ELWATAN-ALHABIB
mardi 24 septembre 2013
 
Le général-président arrive
 
 
 
 
 
par M. Saadoune
La justice politisée et répressive a de nouveau frappé en Egypte. Un tribunal des référés dont la compétence est fortement contestée par les juristes a décidé, hier, de la dissolution des Frères musulmans, de l'association des Frères musulmans et de toute organisation qui en émane. Dans la longue histoire de la confrérie, cette dissolution est la troisième en 85 ans d'existence clandestine ou semi-clandestine. Le jugement prononcé ne comporte pas d'attendus juridiques mais des énoncés politiques sur les Frères musulmans, sur le peuple «qui a cherché protection chez l'armée» et sur Al-Azhar «citadelle du juste milieu».

Pour beaucoup de juristes, ce jugement est au plan du droit intenable. Mais personne ne s'attend, non plus, à ce que la justice égyptienne, qui depuis la destitution de Mohamed Morsi donne une couverture « juridique» à toutes les mesures de répression, se contente de faire du droit. Dans le climat actuel, l'appareil judiciaire comme les médias font dans l'excès de zèle contre les Frères musulmans tandis que les services de sécurité arrêtent à tour de bras, juste en raison du port de barbes ou d'appartenance présumée aux Frères musulmans. Ce jugement - susceptible d'appel, mais qui peut faire appel quand les responsables de ce mouvement sont en prison ou traqués ? - va servir d'alibi à un durcissement de la répression. Il couvre pratiquement toutes les mesures que prendront la police et l'armée contre l'organisation mais également contre les individus et leurs biens.

Depuis la destitution de Morsi et malgré une féroce répression, les Frères musulmans, et pas seulement eux, manifestent régulièrement contre le coup d'Etat. Ce ne sont plus les sit-in massifs de Rabaa Al-Adawiya mais le fait que des manifestants continuent à sortir malgré la répression et l'état d'urgence traduit le fait indéniable de leur enracinement dans la société. L'histoire de la longue confrontation entre le régime militaire égyptien et les Frères musulmans montre que les décisions de dissolution ne font pas disparaître ces derniers. Les militaires le savent. Mais la répression qu'ils mènent contre les Frères musulmans leur permet de reprendre, avec le soutien d'une partie de la population, le peu de terrain qu'ils ont concédé à la société. Elle permet de mettre entre parenthèses et sans doute pour longtemps la question de la démocratisation du pays.

Les Frères musulmans ne disparaîtront pas du fait de cette décision de justice politisée. Ceux qui se disent démocrates, libéraux ou de gauche qui l'approuvent bruyamment sont et seront inévitablement perdants. Ils devront se contenter, peu importe la forme que cela prendra, de la «place» que leur concèdera le régime. Les accusations portées contre les Frères musulmans reposent sur des fondements politiques et idéologiques et non judiciaires. Les attendus même du jugement prononcé, hier, le confirment avec une grossièreté remarquable. Cette dissolution est contre-productive. Elle affaiblira les Frères musulmans au profit de groupes radicaux. Elle crée une obsession sécuritaire pour justifier l'avènement du général-président Sissi. Les médias zélés font déjà campagne.
 
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