation et déclin industriel», affirme l’équipe de recherche. Celle-ci pense par ailleurs que le principal problème est institutionnel et politique : «La maladie hollandaise a été aggravée par une mauvaise gouvernance, non seulement au sein de la compagnie pétrolière appartenant à l’Etat (PDVSA), mais également pour l’ensemble de l’économie.» Ce qui a valu à Venezuela le qualificatif de «maillon faible latino-américain» en matière de mauvaise gouvernance, corruption et insécurité.
Une économie vulnérable
Le rapport de Natixis précise que l’économie vénézuelienne est «très vulnérable malgré un cours du pétrole élevé». Les bénéfices de la compagnie pétrolière étatique, principale source de dollars, «sont sous pression». La baisse des exportations de pétrole (1,5 mb/j en 2013 contre 1,7 mb/j en 2012) compte tenu du vieillissement des infrastructures et du manque d’investissement, et la hausse de l’endettement de l’entreprise en sont les principales raisons. La compagnie pétrolière d’Etat subventionne largement le prix de l’essence (le plus bas du monde), les exportations vers certains voisins et doit payer une large partie de ses dettes vis-à-vis de la Chine avec un baril en dessous du prix du marché, explique encore le rapport. C’est la raison pour laquelle l’équipe de recherche pense que «le gouvernement vénézuélien devrait être amené à choisir entre la subvention de l’économie et le remboursement de ses créances».
Pour sa part, Jacques Sapir, économiste et directeur d’études à l’EHESS estime que le premier enjeu, de court terme, est de stabiliser le taux des changes : «Il faut que le gouvernement unifie le taux ‘‘officiel’’ et le taux de la ‘‘rue’’, et qu’il mette ce taux sous le contrôle de la Banque centrale, qui agira alors par des systèmes de dépôts obligatoires et de taux d’intérêt. Mais sur le fond, il faut à la fois pousser à une réindustrialisation du pays et au développement de productions locales, et mettre en place un système social plus juste, fondé sur la redistribution et non la simple distribution.»

Similitude frappante avec l’Algérie
Il faut dire, par ailleurs, qu’il existe bon nombre de similitudes entre le Venezuela et l’Algérie dont la rente pétrolière a rendu leur économie vulnérable, dépendante et volatile. Les choix économiques des deux pays, concentrés sur l’exploitation d’une ressource non renouvelable, ont conduit à une politique basée sur la redistribution et non la production. La mauvaise gouvernance et la corruption généralisée sont aussi un facteur commun aux deux pays qui occupent les premiers rangs des classements internationaux. Les différentes stratégies visant à instaurer une économie diversifiée se sont avérées nulles et sans effet sur l’économie réelle. D’où la question de savoir si une situation pareille à celle qui prévaut actuellement au Venezuela peut toucher l’Algérie. Rien n’est à exclure, d’autant que le semblant d’embellie économique n’est que le fruit d’une bonne conjoncture internationale, notamment en matière d’évolution des cours du pétrole.
 

Lyes Mechti
 
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