Ouyahia et Belkhadem le retour
El Watan
le 14.03.14
Le président Bouteflika a rappelé Ahmed Ouyahia, qui retrouve son
poste de directeur de cabinet qu’il occupait sous Zeroual, le Président
qui a démissionné face à l’hostilité de l’establishement et du DRS.
«C’est une manière de poser les scellés sur le palais d’El Mouradia,
analyse un proche du sérail. Ouyahia devient le gardien de la maison, où
le frère cadet, Saïd, ne pourra plus régner comme avant.» Dans cette
optique, relève un observateur averti, «c’est Mediène, en plaçant
Ouyahia à un poste névralgique, jadis tenu par le puissant Larbi
Belkhir, qui reprend la main en verrouillant El Mouradia». «C’est le
départ de la course pour le poste de vice-président, entre Sellal,
Ouyahia et Belkhadem», croit savoir un autre observateur. Bouteflika
est-il revenu au giron du système qu’il a combattu si hardiment, au
point que la bataille a débordé sur des tensions impliquant le patron du
DRS ? «En nommant Ouyahia et Belkhadem, Bouteflika les ramène à leur
vraie dimension, confie-t-on du côté d’El Mouradia.
De présidentiables, ils deviennent des fonctionnaires, au même rang
que d’autres à la Présidence.» «En plus, Ouyahia et Belkhadem ne peuvent
plus intégrer la direction de campagne du Président, étant des commis
de l’Etat, débarrassant les locomotives de la campagne, Sellal et
Saadani, des figures gênantes», poursuit notre source. Sellal, qui devra
durer dans le dispositif du 4e mandat, puisque Yousfi n’est qu’un
intérim, soit un chef de l’Exécutif pour la forme et accessoirement il
sera à la tête de la commission de préparation des élections. «Ce genre
de casting veut aussi dire autre chose, soulignait déjà un ancien
ministre. Bouteflika veut mouiller Mediène jusqu’au bout, jouant sur les
étiquettes des éléments dont il fait semblant de s’entourer.»
Enfin, une dernière lecture découle de cette
interrogation : «Pourquoi réanimer aujourd’hui politiquement Ouyahia et
Belkhadem, dégommés par le clan présidentiel ?» «C’est une manière de
placer des filets de sécurité au système au cas où le plan du 4e mandat
explose en plein vol, avec retrait ou disparition du
président-candidat», prévoit une source au fait des affaires de l’Etat.
Ailleurs, du côté de l’opinion, c’est la résignation mêlé à la révolte :
sur les réseaux sociaux, certains ne veulent même pas croire au retour
des deux chefs de gouvernement les plus impopulaires de l’Algérie. «Le
système, otage d’un AVC, est complétement stérile, incapable de se
régénérer, tournant en rond, nous humiliant jour après jour», résume un
internaute. Sur twitter, un nouveau hashtag a été créé hier soir :
#ausecourouyahiaetbelkhademreviennent.
Communiqué de la présidence de la République :
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a chargé Youcef
Yousfi, ministre de l’Energie et des Mines, d’assurer l’intérim des
fonctions du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, appelé à diriger la
campagne électorale du candidat Abdelaziz Bouteflika à l’élection
présidentielle du 17 avril 2014, a indiqué hier un communiqué de la
présidence de la République. Ahmed Ouyahia a été nommé ministre d’Etat,
directeur de cabinet de la présidence de la République, en remplacement à
Mohamed Moulay Guendil, appelé à d’autres fonctions. De son côté,
Abdelaziz Belkhadem a été nommé ministre d’Etat, conseiller spécial du
président de la République, conclut le communiqué. APS
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