Tandis
que les révélations sur l’espionnage systématique de ses alliés
embarrassent Washington, Moscou paraît aligner les succès sur la scène
internationale (affaire Snowden, question syrienne). Héritière d’une
diplomatie redoutée mais affaiblie depuis la chute de l’URSS, la Russie
ambitionne de retrouver son rang de grande puissance.
Mais
le véritable succès de M. Poutine, d’une portée bien supérieure, a été
remporté dans le dossier syrien. Grâce à la promesse qu’il a arrachée à
M. Bachar Al-Assad de détruire, sous contrôle international, toutes les
armes chimiques de son pays, M. Obama a en effet décidé de renoncer
« provisoirement » aux bombardements punitifs qu’il envisageait.
Jusque-là, la Maison Blanche avait menacé la Russie d’isolement, la
vilipendant pour son soutien au régime de Damas et son opposition à
toute sanction de l’Organisation des Nations unies (ONU).
Prudemment,
le président russe s’est gardé de manifester la même ironie
triomphaliste que ses thuriféraires. A l’unisson de sa diplomatie, il
voit dans les derniers événements un signe des temps et une occasion
historique à ne surtout pas gâcher. A tel point que si M. Snowden était
arrivé à Moscou en octobre 2013, après le réchauffement des relations,
plutôt qu’en juillet, il n’aurait sans doute pas pu y rester.
Le
rapprochement entre Washington et Moscou sur le dossier syrien a
commencé bien avant le spectaculaire retournement de septembre. En mai
2013, M. Kerry avait donné son accord à son homologue russe sur le
projet d’une conférence internationale consacrée à l’avenir de la Syrie,
tout en continuant d’exiger le départ de M. Al-Assad. Au sommet du G8
de juin, à Lough Erne, en Irlande du Nord, une déclaration commune sur
la Syrie a été retardée pour obtenir l’aval de M. Poutine. L’acceptation
par M. Al-Assad de se départir de ses armes chimiques, si elle se
confirme, donnera au dirigeant russe une légitimité auprès des
chancelleries occidentales.
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