Ils exploitent la fragilité sociale des citoyens
L’odieux chantage des pro-Bouteflika
Odieux chantage ! Pris de panique dans une campagne électorale
farouchement hostile, le parti du 4e mandat semble poussé dans ses
derniers retranchements.
A court d’arguments politiques d’un absurde mandat à vie pour un
président malade, les partisans de Bouteflika perdent leur self-control
et usent de manœuvres honteuses. Pressions et chantages sur des
populations fragilisées pour les forcer à voter, et de préférence pour
le président-candidat. Menaces du wali d’Alger, Abdelkader Zoukh,
sommant les électeurs de se rendre aux urnes au risque d’être privés de
leurs droits au logement. «Celui qui ne vote pas n’aura pas son
logement», avait-il grossièrement lâché lors d’un déplacement dans le
quartier de Oued Koreich. La neutralité de l’administration est
sérieusement mise à mal.
Une fraude électorale par anticipation. La violence du discours du wali
d’Alger est loin d’être un fait isolé. Dans les contrées reculées du
pays, les responsables de l’administration, tels des seigneurs, sont mis
à profit pour faire chanter des populations maintenues dans une
précarité sociale. La campagne des tenants du statu quo a dangereusement
quitté le terrain politique pour s’installer sur celui du marchandage.
Une extorsion de voix. C’est devenu une voix contre un bout de terre, un
logement, un travail ou un marché. Dans un combat douteux, pour les
partisans de Bouteflika, tous les moyens sont bons pour forcer le
passage, quitte à agir en dehors des lois qu’eux-mêmes avaient pourtant
fixées. Les fonctionnaires des administrations publiques n’échappent pas
non plus à l’inadmissible chantage qui leur est fait.
Traversant un mauvais quart d’heure électoral, les représentants du
candidat Bouteflika, qui font campagne par procuration, essuient un
rejet massif au sein de l’opinion. Pas un jour ne passe sans qu’un
meeting soit annulé ou chahuté. Béjaïa, Batna, Ghardaïa, Ouargla, Chlef,
El Oued et dans bien d’autres régions du pays les partisans du
président sortant ont pu mesurer leur impopularité et celle de leur
candidat. Pour pouvoir «remplir» les salles de leur meeting, ils ont été
contraints de ramener des «supporters» des entreprises publiques
moyennant une journée chômée et payée.
Marchandage
Pour le dernier meeting prévu à Alger, demain, c’est l’UGTA qui est
chargée de la sale besogne. Les fonctionnaires des administrations et
des entreprises publiques ont été saisis via ce syndicat-maison pour
«venir en masse» à la messe de Bouteflika. C’est le cas des travailleurs
de Sonelgaz qui sont «gentiment priés» de faire le déplacement à la
salle Harcha, lieu de la kermesse bouteflikienne. «Les responsables
syndicaux ont fait passer une liste à signer pour s’assurer de notre
présence au meeting. Ils nous ont assurés que des bus seront mis à notre
disposition et que la journée sera chômée et payée», nous ont confié,
sous le couvert de l’anonymat, quelques fonctionnaires qui disent
craindre pour leur avenir professionnel au cas où ils ne répondent pas
présent. Même les imams des mosquées sont mobilisés pour les besoins de
la «cause». Dans leurs prêches de vendredi, les imams-fonctionnaires
ont appelé les fidèles à se rendre aux urnes. Pour eux, n’est pas bon
musulman qui ne votera pas ! Une intrusion dangereuse de la religion sur
le terrain d’une campagne politique titillant ainsi la religiosité des
Algériens.
Visiblement, le régime de Bouteflika use et abuse, sans gêne aucune,
des lois et des moyens de l’Etat pour faire passer en force une option
qui se révèle de plus en plus périlleuse pour le pays.
Le gouvernement intérimaire de Yousfi s’est transformé, lui aussi, en
comité de soutien. Si en effet aucune loi ne leur interdit de mener
campagne, des ministres en exercice se comportent comme des
représentants du gouvernement missionnés, portant ainsi atteinte à la
règle d’impartialité et d’éthique qu’exige la fonction. Les moyens de
l’Etat au service d’un candidat. Manifestement, les partisans du 4e
mandat sont brusquement saisis par l’affolement d’un rejet important de
l’opinion. Le chantage auquel ils s’adonnent butte sur la résistance de
larges pans de la société, débarrassée des démons de la peur. Partout,
les Algériens se disent convaincus que la stabilité est dans la rupture
avec un régime qui ne cesse de produire de l’instabilité.
Hacen Ouali
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